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Conçu pour durer : La Cliqua revient en force

On a interviewé Daddy Lord C, Kohndo et Rocca pour fêter les 20 ans du groupe, avant leur concert au festival Paris Hip Hop 2015 mercredi prochain.

La Cliqua en 2015 - photo : MarOne

Le mercredi 23 juin 2015 était un jour à marquer d’une pierre blanche dans l’histoire rap français. 20 ans après la sortie de Conçu pour Durer, La Cliqua était de retour avec le clip du morceau « À l’ancienne », qui apparaîtra sur la version française de Bogota/Paris, le nouvel album de Rocca. À l’occasion de cette date anniversaire et dans le cadre du festival Paris Hip-Hop 2015, ils se réuniront sur la scène du Trabendo pour donner un unique concert le 1er juillet.

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La Cliqua, qui s’annonçait comme un pilier solide du rap game, durera seulement 5 ans, officiellement. Après leur album éponyme sorti en 1999, Rocca est en effet parti à New-York s’épanouir avec Tres Coronas, Daddy Lord C a écumé les rings de boxe tout en restant dans la musique et Kohndo a continué à enchaîner les projets solos. Mais comme ils l’avaient annoncé en 1995, le groupe était « conçu pour durer ». En 2008, La Cliqua réduite à 3 (Rocca, Daddy et Kohndo) est remontée sur scène lors du festival L’Original à Lyon. Aujourd’hui, ce même noyau dur semble toujours déterminé à revendiquer son rap. Pour les 20 ans de l’album qui leur a valu une reconnaissance internationale, et à quelques jours de ce concert anniversaire, nous sommes allés poser quelques questions au groupe, emmené par un Daddy Lord C survolté. On a évoqué les Black Dragons, Booba (qu’ils avaient lancé dans les caves de Ticaret), le règne des idiots et le statut actuel du rap latino.

Noisey : Votre premier EP sorti en 1995 vous a valu une reconnaissance jusqu’aux States où vous avez d’ailleurs eu l’opportunité de faire les premières parties d’Afrika Bambaataa et Mobb Deep. Comment vous avez vécu tout ça à l’époque ?
Daddy Lord C : On l’a vécu normalement tu sais, ça n’a pas changé notre quotidien. On a kiffé ça comme on aurait kiffé sur un bon morceau, on ne s’est pas dit « ouais, maintenant on est des stars. »

Kohndo : C’est vrai, mais il y a eu de belles histoires comme - je ne sais pas si vous vous en rappelez les gars – l’histoire du festival de jazz de Montreux.

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Rocca : Je m’en souviens, c’était en 1995. Aux USA, Lords Of The Underground était numéro un, et à ce festival, c’était notre première partie. C’était notre première partie ! C’est nous qui tenions les rennes. [Rires]

Daddy Lord C : Nous, La Cliqua, si un morceau est bon, on va kiffer. On ne va pas chercher plus loin que ça. Comme je te disais, on ne s’est jamais dit « putain, on est des stars. » Ça nous a donné plus de moyens pour avancer mais c’est tout. On ne va pas se la raconter pour ça. On a gagné une bataille mais pas la guerre.

Rocca : Comme on était tous d’âges et d’horizons différents, on ne pouvait pas sortir et enregistrer un son s’il n’était pas validé par tous les MC’s de La Cliqua.

Kohndo : C’est vrai, tout était contrôlé.

Daddy Lord C : Oui, même moi. Juste pour un mot, des fois ça ne passait pas.

Rocca : Les producteurs faisaient parfois des réunions ensemble et étaient là « franchement les gars, votre refrain… » Et si en plus de ça tu racontais une connerie, tous les anciens, tous les mecs des Black Dragons venaient te voir et te disaient « pourquoi tu dis ça dans tes textes ? » Va expliquer ton texte à un mec qui a un bon accent clando et qui n’a pas envie de rigoler avec toi ! [Rires] Explique-lui que tu racontes des conneries. Je pense que c’est pour ça qu’on était exigeants. Un morceau de 1993 ou 1995 est toujours valable aujourd’hui parce qu’il était réfléchi et validé. Ce n’est pas comme aujourd’hui où tu as une bande de suceurs qui n’a rien à voir avec la musique, qui bicrave et qui te dit « ouais c’est bien, c’est bien » et toi après, tu vas croire que c’est bien. À l’époque il fallait que ce soit validé par des mecs qui connaissaient la musique et c’est pour ça que La Cliqua était conçue pour durer.

