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Music

Ça sert à quoi la Red Bull Music Academy, au juste ?

Avant son arrivée à Paris en octobre, LAO, La Mverte, Mumdance, Palms Trax et quelques autres nous ont raconté ce qu'ils ont appris pendant l'édition 2014 à Tokyo.

Quand on parle de Red Bull, on pense canette bleue, logo rouge, et des sommes gargantuesques investies dans de smilieux tels que les sports extrêmes, la formule 1 ou encore le football (avec l’équipe des New-York Red Bulls). Ce que le grand public sait moins c’est que la boisson « qui donne des ailes » s’implique aussi énormément dans la musique avec la Red Bull Music Academy (RBMA), qui, depuis 17 ans, sillonne les grandes métropoles pour proposer à 60 « alumnis » sélectionnés sur dossier une expérience musicale intense, entre workshops, conférences, soirées et travail en studio. Le but de la RBMA n’est pas de dénicher des pépites et de les faire grimper selon des codes précis comme pourrait le faire une major. Son objectif est d’accompagner ceux qui proposent une vision différente de la musique et qui innovent.

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Comme nous l’a dit La Mverte, l’un des seuls Français de l'édition 2014, qui a eu lieu à Tokyo, « nous n’avons pas de contrat avec RedBull, ils ne nous ont pas donné d’argent ou quoi que ce soit. Ils nous offrent juste la possibilité de faire notre musique dans de bonnes conditions, avec des intervenants de qualités. La RBMA est essentiellement basée sur la musique. Pendant ces deux semaines, on n’a pas parlé une seule fois de la boisson. »

Alors comment Red Bull accompagne ces artistes, et jusqu’à quand ? Est-ce que, d'une édition à l'autre, les alumnis sont oubliés ? Comment se passe l’après-RBMA pour les anciens élèves ? Pour répondre à ces questions, nous nous sommes rendus au festival Sonar à Barcelone en juin dernier où la RBMA avait dressé le SonarDrome, une scène sur laquelle les alumnis ont enchainés les prestations pendant trois jours. On est allés à la rencontre d'une poignée d'entre eux pour faire le bilan de leur expérience, quelques semaines avant l'édition 2015 qui aura lieu à Paris, en octobre prochain.

LAO, Mexique

Noisey : Raconte-nous comment tu as connu la RBMA et comment tu es rentré en contact avec eux.
LAO : En 2006 ou 2007, je mixais beaucoup de kuduro et j’ai découvert Buraka Som Sistema. J’ai lu qu’un membre faisait partie de l’académie. J’étudiais le cinéma à Mexico et il y avait un groupe de « super-élèves » qui avait toujours la chance de participer à plein de trucs. Un jour, l’école a invité Toy Selectah pour une conférence. Je n’avais pas pu y participer car je n’étais pas assez bon élève [Rires]. À l’époque je faisais déjà de la musique et il avait déjà entendu parler de moi. On a été mis en contact, on est devenu potes et en 2007, il m’a poussé à postuler. J’étais là « mouais, ok, je vais voir. » Je ne savais pas si je devais vraiment me lancer à l’époque. Mais c’était une grosse opportunité, donc j’ai attendu 2014 et je l’ai fait.

Tu t’attendais à quoi en y allant ?
Le concept n’était pas très clair en fait. Pour bien le comprendre, il faut le vivre. Je pensais qu’on allait faire plus de pratique, qu’on allait passer plus de temps en studio. Pour moi c’étaient les Nations Unies de la musique : tu avais des gens du Kenya, du Mexique, du Chili, de Russie. J’étais un peu frustré car je n’avais jamais pris de cours de musique. Mais au final c’était un peu comme d'aller en cours. Je n’ai pas vraiment eu le temps de chiller dans Tokyo car on avait vraiment peu de temps pour nous. On avait 3 conférences par jour, données par des grands noms comme Isao Tomita. C’était des cours de deux heures avec ensuite une heure de questions. Puis, on allait manger avant de retourner en amphi, pour encore deux heures de cours suivies d’une heure de questions-réponses. Après ça on avait plus ou moins deux/trois heures de temps libre, mais le soir, certains d’entre nous mixaient dans des clubs, donc on allait les voir. On a vraiment très peu dormi. Les gens pensent qu’on est des gens hype, qu’on sort à droite à gauche mais ce n’est pas vrai. Je suis un nerd, je préfère les jeux vidéo rétros. On est tous des nerds en fait dans l’équipe, on est tous pareils. Ecouter ce que font les autres et découvrir leur identité culturelle, c’était vraiment super intéressant. On est tous plus ou moins dans l’expérimental et échanger là-dessus a vraiment été enrichissant.

