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Music

Les Growlers sont prêts à finir leurs jours sur la plage comme de vieux surfeurs

Les Beach Goths d'Orange County vous mettent en garde contre la Californie, les fêtes en tournée et les vagins sales.

Qu'est-ce vous voulez qu'on vous dise sur les Growlers qu'on ne vous ait déjà dit ? Que ce sont de gros clochards qui ne pensent qu'à surfer ? Que, sans eux, l'été ne serait pas vraiment l'été ? Que les Growlers resteront toujours les Growlers ? Non, il ne se passe pas 3 mois sans qu'on vous donne des nouvelles des Beach Goths d'Orange County et on n'y coupera pas cette semaine, vu que leur nouvel album Chinese Fountain est sorti il y a deux jours. On est donc retourné discuter avec Brooks Nielsen, le chanteur du groupe, avec qui on a parlé des banlieues du sud de la Californie, de vagins sales, de reggae, d’étrons et de surf, évidemment.

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Noisey : La presse américaine a encensé l’album, qui est très attendu. Tu as la pression ?
Brooks Nielsen : Non, pas pour l’instant. Je n’ai pas d’attentes, je ne vise aucun résultat.

Le son de cet album est plus travaillé que celui de vos précédents disques. Vous avez enfin pu travailler avec des moyens dignes de ce nom ?
C’est sûr qu’on a toujours été retenus par le manque de moyens. D’ailleurs, on ne savait travailler que dans ces conditions. On a toujours été dans la catégorie « garage », pas nécessairement parce que c’était le son qui nous plaisait mais parce qu'on avait un son merdique. Nous avons toujours dépensé très peu de thunes dans nos enregistrements. Cette fois, on est allés dans un studio digne de ce nom, avec un vrai ingénieur du son et un producteur hyper motivé. Le groupe joue mieux que jamais, aussi. Tout ça a considérablement changé notre son. Ce n’est pas forcément évident quand on vous écoute mais tu es un fan absolu de reggae.
Avant de faire ce groupe, j’ai essayé de faire un groupe de reggae, mais j’ai vite pris conscience que les mecs avec qui j’étais ne croyaient pas vraiment au rastafarisme et qu'on sonnait juste comme des petits blancs qui essaient de jouer du reggae… Je me réfère toujours au reggae même si plein de gens n’en ont rien à foutre de Bob Marley et de tout ça. Mais moi, j’ai toujours admiré les groupes de reggae. Ils sont hyper-talentueux, j’adore leur basse, le fait que la section rythmique mène le truc. J’essaie de convaincre mes gars et de faire en sorte que cet état d’esprit imprègne notre musique.

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Tu es déjà allé en Jamaïque ?
Je n’y suis jamais allé. J’aimerais bien mais, pour être honnête, les voyages font partie de mon taf. J’aime bien en faire mais quand je fais un break, plutôt que de repartir, je préfère surfer. Mais il est clair que ma musique favorite vient de Jamaïque.

Vous avez fait des séances avec Dan Auerbach mais son boulot ne t’a pas plu et vous l’avez laissé en plan…
Hem… Le résultat m’a laissé sceptique. J’aurais dû demander un peu plus d’aide pour l’aspect production des choses, que quelqu’un me dise « hé mec, t’as tout faux ! ». Je suis allé voir Dan avec beaucoup trop de chansons. En plus, on faisait la fête toutes les nuits alors qu’on essayait d’enregistrer vingt nouvelles chansons en dix jours, des chansons qu’on ne connaissait pas puisqu’on venait à peine de les écrire ! On a voulu abattre trop de taf sans la préparation adéquate. Au moment du mixage, il voulait vraiment qu’on ait le meilleur, qu’on devienne populaires. Il connaît les conditions dans lesquelles on vit et il voulait vraiment qu’on soit célèbres. Mais quand j’ai écouté, j’ai flippé… Si c’était à refaire, je viendrais avec moins de chansons et je prendrais mon temps. Je m’assiérais et je demanderais à ces mecs comment ils font…

Vous faites toujours autant la fête ?
Oui, mais moins qu’avant. C’est dur de tourner à 110 % comme on le fait. On est obligés de ralentir un peu le rythme de nos teufs, sinon on va y rester ! Oui, en tournée, vous êtes du genre à refuser les days off.
Oui, c’est plus facile d’enchaîner les dates non-stop. Si tu t’arrêtes ne serait-ce qu’un jour, ça dérègle tout. En tournée, il faut pas mal d’endurance et être capable de composer avec les personnalités de tout le monde… Le mec avec qui tu t’es embrouillé un soir fera partie des gars avec qui tu devras monter sur scène le lendemain. On apprend à contrôler les égos et les teufs pour éviter que ça tourne au désastre. La dernière chose que j’aimerais qu’il arrive, c’est de perdre ces mecs !

