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Music

Ken Rebel est le nouveau rappeur de 19 ans qui fait briller New-York

Un père militaire, une mère lesbienne et un compte Tumblr : voilà la clé de la réussite.

Ken Rebel

a passé toute l’année dernière à bosser son Tumblr

. Comme sur le votre, il y a des GIF, de la musique, des photos rebloggées de meufs super chaudes, et pléthore de vidéos YouTube, sauf que lui n’envisage pas ça comme un simple réservoir à trucs cools, mais comme un véritable outil promotionnel, lui permettant de gagner des fans, et d'atteindre ses objectifs artistiques. Mais ne te méprends pas : Ken Rebel n’est pas un « rappeur Tumblr ». Il trouve ça débile, au même titre que l’appellation « rappeur Twitter ».

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19 ans, en échec scolaire, et à deux doigts de s’engager dans l’armée, Ken Rebel a tout donné pour la musique. Après avoir enregistré des sons chez lui et les avoir mis en ligne sur son Tumblr, il fait maintenant partie intégrante de la scène de New York, avec ses homies Ian Connor and Glyn Brown, et tous les stylistes qui lui passent des sapes qu’il porte sur ses photos et dans ses clips.

Son style musical et esthétique n'est pas facile à décrypter : tu peux aussi bien le voir avec une parka en laine qu’avec un noeud-pap fluo sous une veste en cuir. Ses chansons sont un mélange bizarre d’influences se bousculant dans l’esprit d’un petit mec trop jeune pour rester en place. À seulement 19 ans, il est déjà aguerri ; il a sorti une mixtape acclamée, des clips qu'il a lui-même réalisés, et a amassé une petite armée de fans.

En octobre 2012, il publiait la vidéo

« Disrepectful »

, qui a atteint tranquillement les 350 000 vues sur YouTube.

Aujourd’hui, on vous livre en avant-première sa dernière vidéo « Hallelujah » qui pourrait se résumer à une version trap de

Sa Majesté des Mouches

: des pseudo-membres du KKK encapuchés traquent un gamin aux yeux de biche qui discute l’autorité d’un mec deux fois plus vieux que lui.

J’ai parlé à Ken au téléphone alors qu’il était chez lui à NYC, on a discuté du « blog rap », du suicide et de trucs qui n’existent pas. Vous pouvez mater sa vidéo juste au-dessus, si ce n'est déjà fait.

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Noisey : T’as grandi à Atlanta, c’est ça ?

Ken Rebel :

Oui, je suis né à Brooklyn, mais j’ai déménagé à Atlanta assez jeune parce que mon père était dans l’armée. Je suis ensuite retourné à Brooklyn parce que mon père s’est fait jeter de l’armée. Il était irresponsable.

Tu tiens ça de lui ?

Ouais, j’ai toujours attiré les problèmes. J’étais le mouton noir. Cela dit j’avais de bonnes notes, jusqu’au lycée. J’ai géré mes deux premières années, mais j’étais flemmard. J’avais l’impression que l’école ne m’apprenait rien. J’ai commencé à me relâcher de plus en plus. Je me suis repris en terminale. Et j’ai finalement eu mon bac l’année dernière.

Qu’est ce qui te distrayait ? T’étais déjà immergé dans la musique ?

Ouais, j’ai commencé à faire de la musique en première, mais rien de sérieux. Je n’avais aucune figure paternelle dans la vie pour me dire ce qui n’allait pas. Je ne crois pas qu’une femme peut faire d’un garçon un homme, tu vois ce que je veux dire ? Donc je n’écoutais pas vraiment ma mère. J’ai tout appris à la dure, par moi-même.

Et c’est ta mère qui t’a inscrit au bureau de recrutement de l’armée ?

Ouais, c’est ma mère. Ma mère et mon père sont divorcés. En fait, ma mère a un style de vie alternatif. Elle est lesbienne. Donc ouais, elle m’a emmené avec elle pour que je m’engage dans l’armée. C’était bizarre, je crois qu’elle n’aurait jamais imaginé que son fils fasse ça. Quand on est arrivé devant le bureau, c’était fermé. Ce n’était pas un jour férié ni rien, mais c’était juste fermé. J’ai vécu ça comme un signe, et elle aussi, alors j’ai repris la musique en main et j’ai commencé à vraiment prendre ça au sérieux.

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Tu t’intéressais à qui musicalement ?

J’écoutais beaucoup Korn et Gorillaz. J’adore Lupe Fiasco et Kanye. Big L. Je suis un gros fan de house music et de metal. C’était ma thérapie à cette époque.

Tu la puises où ton inspiration ? T’écoutes quoi en ce moment ?
Pour moi, ce n’est pas vraiment ce que tu écoutes mais plus ce que tu vois. Je suis un fanatique de films d’horreur. La vidéo pour « Hallelujah » est inspirée d’Insidious 2. Le sample vient du film. Les films jouent un grand rôle dans ma carrière.

