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Music

On a discuté musique avec John C. Reilly parce que, hey, c'est John C. Reilly

L'homme qui a joué Steve Burle, Dewey Cox et Dale Doback à l'écran revient sur son amour pour Elton John et son dépucelage musical.

John C. Reilly m'explique qu'il vient de finir sa séance de méditation et qu'il s'accorde maintenant une petite tasse de thé aux fruits et aux pétales de rose.

« Ç

a a l’air vraiment prétentieux dit comme ça

», avoue-t-il.

Mais bon, tu m'as posé la question après tout.

»

Reilly passe son temps au téléphone pour la promotion de sa série

Check It Out with Steve Brule

, et je suis parvenu, sas trop savoir comment, à convaincre son manager de m'accorder une interview strictement musicale. Parce que bon, merde quoi, ce mec a quand même joué Dewey Cox dans

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Walk Hard

, il a un groupe qui s'appelle John Reilly & Friends et puis c’est lui qui a composé « Boats 'N Hoes » !

Donc, oui, on a décidé de parler musique avec John C. Reilly et le mec a beaucoup de choses à en dire, notamment que ses-artistes-préférés-de-tous-les-temps sont Elton John - qu'il a rencontré un jour autour d'une pièce de boeuf – et les Rolling Stones, et qu'il a chanté dans Shark Fighter -probablement un des meilleurs noms de groupe qui soit.

Noisey : Tes premiers pas dans la musique, tu les as fait avec quoi ?

John C. Reilly :

Comme la plupart des gens, j'ai commencé par la collection de disques de mes parents. Mon père adorait la musique irlandaise traditionnelle – les Clancy Brothers. Il était irlandais et c'était le genre de musique qu'on passait à la maison. Mes frères et sœurs avaient aussi des tonnes de 45 tours et d'albums. J'avais l'habitude d'écouter les Beatles, les Beach Boys, tous ces groupes des années 60, mais ce n'était que des noms pour moi. Je ne savais pas vraiment

qui

étaient les Beatles, à quoi ils ressemblaient, j'étais juste là : «

Ah ouais, ce disque avec tel titre

. » Puis, quand j'ai eu la vingtaine, ça a changé : «

Oh ! Les Beatles ! Yeah !

» Ça a l'air con, mais c'était comme ça.

Quel album des Beatles as-tu le plus écouté ?

Je ne sais pas. Probablement l'un des premiers. Mes sœurs écoutaient les Beatles dans leur chambre. Pour je ne sais quelle raison, les seuls disques que j'avais quand j'étais gamin c’étaient des histoires enregistrées. J'adorais ça. Et tout le reste, c'était un peu en fonction de ce que mes frères écoutaient et de ce qui me tombait entre les mains : Aerosmith, et tous les autres groupes qu'écoutaient les durs du sud de Chicago à la fin des années 70. Le premier artiste que j'ai vraiment aimé, c'est Elton John. Je l'écoutais tellement que les gens avaient pris l'habitude de m'appeler Elton. C'était le surnom le plus stylé du quartier.

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Qu'est-ce qui te fascinait chez Elton John ?

Je me rappelle simplement avoir reçu son premier best-of et les chansons me parlaient tellement… C'était un genre de musique différent, comparé à la pop de l'époque. Avec de vraies histoires. Les personnages de ses chansons étaient si évocateurs, comme « Daniel ». Il avait un sens de la mélodie si sophistiqué, et puis, peu de gens jouaient du piano à cette époque. Ma mère adorait les vieux classiques, et on avait un piano mécanique ; ça a été une grande influence. On passait toujours la même chanson, encore et encore – style « It Had To Be You

»

, ou un de ces vieux trucs. Quelqu'un l'avait trouvé d’occase. C'est une des choses qui m'a conduit à Elton John, ce piano, et cette qualité intemporelle. J'aime toujours Elton John.

Tumbleweed Connection

est un disque parfait à mes yeux.

Tu l'as déjà rencontré ?

Je l'ai rencontré une fois. [

Rires

] Ça n'a pas été un échange incroyable, parce que je suis tellement fan… Qu'est-ce que tu es censé dire quand tu rencontres enfin ton idole ? J'ai vite appris en rencontrant plein d'acteurs célèbres qu'il valait mieux la fermer et ne pas essayer d'établir une connexion personnelle, parce que c'est toujours différent de ce qu'on s'était imaginé. Donc si tu veux conserver l'image que tu as en tête, ferme-la, fais ton job, et souris. Ils sauront ce que tu veux dire, juste en te voyant sourire.

