Précarité, arrogance, hygiène déontologique déplorable ou – plus grave encore – mimétisme : il semblerait que photographe soit vraiment un métier de merde. Du photojournalisme de terrain à des pratiques beaucoup plus conceptuelles, le métier semble collectionner les fractures. Derrière des vitrines humanistes, des images d'auteur altruistes ou des séries de photographies engagées se cachent souvent de belles crises de jalousies et quelques coups de putes.
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Il faut avoir assisté à une lecture de portfolio entre jeune padawans et opérateurs " experts" du Game pour effleurer les niveaux de frustrations interdits qui frappent le milieu de l'image moderne.Pourtant, la profession sait toujours se farder… Et charme chaque année un lot de néo-prétendants conséquents : tous les services culturels de France veulent désormais leur festival local dédié à l'image et les bancs des écoles de photos sont toujours aussi bien pourvus. Bien que concurrencé par les smartphones, le marché des appareils professionnels résiste plutôt bien : pour les compacts experts et les reflex, il continue même de progresser.En fait, en 15 piges, le nombre de photographes en France a augmenté d'un tiers*. En 2015 en France, ils sont 25 000. Le hic, c'est que cette année encore, près de la moitié d'entre eux ne se verseront qu'un SMIC**. Et c'est chez cette moitié très fragilisée que les jeunes sont sur-représentés. Et c'est évidemment chez cette sous-population que se trouve la jeune photographie. Isolés, rarement syndiqués***, souvent auto-entrepreneurs, ils tirent leurs principaux bénéfices de plans corporate. Trop rarement de fonds de dotations ou de bourses à la création. Résultat ? La frustration créative s'exerce ici à des niveaux interdits.Pourquoi tous ces refus ? Qui a fait de la photographie un milieu si tendu ? Peut-on vraiment survivre à une lecture de portfolio avec Christine Ollier, directrice de la galerie Les Filles du Calvaire, adorée et haïe par tous ?
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On a demandé à Roger Ballen, Guillaume Chamahian le boss du Festival Les Nuits Photographiques ou Tess Raimbeau, jeune photo editor chez Libé, pourquoi personne ne se plaint autant qu'un photographe.
Roger Ballen, photographe
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Marie-Pierre Subtil, rédactrice en chef
Guillaume Chamahian, directeur artistique
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Christine Ollier, directrice de galerie
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Tess Raimbeau
** En 2013, sur un panel de 3000 photographes sondés, 43 % d'entre eux déclaraient avoir perçu moins 15 000 €. Et tous déclaraient que ces revenus avaient tendance à diminuer. Source : Département des études, de la prospective et des statistiques / Ministère de la Culture et de la Communication
*** Moins du quart des photographes auteurs et des photojournalistes déclarés adhèrent à une organisation professionnelle.