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On dit souvent que les années 90 ont marqué l’âge d’or du hip-hop, qu’est-ce qui différencie cette époque de celle d’aujourd’hui, rapistiquement parlant ?
Daddy Lord C : C’est des conneries ! Il n’y a pas d’âge d’or du hip-hop, ou peut-être pour les Français moyens qui ne connaissaient rien au rap et viennent de commencer à s’y intéresser. Moi, j’écoute du rap tous les jours et il n’y a pas d’âge d’or. C’est pareil pour la boxe, je suis dans la boxe, je connais tous les boxeurs, les anciens, les nouveaux. Il n’y a pas d’âge d’or dans le rap pour celui qui est à fond dedans. Va dire à un mec qui mange de la viande tous les jours qu’à telle période c’était l’âge d’or de la viande.

Rocca : Je pense qu’il y a des cycles de construction et de validation.

Lorenzo Rocca [Pachanga Music, frère de Rocca] : En fait, c’est qu’aujourd’hui les mauvais sont tolérés, tout simplement.

Daddy Lord C : D’ailleurs, MC Jean Gab1 a commencé en dénonçant les mauvais. À la base lui ce n’est pas un rappeur. Mais il a commencé à dire qu’il y avait des imposteurs dans le rap. Même moi j’aurais pu le faire. Et depuis on ne nous vend que ça.

Rocca : Son morceau c’était le premier clash.

Daddy Lord C : Si quelqu’un a un problème avec moi, il vient et je le fume. Il y a pas de soucis, il vient, on appelle YouTube, Dailymotion, on filme et voilà. Le premier rappeur qui veut ouvrir sa grande gueule, il n’y a pas de soucis, je le fume ! Là je vais te dire un truc [je flippe un peu], aujourd’hui il y a que des imposteurs qui font de la merde. Il y a certains trucs que j’aime mais il y en a même pas assez pour que je me fasse une compile. Des mecs comme nous, on ne peut pas consommer n’importe quoi, vu qu’on n’a pas fait consommer n’importe quoi aux gens. Aujourd’hui, on a donné une conférence, il y avait 50 personnes, pas plus, pourquoi ? Parce que ce sont les gens intelligents qui sont venus. Tu verras qu’à notre concert il n’y aura que des gens qui réfléchissent. Ils ne se laissent pas embobiner, tu vois ce que je veux dire ?

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Rocca : Mais attention, tout ça ne nous frustre pas du tout.

Daddy Lord C : On a un pied dans les bureaux et un pied dans la vie. Je ne vais pas jeter mon cerveau pour faire plaisir à certains. [Rires]

Rocca : Aujourd’hui, faire de la merde c’est devenu légal.

La Cliqua en conférence - photo : MarOne

Oui mais c’est aussi que l’industrie musicale a changé, non ?
Daddy Lord C : Non. Ecoute-moi bien, je vais te dire un truc [je flippe encore], je continue à me battre car j’ai compris que tout ça, c’était un combat. L’industrie veut abrutir les ghettos et les maisons de disques ont compris que pour faire taire les indés, il fallait mettre de l’argent sur les idiots et les diffuser partout. Comme ça, le petit de la banlieue ne va pas aller étudier. Alors que nous, on faisait l’inverse. Les gens qui nous écoutaient à l’époque ont une situation aujourd’hui. Certains mecs sont venus me dire « merci, grâce à ta musique je suis sorti de prison ».