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Si tu devais changer quelque chose ?
Je ne sais pas, pas grand-chose. Il nous faudrait des journées qui durent plus de 24 heures. On ne dormait presque pas, comme je te l’ai dit. On était tout le temps à fond. J’aurai aimé avoir plus d’heures de studio. Beaucoup d’entre nous y retournaient de 3h à 5h mais on était crevés donc pas très productifs.

Tu as eu la possibilité de produire des choses quand même là-bas ?
Oui, j’ai fait plusieurs morceaux, certains sortiront chez Red Bull. C’était vraiment super de travailler avec tous les autres et de collaborer. On a chacun mis notre touche donc c’était vraiment cool.

Tu projettes quoi pour la suite ?
J’espère avoir l’attention des médias, être invité dans différents pays pour jouer. Il y a deux mois j’étais à Londres, c’était super. La RBMA m’a vraiment permis d’avoir de la visibilité. Ce qui est vraiment cool aussi c’est que si par exemple je suis à Paris, dans un an ou deux, je peux demander à Red Bull d’utiliser leurs studios. Où que tu ailles, ils t’aideront, donc c’est cool. En ce moment je suis en mode super DIY. Ma tournée européenne c’est un pote qui s’en est occupé donc j’espère pouvoir me dégotter un vrai agent grâce à la RBMA. On a fondé NAAFI, un petit label, on travaille bien pour moi et pour nos artistes mais j’aimerais bien avoir mon propre agent. Quoi qu’il arrive je continuerai à faire de la musique mais j’aimerais vraiment en vivre décemment.

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Brigitte Laverne, Espagne

Noisey: Comment s’est faite ta rencontre avec la RBMA ?
Brigitte Lavergne : Déjà il faut remplir un dossier à la main, et il y a genre 32 questions. Il ne suffit pas de balancer une démo, sinon il y aurait encore plus de monde qui postulerait, sachant que déjà 5000 personnes en moyenne envoient leur dossier chaque année. Donc j’ai essayé de sortir du lot, en disant des choses vraies, j’ai raconté mes expériences. J’ai simplement dit la vérité.

Tu espérais quoi en mettant les pieds là-bas ?
Je n’étais pas très sûr de ce que j’allais trouver mais, ce dont j’étais convaincue, c’est que j’allais beaucoup apprendre et rencontrer du monde. Et c’est ce qui s’est passé. Je voulais vraiment apprendre à collaborer avec d’autres artistes pour me nourrir d’autres influences. Donc en studio, on écrivait, on prenait les idées de tout le monde, chacun faisait des concessions, c’était cool. En plus de tout ça, j’ai aussi appris comment transposer de la musique studio dans un set live. Ça, c’est vraiment ça le plus gros bagage que j’ai ramené de Tokyo.

S’il fallait changer un truc ?
Ils attendent beaucoup de nous et on a beaucoup de choses à faire. On se lève à 9h, petit-déjeuner à 10h après cours, pause, cours, on mange, après atelier workshop, studio, et chaque soir, on suivait certains qui jouaient en live. On ne veut rien manquer, que ce soit les cours ou les soirées où tes potes mixent. Personnellement, j’ai trouvé qu’on nous demandait beaucoup de choses en une journée, il nous aurait fallu des journées plus longues.

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Ça t’a plu ces collaborations ?
Oui mais c’était difficile car on était 30, on avait 9 studios et on devait les partager. Ce n’est pas vraiment un problème, car d’un côté leur but est aussi de nous faire travailler ensemble. Au début on avait l’impression d’être au lycée, personne ne se connaissait et à la fin on avait chacun notre groupe de potes, en studio on retrouvait souvent les mêmes pour bosser.

Tu penses que Red Bull continuera à t’aider ?
Oui, quand je suis revenu de Tokyo, je leur ai demandé s’ils voulaient bien soutenir mon EP, et la RMBA m’a offert la session studio à Paris. Je pouvais vraiment travailler librement. J’ai tout fait dans ce studio, l’enregistrement, le mixage et le mastering. En tant que musicien, ça fait toujours plaisir de se sentir bien entouré.

Tes projets pour la suite ?
Je compte sortir un autre EP. J’aimerais vraiment pouvoir jouer un peu partout à l’étranger et multiplier les collaborations.

