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Music

D'après Oktober Lieber, l'enfer sera en fait plutôt frisquet

La dernière livraison du Turc Mécanique est un disque aussi froid qu'industriel, technoïde que gentiment horrifique. On écoute en entier l'album du duo parisien avant sa sortie pile poil pour Halloween.
Premiere, post punk, Le Turc Mécanique
© Titouan Massé

« On avait envie de faire un film d’horreur », lancent de concert Marion Camy-Palou et Charlotte Boisselier devant un verre de rouge au Bar du Marché de Montreuil. À cet instant précis, tout semble pointer vers ce hiatus si fréquent entre les fantasmes que peuvent (et veulent) véhiculer un groupe et la personnalité de ses membres. Il faut imprimer (façon de parler) cette vérité : les artistes qui produisent les oeuvres les plus sombres, violentes ou effrayantes sont toujours les plus gentils, accessibles et humains, tant il est « normal » d’avoir les idées noires face aux horreurs de la norme. Depuis qu’elles ont décidé de germaniser le nom d’une chanson de Chris & Cosey (« October Love Song ») pour s’en faire une peau commune, les filles d’Oktober ont semé les signes d’un rapport ténébreux au monde, remaniant dans leurs productions tout un vocabulaire allant de « cold » à « minimal » en passant par « indus » ou « goth ». « On n’a pas de cahier des charges mais on adore en effet tout ce qui est froid et linéaire », avouent-elles calmement, comme pour balayer d’avance les comparaisons, insistant sur le fait qu’elles font avant tout de la musique de club, dont la raison d’être reste la performance, ici et maintenant (c’est d’ailleurs sur scène que tout a commencé).

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On se repasse mentalement les roquettes technoïdes et glaciales de In Human, premier album dont la sortie tombe pile le jour de Halloween (une évidence pour ces fans de slasher et de science-fiction) et on évoque avec elles cette image de sorcières (métaphore un peu limite filée par des critiques paresseux à chaque fois que des femmes semblent en colère) qu’on n’arrive décidément pas à raccorder avec celle - affable, rieuse, un peu timide - qu’elles nous présentent en face à face. « La sorcière dans Buffy, c’est une grosse geek introvertie, et c’est la plus gentille », remarque la première en se marrant. « Non mais on est des monstres, des tyrans, on se bat tout le temps », redresse la seconde. L’essentiel est de laisser planer suffisamment le doute pour que le fantasme continue de prendre le pas sur le réel et que l’art fasse barrage au quotidien. Pour la légende d’Oktober Lieber et les romantiques qui aiment la voir imprimer, on rappellera que Satan est le Grand Séducteur et que cette gracieuseté de surface cache forcément quelques sombres secrets et blafardes malfaisances, ceux-là mêmes qui ruissellent sans discontinuer dans leur disque et leurs concerts.

Oktober Lieber sort son nouvel album, In Human, le 31 octobre sur le Turc Mécanique. Il est en écoute ci-dessus et en précommande ici.
À noter que la release party aura lieu le même soir à Petit Bain avec Marie Davidson, OKO DJ, Marai et Lamusa II. Les infos sont disponibles ici.

Michaël Patin est sur Noisey.

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