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Music

Thundercat a incarné le renouveau de l’Afro-futurisme mieux que personne en 2015

Le bassiste de Los Angeles revient sur son dernier album, son expérience des attentats à Paris et ses collaborations avec Suicidal Tendencies, Flying Lotus, Erykah Badu et Kendrick Lamar.

Ce n’est pas la première fois que l’on vante les mérites de Brainfeeder.

A-t-on enfin trouvé un descendant à la scène jazz californienne des années cinquante ? Un pendant expérimental et afro-futuriste au hip-hop west-coast des années 90 ? Ou juste un fabuleux mélange de toutes ces esthétiques ? Le fait est que Brainfeeder est actuellement au sommet. Si Flying Lotus a bien évidemment son rôle dans cette histoire, un tel foisonnement, un tel collectif ne peut naître sans la présence d’autres musiciens tout aussi avant-coureurs. Et c’est là que Thundercat entre en jeu.

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Sans jamais chercher à se rétacher à un style ou à une identité sonore, si ce n’est à celle de Brainfeeder, le bassiste a été partout cette année : en studio avec Erykah Badu et Kendrick Lamar, en solo sur

The Beyond/Where The Giants Roam

et à Paris pour animer des ateliers musicaux. Forcément, il fallait qu’on sache ce qui pouvait bien se tramer dans le cerveau de ce boulimique de son.

Noisey : Mi-novembre, tu as publié un morceau entièrement instruemental en hommage aux victimes des attentats de Paris. Tu as été directement affecté par les évènements ?

Thundercat :

En fait, j'étais présent pour la Red Bull Music Academy. Je participais à l’animation d’ateliers musicaux lorsqu’on a appris ce qu’il s’était passé. On étais tous choqués. Pas seulement parce que de tels actes sont toujours regrettables, mais parce qu’on était sur Paris et que l’on pouvait voir la panique, tristesse et la peur dans les yeux des gens.

Comment est née cette chanson, « Paris » ?

J'avais la mélodie depuis un petit bon moment et j'ai pensé que ça serait pas mal de la publier en hommage aux victimes des attentats. J'en ai parlé à Brainfeeder et ils ont tout de suite été d'accord avec moi. Ils ne pouvaient qu'approuver la démarche. D'autant que, encore fois, j'étais présent à Paris et je pouvais voir tous ces visages affectés par la perte d'un de leur proche ou par ce qu'il venait de se passer. C'était un moment difficile, et ça m'a beaucoup touché. Comme la majorité des gens, je me suis dit que ça aurait pu être mon frère ou un autre membre de ma famille.

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Dans ta discographie, il y a une réelle obsession pour la mort, voire pour la fin du monde. Avec tout ce qu'il s'est passé cette année, tu as l’impression d’être un visionnaire ?

[

Rires

] La façon dont nos modes de vie et de pensée ont changé ces dernières années est absolument dingue. Et les attentats ont au moins le mérite de nous rapprocher les uns des autres, de nous permettre de comprendre à quel point l’être humain est encore capable de faire preuve d’empathie. Cela dit, je ne fais pas de politique. Tout ce qui est dit dans mes morceaux est absolument fictif. D’ailleurs, si les gens ont écouté

The Golden Age Of Apocalypse

et

Apocalypse

, ils ne peuvent que comprendre que je suis simplement dans un gros délire. Ce n’est pas à prendre au sérieux.

Tout de même, on a presque envie de te demander ce qu’il pourrait se passer dans les prochains mois…

Et je ne saurai pas te répondre

[

Rires

].

Bien sûr, étant de confession chrétienne, je pourrais te dire que Jésus va revenir, etc. Mais, encore une fois, j’ai l’impression que mes albums sont comme un bon vieux

Indiana Jones

: ça prend racine dans un univers connu, mais c’est à prendre avec beaucoup de recul. J'aime d'ailleurs à croire que la musique peut-être aussi narrative et fictionnelle qu'un film. Et puis je pense qu'on peut tirer des messages positifs de mes chansons. Tout n'est pas tragique chez moi

[

Rires

]

.

Certes, mais ton dernier album,

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The Beyond/Where The Giants Roam

, ne fait pas non plus dans l’optimisme avec des titres comme

«

Hard Times » et « Song For The Dead ».