Vous êtes pessimiste face au rap d’aujourd’hui ?
Kohndo : Mais non…

Daddy Lord C : On a toujours été pessimistes. Je suis pessimiste sinon j’aurai arrêté. Le jour où je suis rassuré, où j’ai plus rien à dire, j’arrête. Regarde à l’époque des skins, avec les Black Dragons, on était là, et dès qu’ils ont disparus on n’avait plus rien à faire.

Kohndo : Ouais mais tu n’as pas abandonné le rap malgré tout ce qui s’est passé, donc dans ce sens tu n’es pas pessimiste.

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Daddy Lord C : Quand il y avait les skins, on était là, on les a viré et on a disparu en même temps qu’eux. Pourquoi on rappelle les anciens dans le rap ? Parce que ça ne va plus. Aujourd’hui, je préfère écouter du Johnny Halliday que du rap parfois. C’est comme un mec qui se dirait « non le rock c’est mort, je préfère encore écouter Eddy Mitchell ». C’est ce qui se passe dans le rap. En plus notre public a grandi, les mecs travaillent et ont des gosses. Admettons que tu bouges la tête dans ta voiture sur un de leur son tout naze, ton petit il va te voir bouger la tête, et il va faire comme toi. Après, boom ! Il va sauter par la fenêtre. [Rires].

Aujourd’hui les petits arrêtent l’école à 15 ans, mais faut voir ce qu’ils écoutent ! Nous, on en est là aujourd’hui parce qu’on écoutait les bonnes choses. Mais le petit de 13 ans qui fume des spliffs et qui boit des flashs de Poliakov coupé avec du Redbull, je lui donne un an. Dans un an on va voir, s’il n’a pas un cancer, il ira en HP. Ça devient une routine…

Rocca : À l’époque il n’y avait pas de contrat. Quand je te dis à l’époque, c’est il y a 200 ans, et la parole était d’or. Les mecs se serraient la main et la parole avait valeur de contrat. Ce qui sortait de ta bouche devait être vraiment bien réfléchi si tu voulais ne pas avoir de problèmes. Aujourd’hui, c’est ouvert à tous et tu as plein de mecs qui racontent des conneries. Après ce n’est pas à nous de tirer la corde, c’est aux gens intelligents de dire « putain les mecs, arrêtez d’être con. »

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La Cliqua à l'époque.

L’année dernière, l’Abcdr du son faisait ressortir l’un des premiers morceaux enregistrés par La Cliqua dans la cave du Tricaret. À l’époque Booba étais stagiaire dans le shop et avait posé sur ce titre. C’était son tout premier morceau. Vous pensez quoi de ce qu’il est devenu et de son album ?
Rocca : Moi j’ai rien à dire car je n’écoute pas sa musique, je ne suis pas dans sa sphère. Je ne sais pas ce que vous avez avec lui. Ça fait 14 ans que je ne suis plus ici mais à chaque fois que je reviens, tout le monde me parle de lui. Chaque interview que je fais, vous me parlez que de lui. Ce n’est pas lui qui remplit mon frigo. On n’a pas le même public et on n’est pas dans la même sphère donc évite cette question.

Lorenzo Rocca : J’ai l’impression que ce qu’il fait c’est tourné pour les petits, il veut les tourner vers son univers. Mais nous ça ne nous touche pas du tout.

Rocca : En France vous aimez ça, vous aimez les pecs qui viennent des Etats-Unis. Quand un Belge dit qu’il a quelque chose de Tennessee vous kiffez, alors que le mec n’a jamais foutu un pied là-bas. Si on vous file des tapes d’un mec de Chicago, vous allez adorer, si on vous file un truc de New-York, vous allez dire « Ah ouais, c’est trop bien. » Arrêtez de me parler de lui.

Daddy Lord C : De qui ?

Rocca : Les gens me parlent toujours de Booba, on en a marre de parler de ces gens-là.

Daddy Lord C : C’était un petit de La Cliqua, il a son talent et sa vie pour faire des trucs démoniaques. On lui a donné la force, donc il a la force démoniaque. [Rires]

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L'album épnonyme de La Cliqua et sa pochette unique dans le paysage du rap français.

