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Music

Tour de France : Poitiers

De Seven Hate à Inside Conflict en passant par Odessa, Un Dolor et la tarte au chocolat de Genesis P-Orridge.

Parce qu'à l'époque où les supermarchés vendent des bananes en sachet individuel, il est important de renouer avec ses valeurs et ses racines, nous avons proposé à des contributeurs Noisey et des invités de nous présenter une playlist exclusivement constituée d'artistes de leur ville d'origine, dans le cadre d'une rubrique intelligemment baptisée « Tour de France ». Après Bayonne, La Rochelle, Reims, Brest, Lyon, Tours, voici Poitiers, présenté par notre contributeur Nicolas Molina, plus connu sur les dancefloors brumeux sous le nom de Geena.

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LE CONFORT MODERNE
Si vous êtes un lecteur assidu de Noisey, vous avez sûrement entendu parler de ce lieu (ici par exemple). Pour les autres, retenez juste que c'est le point Godwin des discussions passionnées des locaux et des expatriés. Vieux, jeunes, mélomanes, pique-assiettes, impossible d'y échapper, tout le gotha indé pictavien se retrouve au Confort Moderne. Cette vieille usine transformée en salle de concerts, bientôt réhabilitée via un projet immobilier qu'on annonce grandiose, a vu son histoire contée par un universitaire et remise en cause par le tissu associatif de l'époque, preuve s'il en fallait qu'on ne déconne pas avec « Le Confort ». Ses archives en ligne sont un peu la fierté du coin. Petit big up au passage aux structures hébergées dans les murs (la Fanzinothèque et le disquaire Transat, précédemment La Nuit Noire) : vous avez soulagé les états d’âmes d'un paquet de jeunes en perdition.

SEVEN HATE
Premiers des listes de résultats quand tu tapes « Poitiers » sur Discogs. Punk à roulettes d'obédience air marin. Si je ne me trompe pas, c'est le seul groupe pictavien à avoir son tribute album. Respect. Des questions restent néanmoins en suspens : étaient-ils meilleurs que Burning Heads ? Auraient-ils dû sortir un album acoustique ? Nul ne le saura jamais réellement.

UN DOLOR
Derrière les références « grand public » tel que Seven Hate, il y a des noms qu'il vous faut connaître si vous voulez vous insérer localement et durablement dans une communauté rock composée traditionnellement (et presque partout) à 90 % de nostalgiques relous. Un Dolor est là pour ça.

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ABDOMENS
Avant d'oser étaler votre science indé auprès de la faune locale, il faut bien se souvenir d'une chose : ici, personne ne s'est remis de Fugazi, ce qui créé de gros malentendus dès que les mots « hardcore » ou « post-hardcore » sont lâchés. C'est sûrement cet entre-deux sémantique qui a motivé les Abdomens à l'époque. Et qui en a, accessoirement, fait un des rares groupes encore écoutables près de 20 ans plus tard.

EPILEPTIC
Les lecteurs de STNT et autres fans de Karate n'ont qu'a bien se tenir : Epileptic est ce que la France a produit de plus solide en matière d'emocore 90's. Bon, ok, je vais être honnête : je n'ai jamais réellement écouté ce groupe que je trouvais chiant comme la mort quant je n'étais encore que cet adolescent entièrement dévoué aux forces du mal et à la musique qui en découlait. Et aujourd'hui que j'ai grandi et découvert le monde et la vie, eh ben c'est toujours pareil : l’impression de passer une sale soirée à côté d'un radiateur en écoutant des mecs se ressasser infiniment ce concert d'At The Drive-In dans un bar minuscule du centre-ville un après-midi de 99.

INSIDE CONFLICT
Si je ne devais retenir qu'un groupe, un seul, de cette liste, ce serait sûrement Inside Conflict. Tous les gars qui ne voyaient pas plus loin que All Out War, Drowning ou Blockheads (histoire de taper large) au début des années 2000 se sont retrouvés dans ce groupe. Draps mouillés en pensant à leur concert au Cluricaume Café avec ces beaufs anglais qu'étaient Freebase. Inside Conflict c'est aussi le testament d'un label, le groupe a commencé à faire n'importe quoi au moment même où Overcome Records se barrait en couilles. RIP Rennes in Blood.

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ODESSA
Poitiers a aussi produit son lot de groupes de l'ombre. Premier de cordée, Odessa, une formation qui n'intéressait personne il y a encore 5 ou 6 ans avant la réhabilitation des mouvements en wave. Ça a quand même plus de gueule que John & Jehn (ouais, eux aussi sont de Poitiers et traînent un méchant passé de babos en filière littéraire).

HIRILORN
Le groupe pré-Deathspell Omega. 100% Poitiers, 100% épique, 100% trve. La B.O. d'une promenade en forêt de Moulière, quatrième plus grande forêt de la région Poitou-Charentes. Le Tumblr du mec qui a posté la vidéo en ligne est d'ailleurs un plaidoyer pour une écoute active du groupe.

LES SENTIERS CONFLICTUELS
Meilleur (seul ?) groupe indus/dark ambient de la communauté d'agglomération. Cette collab' avec Andrew King (ex Sol Invictus) a fait parler d'elle dans les milieux autorisés. Elle me fait un peu trop penser à l'oeuvre du grand frère tourangeaux qu'on vous avait déjà présenté dans un article précédent (saurez-vous le retrouver ?). Ma préférence va finalement au maxi sobrement intitulé Variations Post Traumatiques, un gros labour post-indus-techno qui s'ignore.

THEE MAJESTY / MICHAEL GIRA / ÉTANTS DONNÉS
En 2014, les Swans ont été élus meilleur groupe live du monde par des gens possédant probablement plus de 3 modèles de Tote Bags. Poitiers faiseur de tendances ? Certaines âmes éclairées proposaient en effet dès 2002 en terre pictave cette affiche réunissant le père Gira, Genesis P-Orridge et Marc Hurtado pour 8 euros tout neufs , rien que ça. Imaginez le couple pandrogyne Lady Jaye - Genesis déguster une tarte au chocolat place du marché. C'est quand même autre chose que de payer 30 euros pour une thema queer à la Gaité Lyrique, non ?

Nicolas se fait aussi appeler Geena le samedi soir, et Accem Miyomi quand le temps se refroidit.