Palms Trax, Allemagne.

Noisey : Quand es-tu entré en contact avec la RBMA ?
Palms Trax : Mon pote Steve Braiden avait participé à l’édition de Londres en 2010 et m’en avait parlé. Il m’a conseillé de postuler. Je ne savais pas vraiment ce que c’était mais mon pote m’avait assuré que c’était une expérience musicale incroyable. Alors je me suis lancé. Quelques mois plus tard j’ai reçu une réponse positive. Répondre aux 32 questions m’a pris 3 jours, d’ailleurs, j’ai réussi à récupérer mon dossier il y a deux semaines et c’était vraiment drôle de revoir ce que j’avais écrit.

Tu comptais trouver quoi en y allant ?
Je pensais qu’on allait tous s’asseoir et écouter des mecs parler, écouter de la musique, etc. Mais en fait, c’était totalement différent. On est arrivés à Tokyo et tout s’est passé super vite. Les studios étaient incroyables, on avait un environnement de travail génial. Ça m’a vraiment mis une claque et je ne peux que recommander cette expérience. Puis le soir, on nous organisait des soirées, on mixait dans de supers endroits. Alejandro Paz a joué dans un entrepôt par exemple. C‘était vraiment cool et on n’a pas eu un seul moment pour s’ennuyer.

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Comment ils t’ont aidé concrètement ?
Je pense que pour chacun d’entre nous c’était différent. Moi c’était surtout au niveau de la production. On nous donnait pas mal de conseils techniques aussi. On jouait ce qu’on faisait et on avait des retours de grands noms donc ça nous a peut-être aussi appris à avoir plus confiance.

Si tu pouvais modifier quelque chose dans le fonctionnement de l’académie ?
Il faudrait que ce soit plus long : un mois au lieu de deux semaines. En plus, à la fin des deux semaines, tu t’es fait ton petit groupe de potes donc tu aimerais bien que ça continue, pour travailler avec tout le monde, faire des collabs, etc. On avait vraiment un rythme soutenu, c’était très intense.

Tu as pu travailler avec les autres étudiants ?
J’ai eu de la chance en fait car je portais un tee-shirt PPU et Mickey de Grand IV est venu me voir et m’a dit « putain mec, j’ai fait des morceaux pour ce label ». Après, on s’est retrouvé en studio avec lui et Larry Gus et on n'a fait que bosser. Il y avait vraiment une bonne ambiance et une bonne atmosphère de travail.

T’as prévu quoi pour la suite ?
J’ai un remix qui devrait sortir et un autre EP avant la fin de l’année j’espère.

Tu penses rester en contact avec la RBMA ?
Bien sûr, aujourd’hui on est tous devenus potes. J’aimerai vraiment pouvoir y participer à nouveau, je me mettrai dans un coin, je n’embêterai personne !

La Mverte, France

Noisey : Ton intronisation à la RBMA, ça s’est déroulé comment ?
La Mverte : J’ai connu la RBMA avec les conférences des années précédentes qu’ils mettaient sur le net. Ils ont des intervenants de qualité et j’ai toujours trouvé intéressant d’entendre leur parcours. C’est comme ça que j’y suis venu. Après, j’ai fait mon premier EP dans le studio où se trouve aujourd’hui le studio RedBull à Paris. On m'a conseillé d’envoyer mon dossier. Je me suis lancé et j’ai été pris. J’ai rempli mon dossier le dernier jour. J’ai pris deux bouteilles de vin et j’ai répondu aux 32 questions en six heures.

Ça représentait quoi la RedBull Music Academy pour toi ?
À la base, je m’attendais à quelque chose de plus « hands on » sur la musique avec plus de technique et de pratique. Mais en réalité on a eu le droit à des conférences, des one to one, des workshops, etc. C’est super intéressant mais bon, des fois c’est un peu « ma vie, mon œuvre » et à la longue, ça devient chiant. Par contre, je ne m’attendais vraiment pas à passer du temps en studio avec des gens de différentes cultures, ayant différentes approches de la musique. Je pensais qu’on serait chacun dans notre coin et du coup j’ai beaucoup appris en travaillant avec les autres. C’est un peu la face cachée de l’iceberg.

