Ce qu'on a retenu des Grammys 2014

Vous pourrez dire tout ce que vous voudrez mais sachez au moins reconnaître ceci : aux Grammys, on sait ce que SPECTACLE veut dire. Pour quelqu'un qui se fade les Victoires de la Musique depuis 25 ans, c'est comme sauter par-dessus le mur de Berlin circa 1983 et atterrir au coeur de Disneyland en plein feu d'artifice. Daft Punk sont venus jouer live (ouais, ok, ON SAIT) pour la première fois depuis genre six ou sept ans, et ont balancé un medley de « Get Lucky », « Harder, Better, Faster, Stronger », « Around The World », « Le Freak » et « Another Star », avec Pharrell, Nile Rodgers et Stevie Wonder. Il y a eu la première performance live EVER du « Drunk In Love » de Beyoncé et Jay Z. Ils ont même réussi à rendre Dave Grohl à peu près supportable en le collant avec Trent Reznor, Josh Homme et Lindsey Buckingham. Quelle soirée, mes enfants. Pendant ce temps, aux Victoires de la Musique, Albin De La Simone a été sélectionné dans la catégorie « révélations » et Kavinsky a réusis à s'incruster en « musiques électroniques ». À ce stade, notre seul espoir, c'est que La Femme chient sur scène.

Trois des quatre catégories rap des Grammys ont été remportées par Macklemore et Ryan Lewis, la dernière ayant été attribuée à « Holy Grail », qui est en gros un morceau de Justin Timberlake avec un couplet de Jay Z. Ces mecs ont battu Kendrick, Drake, A$AP et Kanye, qui sont tous rentrés bredouilles. La victoire de Macklemore était tellement courue d'avance que les médias l'avaient déjà actée depuis plusieurs semaines. Macklemore lui-même a eu tellement de mal à se faire à l'idée qu'il avait gagné, qu'il s'est senti obligé de poster des captures d'écran des messages qu'il a envoyé à Kendrick Lamar après la cérémonie, et dans lesquels il estimait avoir « volé » le prix au rappeur californien.

Entendons-nous bien : il ne s'agit pas ici de racisme. C'est juste que le panel des votants n'y connaît RIEN en hip-hop et qu'ils votent donc pour le truc qui, à leurs oreilles, sera le plus supportable, et sonnera donc le moins comme du hip-hop. Aux Oscars, les votants s'abstiennent lorsqu'il s'agit d'un truc auquel ils ne connaissent rien -le montage son, par exemple- et laissent les deux membres du jury spécialisés sur ce créneau décider du vote. Il serait peut être temps de s'inspirer de cette méthode et d'arrêter de confier le vote des catégories rap à des gens qui écoutent de la country alternative.

Parce que son album, Red, et Random Access Memories commencent presque par la même consonne, Taylor a cru pendant un très court instant qu'elle avait gagné le prix du meilleur album et est passée en une fraction de seconde du stade de reine de la soirée à celui de perdante super-sport-ok-cool. Rassurez-vous, quelqu'un en a fait un GIF.

L'équivalent américain de la rencontre Rihanna / Klaxons : un freestyle passablement dérangé de Kendrick Lamar sur un instrumental d'Imagine Dragons, groupe post-post-nu-rave totalement sur la touche. Chaud. Mais pas complètement ridicule, en vérité.

Regardez ce sourire, c'est exactement celui d'un type qui vient de chier sur l'oreiller de son meilleur pote. Ce mec est vraiment chou.

Si vous n'aviez pas suffisament de raisons de détester Macklemore, le fait qu'il ait fait apparaître Queen Latifah au beau milieu de « Same Love » pour marier plusieurs couples gays présent dans l'assemblée devrait définitivement vous convaincre de son absolue médiocrité. D'autant plus que les couples en question ont eu quelque chose comme 0,9 secondes de temps à l'écran, avant que Madonna ne surgisse du néant pour prendre le relais PARCE QUE LES GAYS AIMENT MADONNA, PAS VRAI LES GAYS ?

Bien sûr, les USA sont encore loin, très loin d'être un paradis pour les populations LBGT, mais utiliser le mariage gay pour créer de manière totalement artificielle et opportuniste un « moment politique », alors que le mariage gay a été voté et entériné, n'a absolument rien de positif. Si ce truc était arrivé aux Grammys de 1986, ça aurait été incroyable. Mais on est en 2014 et ça devrait être un acte banal de la vie courante.

Et c'est exactement le nombre de followers que Robin Thicke a perdu par seconde durant son duo avec Chicago.