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Music

Ian Hill effraye toujours les gonzesses

Bassiste de Judas Priest depuis 1970, Hill nous a parlé des sources de l'esthétique du groupe et expliqué comment se passait la vie sans K.K. Downing.

Le moteur vibrant de Judas Priest, c'est sans doute son indétrônable bassiste barbu, qui a vu passer en 45 ans d'existence au sein des Metal Gods toute une flopée de « Victims Of Change » sans jamais que ça n'altère sa conviction et son envie de distribuer les mandales les plus fatales du heavy metal présent, passé et futur. À l'occasion du dernier passage du groupe au Zénith de Paris le 17 juin dernier, soit deux jours avant sa prestation au Hellfest, on est allés lui demander de nous parler de ses souvenirs, de son rôle dans le groupe et de ses techniques de pointe en matière de drague psyché.

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Noisey : Ca fait quoi de bosser en studio sans Kenneth Downing pour la première fois ?
Ian Hill : Ca aurait pu être bizarre en effet. Ken est parti juste avant le Epitaph tour [rien à voir avec le label punk rock]. On a pris Richie [Faulkner, qui jouait avec Lauren, la fille de Steve Harris d'Iron Maiden] juste avant la tournée pour assurer, on le connaissait juste de réputation. À la fin de cette tournée, c'est devenu un ami autant qu'un collègue. Il a été vraiment bénéfique en termes d'expérience de studio. En fait, avant de rentrer en studio on connaissait déjà son sens de l'humour, il était déjà super intégré. Là où ça aurait pu être compliqué, c'est qu'on le voyait jouer uniquement les parties de Ken, du mieux qu'il pouvait. Et finalement, il s'est révélé à fond. Il a, comment dire… fleuri. C'était super.

Est-ce que cette tournée est une seconde épitaphe alors ? Vos adieux pour de vrai ?
Non, en fait. Je pense pas. C'était l'idée de l'Epitaph tour : ralentir un peu, lever le pied. Mais l'arrivée de Richie nous a redonné de l'énergie du point de vue créatif, tout simplement, alors on est repartis de nouveau !

Mon expérience personnelle avec Judas Priest est un peu étrange : j'ai découvert le groupe à la sortie de Painkiller, vers 10/11 ans. Et je me rappelle que ce disque m'effrayait littéralement. Je l'écoutais dans le noir, et c'était comme si je regardais L'Exorciste ou Shining. Je ne sais pas à quoi c'était dû, mais l'ambiance me foutait vraiment les jetons. Tu as connu ça, toi, le malaise ou la peur avec de la musique ?
Hmmmm. Ok, ouah. Le malaise, le frisson… je crois que c'était Ummagumma de Pink Floyd. Cette espèce de longue plage d'improvisation psychédélique absolument bizarre sur le disque, avec ce cri immense à la fin. On s'en servait pour effrayer les filles en fait [Rires].

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Ian Hill est tout à gauche.

Tant qu'à fouiller l'histoire, je me suis toujours demandé si vous aviez eu un modèle esthétique particulier pour créer cette scénographie, ces looks sur scène… Parce que vous avez quasiment créé cette imagerie à vous seuls.
On y a jamais réfléchi en fait. Ca a évolué tellement naturellement… On n'a rien ramassé de spécifique, ou alors sans le vouloir. On a grandi dedans, on n'avait pas de recul. British Steel, justement, c'était probablement le tournant dans cette esthétique. La pierre angulaire. La direction musicale, l'image, le moment où on a commencé à bouger ensemble sur scène…

Rien qui vienne spécialement de la littérature, du cinéma…
Ahaha, mon Dieu non. Un jour, Rob s'est pointé avec cet imper en cuir, ses T-shirts à trous, ces badges, ces clous. On s'est regardés et on a fait « wow, ça le fait ». On s'est mis à porter ces trucs, comme ça, et c'est devenu partie intégrante de notre démarche…

Tu es donc le dernier membre fondateur du groupe. Je me demandais quelle était ta vision de ta propre place au sein de Judas Priest après totues ces années ans…
Oh, je suis juste le bassiste, point [Sourire]. On a des bons songwriters dans le groupe. Ma place, je l'aime bien comme ça. Je tiens les fondamentaux dans les morceaux, j'hérite un peu de ce que Glenn [Tipton, guitare] et Scott [Travis, batterie] font…

Tu écrivais pourtant pas mal de morceaux, jusqu'à Stained Class en 1978 si je me rappelle bien.
En effet. Simplement, ce qu'écrivaient Glenn et Ken était vraiment un niveau au-dessus, et il faut savoir se mettre au service du groupe sans souci d'égo. Et puis c'est plus facile pour un guitariste de jouer ce qu'il amène plutôt que de traduire l'idée d'un autre, alors… [Sourire] je m'y suis fait, et ça marche comme ça depuis. Iris de Saint-Aubin d'Aubigny est votre Turbo Lover pour toujours, sauf sur Twitter.