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Music

La Souterraine invite Le Syndicat des Scorpions, meilleur label de chanson dégénérée sur le marché

On écoute en entier la compilation qui sort aujourd'hui, avec Nina Harker, Tôle Froide, TG Gondard, de l'auto-tune déglingué et des vagins auto-gérés.
Marc-Aurèle Baly
Paris, FR

Ces dernières années, on en a un peu soupé, de l'axe chanson-sous-les-ponts enregistrée avec une boite à rythme de fortune et une canette de 8.6 - à moitié vidé, forcément. Car si la musique de Noir Boy George a ramené un peu de fraicheur et de dégénérescence bienvenues dans une chanson française aussi tue-l'amour qu'un film de Christophe Honoré, elle a aussi donné naissance à son envers vraiment pété, soit une pelletée de groupes avec des noms de merde et une musique imbitable - le revers de la médaille des grands, j'imagine.

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On ne va pas citer de noms parce qu'au fond on n'est pas méchants : disons simplement que Le Syndicat des Scorpions, micro-label messin géré par un sympathique jeune infirmier en hôpital psychiatrique prénommé Nicolas, est arrivé au bon moment. Ce moment où on l'a pu compter sur des types comme Regis Turner pour parler de ses peines d'amour sans miauler ni détourner le regard, ou sur Nina Harker pour oser les bruits d'oiseaux dans leurs chansons et la joliesse de l'instant. En gros, sortir d'une formule sclérosante qui arrivait à grands pas tout en gardant le pied sur le D.I.Y et la déviance douce.

Dans la nouvelle compilation du Syndicat qui sort le 20 février et qui est hébergée cette fois chez la Souterraine, vous y trouverez une moitié de Pizza Noise Mafia qui tente de l'auto-tune en exprimant son dépit amoureux (ça ressemble exactement à ce que vous pouvez imaginer), un morceau d'un soi-disant « groupe obscur de 1992 », mais personne n'est dupe et tout le monde a compris que c'était un membre de la Grande Triple Alliance de l'Est avec une guitare dont on taira le nom par politesse (même si personne n'est dupe), puis un morceau des Lyonnaises de Tôle Froide qui, sur une mélodie gracile et des voix féminines enfantines, commence tout de même par « Je n'ai pas envie qu'on gère mon vagin ». Histoire de nous rappeler qu'au Syndicat, la déglingue et la joliesse marchent toujours main dans la main.