C'est vrai qu'il est assez sombre, je ne peux qu'acquiescer. Mais il colle à l’univers façonné sur mes deux premiers albums, tout simplement. Ce disque, j’ai commencé à le composer en parallèle de mon travail sur

To Pimp A Butterly

de Kendrick Lamar et

You’re Dead

de Flying Lotus. À cette époque, Lotus et moi étions tellement en studio, à travailler constamment sur un projet ou autre, que tout semblait fluide. On n'avait même pas l'impression de travailler, tout se faisait naturellement. Mon album, celui de Lotus et de Kendrick sont donc nés dans une même ambiance, dans un même état d'esprit. Lorsque je bossais sur mes morceaux, je n’avais même pas en tête de sortir un album. Et c’est peut-être ce qui fait sa force.

Est-ce que le fait de travailler sur To Pimp A Butterly et You’re Dead a changé ton approche de la musique ?

Absolument ! Comment pourrait-il en être autrement, après tout ?

To Pimp A Butterfly

, par exemple, a complétement changé ma façon de concevoir ma musique, ça m'a obligé à aller plus vite tout en soignant encore davantage la production d'un morceau. Ça m’a également ouvert davantage à d’autres musiques. Kendrick est un mec qui marche au coup de cœur et à l’énergie. Il était tout le temps en train de nous demander quel groupe on écoutait, quel morceau nous faisait vibrer, ce qu’on pouvait penser de telle ou telle note, etc. Il était également très ouvert à l’improvisation, ce qui m’a permis de découvrir des facettes de mon approche que je ne connaissais pas.

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Peux-tu me parler un peu de

«

Where The Giant Roam/Field Of The Nephilim

»

. De quoi s’inspire cette chanson ?

Comme je te le disais, je crois en Dieu et j’ai toujours été attiré par la spiritualité. Pour moi, les fantômes peuvent exister et je trouve incroyable que l’on puisse penser le contraire. De même, j’aime à penser que l’on puisse avoir d’autres vies, et j’aime à m’imaginer ce qu’elles pourraient être. Cette chanson est née de tous ces questionnements.

Ces dernières années, on t'a vu partout : aux côtés de Suicidal Tendencies, d’Erykah Badu et de Kendrick Lamar. Comment expliques-tu cette suractivité ?

C’est d’abord grâce aux hasards des rencontres. Pour Suicidal Tendencies, par exemple, c’est mon frère qui m’a suggéré à Mike Muir et qui m’a permis de travailler avec eux lorsque leur bassiste est parti. Dans un deuxième temps, je pense que c’est aussi grâce à mon son de basse. Si on m’appelle autant, c’est qu’il doit plaire

[

Rires

]

. Et puis si je suis aussi productif, c’est surtout parce que je ne sais pas faire grand-chose à part de la musique. Je ne vais pas commencer à donner mon opinion, ça n'intéresserait personne. Tout ce que je peux proposer à ce monde, c’est ma musique. Et j’aime la travailler en permanence, la proposer et l’ouvrir à l’univers d’autres musiciens. Ces derniers temps, on m’appelle souvent pour savoir ce que je fais et, comme je ne suis pas mort, j’ai tendance à répondre favorablement

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[

Rires

]

.

Quelle différence fais-tu entre ces trois entités ?

Je pense que, dans un sens, ils sont très similaires dans leur approche, dans cette façon d’être perpétuellement dans la recherche de nouvelles esthétiques. Cela dit, ils viennent tous d'un background différent et ont tous des perspectives opposées. Ça se ressent forcément dans leur musique. L’album de Kendrick est en cela un exemple parfait. Le mec n’a aucune limite, et c’est ce qui plaît. Actuellement, tout le monde sait que Kendrick est au sommet, et je suis très fier de lui. Il fait partie des rares blacks qui sont capables aujourd’hui de changer les choses, de faire entendre leur voix et de rénover aussi profondément la musique que Michael Jackson en son temps. Lui aussi, c’était un sacré novateur.

Ces derniers mois, tu as également fondé un super-groupe avec Flying Lotus et Shabazz Palaces : Woke. D’où vient cette idée ?

Comme souvent, c'est une idée de Lotus. Il a une vraie faculté à travailler sur plusieurs projets en même temps et à en créer de nouveaux constamment. Il a une vision complètement folle de la musique. Avec lui, la création ne s’arrête jamais. Un album devrait d'ailleurs bientôt sortir.



Ce n’est pas la première fois que l’on vante les mérites de Brainfeeder.

