Music

Cinq sets à suivre au Positive Education 2022

Aasana & Soa, Tera Octe & Clara !, A Strange Wedding, DBR, et Zohar assureront une semaine de bamboche dans le meilleur festival techno de France.
Marc-Aurèle Baly
Paris, FR
Positive Education 2022
Positive Education © Rafael Carosi

On ne vous le dira jamais assez : le festival stéphanois Positive Education est sans doute ce qu'il se fait de mieux aujourd'hui en France en matière de musique électronique hardie, ne serait-ce que dans sa manière de constamment se réinventer, d'être à la pointe des soubresauts perpétuels du genre, et surtout de ne pas hésiter à opérer des ponts de singe entre musique de danse « compliquée » et bangers incontrôlables pour se goinfrer comme des sagouins.

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L'année dernière (et l'année d'avant, et celle d'avant encore), on vous disait tout le bien qu'on en pensait, en vous recommandant cinq artistes à suivre. Eh bien rebelote cette fois, parce que c'est pas tous les jours qu'on a face à soi « l'avant-poste des cultures électroniques de demain » - c'est le festival qui le dit lui-même, et tant pis pour cette fois si on cite les communiqués de presse parce que pour le coup là on est tout à fait d'accord.

Voici donc 5 artistes à suivre au Positive Education, qui aura lieu du 8 au 13 novembre 2022 à Saint-Étienne. Avant d'enchainer, précisons tout de même que cette édition sera la dernière à se passer à la Cité du Design, lieu ô combien symbolique pour le festival, ne serait-ce que par la manière dont les murs ont pu (littéralement) trembler par le passé. Ce qui vous fait une double raison de vous y coller cette année.

Aasana & Soa

Aasana & Soa sont les deux créatrices d'un des crews les plus excitants du moment en France, le collectif 100% meufs (et accessoirement intersectionnel) Zone Rouge basé à Nantes – soit la nouvelle ville « qui bouge ». Si leur dénominateur commun semble reposer sur une (relative) aversion pour les tunnels de techno 4/4, elles n'hésitent pas à faire feu de tout bois, et à s'aventurer aussi bien du côté de sonorités dures, breakées, axées sur la partie bass music de la force club tout autant que le reggaeton ou tout ce qui touche aux musiques post-club, tout en s'autorisant par moments des petits interludes post-r'n'b quand même. Mais bon, on oublie le plus important : leurs sets tabassent.

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DBR

Si vous êtes comme moi et que la drum'n'bass vous file des boutons (ou au pire, vous fait vaguement penser à un dreadeux blanc dans le bois de Vincennes en train de se finir à la 8.6 en fausse free complètement rincée devant un set de trance « mentale »), DBR devrait vous réconcilier avec tout ce que je viens d'écrire dans cette phrase. A vrai dire, je ne sais même pas vraiment ce que c'est comme musique. De la trance, de l'IDM, de la drum'n'bass « intelligente » ? Sans doute à la fois tout et pas du tout ça à la fois. Ce qui est sûr en revanche, c'est que ce mec de Melbourne me (re)donne envie de me lever le matin pour aller écouter de la musique dans une tente entouré de mecs aux pupilles grosses comme des balles de ping-pong en ayant l'impression d'être totalement largué par mon époque. Et rien que pour ça : respect.

A Strange Wedding

A Strange Wedding est un gars du cru, c'est-à-dire qu'il fait partie de l'écurie Worst Records (label créé par les fondateurs de Positive Education, Les Fils de Jacob) et qu'il a contribué par la même occasion au renouveau des scènes électroniques stéphanoises ces dernières années – la liste serait trop longue, et à vrai dire je n'ai pas le temps. Passé par l'axe Paris-Marseille, on imagine désormais le gars se la coller au Meta, boire des canettes au coucher du soleil au vallon des Auffes et profiter des joies du RSA en montant des épiceries solidaires – mais je suppute totalement, je n'ai jamais habité dans cette ville, et en plus je ne connais pas du tout le gars en question donc pardonnez-moi d'avance si je raconte n'importe quoi. Blague à part, si vous aimez la techno cosmique, la musique industrielle et la trance ralentie, cet « étrange mariage » de la fameuse carpe et du lapin fera sûrement votre bonheur. Sinon vous pouvez toujours aller écouter de la minimale croate chiante comme la pluie.

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Zohar

Là c'est mon petit plaisir (même pas) coupable, enfin disons mes petites marottes, et le truc qui se rapproche peut-être le plus de ce qu'a été Positive Education dans ses vertes années (soit un truc bien ancré dans la techno industrielle et les sonorités qui râpent au fond du palais). Zohar est une productrice basée à Amsterdam qui va puiser à la fois dans des kicks industriels, des nappes atmosphériques et qui rappelle à la fois les premiers Reload et Afx. Ca ne vous semble pas follement original dit comme ça ? Eh bien écoutez, parce que parfois on ne demande qu'une seule chose à la musique électronique de danse en réunion : être efficace.

Tera Octe & Clara !

Personnellement, cette association me donne très envie sur le papier. D'un côté, Tera Octe, soit Guillaume Lespinasse et Jonquera, deux producteurs plus ou moins associés au label BFDM et aux Pilotwings (pour le premier en tout cas) qui n'aiment rien mieux que partir dans tous les sens stylistiquement parlant. De l'autre, Clara !, chanteuse espagnole qui joue avec les codes du rap et du reggaeton pour en livrer une version joyeuse, décomplexée et féministe à la fois – ça a l'air très feminist-washing dit comme ça, mais écoutez ses mixtapes « Reggaetoneras » sur le label Gravats, vous m'en direz des nouvelles. 

En tout cas, ça risque de donner un truc très cool, quelque part entre du reggaeton détourné et des phases beaucoup plus dubbées - si mon intuition est bonne. Et si ça peut aider pour que personne ne prononce plus jamais les mots « transversal », « hybride » ou « décloisonnement », je pense sincèrement que ça fera le plus grand bien à la musique – et même au monde dans son ensemble. En plus ça n'est pas même pas si « hybride » que ça comme association quand on y réfléchit, donc calmez-vous les puristes.

VICE est partenaire du festival Positive Education qui se déroulera du 8 au 13 novembre à la Cité du Design, 3 rue Javelin Pagnon, 42000 Saint-Étienne. Les infos sont disponibles ici.

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