En 1999 vous sortez votre premier et dernier album avant que chacun ne parte de son côté. Qu’est ce qui s’est passé ? Et qu’est-ce qui vous a manqué ?
Daddy Lord C : Rien ne nous a manqué. Tu sais, on a tous des égos surdimensionnés. On est des artistes solos à la base. Déjà quand tu regardes nos surnoms, tu vois qu’on a des égos de fou : lui c’est Le Docteur, lui c’est Le Chef, et moi c’est Daddy. [Rire général]. Rocca je me rappelle il disait tout le temps « je vais me barrer les gars, je vais me barrer ». Kohndo aussi, il avait ses trucs de son côté. On venait d’univers différents, on avait passé beaucoup de temps ensemble, mais il fallait qu’on vive notre vie, qu’on fasse nos trucs. On avait besoin de respirer. Et aujourd’hui quand on se retrouve, on a des choses à se raconter.

Et qu’est ce qui a motivé ce retour sur scène ?
Rocca : C’est les gens qui nous demandent de revenir.

Daddy Lord C : Oui et comme je t’ai dit on a un ego donc quand on regarde ce que les autres font, on se dit « ah ouais c’est pas mal faut que je fasse mieux ». [Rires]

Rocca : D’ailleurs c’est triste à dire mais ceux qui ne sont pas là aujourd’hui, c’est ceux qui ne sont plus là. La porte est tout ouverte à ceux qui le veulent.

Daddy Lord C : Notre devise c’était « conçu pour durer ». On est parti chacun de notre côté et on a fait nos trucs. Notre code d’honneur ça toujours été comme le « Survival of the Fittest » de Mobb Deep. C’est le plus dur qui tient la route. C’était ça nos objectifs avec La Cliqua.

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Donc dans le futur, peut-être qu’on reverra Raphton sur scène avec vous ?
En chœur : S’il est là oui.

Kohndo : La porte sera toujours ouverte comme on t’a dit.

Daddy Lord C : S’il est là, qu’il porte ses couilles, nous on est là. On ne va pas pleurer et le supplier de revenir. Moi je suis conçu pour durer, avec ou sans La Cliqua, pareil pour Kohndo et Rocca. On a vécu cette vie comme des frères, comme une vraie famille, ils connaissent mes parents, mes enfants et vice versa. Il ne peut pas y avoir de problème entre nous.

Rocca : Et s’il y en a on en parle. Je peux avoir des problèmes avec Kohndo ou avec Daddy mais on les règle car on ne se la raconte pas.

Daddy Lord C : En plus on se connait par cœur. S’il y en a un qui dit de la merde l’autre va lui dire « arrête, tu racontes des salades. » On n’est pas des potes, on est des frères. J’ai même été plus proche d’eux que de mes propres frères. Et on a tout partagé : les femmes, l’argent, les galères, la joie, tout !

Kohndo : Euh, pas les femmes [Rire général].

Daddy Lord C: Arrête de faire le gamin, ce que je veux dire par là c’est qu’à l’époque, Rocca je t’ai vu pécho des femmes, Kohndo aussi, tout comme vous m’avez vu en choper.

Ce qui m’a surpris c’est que vous avez sorti pas mal de choses mais le premier clip de la Cliqua n’est sorti que récemment, « À l’Ancienne », morceau qu’on retrouvera sur l’album de Rocca. Pourquoi ?
Rocca : Malheureusement oui, ça coutait cher à l’époque. Mais pour moi, de manière symbolique, « Les Jeunes de l’Univers » c’était un son de La Cliqua car j’étais vraiment à fond dans le groupe. Je pense que quand les gens voyaient le clip, ils pensaient que c’était La Cliqua. Ce titre représentait quelque chose qui n’avait jamais été montré à la télé et dans les grands médias. Quand j’ai eu l’occasion de grimper, tout le monde a croqué. La tournée Rocca, c’était la tournée de La Cliqua. Quand je chantais un morceau je ne le chantais pas comme d’habitude. Je faisais le premier couplet et je laissais la suite aux autres.

