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Contre toute attente, Il Est Vilaine sont très bien élevés

Ambiance cuir, beats tendus, esthétique Nicky Larson : quelques mots avec la nouvelle recrue du label Kill The DJ.

Leur bio commençait pourtant très mal : Le duo Il Est Vilaine pense que son premier morceau respire la fragrance masculine d'un James Dean sortant d'une backroom. C'est beau comme du Violaine Schütz, non ? Mais en vrai, le duo électronique parisien, fort d'un des noms les plus efficaces du techno game et formé il y a 2 ans, n'a rien d'une pub pour un parfum. On devrait même parler de trio d'ailleurs car comme ils le disent eux-mêmes, Il Est Vilaine ne serait rien sans les visuels hyper sale plan de l'illustrateur Apollo Thomas. Après un premier maxi acid-wave sorti sur leur propre structure, Dialect Recordings, l'année dernière, IEV s'est naturellement fait repérer par le label Kill The DJ, qui a sorti leur deuxième EP, Lumière noire, l'été dernier. Ils participent depuis aux soirées du même nom initiées par Chloe et joueront ce soir à celle de Bordeaux. On a posé quelques questions à Simon et Florent à quelques heures de l'évènement.

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Noisey : Vous avez toujours vécu à Paris ?
Simon : Oui, nous sommes nés ici, pas à la même époque mais nous avons tous les deux un attachement fort pour les mégalopoles. Notre musique est assez urbaine du coup. Même si nous nous sentons bien à Paris, nous sommes ouverts à de nouvelles aventures !

Quels sont vos rapports avec le département 35 ?
Simon : Les Trans !

Un souvenir en particulier ?
Simon : Pas mal de souvenirs de vacances, de festivals, mais avec Il Est Vilaine, pas encore.

Pourquoi faites-vous de la musique ?
Florent : Juste pour avoir un groupe qui s’appelle Il Est Vilaine.

Simon : Florent a commencé il y a quelques années à mixer et à faire des edits post-punk, techno, moi ça fait un peu plus longtemps. J’ai aussi un label, Dialect Recordings, sur lequel nous avons sorti notre premier EP Scandale (que vous pouvez écouter sur Bandcamp). La raison pour laquelle on fait de la musique ets plutôt instinctive. De la même manière, nous la fabriquons de manière intuitive, nous sommes souvent à la recherche de l’accident sonore dans la création.

Vous êtes à ce point fascinés par James Dean ? Êtes vous passés par la case rock ?
Simon : Pas seulement, tous les greasers sont nos amis.

Flo : Bien sûr, du krautrock au glam, il n’y a qu’un pas !

Qu’est ce qui un jour vous a fait pencher du côté synthé plutôt que du côté guitare ?
Flo : Simon a joué de la guitare dans des groupes de rock quand il était ado, il a plongé dans la techno avec le début des raves en France, une époque exaltante apparemment… Après, ce truc rock c'est une question d'attitude, c'est dans notre ADN.

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Simon : Ma passion pour les synthés est arrivée plus tard, mais je me suis très rapidement intéressé aux machines vintages, grâce à mon associé sur le label, Cyril K, qui avait déjà une belle collection ! J’ai construit notre studio petit à petit, il a un son très particulier, bien vilain !

Votre nom casse les genres, est-ce que ce débat sur l’autodétermination sexuelle vous touche ?
Flo : Wendy Carlos forever ! Cela ne nous touche pas dans le sens où il existe une sphère personnelle, de l’intime, où personne ne devrait avoir son mot à dire. C’est ce qu’on appelle la liberté. Mais cette liberté n’est pas simple à acquérir, il faut une certaine forme de courage pour la revendiquer haut et fort aujourd'hui. Nous vivons une époque étrange voire malheureuse où la peur a tendance a l'emporter sur la générosité et la compréhension de « l'autre »…

C’est Apollo Thomas qui s’occupe de vos visuels, c'est un pote à vous où vous lui avez passé commande ?
Flo : C'est plus que ça, c’est le troisième membre du groupe ! Le seul mec capable de ramener son rencard à un concert de doom metal… Respect éternel !

S’il prenait un mauvais coup de couteau un soir dans une ruelle, vous prendriez qui pour le remplacer ?
Simon : Qui voudrait poignarder le mec le plus cool de la terre ? C’est vraiment un membres du groupe à parte entière, continuer sans lui n’aurait plus de sens.

Il y a des pochettes de disques qui vous ont marqué dans le genre ? De vous à moi, la musique électronique est relativement pauvre en la matière quand même.
Simon : Ce n'est pas faux mais il y a des contre-exemples comme ce que fait le label Antinote et les pochettes de Check Morris, et puis bien sûr celles d'Apollo Thomas !

