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Chypre

Négociations historiques en vue pour la réunification de Chypre

Les nombreux efforts de réunifications ont échoué par le passé. De nombreux observateurs pensent que ces négociations représentent la dernière chance de voir Chypre réunifié.
ASSOCIATED PRESS

Les autorités grecques et turques de Chypre reprennent des pourparlers à Genève cette semaine dans ce qu'on considère être le véritable dernier espoir pour assurer la réunification de l'île méditerranéenne.

Que se passe-t-il ?

Le président chypriote, Nicos Anastasiades, et le leader du camp turc, Mustafa Akinci, tiennent des négociations pour trouver un compromis afin de réunifier l'île. Elle est coupée en deux depuis 40 ans. Si les pourparlers se déroulent bien, ces responsables vont être rejoints ensuite par la Grèce, la Turquie et le Royaume-Uni, soit les trois pays garants de l'indépendance et de la sécurité de Chypre. Cela marquerait la première négociation directe depuis 1974.

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Les nombreux efforts de réunifications ont échoué par le passé. De nombreux observateurs pensent que ces négociations représentent la dernière chance de voir Chypre réunifié. À son arrivée dans les locaux européens des Nations Unies, en Suisse, on a demandé à Anastasiades s'il était optimiste. Il a alors répondu « Redemandez-moi quand on aura fini. »

Visiting — Sir Alan Duncan (@AlanDuncanMP)January 4, 2017

« En visite en Turquie et en Grèce pour montrer le soutien du Royaume-Uni pour un accord juste et viable pour Chypre. J'espère que l'issue est proche », a tweeté Sir Alan Duncan, le ministre britannique délégué à l'Europe et aux Amériques.

Quel est le contexte ?

En 1974, un coup d'État mené par la Grèce échoue, ce qui mène à l'invasion de l'île par la Turquie et la création d'une zone tampon tenue par l'ONU. Cela a scindé l'île en deux : au Nord, la République turque de Chypre du nord, et au Sud, la République de Chypre — mais seulement le Sud est reconnu par la communauté internationale.

Le Royaume-Uni est une partie importante dans les négociations car il détient deux bases militaires sur l'île. Le pays a d'ailleurs proposé de céder une partie de son territoire pour accélérer tout accord.

Si on met en perspective tous les autres efforts de réunification, on voit combien cette tentative est importante. Et cela notamment à partir des 18 mois de préparation qui l'ont précédée.

Le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, a qualifié ces négociations d'historiques. La Première ministre britannique, Theresa May, a parlé à son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, au cours du week-end : les deux dirigeants se sont entendus sur le fait qu'il s'agit d' « une véritable opportunité d'assurer un meilleur futur pour Chypre et garantir la stabilité dans l'ensemble de la région ».

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Quels sont les points de désaccord ?

De nombreuses questions doivent être abordées à Genève cette semaine, notamment :

  • Où vont aller les troupes turques stationnées actuellement sur l'île, estimées à 30 000 soldats. Si ceux-ci doivent partir, qui protégerait la population turco-chypriote ?

  • Est-ce que les Chypriotes grecs doivent avoir la permission de reprendre possession des maisons qu'ils ont quittées lorsqu'ils ont été déplacés en 1974 ? Ou doivent-ils simplement recevoir une compensation, comme cela a été légiféré dans le passé ? Et dans ce cas-là, quel serait le montant de cette compensation ?

  • Que deviendraient les lignes de partage de l'île, entre les régions grecques et turques ? Et combien est-ce que le côté grec devrait gagner en territoire, étant donné qu'ils représentent la majorité de la population de l'île (77 pour cent) ?

Et la suite ?

Si tous les participants arrivent à se mettre d'accord sur un plan d'unification, les deux parties de l'île doivent le soumettre au vote séparément. En 2004, la communauté turco-chypriote a approuvé une initiative de l'alors secrétaire général de l'ONU Kofi Annan, mais la communauté greco-chypriote l'avait rejetée lors d'un scrutin. Mais les règles du jeu ont changé depuis 2004 : lors de ce scrutin, l'accord avait été concocté par l'ONU ; alors que cette fois-ci, les négociations sont menées par les leaders des deux parties de l'île.

Pourquoi ces négociations sont-elles si importantes ?

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Pour le peuple de Chypre, elles pourraient créer une énorme croissance économique, étant donné que des champs de pétrole et de gaz ont été découverts dans l'est de la Méditerranée.

La réunification pourrait également apporter davantage de stabilité à la région, quelque chose d'essentiel, ainsi qu'à l'Europe. L'Union européenne pourrait alors reconnaître Chypre dans son ensemble, ce qui aiderait à améliorer la sécurité dans la partie orientale de la Méditerranée. Celle-ci est gagnée par l'instabilité par l'émergence du groupe État islamique, par le conflit syrien et la situation politique turque. Le statu quo à Chypre est par ailleurs l'un des principaux points de désaccord dans l'entrée de la Turquie à l'UE.

Une réunification favoriserait également le bilan d'Obama, qui doit céder la Maison blanche à Donald Trump, le 20 janvier prochain. L'administration Obama a, à plusieurs reprises, fait pression en faveur d'une résolution : le vice-président, Joseph Biden, et le secrétaire d'État, John Kerry, ont tous les deux visité Chypre pour donner un coup de main dans les négociations.


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