PNL, Deux Frères, featurings
© Anthony Ghnassia

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Music

Le cimetière des featurings refusés par PNL

​Quand on peut dire non à un forceur international comme Drake, tout est possible.

Selon des sources plus ou moins avérées (Kim Chapiron pour ne pas le citer), PNL aurait foutu un vent à Drake, ce dernier leur ayant proposé de remixer « À l'ammoniaque » pour une version US officielle. Et quand on voit la tendance qu'ont N.O.S et Ademo de se retirer de toute forme de vie publique, de refuser à tour de bras les interviews (jusqu'à donner des sueurs froides aux plus vaillants journalistes d'entre nous - on rigole) et de laisser ainsi monter la sauce, on se dit que le Canadien n'a pas dû être le seul à forcer. Avant la sortie de Deux Frères demain, on s'est donc demandé quelles étaient les possibles collaborations refusées par PNL. Ça va du potentiellement plausible au carrément crédible.

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Les Victoires de la Musique

Sur ce coup c'était assez subtil. Les Victoires de la musique, édition 2017, voulaient les sélectionner. Problème : ils auraient concouru dans la catégorie « meilleur album de musiques urbaines », parce que la catégorie rap avait encore été supprimée (ça change en général tous les deux ans), donc autant dire une sous-catégorie à l’intitulé assez dégradant. Astuce salvatrice : plutôt que de refuser ils ont simplement demandé à concourir dans la catégorie « album de chansons », l’une des plus prestigieuses et classiques où ils auraient été en concurrence avec Julien Doré, Christophe Maé ou encore… Benjamin Biolay. « Auraient été », parce qu’évidemment ils n’ont pas passé le second tour. Mission accomplie.

Benjamin Biolay

Parce qu'on ne va pas nous faire croire que sortir un morceau comme ça avec de surcroît ce style de réalisation pour le clip n’était pas un appel du pied déguisé. L'autre possibilité c'est que Benjamin ait réellement cru sortir un bon son pour son public de base avec ce truc, ce qui est encore plus tiré par les cheveux comme hypothèse.

Kanye West

Parce que ce type mérite de se prendre des vents au moins autant que Drake, question d’équilibre.

Spider-Man

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En voyant les visuels promo pour Spider-Man Far from home à Berlin, Londres et Venise, ça saute aux yeux : il manque Paris et la Tour Eiffel. C’est forcément la faute de PNL qui squattaient le monument et n’ont pas daigné laisser un millimètre d’espace aux équipes du film. Et pour cause.

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Le personnage de Spider-Man, en ce moment (ça change en général tous les 4 ans), est interprété par Tom Holland. Autrement dit un jeune acteur de 22 ans qui est certes très sympathique mais qui a une fâcheuse tendance à faire d’énormes gaffes en révélant sans faire attention des éléments clés de l’intrigue de certains des films où il joue, des titres et des affiches censés être confidentiels, etc. Au point que les réalisateurs d’Avengers Endgame ne lui ont jamais donné le script entier du film, juste ses répliques, pour être sûrs de n’avoir aucune fuite.

Alors certes, ça aurait eu de la gueule d’avoir une mini-séquence où il joue le monte-en-l’air au dernier étage de la Tour Eiffel aux côtés de nos deux loustics, mais le risque d’une gaffe était trop élevé. On n’ose imaginer tout ce qu’il aurait pu faire foirer en terme de promo s’il avait participé à ne serait-ce qu’un seul plan du clip et s’était exprimé sur les réseaux sociaux juste après - un article des Inrocks est si vite arrivé.

Des apparitions dans des films nuls

On parle de rappeurs français qui sont invités à se produire en showcase au festival de Cannes, donc évidemment que des fous furieux aux narines chargées ont dû faire des pieds et des mains pour les convaincre de faire des apparitions dans des projets foireux. Il faut bien comprendre que s’il existe des gens suffisamment désespérés pour continuer de faire tourner Kool Shen dans des films, il en existe forcément pour viser plus haut, quitte à se prendre des râteaux.