Notre rencontre a eu lieu à une soirée caritative. L'une de ces grosses fêtes organisées en marge des Oscars. D’ailleurs je crois que c'est Elton John lui-même qui l'avait organisée, pour la recherche contre le sida ou un truc du genre, et c'était le genre de soirée super stressante, parce qu'à chaque fois que tu bousculais quelqu'un, c'était Tom Cruise, Tom Hanks, ou Kirk Douglas.

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Ah ouais, ce genre de soirée…

Les gens pensent que quand t’es célèbre, c'est le genre de personnes que tu croises tous les jours. Mais c’est pas trop mon cas. J’ai l’impression d’être un imposteur à chaque fois que je me retrouve à des cérémonies de ce type. Ce genre de truc me stresse. Mais on était invités, du coup j'y suis allé avec ma femme. On est entrés et on crevait de faim, alors on s'est dit : «

Mangeons un truc et arrêtons de paniquer et d'essayer de parler à toutes les personnes qu'on voit

». On s'est servi deux grosses assiettes et on a cherché un endroit où s'asseoir. Toutes les places étaient prises, mais on a trouvé deux chaises. J'avale une grosse bouchée de côte de bœuf, je me tourne, et je me retrouve littéralement côté à côte avec Elton John. Et là, il me sort : «

Oh, vous avez justement choisi de vous asseoir à côté de moi avec votre assiette

» Et moi : «

Oh MERDE ! Putain. C'est pas comme ça que je voulais que ça se passe !

» Mais je mourrais de faim, et bon, qu'est-ce qui aurait été le plus gênant ? Me lever avec mon assiette et me tirer ? À un moment donné, je lui ai dis un truc du style : «

Je suis un grand fan.

» Et il m'a répondu : «

Oh, oui, bien sûr.

» Genre, ouais, c'est évident, on le lui dit quinze fois par jour.

Mais mon amour pour lui n’a pas bougé. J'aurais juste voulu qu'autre chose se passe, étant donné le nombre d'années que j'ai passé à penser à lui et à l’imaginer. J'aurais voulu que cette rencontre se passe différemment.

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Et ensuite, comment as-tu évolué musicalement ?

À la fin des années 70, le disco, et tout ce qui avait un vague rapport avec le disco, étaient subitement devenu nase. Dans la foulée, Elton John annonçait à la radio qu'il était bisexuel – je n'avais aucune idée de ce que ça voulait dire à l'époque – mais du jour au lendemain, il a cessé d'exister pour mon entourage. Et tout le monde a arrêté d'écouter du disco : c'était ringard, les gens n'en avaient plus que pour le hard rock. Ce rock bizarre et agressif a débarqué. J'ai commencé à écouter AC/DC. Et j'aime toujours ça. Et puis

Some Girl

s est sorti. C'était l'époque où je commençais à découvrir ma sexualité, vers 13 ans. Mes frères avaient organisé une fête à la maison, le genre de fête de dingue que tu organises lorsque tes parents quittent la ville pour le week-end, et il y avait tous ces filles bourrées qui dormaient à même le sol le lendemain matin. C'était le bordel total. Le sanctuaire de mon enfance avait été pris d’assaut par des barbares. Puis j’ai trouvé

Some Girls

, et comme je savais que ces mecs étaient bons, je l'ai mis sur la platine, et « Miss You » a démarré. Et là, je me suis dit, «

Oh mon dieu, les Rolling Stones ont réussi à rendre le disco cool

à nouveau

». J'adorais les Bee Gees quand j'étais jeune. J'étais à fond dans le disco. J'étais trop jeune pour ça, mais j'adorais. Je me revois danser en sous-vêtements en essayant d'avoir l'air sexy sur

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Miss You

, dans mon salon avec tous ces gens bourrés, endormis autour de moi.

J'ai développé une obsession pour les Rolling Stones. Je n'écoutais quasiment plus que ça. Parce que j'avais pris beaucoup de retard, aussi. Un été, j'étais tellement à fond sur « Shattered » que j'en ai fait une cassette où le morceau était enregistré en boucle, genre 15 fois d'affilée. Je me promenais avec mon lecteur cassette, et j'écoutais la chanson compulsivement, encore et encore, au point d'en connaître les moindres détails.

Tu as déjà rencontré un membre des Stones ?

Non. Je me suis retrouvé un jour dans le même restaurant que Mick Jagger et nos regards se sont croisés. Et je

savais

qu'il savait que je l'observais. Après ça, les gamins du quartier ont commencé à m'appeler Mick.

Tu fais de la musique ?

J'ai participé à pas mal de comédies musicales quand j'étais petit – presque toutes les pièces dans lesquelles j'ai joué étaient des comédies musicales. C'était ce que les gens voulaient voir dans mon quartier. C'est à cette époque-là que mon frère a monté un groupe qui s'appelait Shark Fighter.

