Des cheveux humains pour aborder le processus du deuil

Après la mort de sa mère, Spencer Merolla n’est pas parvenue à porter à nouveau la tenue qu’elle avait lors des funérailles. Quand elle a réalisé que d’autres personnes en deuil avaient des blocages émotionnels similaires avec leurs vêtements noirs, elle les a collectés et en a fait une saisissante série d’œuvres monochromes appelée After a Fashion.

« J’ai demandé à ma famille et à mes amis s’il y avait des tenues associées à des événements qu’ils avaient désormais du mal à porter. Doucement, j’ai commencé à collecter des vêtements — parfois vieux de dizaines d’années — qui pendaient en vain au fond d’un placard, qu’il était trop déprimant de porter mais trop connotées sentimentalement pour les jeter », écrit Merolla.

Toutes les œuvres de Merolla ne sont pas incolores mais la plupart ont un rapport avec le deuil. « Mon travail traite de la perte : la tension entre le deuil public et privé, les usages sociaux et la culture matérielle du deuil, les objets comme dépositaires de la mémoire qui détiennent et transmettent du sens », dit-elle encore.

Inspirée par la pratique victorienne des créations sentimentales avec des cheveux de la personne aimée/perdue, Merolla confectionne des objets complexes et beaux qui, au premier abord, semblent être des panneaux de bois nervurés mais qui sont en réalité faits avec de véritables cheveux humains. Pour une matière si profondément personnelle, l’anonymat des chevelures procure un étrange sentiment de solitude. Comme la provenance des cheveux utilisés par Merolla, il est souvent difficile de retrouver la source des pièces victoriennes.

« Dans un sens, l’histoire des cheveux est un testament, non pas de notre capacité à se souvenir du bien-aimé défunt, mais de notre incapacité suprême de le garder », écrit encore Merolla sur son site.

L’une des œuvres de Merolla, After A Fashion I, est présentée dans l’exposition autour de l’utilisation de la couleur noire, « Medium: Black » à la Rush Philanthropic Arts Foundation, à voir jusqu’au 20 mai.

Pour voir d’autres œuvres de Spencer Merolla, rendez-vous sur son site.