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Des B.O de films nuls

C’est le même principe que plus haut. Rappelons que pour n’importe qui, c’est de l’argent encore plus facile qu’une apparition qui demanderait un travail d’acteur, même nul. Ici au contraire, il suffit de choisir un morceau de son catalogue et de négocier ensuite face à la prod’ du film qui le veut, que ce soit dans une scène, au générique, dans un trailer, etc. Cela peut même parfois intervenir in extremis dans la promo d’un film comme quand Jul a balancé le clip « Qui a dit », où concrètement des images du film XxX Reactivated ont été ajoutées à la vidéo, pareil pour Sofiane avec « Parti de Rien » pour le film Le Roi Arthur la légende d'Excalibur, etc. Et déjà là, vous voyez le problème avec PNL : vu à quel point ils se montrent prudents et soignés à propos de leur image, ce n’est pas pour se retrouver avec des séquences de blockbuster d’action hors-sujet en plein milieu d’un couplet de N.O.S qui nous chante son mal-être.

Du coup la seule fois où PNL a fait quelque chose d’approchant, c’était pour Le Monde est à toi, donc un film dont le titre se rapprochait déjà énormément du morceau utilisé sur la bande son « Le Monde ou Rien ». Et en plus c’était aussi ce son qui était présent sur le teaser. Et sur la bande-annonce plus longue. Et dans une scène du film, repris à tue-tête par les personnages principaux. De tous les tubes qui composent la bande originale c’est le plus mis en valeur. Si on ajoute à ça le fait que ce sont d’abord les rappeurs qui avaient pris contact avec l’équipe de Romain Gavras pour parler de réalisation de clip à une époque, on comprend que c’était déjà un cas très particulier.

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Jean-Louis David

Parce que clip après clip, photos après photos, le stylisme était de plus en plus poussé, on passait sans prévenir de la coupe de Trunks à celle de Sasuke, il est normal que le représentant de l’excellence française niveau capillaire ait tout tenté pour participer à cette incroyable épopée. Refus, problème de planning ou complot, le fait est que ça n’a jamais eu lieu. Est-ce vraiment un hasard si l’album tant attendu a fuité sur internet pile le jour de la mort du coiffeur ? L’Histoire jugera.

Le rap français (hors-QLF)

Niro est le seul qui les avait repérés avant l’explosion, et ça a été logiquement le seul à affirmer publiquement en interview qu’il les avait sollicités pour une collaboration, que le groupe avait poliment refusée en expliquant, déjà à l’époque, qu’ils préféraient pour le moment avancer de leur côté. Un dialogue normal entre artistes, mais ce sera le seul.

À la base on aurait dû aussi compter Guizmo vu qu’il avait fait un freestyle avec Ademo sauf qu’en jouant les archéologues de Youtube vous trouverez aussi un charmant : « Guizmo il joue le VIP, je ne suce pas c’est pas grave » chez N.O.S, donc le contact humain avait déjà l’air assez difficile. Ensuite il y a tous ceux qui les ont approchés après le succès, et là c’est un peu un festival de moments folklos puisqu’on a affaire à des approches aussi subtiles que quand vous recroisez un ou une « pote » à qui vous n’adressiez même pas la parole au bahut sauf qu’en fait maintenant c’est une bombe, du coup buffet gratuit pour les forceurs. On a eu des appels de phare de Booba à intervalles réguliers, avec un combo classique « merci du soutien #QLF » en réponse, donc un résultat à peu près équivalent à la friendzone que vit Jorah Mormont depuis maintenant plus de 7 saisons. En plus le duo a fait à peu près le même post de remerciements pour Rohff, Niro et tous les autres, donc bon, faut lâcher maintenant.