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On m’a dit justement qu’il n’y avait pas assez d’heures en studio. Tu es d’accord ?
Le truc c’est que les heures de studio, on les a trouvées ! Pendant 15 jours on n’a pas dormi. Ce qui est cool c’est que même si c’est Red Bull Music Academy, à aucun moment pendant ces deux semaines, on n’a pas parlé de la cannette et de la marque, c’était vraiment axé sur la musique. On n’est pas des artistes brandés RBMA. On a une vraie relation sans aucune arrière-pensée ; on ne se vend pas à eux et eux ne nous vendent pas non plus.

Vous n’avez pas de contrat avec eux ?
Non, c’est plus du mécénat. Le fait est que RedBull nous a pris sous son aile. En France, c’est assez compliqué quand tu es artiste d’être « affilié » à une marque. Ça ternit tout de suite ton image. Mais ceux qui ne travaillent pas avec RedBull ne peuvent pas le savoir. On a vraiment une relation saine, personne ne suce personne, il y a beaucoup de respect. Les gens en France voient ça comme une marque, un artiste et une affiliation, alors que ce n’est pas forcément le cas. En Angleterre ou aux USA c’est différent : tu ne pars de rien et une fois que tu as réussi dans une entreprise vers 40-45 ans, que tu as fait du profit, que tu as fait de l’argent, tu subventionnes des projets artistiques ou des projets culturels. C’est de la transmission. Tu donnes de l’argent à des gens qui n’ont pas forcément les moyens de faire ce qu’ils veulent. Avec Red Bull c’est un peu ça. À aucun moment les gens de Red Bull m’ont dit « il faut que tu fasses ça ou ça ». Ils ne m’ont jamais rien imposé. Je ne fais pas partie de Red Bull mais je suis très content d’avoir fait la RBMA.

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Les gens ont peut-être aussi peur que Red Bull s’accapare tous les domaines, ils sont présents dans la danse hip-hop avec le Red Bull BC One, dans le foot avec les Red Bulls de New York, dans la F1, le Cliff Diving, le Parkour, etc.
On parle de Red Bull mais c’est vrai pour beaucoup de marques. Je ne suis pas du tout le sport mais mais en F1, ils investissent des millions et des millions, alors que la RBMA leur coûte beaucoup moins cher. Avec moins de moyens investis dans la RBMA, ils font de meilleurs résultats que dans la F1, tu vois ? Il faut plutôt voir ça comme du mécénat. Bien sûr, il y a du marketing derrière tout ça mais dans tout le process, il y a beaucoup de vrai.

Si tu devais y apporter des changements ?
Je m’attendais à des workshops pratiques avec des vraies questions-réponses mais au sein des élèves, il n’y a pas que des producteurs, il y a des chanteurs, des DJ’s donc on a tous des attentes différentes.

Le gros plus donc c’est d’avoir pu jouer avec différents artistes ?
Oui, la collaboration, et puis on était à Tokyo ! Je n’y avais jamais mis les pieds et là, j’ai eu l’opportunité de jouer dans une rave dans un immeuble en construction. C’était fou, on avait tous des masques de protection, c’était blindé. J’ai entendu dire qu’il y avait un poste de police à côté et qu’ils leur auraient un peu graissé la patte pour qu’on puisse jouer tranquillement. Ça, c’est quelque chose qu’ils ne pourront pas faire à la rentrée à Paris.

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Tes projets pour la suite ?
J’ai sorti un EP sur Her Majesty’s Ship, le label de David Shaw, et fin avril j’ai fini de monter mon live. Je vais jouer dans plusieurs festivals, Rock en Seine fin août, Scopitone à Nantes et le CU à Liège en septembre. Cet été, je me concentre sur l’écriture de l’album et j’ai quelques DJ sets avec David. Donc je vais vraiment me concentrer sur l’écriture en espérant que l’album sorte l’année prochaine.

Mumdance, Angleterre

Noisey : Ce qui m’a surpris te concernant c’est que tu avais déjà une certaine notoriété et tu t’es quand même présenté à la RBMA. Pourquoi ?
Mumdance : Je pense qu’il est toujours important d’apprendre. La RBMA a été un bon moyen d’apprendre de nouvelles choses. J’avais déjà postulé trois fois, et je pense qu’ils se moquent de la notoriété que tu as, ce qu’ils cherchent ce sont des gens qui peuvent travailler ensemble et qui veulent apprendre. J’adore collaborer avec d’autres artistes donc c’était l’endroit parfait pour ça.

