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Music

Les Ausmuteants vont vous coller une pile dont vous vous souviendrez toute votre vie

Après avoir détruit Villette Sonique, le groupe australien mettra à nouveau Paris à feu et à sang demain soir. On est allés leur demander comment ils comptaient s'y prendre.

Un jour, il faudra expliquer à tous les branchés de la cold wave et de la novö pop que le fait d'ajouter trois notes de Moog sur une chanson de varièt' pourrie ne suffit pas à faire du synth-punk. Non, ce dernier doit d'abord mitrailler à tout va et sentir des pieds, c'est-à-dire être un peu punk. Il doit citer les Screamers, pas Elli & Jacno. Il doit être un peu débile, aussi. Bref, il doit avoir le visage juvénile et mal élevé des Ausmuteants, quartet australien passé maître dans l'art de dérouler des autoroutes d'électro-pogo en prenant de soin de ne jamais écrire des lyrics plus intelligents que ceux des Ramones. Une recette qui a déjà fait merveille sur deux albums, Amusements (AARGHT Records, 2013) et Order of Operation (Goner Records, 2014), et qui a littéralement mis à genoux le public de la Grande Halle de la Villette le 22 mai dernier. C'est simple, les Gories et les Oh Sees, pourtant pas nés d'hier, n'ont quasiment pas existé après eux. Comme le monde est bien fait, ils reviennent à Paris le 9 juin pour une date de dernière minute, grâce à l'activisme forcené du label Gone With The Weed. On les a interviewés il y a dix jours, un peu n'importe comment, et ils en ont profité pour répondre n'importe quoi.

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Noisey : Alors, ce concert ?
Jake Robertson (clavier, guitare, chant) : Je nous ai trouvés excellents ! [Rires]

Première fois en France ?
Billy Gardner (batterie, chant) : En tant que Ausmuteants, oui.
Jake : Je suis déjà venu avec The Frowning Clouds. [Il nous défie] Tu connais ?

Oui, un bon groupe de garage, plus traditionnel.
Jake : Ah, merci. Ca signifie beaucoup pour moi [Rires]. Cela dit, ce groupe aurait besoin d'être ressucité. C'est un peu mort. C'est quasiment mort, même. [Pause] Bon, ok. C'est totalement mort.

Pas trop grande pour vous, la scène de la Grande Halle de la Villette ?
Jake : C'est l'une des plus petites scènes qu'on ait faites. On joue dans des stades, d'habitude. Aerosmith a ouvert pour nous lors de notre premier concert.
Al Montfort (basse) : Elton John aussi.
Jake : Non, Elton était dans le public, on ne l'a pas encore fait jouer. Il a dit qu'on était excellents.

[Bruit de chaise]
Jake : C'était la chaise, pas de panique.
Billy : Dommage, j'aurais bien aimé que tu pètes pour conclure sur Elton John.

[L'un des trois pète]
Jake : Haha ! Génial ! Insortables !

Et sinon, les Gories ?
Jake : Ce sont des dieux. Il leur faudrait une caisse claire, et aussi qu'ils apprennent à jouer. À part ça, des dieux.
Billy : J'ai hâte de voir Thee Oh Sees avec le nouveau line-up.
Jake : Sérieusement, ce sont des gens très importants pour notre formation musicale. Même si pour ce groupe précis, les Ausmuteants, on a plutôt été influencés par Chrome, Devo, ou les Screamers, dont on fait une sorte de version pop.

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C'est très punk, quand même.
Jake : On essaie, mais je crois qu'on ne sait pas dire non à un bonne chanson pop.

Beaucoup de groupes de « synth-punk » ne sont pas vraiment punk. Vous, vous jouez vite et vous criez.
Al : Le fait de tourner aux USA et de voir de très bons groupes de hardcore nous a incités à accélérer le tempo.
Billy : S'il y a un seul groupe de garage qui a influencé Ausmuteants, ce sont les Mummies.

Jake : D'ailleurs, je vous interromps tous : il faut que je vous lise la lettre que les Mummies ont envoyé à Burger Records ce matin. C'est énorme, et j'aimerais que tu la reproduises in extenso dans ton papier. Ça vaut toutes les interviews du monde : « Chers Burger Records, nous venons de recevoir votre lettre, qui propose d'inclure les Mummies au programme de votre prochain rassemblement de hippies, « Burger Boogaloo ». Les Mummies ne veulent rien avoir à faire avec ce que sort ou promeut Burger Records. Nous ne marchons pas du tout dans cette arnaque de Psyché Sunshine (pardon, « Garage Rock »), pas plus que dans ces assortiments de cassettes à vingt dollars que vous proposez dans le catalogue joint. Si vous avez cru un seul instant que ce serait le cas, c'est que vous avez trop fumé d'Herbe de l'Amour de Hippie à la con. Aussi, pour conclure, je pourrais vous dire que j'apprécie la proposition, mais ce serait un mensonge. Allez donc simplement vous faire foutre. »

[NDLR : On ne sait pas trop si c'est du lard ou du cochon. Pour l'heure, Les Mummies sont toujours annoncés au Burger Boogaloo le 4 juillet prochain. Il s'agit vraisemblablement d'une blague, puisque la lettre est la copie quasi-conforme de celle qu'ils ont réellement envoyée à Sub Pop Records en 1993.]

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Qui a produit vos albums ?
Jake : Nous-mêmes. Dans nos chambres, le plus souvent. [Il switche] D'ailleurs, vous avez vu le nouveau Mad Max ?
Billy : Pas encore.
Jake : Moi non plus, qu'est-ce qu'on fout ! On est Australiens ! Les deux premiers films étaient vraiment géniaux. En revanche, je qualifierais le troisième de, comment dire ? « Gros sac rempli de merde », voilà. Tina Turner, pff…

Vous êtes d'où ?
Al : Melbourne. On n'en est pas originaires, mais on y vit tous.
Jake : Tu connais Nantes ? On y joue demain. J'ai oublié le nom de la salle, mais je crois que c'est là qu'Elton John et Aerosmith ont joué.
Billy : On connaît quelques groupes français. On aime bien le label DanGer Records.

Jake : Et Lio. « Banana Split ».
Al : Je crois qu'elle est moitié-portugaise, moiti-belge.
Jake : Et les Creteens !
Billy : Shaun, notre guitariste, est plutôt de Canberra. Comme TV Colours ou Assassins88, sortis sur un label français.

XVIII Records. Ils ont aussi sorti The U.V. Race, ce sont des potes ?
Jake : Nos meilleurs potes. Tout ce que touche U.V. Race se transforme en or.
Billy : Pareil pour Total Control.
Jake : Je te vois faire la moue. Je trouve que le deuxième album est aussi bon que le premier, c'est du grand art. À part « Hunter », qui est vraiment un morceau de merde. Le prochain concert des Ausmuteants aura lieu le 9 juin à Paris, à l'Olympic. Ils partageront l'affiche avec Nathan Roche et Last Night. Et il faut prendre ses places à l'avance ici, il n'y aura pas de billeterie à l'entrée.