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Ce qu’ils pensent vraiment de leurs « collègues »

Histoire de finir en beauté. Il suffit juste d’être un minimum attentif à leurs débuts, en terme de positionnement et de textes. On avait certes une légère tentative d’ouverture d’Ademo sur sa mixtape Le son des halls volume 1 (on pouvait y retrouver son frère, ses potes de Corbeil ainsi que des rappeurs du 91 comme Scar Logan, Zekwe Ramos, Katana mais aussi Al Peco et Rim’K) qui se réduit déjà sur le volume 2 (où le seul rappeur qui n’est pas un proche est Mac Kregor). Et c’est tout.

Aucune invitation en retour, nulle part. Fatalement, que ce soit sur leurs morceaux solos ou en binôme, Ademo et N.O.S développaient déjà pas mal un côté ermites du rap (« les rappeurs sont des bitchs, on les voit qu’en tournée, j’évite de sortir ma bite, ça pourrait mal tourner », sacré Nabil) doublé d’un gros mépris pour le côté complètement faux d’artistes qu’ils voient comme les représentants d’un milieu de bouffons : « les MCS je les prends par dizaines, les auditeurs niquez-vous avec votre rap tah Walt Disney […] MC épargne moi tes jeux de mots, c'est pas parce que tu prends le bus que tu me feras croire que tu démarres au quart […] Ils insultent les mères, si j'y vais pas c'est pour pas que y ait du sang à rap contenders : première insulte, bim tiens dans ta mère […] Je respecte plus Kamini que ces pédales qui font les mecs wallah, ils demandent à papa maman de payer le studio, nous ça vient de la rue, quand on rap plus c'est que les decks nous sautent […] Chaud le rap, rien à voir avec ces merdes, ils ont moins de choses à raconter en un an, que moi en moins d'une heure ».

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Bref, mis à part leurs potes (qu’on retrouve sur les projets Que la famille, Le Monde Chico mais qui peuvent aussi inviter Ademo ou N.O.S sur leurs projets comme l’ont fait DTF ou S.Pion), ils n’étaient pas particulièrement jouasses à l’idée de se mélanger à qui que ce soit, et plus on avance dans le temps plus les allusions au milieu du rap se font rares, sauf pour réaffirmer l’inutilité des featurings extérieurs. Le name-dropping le plus direct était « 94 c’est le Barça ? 91 c’est le Brésil, ouais connard va le dire à Kery », qui relève plus de l’égotrip départemental qu’autre chose, et ce sera la dernière référence évidente à une tierce personne niveau rap. Vous l’aurez compris on oscille entre le côté revanchard, la défiance et l’indifférence assumée.

La seule fois où ils ont, à leur façon très discrète, signé un compliment en bonne et due forme à d’autres rappeurs qu’a priori ils n’ont pas côtoyé directement, c’est quand ils ont posté l’image d’une cover d’album sur Twitter, avant de la supprimer (on a essayé de la retrouver, ce fut un échec, c’est la fin d’un beau rêve). Pour situer la chose, c’était bien avant la sortie du Monde Chico, plus proche de la période Que La Famille, et beaucoup en étaient réduits à spéculer autour de leurs influences supposées. Notamment pour le côté emo-rap qui était déjà sérieusement présent et qui, pour ceux qui connaissaient la première partie de leur carrière, avait tendance à supplanter la rage pure des débuts. Bref trève de suspens à deux balles, c’était la cover de Mille et un fantômes, album du groupe Chien de paille (sorti en 2001), composé du rappeur Sako et du beatmaker Hal. Après peut-être que j’ai pas fait gaffe et que c’était un faux compte de fans qui a posté la cover, allez savoir. Mais pour ceux qui connaissent le style de texte que sortait Sako sur ce disque, le côté désabusé, introspectif et parfois dépressif se pose là niveau ressemblance, même si musicalement la forme finale adoptée par les deux frangins du 91 n’a rien à voir avec le rap du début des années 2000.

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