A-t-on enfin trouvé un descendant à la scène jazz californienne des années cinquante ? Un pendant expérimental et afro-futuriste au hip-hop west-coast des années 90 ? Ou juste un fabuleux mélange de toutes ces esthétiques ? Le fait est que Brainfeeder est actuellement au sommet. Si Flying Lotus a bien évidemment son rôle dans cette histoire, un tel foisonnement, un tel collectif ne peut naître sans la présence d’autres musiciens tout aussi avant-coureurs. Et c’est là que Thundercat entre en jeu.



Sans jamais chercher à se rétacher à un style ou à une identité sonore, si ce n’est à celle de Brainfeeder, le bassiste a été partout cette année : en studio avec Erykah Badu et Kendrick Lamar, en solo sur

The Beyond/Where The Giants Roam

et à Paris pour animer des ateliers musicaux. Forcément, il fallait qu’on sache ce qui pouvait bien se tramer dans le cerveau de ce boulimique de son.




Noisey : Mi-novembre, tu as publié un morceau entièrement instruemental en hommage aux victimes des attentats de Paris. Tu as été directement affecté par les évènements ?
Thundercat :

En fait, j'étais présent pour la Red Bull Music Academy. Je participais à l’animation d’ateliers musicaux lorsqu’on a appris ce qu’il s’était passé. On étais tous choqués. Pas seulement parce que de tels actes sont toujours regrettables, mais parce qu’on était sur Paris et que l’on pouvait voir la panique, tristesse et la peur dans les yeux des gens.



Comment est née cette chanson, « Paris » ?

J'avais la mélodie depuis un petit bon moment et j'ai pensé que ça serait pas mal de la publier en hommage aux victimes des attentats. J'en ai parlé à Brainfeeder et ils ont tout de suite été d'accord avec moi. Ils ne pouvaient qu'approuver la démarche. D'autant que, encore fois, j'étais présent à Paris et je pouvais voir tous ces visages affectés par la perte d'un de leur proche ou par ce qu'il venait de se passer. C'était un moment difficile, et ça m'a beaucoup touché. Comme la majorité des gens, je me suis dit que ça aurait pu être mon frère ou un autre membre de ma famille.





Dans ta discographie, il y a une réelle obsession pour la mort, voire pour la fin du monde. Avec tout ce qu'il s'est passé cette année, tu as l’impression d’être un visionnaire ?

[

Rires

] La façon dont nos modes de vie et de pensée ont changé ces dernières années est absolument dingue. Et les attentats ont au moins le mérite de nous rapprocher les uns des autres, de nous permettre de comprendre à quel point l’être humain est encore capable de faire preuve d’empathie. Cela dit, je ne fais pas de politique. Tout ce qui est dit dans mes morceaux est absolument fictif. D’ailleurs, si les gens ont écouté

The Golden Age Of Apocalypse

et

Apocalypse

, ils ne peuvent que comprendre que je suis simplement dans un gros délire. Ce n’est pas à prendre au sérieux.



Tout de même, on a presque envie de te demander ce qu’il pourrait se passer dans les prochains mois…

Et je ne saurai pas te répondre

[Rires].

Bien sûr, étant de confession chrétienne, je pourrais te dire que Jésus va revenir, etc. Mais, encore une fois, j’ai l’impression que mes albums sont comme un bon vieux

Indiana Jones

: ça prend racine dans un univers connu, mais c’est à prendre avec beaucoup de recul. J'aime d'ailleurs à croire que la musique peut-être aussi narrative et fictionnelle qu'un film. Et puis je pense qu'on peut tirer des messages positifs de mes chansons. Tout n'est pas tragique chez moi

[Rires]

.



Certes, mais ton dernier album,

The Beyond/Where The Giants Roam, ne fait pas non plus dans l’optimisme avec des titres comme « Hard Times » et « Song For The Dead ».

C'est vrai qu'il est assez sombre, je ne peux qu'acquiescer. Mais il colle à l’univers façonné sur mes deux premiers albums, tout simplement. Ce disque, j’ai commencé à le composer en parallèle de mon travail sur

To Pimp A Butterly

de Kendrick Lamar et

You’re Dead

de Flying Lotus. À cette époque, Lotus et moi étions tellement en studio, à travailler constamment sur un projet ou autre, que tout semblait fluide. On n'avait même pas l'impression de travailler, tout se faisait naturellement. Mon album, celui de Lotus et de Kendrick sont donc nés dans une même ambiance, dans un même état d'esprit. Lorsque je bossais sur mes morceaux, je n’avais même pas en tête de sortir un album. Et c’est peut-être ce qui fait sa force.