C'est un putain de nom de groupe.

Ouais. Et j'étais le chanteur de Shark Fighter. Lui jouait de la batterie, il ne me laissait jamais la toucher.

Ah ouais, comme Brennan Huff dans Stepbrothers ! Tu ne jouais d'aucun instrument ?

Pas vraiment. Je n'ai appris la guitare par moi-même qu'assez tard, à l'université, quand j'avais 19 ans. Mais le guitariste du groupe était un mec qui vivait en face de chez nous et qui avait une Flying V. C'était assez génial, je dois dire. On jouait à des concerts de quartier. Ou bien on se mettait juste à jouer dans le garage, on ouvrait la porte et les gens se ramenaient.

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C'était quoi votre meilleur morceau ?

Oh, on en avait plein. Je voulais qu'on joue que des chansons des Rolling Stones. C'était les seules dont je connaissais déjà les paroles. « Respectable », « Jumping Jack Flash », « You Can't Always Get What You Want ».

Tu te la jouais « Mick » ?

Oh non. J'étais tellement jeune et timide, mais je savais chanter, du coup c'est ce que j'avais envie de faire. J'étais juste paralysé par la peur. Parce que mon frère et ses potes étaient plus âgés que moi, et que ces gars étaient les vrais hooligans du quartier. Du coup, j'étais pas vraiment un des leurs, juste le gamin bizarre qui joue dans des comédies musicales et chante dans le groupe.

Tu n'as jamais eu envie de continuer à chanter, plutôt qu'être acteur ?

Eh bien non. Pour te dire la vérité, dans mon quartier, je ne connaissais personne qui faisait de choses dans le genre – comédien ou musicien. On ne s’est jamais dit : «

Montons un groupe. Faisons plein de concerts. Enregistrons un album. Faisons ça bien.

» C'était plutôt : «

Ok, on joue deux-trois morceaux dans le garage ce soir ?

». On n'avait pas de référents donc pas d’ambitions. Pareil avec le cinéma. Jouer était quelque chose que je continuais à faire parce que c'était marrant et que j'aimais gens avec qui je le faisais, mais ce n'est que bien plus tard dans ma vie que j'ai réalisé qu'on pouvait gagner sa vie comme ça et que ça pouvait devenir mon métier.

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Ça a dû être un sacré moment.

C'était assez cool. C'était aussi un gros soulagement, parce que pendant longtemps, je me suis demandé ce que j’allais bien pouvoir foutre de ma vie.

Du coup j'ai continué à faire des films, à chanter pour deux ou trois trucs, à jouer de la guitare et d'autres choses. J'ai rencontré ce gars qui jouait de la basse alors qu'on tournait ce film,

Georgia

, et on a commencé un groupe de blues ensemble, parce que j'avais été bercé par ça, vu que je viens du sud de Chicago. On faisait des covers de Muddy Waters, Little Walter, ce genre de trucs. Je jouais de l'harmonica dans ce groupe, mais ensuite j'ai acheté une Gibson vintage pendant le tournage de

A Prairie Home Companion

et ça m'a fait réaliser que j'étais quelqu'un d'un peu trop optimiste pour le blues. Je suis meilleur en hillbilly. On a fait

Walk Hard

: j'ai rencontré un tas de musiciens grâce à ce film, et j'ai réalisé qu'il y avait toutes ces sous-catégories de musique que je jouais avec différentes personnes. Par exemple, je chantais dans un groupe country western avec Becky Stark et j'étais aussi dans un truc à la Everly Brothers. Je me suis dis qu'il faudrait que je rassemble toutes ces personnes, et c'est comme ça que John Reily & Friends est né.

J'ai une théorie selon laquelle quand tu atteins un certain degré de célébrité, tu accèdes aux cercles secrets des réseaux sociaux. Comme Kanye et Kim qui ont des Instagram privés que seuls eux connaissent.

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[

Rires

] Si c'est vrai, je ne suis pas au courant. En fait, je ne connais rien de tout cela, ce qui est parfois un peu frustrant. Tim et Eric ont tous ces retours à propos de

Check It Out

, et moi, je suis dans une bulle, et je leur demande «

Les gens regardent vraiment l'émission ?

» Et eux me répondent : «

Tu déconnes ? Les gens en sont dingues !

» Je ne suis pas sur Twitter ni ailleurs ; d'un côté ça permet de me protéger, mais d'un autre, ça me coupe de toute une expérience sociale. Je suis vieux !

T'es pas si vieux.

En tout cas, tu te sens vieux quand tu n'es pas sur Instagram.

Eric Sundermann est sur Instagram, mais a 27 ans le mois prochain et commence aussi à se sentir un peu vieux. Il est sur Twitter –

@ericsundy