Ces inconnus ont été photographiés avant et après s’être fait embrasser

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Culture

Ces inconnus ont été photographiés avant et après s’être fait embrasser

« Créer de nouvelles relations, s’imprégner des idées et des pensées des autres, c’est se rendre capable de combattre l’ignorance et le jugement. »

Cet article a été originellement publié sur i-D US.

Quand la photographe Johanna Siring s’est rendue au Danemark pour le Roskilde Festival cette année, elle a sympathisé avec des dizaines d’étrangers. Sa méthode ? Les embrasser. « Lorsqu’on embrasse quelqu’un, on appuie sur toutes les terminaisons nerveuses de ses lèvres, explique Johanna à i-D. Cela libère de la dopamine et une poussée d’ocytocine. C’est un geste qui chasse instantanément le stress et crée un lien émotionnel immédiat entre deux personnes. »

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Norvégienne basée à New York, Johanna approche ses modèles en leur demandant de poser pour elle. Après la première prise, elle leur explique le but de sa série – leur demande la permission de les embrasser – et photographie immédiatement leur visage après ce rapprochement intime.

Si le résultat est aussi naturel, c’est parce qu’elle laisse ses modèles prendre les choses en main. « Certains m’ont donné un baiser très bref et se sont tordus de rire l’instant d’après, d’autres y sont allés beaucoup plus franchement. Ce qui est intéressant, c’est que j’ai eu le sentiment de les connaître après les avoir embrassés et il me semble que c’est perceptible sur les seconds portraits. »

Origine, sexe, âge, style vestimentaire : les portraits de Johanna Siring cultivent la différence. Avant le baiser, chacun tente de projeter une version définie de son identité, feignant la décontraction pour avoir l’air cool, esquissant un sourire pour se donner l’air sympa. Les photos prises après le baiser montrent la facilité avec laquelle l’acte est advenu. L’un des garçons sourit en gardant les lèvres fermées, offrant un joli contraste avec sa veste de motard ornée de clous et d’écussons.

Johanna a expliqué à i-D pourquoi selon elle, tout le monde est photogénique – même celles et ceux qui affirment le contraire – et nous a révélé au passage ce que ça fait d’embrasser des inconnus pendant deux jours.

Le festival Roskilde est né pendant la vague hippie des années 1970 avant de devenir l’un des plus gros festivals d’Europe du Nord, où jouent aujourd’hui des grands noms comme Rihanna. Quelle est l’atmosphère de ce festival ?
Le Roskilde Festival illumine mon année depuis neuf ans maintenant. C’est un festival qui se démarque des autres parce que tout le monde traîne avec tout le monde, l’esprit qui règne est vraiment très libre. Près de 125 000 personnes se rassemblent et créent cette sorte de « village » magique dans un champ pendant huit jours. Le festival ne génère aucun profit depuis sa création en 1971 et je pense que cela influe sur l’état d’esprit des gens qui viennent ici. On peut vraiment s’asseoir n’importe où et discuter avec n’importe qui. Ce que tu fais dans la vie de tous les jours importe peu. Réunions, rendez-vous et emploi du temps n’ont plus de place. L’apparence vestimentaire est au second plan : il est possible de ne rien porter du tout ! Pendant une semaine entière, il est possible d’exister dans un univers libre de toutes contraintes, d’éteindre son cerveau et d’apprécier l’instant présent.

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Que cache ton intérêt pour les inconnus ?
J’étais assez jeune lorsque j’ai adopté une sorte de mantra : si quelqu’un m’inspire une pensée positive, je vais tout simplement le lui dire. Peu importe si cette personne m’est inconnue. Qu’est ce qui peut faire plus de bien qu’un compliment venant d’un étranger ? J’ai fini par photographier beaucoup de ces gens qui sont ensuite devenus des amis. Je crois que tout le monde est photogénique, que chaque personne possède quelque chose d’unique et d’intéressant. C’est cette essence-là que j’essaie de saisir à travers mes photos.

On a souvent l’impression qu’au lieu de la faciliter, la technologie rend la rencontre avec les inconnus de plus en plus difficile. Cette série est-elle un moyen de conjurer cette tendance ?
Il s’agit d’avoir un esprit ouvert et de rencontrer les gens dans le respect, peu importe ce qui entoure la personne, sa nationalité, son origine ou sa religion. On peut toujours apprendre des autres. Dans le tourbillon de haine actuel, il me semble plus important que jamais de répéter combien il est facile d’entrer en contact avec quelqu’un, d’affirmer que nous sommes tous des êtres humains dotés des mêmes instincts basiques. Créer de nouvelles relations, s’imprégner des idées et des pensées des autres, c’est se rendre capable de combattre l’ignorance et le jugement.

As-tu d’autres projets en cours?
Je travaille actuellement sur une série de portraits d’inconnus qui sont devenus des amis proches – c’est un projet qui me tient très à cœur. J’ai la chance de travailler avec Matte, une agence new-yorkaise qui fait appel à moi sur des projets mode, musique et culture. Je fais aussi régulièrement la navette entre New York et la Norvège, où je bosse pour un magazine culturel qui s’appelle Dagbladet Magasinet. Et je collabore sur des labels de musique pour développer l’image d’artistes scandinaves.

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