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Music

On est allés au Outbreak Fest vérifier que le hardcore avait bien supplanté l’indie-rock dans le cœur de la jeunesse

C'était à Leeds avec Turnstile, Cold World, Title Fight et tout un tas de groupes anglais que vous ne connaissez pas.

Toutes les photos du festival sont signées Holding.The.Moment

Le futur du hardcore passe t-il obligatoirement par le Royaume-Uni ? La réponse a l’air d’être oui. Pour vérifier, on s’est rendus en bus, en ferry et re-en bus au Outbreak Fest de Leeds, dont la cinquième édition (après un premier essai à Sheffield en 2011) avait lieu dimanche dernier dans une ancienne minoterie faite de briques rouges et de litres de sueur, le Canal Mills.

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Leeds, son mall, son Topshop et ses trottoirs humides arpentés dès la nuit tombée par des hordes de meufs sappées façon Geordie Shore et des casuals bourrés de 50 ans (« Vous, Français ? I love 2 Many DJ’s !! »). Choc des cultures, pas d’erreur, on est bien dans la vraie Angleterre. « La ville favorite du Royaume-Uni » est capable du pire comme du meilleur. On l’a vu en direct. Elle a par exemple enfanté à la fois Sisters Of Mercy et Alt-J, mais hey, on n’est pas là pour ça.

Une vidéo BaronxBones filmée par Max Horn, Lukasz Targosz, Sabrina Elkin et Dan Gray (Editing : Dan Gray)

En réaction aux abus d’alcool du centre-ville, les kids straight edge de la ville se mobilisent, à la manière des sunday matinees des 80’s au CBGB. On va pas vous refaire un dessin. De 12h à 22h, au milieu de 600 fans, 14 groupes se sont enchaînés, jouant rarement plus de 30 minutes chacun. Jamais le temps d’être chiant, jamais de rappel, voilà comment les choses se passent outre-manche. On a loupé les premiers clients de la journée, INSIST, après s’être perdu le long du canal et du périph. Lorsqu’on débarque, en râlant, SHRAPNEL viennent de commencer. C’est le nouveau groupe anglais qui a la cote, ils n’ont pas encore choisi entre skin et metal mais envoient pas mal. Tous leurs potes sont à fond. Leur son blaste et arrive par vague, ce qui colle parfaitement avec leur blase, ou avec la sono encore en cours de réglage, on ne sait pas trop.

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INSIST SHRAPNEL

NOT AFRAID sont là pour représenter la Belgique et sont visiblement in this alone. Autant leur précédent groupe, True Colors, faisait l’unanimité, là on dirait qu’ils n’y sont plus trop. Mais prenons en compte le paramètre psychogéographique. À Anvers, même avec une jambe dans le plâtre, le chanteur (qui avait revêtu ici son uniforme hool-landais) foutait le faya sur scène. Là, il savait pertinemment que les Anglais se déchaînent uniquement sur les groupes de leur pays. Soit totalement l’inverse de la France. Donc ils ne se sont pas trop foulés. C’est le moment idéal pour aller bouffer (en plus d’une rampe de skate, des food trucks veggie friendly entourent la salle !) et de louper DRUG CHURCH, résolument le groupe avec le moins de style de l’affiche.

NOT AFRAID HEADROOM

Retour pour la fin de MILK TEETH, une parodie gentillette de Nirvana. HEADROOM, de la cité voisine de Sheffield, donnent leur dernier concert (pas plus de 2 ans par groupe svp). Et contrairement à l’autre fois, c’était vraiment mortel. Le public était évidemment à fond, le guitariste chanteur arborait une coupe au bol plus arrogante que jamais (également la moitié de l’excellent duo indie-punk Nai Harvest, pour ceux qui avaient oublié) et leur indiecore a mis tout le monde d’accord (prends-ça Peter Crouch). Le public se détend pour le concert le plus branleur de la journée : ANGEL DU$T. Justice Tripp en T-shirt Living Colour a dû chanter à peu près une minute de tout le spectacle en laissant le mic à qui voulait bien le récup. Toujours aussi bancal, A.D. a dû mal à convaincre.