C’est quoi tes films préférés ?
Pulp Fiction. The Warriors est mon film préféré de tous les temps. The Crow. Il y a une imagerie très forte dans ta vidéo – des capuches pointues, du lynchage, etc. Ça a été tourné à Richmond en Virginie, qui était la capitale des Confédérés. Tu sais que tu vas énerver un paquet de gens ?
[Rires] Mec, les gens te crucifieront toujours en tant qu’artiste. Donc, donne juste ton maximum à chaque fois. Il y aura toujours quelqu’un qui se sentira offensé par ton travail. Tu écris et diriges toi-même tes clips. Raconte-nous ce qu’il se passe dans « Hallelujah ».
Il se passe pas mal de choses, j’étais dans un état d’esprit complètement différent quand je l’ai imaginé. J’aimerais que les gens voient le talent artistique derrière, plutôt que de dire « Oh, un gamin a tourné une vidéo avec des membres du Ku Klux Klan qui sont noirs et il finit par se pendre lui-même. » Ce n’est pas juste ça. Mec, on est en guerre contre nous-mêmes. Je ne parle pas que de ma race ou des problèmes d’insécurité. Imagine, avant de te suicider, ton esprit s’échappe de ton corps. Tu te vois en train de te tuer et tu ne peux rien faire pour empêcher ça. Imagine à quoi cela peut ressembler. Ouais, c’est pas super agréable. T’étais un gamin peureux ?
Nah. Un peu à la maternelle, mais tout ça s’est terminé quand j’ai commencé à prendre des cours de boxe. Je traînais avec les mauvaises personnes au collège et au lycée. En fait, c’est la mort d’un ami qui m’a fait prendre la musique bien plus au sérieux. Il s’est fait tirer dessus, mais la balle ne lui était pas destinée. Elle était pour un de ses homies. Je me suis dit « ok, il faut arrêter ça ». Qui t’a appris à rapper ?
Mon poto Relly. J’ai appris ce que je sais en composant des morceaux avec lui. Il est tellement bon que je m’asseyais simplement en le regardant faire, et j’apprenais. T’as sorti tes premiers trucs sur Tumblr.
C’est là que je me suis constitué une fanbase.

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Quand s’aperçoit-on qu’une carrière musicale devient sérieuse ?

J’ai publié la vidéo de « Disrespectful » et cette merde s’est retrouvée partout. Je me suis dit « putain, je suis le négro à suivre maintenant », tu me suis ? Mais ce morceau était un truc pour faire la fête, je sentais bien que personne ne me respectait au niveau lyrics. Alors j’ai sorti la vidéo de « Rebellution ». J’ai dû pénétrer par effraction dans une église pour la tourner. Je ferai tout ce qui doit être fait.

Donc tu ne serais rien sans Tumblr ?

Ouais. C’est un délire entre potes. Un pote avait commencé un blog et mettait des photos de nous dessus. Une de mes photos s’est faite remarquée, on a pris ça comme un signe. On a vite vu le potentiel qu’on pourrait tirer de Tumblr alors on y est allé à fond avec mes potes Joe et Ian Connor. On a organisé des évènements où 1000 gosses se pointaient, c’était ouf. C’est comme ça que tout a commencé.

Cultiver un style semble partie prenante de ta démarche musicale, on trouve quoi dans ta garde-rode ?
J’ai tout dans mon placard. Tout pour les chaussures – Bape, Jordan… Des SK8-high dernièrement. C’est mon pote Ian qui m’a initié aux Vans, je les porte tout le temps maintenant. Je peux tout porter si ça me va mec, mais je suis à fond sur les pompes. Les pompes doivent matcher avec tout le reste. Tu penses quoi des gens qui te mettent l’étiquette « Tumblr rap » ?
Je trouve ça débile. Comme si un mec qui mettait une chanson en ligne sur Twitter était un rappeur Twitter… Les gens sont tarés, « oh, tu es un rappeur Tumblr ? » Est-ce que je dois signer quelque part pour être un rappeur Tumblr ? Ce que la jeunesse a du mal à comprendre c’est que tu peux m’appeler rappeur Tumblr si tu veux mais tu es sur Internet autant que moi. Tout tourne autour d’Internet. Donc vous vous insultez vous-mêmes en fait. C’est comme un négro qui appelle un mec négro, tu me suis ? Tu as eu des offres intéressantes de labels. Tu les prends au sérieux ou tu veux rester indépendant ?
L’underground n’est pas pour moi. Je veux plus que ça. Je veux des awards, des disques de platine. Beaucoup de gens viennent me voir tu sais. TDE sont cool avec moi. Ils m’ont organisé ma première Summer Jam, j’ai débuté avec eux alors on essaie d’envisager un truc. Si on convient un deal, j’aimerais montrer une facette plus artistique de Ken Rebel. Si je parviens à trouver des idées aussi dingues que « Hallelujah », ils seront plus réceptifs. Tu rêverais de collaborer avec qui ?
Bonne question. OK, on va réaliser un film d’horreur, ok ? Adam Levine aura le rôle principal. Ce sera la figure masculine. La figure féminine sera assurée par Rihanna. Moi et Hype Williams allons superviser tout ça. Moi et Hype. Le film ne ressemblera à aucun autre film d’horreur. Tout sera question d’éclairages. Des fantômes et des lumières. Ne me demande pas d’où je sors tout ça, tout est dans ma tête. Redemande-moi l’année prochaine. Je te l’apporterai sur un plateau. Tu vas faire des concerts ?
Ouais, ouais. Dès que mes managers auront tout finalisé. On trouvera quoi sur ta table de merchandising ?
Des chaussons Ken Rebel. Les tongues Ken Rebel. Tout le monde a besoin de se mettre bien. Fletcher Babb est sur Twitter - @fletcherbabb