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Beaucoup de gens ont une image paradisiaque d’Orange County, qui est bien éloignée de la réalité…
On a rendu Orange County un peu cool parce qu’on y fait de la musique, nous et d’autres groupes mais, en réalité, cet endroit n’est pas cool du tout. [Il réfléchit]. J’ai grandi à Orange County et j’ai grandi en faisant du surf entouré de papas surfers qui racontaient l’histoire du surf et de ce mode de vie. Dans la toute petite ville où je vivais, on ne pouvait pas louper ces vieux surfers, des balèzes qui ont découvert des spots et qui ont fait partie des pionniers qui sont partis à Hawaii. Ces mecs sont de vrais durs. Ils ont passé le flambeau à leurs enfants qui le passent eux aussi à leurs mômes. Cette éducation sur la plage était vraiment cool. Mais il n’y a rien d’autre… Là où j'ai grandi, il n’y a pas de boutiques de disques, de culture, de vie. Ça va paraître incroyable mais la raison pour laquelle je reste, c’est que je suis un mec introverti et que je veux fuir tout ce qu’il se passe à L.A. Je veux être sur la plage, voilà comment je m’évade. Quand je rentre des tournées et de son cortège de fêtes, la dernière chose dont j’ai envie c’est de foncer dans un bar à L.A. Quand on revient à la maison, on se désintoxique en surfant tous les jours. C’est mon truc et voilà pourquoi je reste là-bas ! Il y a des plages magnifiques, Disneyland et une culture mexicaine plutôt cool mais, sinon, l’action se passe à L.A. Orange County, c’est juste une grande banlieue avec des centres commerciaux. Des Adolescents à Sublime, il y a quand même eu des tas de groupes géniaux qui se sont formés au sud de Los Angeles.
Sublime venaient de Long Beach, donc je considère qu’ils étaient de LA. Long Beach est coincée entre L.A et Orange County. Les gens de L.A disent Screw OC, ceux d’OC répondent Screw LA et le port de Long Beach est un peu perdu entre les deux [Rires]. Il y a quand même de la culture grâce à la scène punk. Elle est liée à la plage d'une certaine façon, mais, un jour, des mecs ont dit : Fuck ! On n’est pas des surfers ! On doit être encore plus punks ! Tous les lycées ont ces rivalités entre surfers, jocks et punks. Les punks créent des choses cools… Ça me gêne un peu de dire du mal d’OC puisque j’en viens mais il ne faut pas que les gens en aient une fausse image. J’ai déjà rencontré des gens en France qui venaient me voir tout excités pour me dire qu’ils allaient à Costa Mesa. Je me disais, je ne sais pas ce que vous allez faire là-bas, il n’y a rien à faire la nuit, nous on y est seulement à cause du surf [Rires] ! Si tu vieillis à Costa Mesa, tu ne crois pas que tu finiras par devenir comme le Dude dans Big Lebowski ?
[Rires] Je ne sais pas où je finirai mais ce sera sans aucun doute sur une plage. Je serai comme ces vieux surfers qui ont juste une planche et une baraque. Le mot « Growlers » veut dire pas mal de choses. Ça peut désigner aussi bien un vagin sale qu'un type de bouteilles de bière ou un étron. Vous, c’est quoi ?

Hem… OK : au début, on s’appelait les Heebie-Jeebies [chair de poule]. Bon, ça faisait nom pour les mômes mais on s’en foutait. Et Internet est arrivé et on a vu qu’il y avait déjà un groupe qui s’appelait comme ça. On s’est dit qu’on devait changer, ce qui a donné plein de disputes. C’était carrément idiot : on était un groupe de merde, on ne savait même pas jouer de nos instruments et on s’embrouillait pour une histoire de nom alors que tout le monde se branlait de nous ! Et on a pensé à cette expression employée par les gens plus âgés qui disaient parfois take a growler quand ils allaient chier. En tout Rien à voir avec les vagins sales. Surtout pas ! Enfin bon, c’est mignon tout ça mais on s’en fout un peu des noms, hein ?

Oui, si on veut. Tu peux nous en dire plus sur l’origine du Beach Goth, l'expression employée pour qualifier votre musique ?
Les gens ont dit très tôt qu’on faisait du Beach Goth parce qu’on faisait des chansons sur la mort avec un son surf, ce qui est normal puisqu’on a grandi en écoutant des trucs avec de la réverb. Maintenant, ça devient ridicule : d’autres groupes d’OC disent qu’ils font du Beach Goth, c’est en train de devenir une sorte de genre. Par contre, le truc fun c’est qu’on fait un Beach Goth Festival tous les ans. On s’occupe de tout : trouver le lieu, le générateur, choisir les groupes, acheter la picole… Nos amis sont impliqués et tous les mômes se disent qu’ils se passe pour une fois quelque chose à Orange County ! Merde ! C’est comme si on avait créé notre petite scène. [Rires]

Chinese Fountain est disponible depuis le 29 septembre sur Fat Cat / Differ-Ant

Dates à venir :
30/10 – Lyon @ Marche Gare
31/10 – Grenoble @ La Bobine
22/11 – Paris @ La Maroquinerie Olivier Richard ne surfe que sur les côtes chinoises. Il n'est pas sur Twitter.