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Music

Jorge Peniche est le nouveau prodige de la photographie hip-hop

« Les artistes n'ont pas à crever de faim pour que leur travail reste authentique. »

Jeune photographe chicano basé à L.A., Jorge Peniche ne se contente pas de marcher dans les pas de Mike Schreiber, puisqu'il a récemment été promu chef de file de la photographie hip-hop new school, grâce à ses portraits des plus grandes figures actuelles du genre. Du haut de ses 25 ans, il a déjà collaboré avec Kendrick Lamar, Casey Vegies, The Game ou encore Tyler The Creator. Diddy a même dit de ses photos qu’elles symbolisaient le « regard de la nouvelle génération ». Un regard sans faux semblant, ni artifices, les photos de Peniche allant droit à l'essentiel. Prenant exemple sur son associé Nipsey Hussle, qui a sorti sa mixtape Crenshaw grâce à une campagne Proud2Pay (1000 CDs se sont vendus 100 dollars pièce en l'espace de 24 heures, dont une centaine achetés par Jay-Z), Peniche considère le net comme un terrain de jeu et voit au-delà du simple domaine de la photographie. Entrepreneur 2.0, réalisateur de publicités et de documentaires, businessman, Peniche touche à tout, avec un certain talent. On a discuté avec lui de son shooting « malade » avec Nas, de son admiration pour Annie Leibovitz et de son refus d'avoir à s'excuser pour ce qu'il fait. Jay Rock Noisey : Comment es-tu tombé dans la photographie hip-hop ?
Jorge Peniche : Rentrer dans ce monde a été un vrai challenge pour moi, parce qu'il n'y avait personne pour me guider et me dire comment faire. En fait, je n'ai jamais eu vraiment l'ambition de faire ça. Le destin m'a guidé vers la photographie en me donnant l'opportunité de documenter une culture qui m'avait fascinée durant toute mon existence. Quand la vie me donne des signes aussi clairs, je m'implique à fond et j'y mets le meilleur de moi-même. J'ai donc photographié autant que possible et je me suis immergé dans mon art. Au bout d'un moment, j'ai compris quel photographe j'étais réellement. Je ne me considère pas forcément comme un photographe hip-hop. Je dirais que je suis un portraitiste dont le travail est pour l'instant focalisé sur le hip-hop. Annie Leibovitz a commencé sa carrière dans le milieu du rock'n'roll, mais elle est parvenue à dépasser ça. J'aimerais avoir le même genre de carrière. Qu'est-ce que tu essayes de capturer et de montrer dans tes photos, en-dehors de cette honnêteté que tu revendiques ?
Je fais du meilleur taf quand je travaille avec des personnes que je connais depuis longtemps. Je suis devenu pote avec beaucoup de rappeurs au fil des années et des collaborations, une certaine alchimie s’est installée. Ils sont fans de mon travail, et moi je suis fan du leur. C'est ce respect mutuel qui permet de me connecter à mes sujets et de créer des images fortes. On peut dire que mon travail reflète la relation que j'ai avec les gens. Andre Harrel l'a bien résumé quand il a vu mes photos et a dit : « On dirait que ce photographe a eu une relation antérieure avec l'artiste. » C'est exactement ce que je veux qu'on ressente. The Game En tant que photographe hip-hop « new school », qu'est-ce que ça fait de photographier l'ancienne génération ?
J’ai été fasciné par la culture hip-hop durant toute mon adolescence. Le message, le rythme, la mode, le langage et l'émotion m'ont captivé dès le début. J’ai peu de souvenirs qui ne sont pas liés à un classique hip-hop en fond sonore. C’est donc un privilège pour moi de bosser avec les artistes que j’ai toujours écouté. C'est assez poétique, cette façon qu'ont les astres de s'aligner pour te permettre de contribuer à une culture qui a tant enrichi ta vie. Collaborer avec des artistes comme Nas, Snoop et Quik a été incroyable. Apprendre que Diddy est fan de mon travail est totalement surréaliste. Quels ont été tes shootings les plus mémorables jusqu'ici ?
Le shooting avec Will.I.am pour L’Uomo Vogue a été une étape importante dans ma carrière. C'est le rêve de tout photographe de travailler avec Vogue, et j'ai eu l'opportunité de le faire, à 21 ans. Réaliser l'artwork de l'album de DJ Quik, The Book Of David, a aussi été dément. J'ai grandi avec sa musique. On avait opté pour un artwork minimaliste, un portrait de face en noir et blanc, et une police en rouge renvoyant aux écrans de tables de mixage SSL, pour rendre hommage à son génie technique. La cerise sur le gâteau avec ce projet, ça a été le gigantesque panneau d'affichage sur Sunset Strip. C'était mon premier ! Voir ton travail affiché à une si grande échelle, c'est hyper gratifiant. DJ Quik & Suga Free Tu peux me parler de ton shooting avec Nas ?
C’était génial. Enfin ça avait mal commencé : deux jours avant la date du shooting, j'ai chopé une horrible grippe qui m'a mis complètement à l'envers. J'ai pris des médicaments et je me suis reposé jusqu'au jour J, et heureusement, je me sentais un peu mieux, mais j'avais quand même mal partout. Nas est arrivé au studio East LA pile à l'heure, et je me suis aperçu que lui aussi avait aussi la grippe. C'était juste trop raccord qu'on soit tous les deux malades ce jour-là. Je lui ai assuré que la séance serait courte et sans prise de tête. 30 minutes plus tard, avec Frank Sinatra et Marvin Gaye en fond, on avait notre photo. C'était une expérience de malade. Ouais, le jeu de mot est pourri. Jorge & Nas Les gens te considèrent comme un des porte-parole de ta génération. Qu'est-ce qu’elle a à dire, selon toi ?
Le regard de ma génération dit sans aucun doute « INDÉPENDANCE ». On a grandi avec Internet à notre disposition. Internet a remis le pouvoir entre les mains des gens. Le 21ème siècle sera vécu, pas subi. Souviens-toi de ça ! Kendrick Lamar C'est quoi ton truc pour affronter les moments difficiles ?
Tout le monde a des hauts et des bas. Je ne me plains jamais des challenges auxquels je dois faire face dans la vie, j’y fais face et je les surmonte. C'est dans mon ADN de travailler dur et de ne jamais m'excuser pour ce que je fais. Je suis Mexicain ! Un conseil que tu aimerais donner aux jeunes photographes ?
L'art et l'argent peuvent coexister. Les artistes n'ont pas à crever de faim pour que leur travail reste authentique. Ta vision créative est une contribution au monde et elle a de la valeur. Assure-toi que ton sens des affaires soutienne tes projets artistiques. Suivez Nadja sur Twitter - @nadjasayej