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Drogue

Une clinique privée québécoise distribue du cannabis à ses patients

Santé Canada a autorisé deux études sur le cannabis pour tester l’effet de la drogue sur les douleurs chroniques.

Pour la première fois au Canada, une clinique privée, Santé Cannabis, a reçu l’autorisation de donner légalement du cannabis à ses patients, dans le cadre de deux études chapeautées par Santé Canada. Si les essais sont concluants, la drogue pourrait se retrouver en pharmacie et être remboursée par l’assurance maladie.

La première étude vise à mesurer l’efficacité du cannabis par inhalation et à déterminer les risques qui s’y rattachent. Environ 950 patients ayant un cancer avancé accompagné de douleurs incontrôlées recevront une dose fixe d’un mélange de fleurs séchées provenant de trois variétés. Les essais dureront quatre semaines. On veut ici trouver une solution de rechange au fentanyl, souvent prescrit aux personnes aux prises avec ces symptômes.

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« C’est énorme! » dit la directrice de la clinique, Erin Prosk. « C’est la première fois que Santé Canada donne une exemption à une clinique privée qui travaille avec la communauté. Je crois que c’est l’avenir de la recherche de faire ce genre d’étude à l’extérieur des universités et des hôpitaux. »

Il s’agit d’une recherche de phase trois, ce qui veut dire que c’est la dernière étape avant l’application officielle pour permettre aux médecins de prescrire le médicament.

« Nous espérons que le processus d’approbation soit accéléré puisqu’il y a énormément de demandes, ajoute Mme Prosk. Tout dépend de l’efficacité de notre recrutement. Nous croyons pouvoir faire cette demande d’ici un an. Ensuite, l’approbation peut prendre de quelques mois à quelques années. »

Pour la deuxième étude, environ 160 autres patients aux prises avec des douleurs chroniques se verront distribuer de l’huile de cannabis pendant une période de 18 semaines.

La clinique a un contrat avec l’entreprise Tetra Bio-Pharma, qui fournit les médicaments élaborés à partir de cannabis cultivé par Aphria, un producteur autorisé basé en Ontario. La compagnie pharmaceutique sera ensuite propriétaire des données émanant de l’étude. Les participants recevront leurs doses de cannabis gratuitement pendant toute la durée des essais.

L’étude est déjà en marche aux bureaux montréalais de Santé Cannabis, et le recrutement s’étendra à ses cliniques de Sherbrooke, Pointe-Claire et Québec au mois de septembre. D’autres partenaires devraient être annoncés partout au Canada cet automne.

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Depuis 2014, les médecins de Santé Cannabis prescrivent du cannabis à leurs patients. Mais le médicament, qui n’est toujours pas reconnu par Santé Canada, doit être commandé à des producteurs autorisés par Ottawa, aux frais de la personne malade. Elle peut aussi s’inscrire auprès de Santé Canada afin de pouvoir le cultiver ou désigner quelqu’un qui en produira une quantité limitée.

« Même avec la légalisation qui s’en vient, il y a toujours de nombreuses barrières à l’accès au cannabis médical, observe Erin Prosk. Principalement au Québec, les professionnels de la santé ont peu de connaissances en lien avec la substance. Les médecins doivent être en mesure d’informer leurs patients, même lorsqu’elle sera achetée à la Société québécoise du cannabis. »

Santé Canada insiste sur le fait que Santé Cannabis est une clinique, et non un dispensaire ou un club compassion. Ces établissements que l’on trouve un peu partout au pays, dont deux ont pignon sur rue à Montréal, distribuent à leurs clients du cannabis qui ne provient pas nécessairement de producteurs autorisés. Ils sont souvent tolérés, mais agissent en marge du système reconnu par les autorités. Après la légalisation, leur avenir est incertain.

« Il s’agit d’une clinique de consultation qui compte divers satellites au pays, dit la porte-parole de Santé Canada, Maryse Durette. Les dispensaires ne sont pas autorisés à vendre du cannabis à des fins médicales ou à d’autres fins. Au Canada, la distribution et la vente illégale de cannabis sont assujetties à des mesures d’application de la loi. »

Simon Coutu est sur Twitter