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ANGEL DU$T HIGHER POWER

La surprise de la journée, c’était le set improvisé de HIGHER POWER que leurs potes de BROKEN TEETH ont laissé joué 2 morceaux avant eux. Et ça groovait un max. Une sorte de Leeway vs. Cro-Mags chanté par un chav de folie, dix fois mieux que le set de metalcore beatdown qui nous attendait juste ensuite. On sort, pour échapper à cette odeur de steak qui s’est désormais faufilée hors du stand de merch (bonne idée de faire cohabiter textiles et huiles de friture) pour atteindre chaque recoin de la salle. C’est à nouveau le bon moment pour râler, sur les meufs très nombreuses de la scène anglaise par exemple, sosies aplaties (sérieux, même les mecs étaient plus cute) de Cara Delevingne (pour les sourcils, hein) et surtout très, très jeunes. On devait facile être les plus vieux de l’assemblée tant le hardcore est un truc de kids là-haut, croix sur les mains ou non. Tout le monde a 16 ans et un T-shirt de groupe anglais, ça supporte à fond. Nous Français sommes dépassés, rendons nous à l’évidence.

SURVIVAL JUSTICE

La preuve de ce que j’avance avec le groupe suivant, SURVIVAL. Des mecs de Manchester qui ont sortis deux EP’s et qui sont désormais les stars du coin. Youth crew hardcore brutal repris en chœur par la xfoulex, et ce chanteur toujours aussi bourru et attachant. Fookin’ A ! Nouvelle ère, quand JUSTICE dans un look très « vendeur en téléphonie mobile » débarque, eh bah, ça passe quasi inaperçu. Il y a 10 ans, c’était à chaque fois l’émeute, mais on est en 2015 et ce que les kids veulent aujourd'hui c’est « Survival of the streets ! », pas « Elephant Skin ». Putains d'enfants-roi.

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TURNSTILE

Allez, c’est désormais le moment que tous les frères et les sœurs du groove attendaient (d’ailleurs, pour faire écho au report de Groezrock, la population afro était très peu représentée), TURNSTILE a évidemment remis un bordel pas possible (leur première date hors-USA avait été lors de l’édition 2013 du Outbreak Fest, moment émotion). C’est du business as usual pour eux maintenant, comme Freaky Franz taquinant le coping de la rampe dehors quelques minutes auparavant. Sûr de soi, confiant, smooth, souriant, tonique. Un concert de Turnstile, c’est comme un jus de fuits haut de gamme. Malgré la positivité, pas mal de gosses sortent du pit évanouis, ou le nez ensanglanté. La sécu veille au grain et l'énergie est dépensée sans compter. Turnstile ont réussi la prouesse de devenir un groupe local en Perfide Albion. (En espérant toutefois que la tendance funk-metal ne donnera pas de mauvaises idées aux jeunes Anglais, comme c’est le cas en Australie)

COLD WORLD

Juste après, COLD WORLD se place tranquillement deuxième au palmarès du set le plus branleur de la journée (regardez un peu comme le bassiste n’en a rien à foutre sur la photo). Contrairement au Ieperfest l’été dernier, ils ont pris le temps de bosser quelques morceaux de leur nouvel album, morceaux qui ont comme de bien entendu tout défoncer. Encore une fois, saut de génération oblige, les jeunes ont du mal à se la donner sur les groupes formés il y a plus de 10 ans, plus occupés à faire la queue quand le groupe installait ses T-shirts moches (reprenez-vous les gars putain, on veut consommer) sur leur table de merch. Can it be so simple 2k15 ?

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TITLE FIGHT X VANS AWARD OF THE BEST STAGE-DIVER

Le soleil brille toujours dehors après que le climat nous ait mis la misère la veille, et on décide volontairement de louper BASEMENT, chefs de file de la scène emo anglaise. Entendre « Summer’s Colour » au loin, devant un curry équitable, avait soit dit en passant un certain charme. Comme d’hab, TITLE FIGHT ferment le bal avec brio et c’est l’averse de slams (la palme au jeune minet en marinière qui a piétiné chaque tête présente à moins de 5 mètres de la scène). Ils ont joué quelques morceaux d’Hyperview qui foutent un peu mal en live, mais qui leur reprochera de vouloir serrer des rates supérieures aux traditionnels petits boudins de scène ? Pas moi en tous cas. Bravo à tout le monde, et à Jordan Coupland surtout. On avait 14 heures de bus retour pour penser à une refonte de la scène hardcore française sur un modèle capitalo-travailliste, mais on a préféré râler, hey !

Title Fight jouent ce soir à Paris (La Boule Noire) en compagnie de Milk Teeth et Drug Church.

Une soirée Britcore bientôt à Paris, promis.

Rod Glacial n'emploie presque plus le terme « indie-rock » sur Twitter.