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Video Games Killed the Radio Star

Al Batard est notre chroniqueur jeux vidéo chauve. Ce mois-ci, il nous parle de Dead Rising 3, un film de zombies mongoliens sorti sous la forme d'un jeu Xbox One.

DEAD RISING 3
Éditeur : Microsoft Studios
Plates-formes : Xbox One

Hier en m’endormant, je ne sais pas pourquoi, je me suis dit qu’à Noël, j’allais offrir des livres dont j’aurais déchiré toutes les pages – couverture et quatrième incluses – indiquant son auteur, sa date et son éditeur. Je me suis dit que c’était la manière la plus pure de découvrir un livre. J’ai ensuite appliqué la méthode au cinéma, mais ça ne marchait plus. Autant le générique fait partie de l’expérience narrative d’un film qui nous force – à moins d’un choix radical de son réalisateur – à savoir son origine, autant la couverture d’un livre n’est que très rarement du fait de son auteur. Par ailleurs, la plupart des couvertures de livre en France sont nulles, à part celles de la collection Ailleurs & Demain de chez Laffont. On n’est pas mieux lotis en termes de générique, la direction artistique du cinéma français semblant condamnée à utiliser l’Arial pour présenter un film. Si c’est pour dire au spectateur qu’il s’apprête à plonger dans 90 minutes de mocheté monotone, autant s’en passer. D’autant qu’en y réfléchissant deux secondes, le premier exemple de film sans générique qui me soit venu c’est Zombie de Romero, qui, en plus d’être très bien, propose ce que je considère être le meilleur « quart d’heure d’exposition » de l’histoire du cinéma. À part De Palma qui s’en amuse et Altman qui l’a copié avec brio, le « quart d’heure d’exposition » fait souvent le boulot que le générique devrait faire. Générique + « quart d’heure d’exposition » = relou absolu. Ce qui prouve le génie de Romero qui dans Zombie balance un quart d’heure d’exposition plongeant le spectateur dans la même urgence que ses personnages. RELENTLESS. On a souvent parlé de Romero quand les jeux de zombies sont apparus à la fin du siècle dernier. J’étais heureux pour lui, mais j’ai regretté que Dan O’Bannon n’ait pas profité de cette tendance. D’abord parce qu’aujourd’hui il est mort et qu’il n’aura plus jamais cette chance. Mais surtout parce qu’il a réalisé le trop mésestimé Retour des Morts Vivants en plus d’avoir écrit certains des meilleurs films d’horreur des années 1980. O’Bannon s’en branlait de la politique. Il voulait s’amuser, des zombies et foutre des comics sur grand écran. Il a vachement bien réussi. Sur la BO du Retour des Morts Vivants, il y a les Cramps. À l’écran, Linnea Quigley, sapée punk, fait un strip-tease sur une tombe avant de se faire bouffer par des zombies. Cool. Ce film n’est pas fait pour les protestants qui pensent qu’un film de zombies doit nécessairement se dérouler en huis clos. C’est un film pour les débiles de jouisseurs dans mon genre. Ce n’est pas un hasard si Dead Rising 3 rappelle aussi Corben, parce qu’il tire plus son esprit nécro-hédoniste de Dan O’Bannon que de Romero. Ce nouveau Dead Rising se libère enfin de tout ce qui faisait que Dead Rising était le meilleur des jeux de zombies sur le papier mais pas en vrai. Maintenant, il est le meilleur tout court. Plus de temps de chargement toutes les 5 minutes, plus de chrono et la possibilité de crafter ses armes sans avoir à passer par le laborieux atelier. Si l’intérieur de mon écran est plein de sang, sa façade est pleine de sécrétions liées au plaisir procuré par le jeu. C’est cool que Dead Rising soit enfin un bon jeu. Je vais enfin pouvoir arrêter de penser à des concepts que je ne concrétiserai jamais.

LUXURIA SUPERBIA
Éditeur : Tale of Tales
Plates-formes : iOS, Android, Mac, PC, Ouya Je ne suis pas chrétien, il a donc fallu que je joue à Luxuria Superbia pour en comprendre 1. le principe, 2. découvrir que je venais de toucher au jeu de l’année. Même si d’après les critères de mon rédacteur en chef, Luxuria Superbia aura probablement l’air chiant, il suffira que je dise qu’il s’agit d’un simulateur de vagin vidéoludique pour que les barrières tombent. En gros, il demande au joueur de caresser sa tablette afin de la faire jouir à grands coups d’artifices audiovisuels. Bon, en racontant le concept, je me dis que ce n’est ni plus ni moins que ce que fait James Woods dans Videodrome. Mais l’expérience de jeu dépasse de loin le terme de « merveilleux » pour aller s’inscrire directement dans le « céleste ». C’est logique. Si le « céleste » vous fait peur et que vous êtes plus « merveilleux », alors Lego Marvel pourra combler vos plus modestes instincts de personnes premier degré chiantes. Sinon, allez-y, c’est parfait.