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Music

Antoine Kogut flâne à travers le cosmos sans chaussettes mais avec des cuivres

Le premier album de l'ex moitié de Syracuse vient de sortir sur Versatile. On l'écoute en entier ici.
Marc-Aurèle Baly
Paris, FR

Vous connaissiez (peut-être) Antoine Kogut via son ancien groupe Syracuse. Il y a trois ans, le duo parisien sortait un grand disque de pop électronique (et pas « electro pop », cette ignominie) qui avait pour lui le luxe de l'immédiateté et de l'ornement soigné. En convoquant les fantômes de Jacno, de la pop italienne, des grands compositeurs prog genre Soft Machine, on se disait qu'on tenait là un grand groupe pop en devenir. Malheureusement, les choses se sont vite arrêtées à ce coup d'essai/éclat, et chacun s'en est allé de son côté : le projet Epsilove pour Isabelle Maitre d'un côté, des escapades sous son propre nom pour Antoine Kogut de l'autre.

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Sur le premier album en solo de ce dernier, on retrouve ce goût pour le bel ouvrage, un horizon très idéal européen (le triangle allemand-italien-anglais est de rigueur, avec les Battisti, Can et Robert Wyatt en pères putatifs revendiqués), ainsi qu'une ambition, non pas mise en sourdine, mais disons, apaisée. Il y a une époque (au doigt mouillé, il y a dix ans, mais je n'en mettrais pas ma main à couper) où l'accent français appuyé de manière suave, les basses slappées licencieuses qui claquent sur les fesses et les poignées de porte dorées semblaient le nec plus ultra de la pop française qui s'aristocratise elle-même - et surtout, qui s'exporte. Ici, Kogut ne vise même pas l'international, mais quelque chose de bien plus humble, comme replié sur lui-même et baigné d'une quiétude avisée. D'ailleurs, à partir d'un moment, il laisse tomber l'anglais (mais pas la basse) et se met à chanter en français, comme pour laisser mieux infuser « l'indolence de ses jeunes années » (c'est même lui qui le dit) ainsi que des cuivres dispendieux, sur « L'œillet noir » notamment. Ça pourrait passer pour un glissement pantouflard un peu préoccupant, mais ça produit l'effet inverse : comme si, en se posant et en ne tablant plus sur l'éclat forcément un peu insolent de la première fois, Kogut parvenait à trouver une forme de contentement dans la durée (il a mis près de neuf mois à faire le disque), sans forcer, les doigts de pieds en éventail avec le cosmos pour seul horizon.

L'album Sphere of Existence d'Antoine Kogut est sorti sur Versatile vendredi dernier. Il peut se commander ici.

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