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Et en trucs plus vieux ?
Flo : Celle de Barney Bubbles en 1977 ou celles de Sire Records et Rough Trade. Tout ce qui reflète une urgence, un anti-conformisme, ça va jusqu’à Saul Bass.

Simon : Celles du label Innovative Communication aussi, elles sont super graphiques.

Votre esthétique me rappellent un peu Nicky Larson, vous pensez que ça pourrait encore passer à la télé aujourd’hui ?
Flo : Avec les versions non censurées c'est certain qu'il y aurait un grand nombre de personnes scotchées devant !

Ça vous arrive de tomber sur des dessins animés actuels ? Vous vous dites quoi ?
Flo : Que les dessinateurs prennent beaucoup trop de produits ! Je ne me rappelle plus du dessin animé en question mais j'ai eu l'impression d'avoir bouffé un acide.

Un de vos premiers morceaux s’appellent « El Topo », j’en déduis que vous êtes sensible au cinéma de Jodorowski.
Simon : Complètement sensible à son univers spirituel et à sa façon bien à lui de s’approprier les thèmes de la mythologie. Regarder La Montagne Sacrée avant de travailler certains morceaux, s'avère bien plus efficace que du LSD. Ce côté barré et mystique nous est vital. En relisant Dune, on ne peut être que déçu qu’il n'ait pas obtenu les financements nécessaires pour réaliser sa version. Mais dautres réalisateurs nous inspirent…

Genre qui et pourquoi ?
Flo : Des films où il est question d’outsiders, comme chez Terrence Malick avec sa Balade Sauvage, Blade Runner, ou encore Rumble Fish de Coppola. Nous sommes nous-mêmes des outsiders.

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Vous avez aussi un titre qui s'appelle « Peyotl », ça fait beaucoup là !
Simon : Vous l’aurez compris, c’est le côté chamanique de cette drogue qui nous plaît. Nous n’y avons pas encore goûté mais nous avons déjà rencontré notre guide, il s’appelle Diego et vit au Mexique.

C’est un pays où vous aimeriez jouer ?
Simon : Oui, le Mexique est une destination qui nous plairait. Il y a une scène fantastique là-bas, de supers clubs (le MN Roy, le Topaz Deluxe…), de bons festivals et une grande ouverture d’esprit.

Flo : Il existe aussi des lieux comme Le Salon des Amateurs à Düsseldorf ou le Robert Johnson qui sont des clubs intimistes où tout peut arriver. Mais on ne dirait pas non au grands clubs comme Fabric, Nitsa ou autres dans le genre.

Vous êtes labellisés « Tech House » sur discogs, un peu nase non ?
Simon : On a ce qu’on mérite.

Si vous aviez rentré vous-mêmes les tags, vous auriez mis quoi ?
Simon : Cosmico Ananas.

Comment vous êtes-vous retrouvés sur Kill The DJ ?
Simon : On avait envoyé nos d"mos à quelques labels qu’on aimait bien, KTDJ a tout de suite accroché. Nous avions déjà des affinités depuis longtemps avec eux, cet ADN très « cuir »probablement. Ensuite, Chloé a lancé sa nouvelle série, Lumière Noire… Les astres étaient donc alignés pour cette collaboration !

Il y a d’autres labels qui vous parlent, en France ou à l’étranger ?
Flo : On est assez assidus des labels de réédition, genre Domestica, Dark Entries, Mannequin et pleins d'autres. Cómeme et Phantasy avec des artistes comme Cowboy Rythm Box, Dan Avery ou encore les Disques de La Mort. En France, évidemment Kill the DJ, HMS, Macadam Mambo, Antinote, Teenage Menaupose, ou Mind, le label d'Abraham Toledano et certainement plein d'autres qu'on oublie de citer.

Comment a réagi le public du Nuba lors de vos performances là-bas ? Un bon souvenir de soirée ?
Simon : Plein de bons souvenirs, on a joué là-bas avec Maxime Iko, Chloé et Demian. Malgré un jeune public porté sur la deep house, on était ravi d'avoir retourné leur dancefloor. Mais on n’a plus trop le temps d’organiser des soirées, hormis Destination Inconnue au Joséphine, on préfère se concentrer sur nos productions.

Et vous avez encore le temps de sortir ?
Flo : Pas trop, mais ça nous arrive d'aller à la Java pour les soirées I'm a Cliché ou House of Moda.

Vous comptez sortir un album en 2016 ?
Simon : Inch’Allah ! Il Est Vilaine joue ce soir à Bordeaux (iBoat) en compagnie de Chloe et Moderna.

Rod Glacial joue sur Twitter.