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Music

Il aura fallu huit ans pour que le monde arrête de se foutre de la gueule de Future Islands

« Le public français n'arrêtait pas de rire et de nous pointer du doigt en criant : MOUSTACHE ! MOUSTACHE ! »

(Photo: Tim Seccenti)

À cet instant précis, Future Islands sont en train de vivre ce que tous les groupes espèrent vivre un jour.

Après leur performance épileptique et jouissive dans l’émission de David Letterman début mars

, les pas de danse du chanteur Samuel Herring sont entrés dans le

hall of fame

d'Internet, et dans la légende de la chaîne télévisée CBS. Le groupe est désormais prêt à tout exploser, à devenir l'un de ces groups qu'il

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faut

absolument avoir vu une fois dans a vie – et il était temps, vu que Future Islands tournent leur race depuis huit ans.

Tout ça ne serait jamais arrivé sans le brillantissime nouvel album du groupe,

Singles

, où Future Islands balance 10 titres de synth-pop ultra-racée, sur lesquels la voix d'Herring atteint des sommets insoupçonnés. C’est (déjà) leur quatrième album et (pour le moment) clairement le meilleur. J'ai recontré le groupe dans les bureaux de 4AD, juste avant leur passage chez Letterman. On a parlé de leur techniques d’enregistrement, de l’importance de la confiance en soi et de ces putain de français qui passent leur temps à les montrer du doigt.

Noisey :

C'est votre quatrième album, et ce que vous avez fait de plus soigné jusqu'ici. Qu'est-ce qui a changé depuis vos débuts ?

William Cashion

: Eh bien,

Singles

nous a coûté beaucoup plus cher déjà. C'était la première fois qu'on enregistrait dans un studio. Les précédents avaient été enregistrés chez nous. Le deuxième, c'était à Baltimore, dans une baraque où on avait vécu tous ensemble. Et

On The Water

a été enregistré dans un skate shop de Greenville, en Caroline du Nord, la ville où on est allé à la fac – les pièces étaient hyper profondes, comme dans une galerie d'art, avec une réverb' de dingue. Donc là, c'était la première fois qu'on allait en studio, et c'était cool. L’endroit s'appelle Dreamland et j'imagine que pas mal de groupes y vont maintenant – c'est pas loin de Woodstock, dans le nord de l'Etat.

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Sam Herring

: Quand il a fallu choisir où on allait le faire, on a tout simplement chercher une maison à louer, un endroit où Chris [Coady] pouvait faire le disque, on lui a demandé s'il avait un studio portable qu'on pouvait lui emprunter et il a proposé «

Pourquoi on ne le ferait pas à Dreamland

? » C'est une de ces maisons-studios - mais la meilleure d'entre toutes. C'était un bon compromis. On logeait là, et ça n’avait rien à voir avec un studio qui ferme à 23 heures, où tu dois arriver à heures fixes, c'était très libre.

William

: A Dreamland, ouais – il y a eu cette nuit où l’on a enregistré les voix jusqu’à 4h30 du mat', juste parce qu'on était là. Tu gères tout ça librement. C'est une vieille église, et le studio est dans le sanctuaire de l'église, avec de gigantesques fenêtres et tout. C'est magnifique. Et puis il y a une petite maison en bas de la colline où on peut se reposer. On pouvait soit travailler tôt le matin, soit tard le soir. C'était en général tard le soir – le matin, c'est pas vraiment notre truc. Mais c'était très beau à cette époque de l'année.


(Photo: Tim Seccenti)

À cet instant précis, Future Islands sont en train de vivre ce que tous les groupes espèrent vivre un jour.

Après leur performance épileptique et jouissive dans l’émission de David Letterman début mars

, les pas de danse du chanteur Samuel Herring sont entrés dans le

hall of fame

d'Internet, et dans la légende de la chaîne télévisée CBS. Le groupe est désormais prêt à tout exploser, à devenir l'un de ces groups qu'il

faut

absolument avoir vu une fois dans a vie – et il était temps, vu que Future Islands tournent leur race depuis huit ans.



