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Music

Marilyn Manson revisited !

De fiers représentants de l'underground français sortent une compilation en hommage à l'antichrist superstar. On l'écoute en avant-première avant sa sortie.
Marc-Aurèle Baly
Paris, FR
Marilyn Manson, compilation, France
capture d'écran du clip « The Nobodies » (2000)

Quand j’étais gosse, une rumeur persistante circulait dans la cour de récré : Marilyn Manson se serait lui-même brisé les côtes pour pouvoir s’auto-sucer. Rétrospectivement, ce mythe urbain, en plus d’avoir traversé les âges (un de ses fans lui posait encore la question pas plus tard que l’année dernière) permet de mesurer deux choses (et non, l’une n’est pas la taille de sa bite) : d’une part, à quel point on s’est souvent éloigné de la musique concernant Marilyn Manson. Mais aussi, de quelle manière sa persona, un poil carnavalesque, n'a jamais vraiment quitté les consciences, jusqu'à infuser un nombre non négligeable de sensibilités et courants musicaux depuis le milieu des années 90 – pour le pire et le meilleur, on est d’accord.

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La compilation Resurgence : Marilyn Manson Reeboot, qui reprend le meilleur des titres du shock rockeur, vient confirmer encore un peu tout ça. On ne s’étonnera pas qu’elle soit pilotée par Lëster et Emo Globin (de Club Medieval), tous deux versés dans le côté emo de la rave qui tache. Ni du casting qu’ils ont réussi à dénicher : Sentimental Rave, Paul Seul, Musique Chienne, Boe Strummer, soit que des gars (et des filles) férus de gabber qui tabasse, d'électronique salace et de trance qui dégouline. Une esthétique électronisante qui nous fait supputer, par ramifications, que ces mêmes gens ont dû s'en prendre une belle à la vision ou à l'écoute de Twin Peaks, Crystal Castles et Salem – surtout Salem à vrai dire.

Et vu que tout se mélange et que tout est potentiellement réhabilitable aujourd’hui, pourquoi pas Marilyn Manson ? Même si évidemment, la chose est un poil plus compliquée pour lui que pour d'autres. Déjà, parce qu’il n’a jamais vraiment été persona non grata à la table de l'intelligentsia rock (enfin, pas totalement) : toujours le cul entre deux chaises, ni trop arty ni trop bête de foire (et encore moins bête à manger du foin), le Liberace du metal (c’est une formule que j’ai trouvée du tac au tac, libre à vous de me jeter des cailloux) a opéré une sorte de croisement entre un Alice Cooper/Ozzy Osbourne pour le côté shock (soit : je ne lésine jamais sur la provoc' bon teint), et Trent Reznor pour le côté rock (soit : la musique), tout en prenant soin de toujours saper ses propres fondations. En résulte donc une musique aujourd'hui toujours aussi insituable, en mouvement et donc ductile. Et bien plus riche que ses histoires de zizi ou de croquemitaines n'auraient pu le laisser entendre - car comme le disait Hyacinthe (autre emo mais dans un autre genre) en ces pages, « la bite, c’est souvent l’arbre qui cache la forêt. »

La compilation Resurgence : Marilyn Manson Reeboot sort jeudi. Elle est en écoute intégrale ci-dessus.
À noter également que la release party du disque aura lieu le même soir à la Java. Tputes les infos sont disponibles ici.