Tu savais comment ça fonctionnait ?
Je ne savais pas à quoi m’attendre. J’avais regardé pas mal d’interviews sur leur site. J’adorais ça car il y avait toujours de bons intervenants. Je voyais ça comme un endroit où des gens du monde entier seraient mélangés pour parler de musique. Avoir tout ce melting pot, c’était génial. Une fois là-bas, on ne se souciait plus que de la musique.

T'y as appris quoi ?
J’ai vu des personnalités que je n’aurais peut-être jamais rencontrées. On a eu la possibilité de travailler tous ensemble, c’était vraiment cool. J’ai collaboré avec Chelsea de Nouvelle-Zélande, et d’autres. Puis, on était à Tokyo c’était incroyable, même si je ramassais pas mal à cause du jetlag… Je m’endormais en studio et en cours.

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Les anciens élèvent disent que ça ne dure pas assez longtemps, c’est ton avis aussi ?
Oui, on fait tellement de chose qu’il nous faudrait plus de temps pour tout bien faire. Il n’y avait pas de journées dédiées aux sessions en studio par exemple. Donc avoir plus d’heures de studio, ça aurait pu être cool.

Parle-nous un peu de ta relation avec Novelist.
On s’est rencontré dans une soirée style Boiler Room à Londres. Je ne me rappelle plus qui jouait mais il y a avait Novelist et quand je l’ai entendu, j’étais là « Putain il est bon ! » Il n’avait que 17 ans. Une semaine plus tard, il participait à une émission de radio à côté de chez moi donc j’y suis allé, et je lui ai proposé de venir en studio. Deux jours plus tard, on était chez moi à faire du son.

Courtesy, Danemark

Noisey : Quand as-tu entendu parler de la RBMA pour la première fois ?
Courtesy : Il y a environ 8 ans, je crois. J’avais booké Brandt Brauer Frikun, un super groupe allemand, pour leur premier concert danois. Daniel Brandt, le leader faisait partie de l’académie. C’est comme ça que j’en ai entendu parler. Après, j’ai postulé pour la session à New York mais je n’avais pas fait ça sérieusement, j’avais rempli mon dossier en une journée. Puis j’ai reçu une lettre me disant que j’étais l’un des dernières à me démarquer et que je devais me représenter l’année suivante. Ce que j’ai fait en remplissant mon dossier sérieusement. J’ai mis deux mois à le remplir. J’avais aussi plus de matière, je faisais de la production donc je leur ai envoyé mes projets, et j’ai été acceptée.

Tu imaginais quoi à propos de cette « académie » ?
Que ça allait être beaucoup de travail avec d’autres participants. Je voyais ça comme une énorme interaction entre nous tous. J’avais un peu la pression de rencontrer tous ces artistes incroyables. J’étais intimidée. Quand j’ai reçu le courrier m’annonçant que j’étais acceptée, j’ai passé deux mois à pratiquer, à m’entraîner, pour essayer d’être au top.

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En quoi la RBMA t’a aidée ?
Ce qui était fou c’est qu’en studio, dès que je travaillais sur un truc, D-Bridge pouvait entrer et venir m’aider. Puis deux heures après, Just Blaze arrivait et disait « Allez, bossons là-dessus ensemble ». Travailler avec tous ces grands producteurs m’a beaucoup appris. En rentrant, j’ai contacté le patron d’un grand studio pour faire un stage. Je voulais apprendre comment utiliser tout le matériel. Je voulais vraiment savoir comment bien produire pour sortir de la musique de qualité.

Tu as aussi appris des autres élèves ?
On n’était pas forcés de collaborer. On le faisait si on le voulait. Ce qui était vraiment intéressant c’était de voir la manière dont chacun travaillait. On venait de plein d’endroits différents avec différentes approches de la musique et c’est ça qui était cool. Certains d’entre eux sont devenus de très bons amis maintenant. On a construit des relations fortes et je les inviterai clairement à mon mariage. Quand j’ai joué à Tokyo et que j’ai vu les autres étudiants présents ça m’a fait vraiment plaisir.

Si tu devais apporter des modifications ?
C’est vrai qu’on manquait de temps pour tout faire. J’ai beaucoup pleuré quand c’était fini, c’était trop court. Je pense que faire des sessions d’un mois serait parfait.

Tes projets pour la suite ?
Je suis toujours en stage au studio. Je collabore beaucoup, je prépare plusieurs remixes et je suis invitée sur plusieurs festivals. Je viens aussi de lancer mon label de techno, Buldermørk [qui signifie « très sombre »] et on va essayer d’enregistrer notre premier projet vite et d’organiser une soirée ensuite.