Tout ça ne serait jamais arrivé sans le brillantissime nouvel album du groupe,

Singles

, où Future Islands balance 10 titres de synth-pop ultra-racée, sur lesquels la voix d'Herring atteint des sommets insoupçonnés. C’est (déjà) leur quatrième album et (pour le moment) clairement le meilleur. J'ai recontré le groupe dans les bureaux de 4AD, juste avant leur passage chez Letterman. On a parlé de leur techniques d’enregistrement, de l’importance de la confiance en soi et de ces putain de français qui passent leur temps à les montrer du doigt.





Noisey :

C'est votre quatrième album, et ce que vous avez fait de plus soigné jusqu'ici. Qu'est-ce qui a changé depuis vos débuts ?
William Cashion

: Eh bien,

Singles

nous a coûté beaucoup plus cher déjà. C'était la première fois qu'on enregistrait dans un studio. Les précédents avaient été enregistrés chez nous. Le deuxième, c'était à Baltimore, dans une baraque où on avait vécu tous ensemble. Et

On The Water

a été enregistré dans un skate shop de Greenville, en Caroline du Nord, la ville où on est allé à la fac – les pièces étaient hyper profondes, comme dans une galerie d'art, avec une réverb' de dingue. Donc là, c'était la première fois qu'on allait en studio, et c'était cool. L’endroit s'appelle Dreamland et j'imagine que pas mal de groupes y vont maintenant – c'est pas loin de Woodstock, dans le nord de l'Etat.



Sam Herring

: Quand il a fallu choisir où on allait le faire, on a tout simplement chercher une maison à louer, un endroit où Chris [Coady] pouvait faire le disque, on lui a demandé s'il avait un studio portable qu'on pouvait lui emprunter et il a proposé «

Pourquoi on ne le ferait pas à Dreamland

? » C'est une de ces maisons-studios - mais la meilleure d'entre toutes. C'était un bon compromis. On logeait là, et ça n’avait rien à voir avec un studio qui ferme à 23 heures, où tu dois arriver à heures fixes, c'était très libre.



William

: A Dreamland, ouais – il y a eu cette nuit où l’on a enregistré les voix jusqu’à 4h30 du mat', juste parce qu'on était là. Tu gères tout ça librement. C'est une vieille église, et le studio est dans le sanctuaire de l'église, avec de gigantesques fenêtres et tout. C'est magnifique. Et puis il y a une petite maison en bas de la colline où on peut se reposer. On pouvait soit travailler tôt le matin, soit tard le soir. C'était en général tard le soir – le matin, c'est pas vraiment notre truc. Mais c'était très beau à cette époque de l'année.





C'est un album hyper assumé et confiant, comme vos performances en fait.
Sam

: Merci.



William

: Je pense que c'est pareil pour tout le monde, pour tous les groupes qui quittent leur salle de répétition pour jouer en face de vraies personnes. Ça demande un certain degré de confiance en soi. Donc oui, on a confiance en nous. On croit en ce qu'on fait.



Sam

: Oui, on croit beaucoup en ce qu'on fait. On doit faire de notre mieux pour ne pas échouer, et on a réussi à ne pas tomber dans les tendances ou à écrire ce que les gens voulaient entendre. Parfois je me dis, mec, peut-être qu'on devrait écrire un truc dansant et les autres sont là, non, non, si ça ne vient pas, ça ne vient pas. Ces gars font la musique, moi j'écris les paroles et les mélodies, donc c'est comme ça que ça fonctionne entre nous, je me nourris de leurs émotions, de ce qu'ils me donnent, et on avance de façon naturelle. C'est positif – si l'un de nous devient un peu impatient, on essaye de le calmer et de laisser venir les choses.