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Il y avait plus de solidarité à l’époque dans le rap ?
Daddy Lord C: Je ne pense pas c’est juste que chacun fonctionne avec ses codes. Les choses n’ont pas changé, les problèmes sont les mêmes, mais aujourd’hui, il n’y pas assez de bons. Je n’attends pas le retour de Jésus dans le rap, je n’attends pas le retour du prophète. Il y a du bon et du mauvais dans le rap. Si j’ai un fils, je préfèrerai qu’il soit breaker plutôt que rappeur.

Rocca, tu sors Bogota/Paris en septembre et vous messieurs quoi de prévu ?
Kohndo : Mon prochain album s’appellera Intramuros, je l’ai fait en collaboration avec Modulor. C’est 8 ans d’expérience dans le monde carcéral qui m’ont inspiré et m’ont permis de réfléchir sur ce qu’on faisait vraiment de notre liberté et de nos vies. Je me suis mis dans la peau d’un taxi man qui traverse Paris, qui rencontre des gens et multiplie les discussions. Ça m’a permis de rendre hommage aux gens que j’ai côtoyés pendant ces huit années.

Daddy Lord C : Je prépare un album qui s’appelle Dad. Ça arrive en 2016, il y a des feats, avec Oxmo ou encore Manu Key. Je m’arrête là, beaucoup de choses arrivent. C’est un album vraiment brut, et cash avec des gros break beats. Ça se rapproche du Noble Art mais en mode 2015.

Rocca en 2015 - photo : Reda

Rocca, ça fait maintenant plus de 10 ans que tu es loin de la France, et tu reviens avec un album en deux versions : une française et une espagnole. Tu penses que c’est une bon choix ?
Rocca : Dans mes textes, je ne vais pas te parler de ce que je ne connais pas. Je traite de sujets universels. Je ne vais pas te parler d’une vis que j’ai changée chez moi, si tu ne connais pas ma maison et la vis que j’ai utilisée. Si je m’exprime ce n’est pas parce que j’ai envie de faire un rap, c’est parce que j’en ressens le besoin. Pendant dix ans je n’ai pas écrit en français parce que je n’en ressentais pas le besoin. Je vivais des choses totalement différentes aux USA. Ça aurait été hypocrite de ma part de parler de ter-ter et tout car j’y étais plus. « À l’ancienne » est une rencontre entre Daddy et moi 20 ans plus tard. Daddy est toujours là, moi je reviens et on discute. C’est pour ça que le morceau est en passe-passe. On parle de l’évolution des choses. Je raconte ce que je vois. Je ne suis pas comme ces mecs qui habitent à Miami et qui racontent qu’ils sont en bas des blocks à vendre du shit en prenant soin de ne pas se faire choper par les flics.

L’album c’est Bogota/Paris car je fais partie des petites gens, qui se déplace à pied, qui prend le bus, qui prend les transports en commun et qui voyage à travers son pays.

J’ai vécu en France et en Colombie donc je suis crédible dans ce que je raconte. D’ailleurs mes textes ne sont pas des traductions mais des adaptations. Le morceau avec Daddy ne sera pas sur la version espagnole car ça n’aurait pas de sens. On peut dire que l’album s’est construit sur ces 20 dernières années. Il y a des influences de La Cliqua, il y a les influences du rap actuel et ma signature. Je te coupe complètement du rap américain en t’emmenant vers l’Amérique latine ou Paris.

Justement le rap en Amérique latine c’est comment ? Les MCs sont plus dans l’entertainment ou dans le rap revendicateur ?
Rocca : Le rap latino est encore très marginal car il a des propos virulents et révolutionnaires. Là-bas c’est totalement différent de la France. Là-bas les gens ne savent pas s’ils vont manger tous les jours. Donc quand tu vis une réalité pareille tu ne peux pas te permettre de raconter n’importe quoi. Un mec qui rentre dans le ghetto avec sa chaîne en or, c’est une victime et il va se faire dépouiller. C’est une réalité différente et ça se ressent dans le rap. On vous fait gagner des places pour le festival Paris Hip Hop par ici. Salim Jawad est conçu pour durer. Il est sur Twitter.