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Christian Kroupa, Slovénie

Noisey : Comment es-tu venu à la RBMA ?
Christian Kroupa : J’écoutais déjà la RBMA radio et les sets de certains anciens élèves des éditions précédentes. Mon premier contact s’est fait l’an dernier. Un pote à moi avait une émission de radio en Slovénie et m’a conseillé de postuler. C’est grâce à lui que je suis là aujourd’hui.

Tu connaissais quoi d’autre à propos de l’académie?
Je ne connaissais que leurs émissions de radio et quand j’ai reçu un mail pour me dire que j’étais accepté, j’ai commencé à m’y intéresser de plus près. Je me suis renseigné sur ce que c’était et j’ai essayé de voir ce que ça pouvait m’apporter. Quand j’ai vu que des mecs comme Flying Lotus étaient des anciens de la RBMA, je me suis rendu compte que c’était vraiment un gros truc.

Tu pensais qu’ils pouvaient t’apporter quoi en particulier ?
Je n’avais pas vraiment d’idée précise. Je ne m’imaginais pas y participer un jour. Je savais qu’on aurait des cours et qu’il y aurait d’autres participants mais je ne pensais pas qu’on aurait de tels intervenants. En fait, dans ma tête, on allait suivre des cours et faire de la musique, point.

Si tu devais donner un conseil aux élèves de l’édition parisienne ?
Tout simplement qu’ils croient en eux, qu’ils restent modestes et qu’ils fassent leur musique comme ils ont l’habitude de la faire. Il faut qu’ils soient eux-mêmes.

Si tu devais mettre un bémol à l’expérience ?
Ça dure juste deux semaines - c’est un peu court mais bon, c’est comme ça. À la base, je voulais dormir 7-8 heures par nuit mais c’était juste impossible. En gros, on dormait 4 heures et le reste du temps c’était musique, musique, musique.

Quoi de prévu en 2015 ?
Je n’ai aucune idée de ce qui va se passer maintenant. Beaucoup de gens me disent « Ouais, tu es une star maintenant », mais c’est faux. Je vais juste me concentrer sur la musique et essayer de me faire des relations. J’aimerais jouer dans plus de festivals et trouver un label.

Torus, Pays-Bas

Noisey : Ton entrée à la RBMA, ça s’est passé comment ?
Torus : J’ai entendu parler d’eux quand j’ai commencé à faire de la musique en 2012. Red Bull était partout et je suivais ce qu’ils faisaient dans la musique. Je faisais de l’experimental et ils étaient très présents dans ce milieu. En 2013, j’avais 20 ans et j’étais trop jeune pour y participer [Il faut avoir 21 ans minimum]. Tokyo a été la première édition à laquelle j’ai pu me présenter.

T’avais un plan d’attaque ?
Déjà, Tokyo me paraîssait être la ville la plus folle du monde. Je pensais qu’on allait rencontrer des artistes incroyables qui allaient nous donner des cours, nous transmettre leur savoir, etc. Ce qui m’a le plus plu c’est d’être en contact avec tous ces gens dont j’avais déjà entendu parler pour certains. Etre connecté avec eux c’était ça que j’espérais. Sinon, je n’attendais rien de particulier.

Tu as une requête au sujet de l’organisation ?
Je dirais qu’ils devraient rallonger la durée du séjour. Comme t’a dit LAO, on n’avait pas forcément assez de temps en studio, mais dans l’ensemble, c’était vraiment génial. J’aurais aussi aimé pouvoir jouer à plusieurs soirées à Tokyo mais on était beaucoup, donc c’était compliqué. Sinon, moins de canettes Red Bull car j’avais l’impression d’en être bombardé ! Après c’est un truc perso, car j’aime pas l’energy drink. Mais ça ne me dérange pas d’être affilié à Red Bull car ils font un job incroyable et nous soutiennent vraiment.

Ton plus beau souvenir ?
Je pense que c’était la dernière nuit, quand on échangeait les sons qu’on avait produits. On était tous bourrés et on a tous pleuré car on ne voulait plus se quitter. À ce moment-là, on a tous pris conscience d’avoir passé les deux semaines les plus folles de notre vie.

Quoi de prévu cet été ?
Je suis invité sur quelques festivals, j’ai un single qui vient de sortir et un EP qui sera dispo l’année prochaine normalement. Salim est sur Twitter.