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Music

Ed Repka est mon dessinateur préféré

Alors je lui ai demandé un peu d'amour.

Il y a quelques mois, je sortais avec une meuf incroyable. Peu avant qu'elle décide de mettre un terme à notre relation, je lui ai offert un original d'Ed Repka, mon dessinateur préféré. C'est aussi probablement le votre puisqu'il a fait les meilleures pochettes de disques de metal de tous les temps (Megadeth, Death, Evildead, Massacre, Pitiful Reign, et j'en passe). À présent, elle et moi, on ne se parle plus mais j'ai continué de discuter avec Ed. Il n'avait à peu près rien à foutre de mon histoire de meuf, mais il a bien voulu répondre à toutes les questions que j'avais à lui poser.

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Un putain d'original d'Ed Repka.

Noisey : Salut Ed, comment ça va ? J'ai vu que vous travailliez sur des nouvelles cartes Mars Attacks, ça tue.
Ed Repka : Je suis hyper fan des cartes Mars Attacks. C'est peut être le truc qui me fascinait le plus quand j'étais petit. Alors, quand on m'a proposé de travailler sur un nouveau jeu de cartes, je ne pouvais pas dire non. Adam Levine, qui gère la licence chez Topps, m'a contacté début 2012 pour refaire le design final des martiens. Il connaissait mon boulot grâce aux pochettes de disques que j'ai fait durant les années 80 et parce que j'avais déjà bossé sur la licence Mars Attacks, mais pour Screamin' Products.

Quand il a eu le feu vert pour un nouveau set, il m'a demandé de faire la pièce principale de la série. Ce qui impliquait de faire le dessin qu'il y aurait à l'arrière de toutes les cartes et sur tous les paquets. Ils se sont servi de ce dessin pour promouvoir la série à peu près partout… Depuis Megadeth, je crois que je n'avais jamais vu mon boulot dérivé sur autant de goodies. On m'a aussi demandé de peindre une collection de six cartes sur la division scientifique des martiens, héhé.

Ça va être un putain de set, uniquement composé de cartes peintes à la main, et qui ira plus loin que jamais dans l'univers de Mars Attacks.

Une putain de boite pleine de putain de cartes.

Mortel. J'ai lu que quand vous étiez plus jeune, vous n'étiez pas du tout branché metal, mais plutôt punk. C'était un truc important pour vous ?
En fait, quand j'étais jeune, je voyais passer tous les disques de Kiss, Alice Cooper, Ozzy, Iron Maiden et tout, mais c'était surtout l'aspect horrifique qui m'attirait. J'étais trop jeune pour me payer leurs disques, mais je les entendais à la radio. Plus tard, à la fac, je me suis mis à écouter du punk parce que c'était le genre à la mode, et que ça annonçait la scène thrash qui arrivait. Mais non, je ne pense pas que la musique ait jamais été une influence. Moi j'étais à fond dans les monstres et ces trucs là. C'est juste que le metal était proche de tout ça.

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J'imagine tout à fait le genre de nerd que vous deviez être plus jeune.
Ouais, j'étais et je suis encore un gamin dingue de monstres. Quand j'étais petit, il y avait tout le temps des films d'horreur ou de science-fiction à la télé, et je me le faisais tous. J'ai vu tous les films d'horreur d'Universal, tous les Hammer et toutes les péloches SF des années 50. J'ai ensuite assisté en direct au boom des films d'horreur des années 80. Les trucs comme Halloween, Alien, Hellraiser, etc. Plus j'en voyais, plus je voulais en voir. Je voulais tout savoir sur ces films. Tout ce qui gravitait autour m'intéressait. C'est probablement pour ça que j'ai voulu dessiner et peindre. Je voulais créer mes propres monstres.

Votre première cover de disque était celle du coffret de Venom : Here Lies Venom, en 1985. Vous aviez quel âge quand c'est sorti ?
J'avais 24 ans, et c'était le premier job que j'ai eu de la part de Relativity Records, qui sortait le coffret via son sous-label Combat. Je n'avais jamais entendu parler de Venom et je pensais que c'était juste un rip-off d'Iron Maiden, alors que c'était un groupe assez gros, en fait. Mais bon, en 84, leur carrière était déjà plus ou moins finie et Relativity a sorti ce coffret un peu comme un mémorial du groupe… On m'avait d'ailleurs demandé de faire un genre de stèle. [Rires] Pour les pages intérieures, j'ai fait des cadavres entassés dans un caveau et la pochette, c'est cette tête de serpent en pierre. Je voulais faire quelque chose genre « barbare diabolique qui trace dans un cimetière ». Au final, ils en ont fait une édition limitée qui est rapidement devenue un collector.