Sam, j'ai lu une interview dans laquelle tu disais que vous ne vouliez jamais tomber dans le cynisme. C'est un truc que vous essayez de combattre dans le groupe ?
Sam

: Je pense à ça tout le temps. J'ai dit ça dans une interview effectivement, je parlais du cynisme en général, mais j'ai l'impression que c'est important en tant qu'artiste d'être hyper conscient de ça. Tu dois faire en sorte d’aller de l'avant, mais aussi de prendre les bonnes décisions. Et d'être sûr de ces décisions – tout dépend du but que tu t'es fixé. Si ton but est de jouer avec les perceptions des gens, c'est une chose. Mais si tu veux juste d'être honnête, ça n’a rien à voir. Je pense que notre but a toujours été l’honnêteté. Je veux être certain de faire une chose en laquelle je crois à 300 %. Parce que si ce n'est pas le cas, tout ça, le succès, les disques, les concerts, ça ne devient rien d'autre que des conneries.





Vous avez déjà fait un concert où les gens étaient complètement surpris ou gênés par votre prestation ?
William

: Dans un festival vraiment cool en France, où l’on a joué une fois. Personne ne savait qui on était et ils se sont juste foutus de nous pendant tout le concert. J'avais une moustache à l'époque et ils n'arrêtaient pas de me pointer du doigt, de rire et de crier «

MOUSTACHE ! MOUSTACHE !

» Ils ont passé leur temps à se foutre de nous. C'était en 2011.



Sam

: Enfin, il y a eu des tonnes de concerts dans le genre, surtout quand on a fait des premières parties. On vient juste de tourner avec Phantogram – on n'a fait que très peu de tournées en tant que première partie, on a toujours fait notre propre truc – mais on a joué pour Phantogram et ils étaient géniaux, mais il y avait clairement des concerts où on voyait que les gens ne venaient pas pour nous. Ils étaient là : « mais c’est quoi ce truc, putain ». Je m'implique, on joue, on fait notre propre truc – et dans ce genre de situation, c'est bizarre, parce qu'on a aussi vécu l’inverse ; on a emmené nos potes en tournée et on a vu les gens être complètement nazes avec eux. Mais moi j'aime ça – j'aime ce genre de concerts parce que c'est un challenge.



William

: Tu t'en inspires, aussi.



Sam

: Ouais, tu t'en nourris. Parce que c'est cool de faire peur aux gens [

Rires

]. C'est cool de donner quelque chose et de voir comment les gens réagissent. Tu espères toujours une réaction. Ça peut ne pas aller dans ton sens, mais tu attends une réaction. Je suis tombé amoureux des performances artistiques quand j'avais 17 ans : je pouvais juste m'asseoir et dessiner pendant 20 heures d'affilé et réaliser cette oeuvre hyper-réaliste, la mettre dans un cadre et laisser les gens venir l'observer, mais je pouvais aussi aller dans la rue et faire une performance de 30 minutes en y mettant toutes les choses bizarres que je gardais dans un coin de ta tête, le faire pour personne en particulier, et voir les gens passer à côté de toi et réagir. Ils peuvent ne pas comprendre ce que tu fais ou s'en foutre, mais il en reste quelque chose, tu as allumé un truc dans leur tête. Et c'est toujours intéressant de regarder dans les yeux des gens. Il n'y a aucune attente – tu peux créer un souvenir, bon ou mauvais. Ils peuvent accrocher, et c'est cool.




Jeremy Gordon est sur Twitter - @jeremypgordon

C'est un album hyper assumé et confiant, comme vos performances en fait.

Sam

: Merci.

William

: Je pense que c'est pareil pour tout le monde, pour tous les groupes qui quittent leur salle de répétition pour jouer en face de vraies personnes. Ça demande un certain degré de confiance en soi. Donc oui, on a confiance en nous. On croit en ce qu'on fait.

