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Culture

On parle du futur avec le rappeur belge Hamza

Et le futur, ça inclut des cocktails bières-vodka en studio...
Crédit photo: Anisha Patelita

En ligne, Hamza apparaît comme un mystère, une force sombre qui arrive de manière constante à sortir plusieurs projets par année. Pourtant, la personne que j'ai interviewée était un Hamza très différent de celui que j'avais pu voir en live. Calme et pensif, tout en restant très candide, on a pu parler des deux dernières années extrêmement mouvementées du jeune rappeur belge.

Malgré des textes qui lui valent souvent des critiques de détracteurs, et un flow assumé inspiré du trap moderne d'Atlanta et des influences caribéennes des crooners R&B de Toronto, Hamza reste une des figures les plus importantes du rap francophone. Les mots qu'il utiliserait pour décrire sa musique à des gens qui ne l'ont jamais entendu? « Meufs, fire, argent, ambiance… je sais pas quoi d'autre… (rires). C'est juste des vibes. J'ai remarqué que, dans mes concerts, les gens ne viennent pas nécessairement voir un concert, ils viennent vraiment pour turn up, tu vois ce que je veux dire? » Et si quelqu'un est capable de faire turn up une crowd, c'est bien Hamza. En live, il ne chante pas autant ses paroles qu'il se les fait chanter par ses fans, particulièrement dévoués.

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Il faut dire que quand Hamza a fait irruption sur la scène rap, personne ne l'a vraiment vu venir. Il sort en mai 2015 H24, une mixtape de 24 titres, dont 18 autoproduits. En Europe francophone, c'est avant tout le morceau Gang qui attire l'attention, ayant reçu l'éloge de plusieurs artistes éminents du milieu, comme Dave Luxe et Joke. Au Québec, les moins francophiles le découvrent avec le tube La Sauce, hit séminal du printemps-été 2016, marqué par deux concerts gratuits au Quartier des spectacles de Montréal dans le cadre des Francofolies. Avec un flow chanté qui rappelle Young Thug, des one-liners de génie comme « je veux du Gucci pour mon chien », et un refrain accrocheur et facile à danser, la chanson a tout pour plaire. Certains l'ont vu comme un truc à la Anticipateurs : ils ont trop cherché à intellectualiser le truc, alors que d'autres ont tout de suite compris le délire. C'est le genre de morceau qui marche à chaque coup, et les DJ montréalais s'en sont donné à cœur joie pour le jouer à chaque occasion qu'ils avaient.

La relation Young Thug-Hamza est facile à faire, et Hamza l'assume pleinement, mais les connaisseurs savent reconnaître chez lui d'autres influences constamment changeantes. Avec H24, il s'est imposé comme une force redoutable du post-cloud-trap, ouvrant la voie à des artistes comme PNL et Lorenzo; alors que sur sa tape New Casanova, il montre son côté plutôt dancehall et invite le Torontois Ramriddlz à faire un verse en franglais sur le morceau El Dorado . Sur Zombie Life, on voit tantôt du Post Malone, tantôt du The Weeknd, le tout, de façon surprenante, bien ficelé. Car si Hamza, du haut de ses 23 ans, a compris une chose, c'est l'importance de la consistance, et ça se voit dans son travail.

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« Je suis pas capable de travailler quand je suis chez moi. Mais quand j'arrive au studio, je suis focus, je suis pas là pour déconner, je suis 100 % dans la musique », dit-il. Comme tout artiste qui passe une majorité de son temps libre au studio, Hamza a bien sûr ses rituels : « Avec Ponko (son collaborateur de longue date, NDLR), on prend des Gordons, les bières belges, et on mélange avec de la Eristoff ou Smirnoff… Ça c'est every time, quand on est en studio! »

Deux ans plus tard, Hamza est un des rappeurs les plus en vue sur la scène francophone et maintient que le reste de la scène bruxelloise le suivra. Déjà forte du succès de Stromae, Hamza et Damso, et de DJ comme DJ Slow et Dave Luxe, la ville semble depuis peu prendre son essor.

« Ça commence fort à changer, parce-que là c'est la nouvelle génération qui prend les rênes. Il y a pleins de petits jeunes qui commencent à sortir et qui balancent de la bonne musique. Comme à Montréal, en fait! » lance-t-il avec enthousiasme.

Étant de passage à Montréal seulement pour quelques jours cette semaine, Hamza n'a pas chômé, prenant le temps de rendre visite à ses copains High Klassified, Planet Giza et Rowjay, avec qui il travaille sur un projet.

Malgré l'argent et la gloire, il ne planifie pas de quitter sa ville natale, Bruxelles, de sitôt.

« Bruxelles, c'est confortable, c'est chez moi. Après, si les choses se passent bien et que je peux partir autre part, c'est cool. Pas à Paris, par contre! (Rires) Mais même ici à Montréal, ça serait cool, il y a une bonne vibe. » On espère tous que les choses se passent bien pour lui!

Billy Eff est sur Internet  et Crédit photo: Anisha Patelita