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Il y a un truc que je n'ai jamais trop compris : vous avez fait les covers de tous les groupes à guitares qu'ont écouté les skateurs, de NoFX aux Misfits. Et malgré l'influence que vous avez eu sur cette scène, je n'ai jamais vu une seule board de vous.
Vous pensez vraiment que je suis une influence pour le monde du skate ? Honnêtement, je ne sais pas. Je n'ai jamais reçu de propositions. Ça serait intéressant de travailler dans ce domaine là, mais aucune marque ne m'a approché… En général, je ne recherche pas trop le travail : je reçois directement les offres. Mais peut-être que je devrais aller sonner à quelques portes.

Avez-vous pu rencontrer des gens comme Frank Frazetta, Perry Petterson ou Norman Saunders ?
Je n'ai jamais eu l'opportunité de contacter tous ces génies, ni même essayé à vrai dire. J'aurai tellement aimé avoir internet dans les années 60, il y a tellement de trucs que j'aurai voulu leur demander. Ceci dit, je suis allé au musée Frazetta, en Pennsylvanie. Frank n'allait pas suffisamment bien pour être présent, mais sa femme Ellie était là, et j'ai eu la chance de pouvoir parler avec elle et de lui exprimer tout mon amour pour l'art de Frank. C'est vraiment impressionnant de voir ses peintures en vrai.

Vous avez fait les pochettes de 90 % de mes groupes de thrash préférés - Hyades, Municipal Waste, Toxic Holocaust… Vous avez même fait une pochette pour le rappeur Necro. Comment vous êtes-vous retrouvé à bosser avec eux ?
Je n'ai jamais voulu me retrouver là-dedans : à la base, ce que je voulais, c'était faire des couvertures de livres de science-fiction. Ça n'a jamais vraiment marché, mais mon boulot a été vite reconnu dans l'industrie musicale. À part être là, au bon endroit, au bon moment et avec les bonnes techniques, je n'ai pas fait grand chose. Une fois que la pochette de Peace Sells est sortie, mon travail s'est retrouvé placardé partout dans le monde et les propositions sont arrivées. J'ai continué à me faire des contacts dans le monde de la musique et plus je créais des pochettes, plus on m'en demandait. La pochette de Peace Sells a été une publicité dingue pour moi. Et puis j'ai fini par me retirer peu à peu du monde des pochettes, jusqu'en 2006 où j'ai reçu à nouveau quelques offres. Aujourd'hui, je continue à travailler là dedans et je pense même que j'ai fait plus de pochettes ces cinq ou six dernières années que durant toutes les années 80.

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Ma préférée c'est celle de Hyades, on dirait une relecture des Lost Boys.
Oh, tu aimes la pochette de Hyades ? C'est cool, parce qu'on m'en parle rarement. Je n'ai jamais pensé que ça pouvait faire penser aux Lost Boys, mais je vois ce que tu veux dire. En fait, c'est plus lié à Frazetta et à mon travail sur les pochettes de « metal barbare ».

La putain de pochette d'un putain de disque.

J'ai lu partout que vous avez travaillé sur le design des monstres de Hellraiser. Pourtant, il y a des brouillons de Clive Barker qui traînent sur le net et qui sont déjà proches de ce qu'on voit dans les films.
C'est parce que je n'ai pas bossé là-dessus. Je travaillais pour NECA, une des grosses sociétés de productions de figurines. On avait la licence de Hellraiser, et comme j'étais directeur artistique, je me suis vachement investi dans le design des jouets du film. On manquait cruellement d'informations visuelles sur les personnages, alors on a fait comme on pouvait avec les sculpteurs. J'ai conçu les poses des figurines, mais elles sont aussi proches que possibles des personnages du film - avec quelques détails qu'on a été obligés de créer de toutes pièces, puisqu'on n'avait reçu aucune consigne. J'ai aussi sculpté quelques figurines du Dr Channard. C'est moi qui ait ajouté la grande vigne qui tient la figurine, elle n'existe pas dans le film.

Ah, j'ai vu qu'il y avait la tête de Vic vaguement cachée sur la pochette du dernier Megadeth. C'est un de vos dessins ?
Je n'ai pas vu ce truc. Je n'ai rien fait de neuf pour eux depuis un bon moment, c'est peut-être un vieux truc qu'ils ont récupéré… Visiblement ils continuent à m'arnaquer.

Ouais, va te faire foutre Dave Mustaine.

Loïg Hascoat n'a pas souhaité parlér à Ed Repka des tiques radioactives qu'il ramène de ses périples en Bretagne. Il est sur Twitter - @Loiig