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Parce que j'étais trop aveugle et trop gonflé d'égo, j'ai fini par accuser les autres – les Noirs, les gays, les Juifs et tous ceux que je pensais différents de moi – d'être responsables de tous mes maux. Ma panique infondée s'est très vite et injustement manifestée sous la forme d'une haine venimeuse – j'ai été radicalisé par ceux qui avaient vu en moi un jeune paumé assez mûr pour être cueilli. Et parce que je cherchais désespérément un sens à tout ça – je voulais m'extraire de la banalité –, j'ai dévoré chaque petite miette qu'on me jetait, jusqu'à en faire mon identité, effaçant ma personnalité. Cette personnalité que j'avais fini par ne plus apprécier. Cette animosité mal placée a fait de moi un gros tyran raciste, obèse de tous ces mensonges dont m'avaient gavé tous ceux qui avaient profité de ma jeunesse, de ma naïveté et de ma solitude.Pendant près d'un tiers de ma vie, j'ai avalé chacune de ces croyances débiles jusqu'à la dernière, sans rien recracher. Quand j'ai fini par avoir les couilles de réaliser que chaque « vérité » dont on m'avait nourri – et dont j'avais nourri les autres en retour – n'était qu'un mensonge, je n'ai eu qu'une envie : aller aux toilettes, me fourrer les doigts dans la bouche et tout dégueuler.Encore aujourd'hui, 20 ans après avoir quitté le mouvement haineux que j'ai aidé à construire, les souvenirs de ces sept sombres années me reviennent et m'enragent. Quand je regarde de vieilles photos de moi, je ne vois qu'un étranger bourré d'éléments toxiques qui me regarde en retour. Mais des mauvaises herbes poussent encore des mauvaises graines que j'ai plantées il y a tant d'années, et il est de mon devoir de les arracher dès qu'elles germent.« Quand je regarde de vieilles photos de moi, je ne vois qu'un étranger bourré d'éléments toxiques qui me regarde en retour. »