Est-ce que le fait de travailler sur To Pimp A Butterly et You’re Dead a changé ton approche de la musique ?

Absolument ! Comment pourrait-il en être autrement, après tout ?

To Pimp A Butterfly

, par exemple, a complétement changé ma façon de concevoir ma musique, ça m'a obligé à aller plus vite tout en soignant encore davantage la production d'un morceau. Ça m’a également ouvert davantage à d’autres musiques. Kendrick est un mec qui marche au coup de cœur et à l’énergie. Il était tout le temps en train de nous demander quel groupe on écoutait, quel morceau nous faisait vibrer, ce qu’on pouvait penser de telle ou telle note, etc. Il était également très ouvert à l’improvisation, ce qui m’a permis de découvrir des facettes de mon approche que je ne connaissais pas.



Peux-tu me parler un peu de « Where The Giant Roam/Field Of The Nephilim ». De quoi s’inspire cette chanson ?

Comme je te le disais, je crois en Dieu et j’ai toujours été attiré par la spiritualité. Pour moi, les fantômes peuvent exister et je trouve incroyable que l’on puisse penser le contraire. De même, j’aime à penser que l’on puisse avoir d’autres vies, et j’aime à m’imaginer ce qu’elles pourraient être. Cette chanson est née de tous ces questionnements.





Ces dernières années, on t'a vu partout : aux côtés de Suicidal Tendencies, d’Erykah Badu et de Kendrick Lamar. Comment expliques-tu cette suractivité ?

C’est d’abord grâce aux hasards des rencontres. Pour Suicidal Tendencies, par exemple, c’est mon frère qui m’a suggéré à Mike Muir et qui m’a permis de travailler avec eux lorsque leur bassiste est parti. Dans un deuxième temps, je pense que c’est aussi grâce à mon son de basse. Si on m’appelle autant, c’est qu’il doit plaire

[Rires]

. Et puis si je suis aussi productif, c’est surtout parce que je ne sais pas faire grand-chose à part de la musique. Je ne vais pas commencer à donner mon opinion, ça n'intéresserait personne. Tout ce que je peux proposer à ce monde, c’est ma musique. Et j’aime la travailler en permanence, la proposer et l’ouvrir à l’univers d’autres musiciens. Ces derniers temps, on m’appelle souvent pour savoir ce que je fais et, comme je ne suis pas mort, j’ai tendance à répondre favorablement

[Rires]

.



Quelle différence fais-tu entre ces trois entités ?

Je pense que, dans un sens, ils sont très similaires dans leur approche, dans cette façon d’être perpétuellement dans la recherche de nouvelles esthétiques. Cela dit, ils viennent tous d'un background différent et ont tous des perspectives opposées. Ça se ressent forcément dans leur musique. L’album de Kendrick est en cela un exemple parfait. Le mec n’a aucune limite, et c’est ce qui plaît. Actuellement, tout le monde sait que Kendrick est au sommet, et je suis très fier de lui. Il fait partie des rares blacks qui sont capables aujourd’hui de changer les choses, de faire entendre leur voix et de rénover aussi profondément la musique que Michael Jackson en son temps. Lui aussi, c’était un sacré novateur.



Ces derniers mois, tu as également fondé un super-groupe avec Flying Lotus et Shabazz Palaces : Woke. D’où vient cette idée ?

Comme souvent, c'est une idée de Lotus. Il a une vraie faculté à travailler sur plusieurs projets en même temps et à en créer de nouveaux constamment. Il a une vision complètement folle de la musique. Avec lui, la création ne s’arrête jamais. Un album devrait d'ailleurs bientôt sortir.





Qu’est-ce qui fait que tu sois si fusionnel avec Flying Lotus, selon toi ?

À dire vrai, je ne suis même pas sûr que l'on soit si complémentaire. On aime juste travailler ensemble et voir ce que ça donne. Bien sûr, on est toujours convaincu de ce que l’on peut proposer, mais il faut espérer que les auditeurs partagent le même sentiment. On ne cherche pas à faire les choses dans notre coin.



J’ai l’impression que vous êtes en quelque sorte les héritiers de Sun Ra et de l’Afro-Futurisme. Tu es d’accord ou c’est un trop gros éloge ?