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Sam

: Oui, on croit beaucoup en ce qu'on fait. On doit faire de notre mieux pour ne pas échouer, et on a réussi à ne pas tomber dans les tendances ou à écrire ce que les gens voulaient entendre. Parfois je me dis, mec, peut-être qu'on devrait écrire un truc dansant et les autres sont là, non, non, si ça ne vient pas, ça ne vient pas. Ces gars font la musique, moi j'écris les paroles et les mélodies, donc c'est comme ça que ça fonctionne entre nous, je me nourris de leurs émotions, de ce qu'ils me donnent, et on avance de façon naturelle. C'est positif – si l'un de nous devient un peu impatient, on essaye de le calmer et de laisser venir les choses.

Sam, j'ai lu une interview dans laquelle tu disais que vous ne vouliez jamais tomber dans le cynisme. C'est un truc que vous essayez de combattre dans le groupe ?

Sam

: Je pense à ça tout le temps. J'ai dit ça dans une interview effectivement, je parlais du cynisme en général, mais j'ai l'impression que c'est important en tant qu'artiste d'être hyper conscient de ça. Tu dois faire en sorte d’aller de l'avant, mais aussi de prendre les bonnes décisions. Et d'être sûr de ces décisions – tout dépend du but que tu t'es fixé. Si ton but est de jouer avec les perceptions des gens, c'est une chose. Mais si tu veux juste d'être honnête, ça n’a rien à voir. Je pense que notre but a toujours été l’honnêteté. Je veux être certain de faire une chose en laquelle je crois à 300 %. Parce que si ce n'est pas le cas, tout ça, le succès, les disques, les concerts, ça ne devient rien d'autre que des conneries.

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Vous avez déjà fait un concert où les gens étaient complètement surpris ou gênés par votre prestation ?

William

: Dans un festival vraiment cool en France, où l’on a joué une fois. Personne ne savait qui on était et ils se sont juste foutus de nous pendant tout le concert. J'avais une moustache à l'époque et ils n'arrêtaient pas de me pointer du doigt, de rire et de crier «

MOUSTACHE ! MOUSTACHE !

» Ils ont passé leur temps à se foutre de nous. C'était en 2011.

Sam

: Enfin, il y a eu des tonnes de concerts dans le genre, surtout quand on a fait des premières parties. On vient juste de tourner avec Phantogram – on n'a fait que très peu de tournées en tant que première partie, on a toujours fait notre propre truc – mais on a joué pour Phantogram et ils étaient géniaux, mais il y avait clairement des concerts où on voyait que les gens ne venaient pas pour nous. Ils étaient là : « mais c’est quoi ce truc, putain ». Je m'implique, on joue, on fait notre propre truc – et dans ce genre de situation, c'est bizarre, parce qu'on a aussi vécu l’inverse ; on a emmené nos potes en tournée et on a vu les gens être complètement nazes avec eux. Mais moi j'aime ça – j'aime ce genre de concerts parce que c'est un challenge.

William

: Tu t'en inspires, aussi.

Sam

: Ouais, tu t'en nourris. Parce que c'est cool de faire peur aux gens [

Rires

]. C'est cool de donner quelque chose et de voir comment les gens réagissent. Tu espères toujours une réaction. Ça peut ne pas aller dans ton sens, mais tu attends une réaction. Je suis tombé amoureux des performances artistiques quand j'avais 17 ans : je pouvais juste m'asseoir et dessiner pendant 20 heures d'affilé et réaliser cette oeuvre hyper-réaliste, la mettre dans un cadre et laisser les gens venir l'observer, mais je pouvais aussi aller dans la rue et faire une performance de 30 minutes en y mettant toutes les choses bizarres que je gardais dans un coin de ta tête, le faire pour personne en particulier, et voir les gens passer à côté de toi et réagir. Ils peuvent ne pas comprendre ce que tu fais ou s'en foutre, mais il en reste quelque chose, tu as allumé un truc dans leur tête. Et c'est toujours intéressant de regarder dans les yeux des gens. Il n'y a aucune attente – tu peux créer un souvenir, bon ou mauvais. Ils peuvent accrocher, et c'est cool.

Jeremy Gordon est sur Twitter - @jeremypgordon