Ah, tu me fais tellement plaisir là ! C'est le plus beau compliment que l'on puisse me faire. J'espère pouvoir être comme eux un jour. Il y a tellement d'esprit et de spiritualité dans leur musique. C'est très fort. C'est très free et j'espère que ma musique pourra l'être autant un jour.



Il y a peu, j’ai lu que tu adorerais travailler avec Drake. Qu’est-ce que tu aimes chez lui ?

Je trouve ce mec hyper funky. C'est encore bizarre pour les gens de se l'avouer, mais il l'est vraiment. Malgré le succès, il n'a jamais perdu les fondamentaux de sa personnalité. Certains lui reprochent de ne pas être totalement rap, mais quand tu penses à ce qu'il fait de la musique, aux innovations qu’il propose, il faut le remercier plutôt que s’en moquer. C'est quelqu'un qui va toujours vers l'avant et qui a un son incroyablement mature. Je suis un très grand fan de Drake, au même titre que Michael Jackson. Sauf que lui n’a pas touché un seul enfant

[Rires]

. Plus sérieusement, c’est un vrai exemple à suivre, et notamment d’un point de vue de la création.



Tu penses qu’il y a des similarités entre les mecs de Brainfeeder et Drake ?

Non, je ne penses pas. Drake a une identité qui lui est propre. Et puis il est de ces artistes que l’on peut aimer à différents niveaux : on peut être une groupie et l’attendre pendant des heures en bas de son hôtel comme une vraie star ; on peut être un simple amateur de ses différentes prestations télévisées, très spectaculaires ; ou on peut tout simplement être très attentif aux innovations stylistiques qu'il propose. Actuellement, c’est l’un des blacks les plus cools que l’on puisse rencontrer. Chez Brainfeeder, à l’inverse, on évolue dans une certaine confidentialité, on n’a pas cette facilité à jouer avec l’entertainment.

Qu’est-ce qui fait que tu sois si fusionnel avec Flying Lotus, selon toi ?

À dire vrai, je ne suis même pas sûr que l'on soit si complémentaire. On aime juste travailler ensemble et voir ce que ça donne. Bien sûr, on est toujours convaincu de ce que l’on peut proposer, mais il faut espérer que les auditeurs partagent le même sentiment. On ne cherche pas à faire les choses dans notre coin.

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J’ai l’impression que vous êtes en quelque sorte les héritiers de Sun Ra et de l’Afro-Futurisme. Tu es d’accord ou c’est un trop gros éloge ?

Ah, tu me fais tellement plaisir là ! C'est le plus beau compliment que l'on puisse me faire. J'espère pouvoir être comme eux un jour. Il y a tellement d'esprit et de spiritualité dans leur musique. C'est très fort. C'est très free et j'espère que ma musique pourra l'être autant un jour.

Il y a peu, j’ai lu que tu adorerais travailler avec Drake. Qu’est-ce que tu aimes chez lui ?

Je trouve ce mec hyper funky. C'est encore bizarre pour les gens de se l'avouer, mais il l'est vraiment. Malgré le succès, il n'a jamais perdu les fondamentaux de sa personnalité. Certains lui reprochent de ne pas être totalement rap, mais quand tu penses à ce qu'il fait de la musique, aux innovations qu’il propose, il faut le remercier plutôt que s’en moquer. C'est quelqu'un qui va toujours vers l'avant et qui a un son incroyablement mature. Je suis un très grand fan de Drake, au même titre que Michael Jackson. Sauf que lui n’a pas touché un seul enfant

[

Rires

]

. Plus sérieusement, c’est un vrai exemple à suivre, et notamment d’un point de vue de la création.

Tu penses qu’il y a des similarités entre les mecs de Brainfeeder et Drake ?

Non, je ne penses pas. Drake a une identité qui lui est propre. Et puis il est de ces artistes que l’on peut aimer à différents niveaux : on peut être une groupie et l’attendre pendant des heures en bas de son hôtel comme une vraie star ; on peut être un simple amateur de ses différentes prestations télévisées, très spectaculaires ; ou on peut tout simplement être très attentif aux innovations stylistiques qu'il propose. Actuellement, c’est l’un des blacks les plus cools que l’on puisse rencontrer. Chez Brainfeeder, à l’inverse, on évolue dans une certaine confidentialité, on n’a pas cette facilité à jouer avec l’entertainment.