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Music

Pourquoi « L'Ovni » de JUL est mon disque préféré de 2016

Sobre ou bourré, seul ou accompagné, hilare ou tristounet, le dernier album de JUL a rythmé toute mon année.

Jul, c'est un peu comme le foot : ses fans les plus hardcore sont globalement hyper lourds, mais jamais autant que ceux qui manifestent bruyamment leur mépris et espèrent se distinguer dans des soirées moyennes en réclamant dix fois qu'on change tout de suite de musique quand il vient à passer (alors que c'est toujours le meilleur moment de la soirée). C'est aussi le genre de mec que ses détracteurs qualifient tour-à-tour (grosso modo) de Patrick Sébastien de l'Est ou de Magic System blanc, sans jamais s'apercevoir que dans les deux cas c'est carrément un compliment.

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Bref, vous êtes chiants, les mecs qui détestent Jul. Ok, on a compris, il ressemble à Butters en survêt', il fait des fautes d'orthographe, ses fans en font encore plus, et ses sons ne seront jamais aussi trve que ceux de Despo Rutti ou Gucci Mane. Ouais, il a carrément déconné en se retrouvant sur Konbini, NRJ et dans les signatures de mails de vos collègues pénibles. Mais je vais vous dire un secret : si lui s'en bat les couilles, vous êtes sûrement capables d'en faire autant. Et Dieu sait qu'il s'en bat les couilles, et qu'il est trop occupé à discuter soupe au kiri avec ses fans pour parler zumba avec ses haters.

Parce que la vérité, c'est que comme chaque année, sans faire chier personne et en étant même le mec le plus adorable de la Planète Mars, Jul a sorti l'album que j'ai le plus écouté en étant sobre ou bourré, seul ou avec des potes, hilare ou tristoune. Et comme sur chaque album de Jul (soit 4 par an, en moyenne), il y a cette tension permanente entre joie enfantine, arrogance proto-gangster et mélancolie emo, comme dans les meilleurs morceaux des neomelodici italiens (matez un peu ce clip de l'inénarrable Zuccherino) et le meilleur film de Pascal Duquenne. Tout est condensé dans « Je fais le sourd », qui devrait bientôt être cité dans le dictionnaire à l'article « mélancolie », et qui représente l'étape suivante par rapport à un morceau comme « Ils m'ignorent », sur My World – parce que oui, Jul s'améliore en permanence, c'est un fait.

Pas ses clips, certes. Et on ne va pas se mentir : avant ce mois de décembre, personne ne l'avait jamais appelé « l'ovni » - sérieux, c'est quoi ce plan ? Mais j'ai beau avoir écouté quelques centaines d'album de metal, de screamo, de deathrock et autre post-punk cette année, j'ai beau ne porter que du noir chaque jour que Jah fait, je n'ai trouvé aucun autre morceau capable de me toucher autant que « Je fais le sourd », « Ah c'est comme ça », « Tchikita », « Peu m'importe » ou « C'est le son de la gratte ». J'ai eu des frissons devant son freestyle sur Skyrock où il lit ses paroles sur son putain de téléphone, et j'ai 29 ans.

J'ai maté presque tous ses Facebook Live et à chaque fois je me suis senti obligé de commenter pour lui dire que je l'aimais, comme des milliers d'autres avec qui je n'ai a priori rien en commun. J'ai fait le signe Jul sur la moitié des photos sur lesquelles je suis apparu cette année, contre tout bon sens. Et ça me rend heureux. D'ailleurs, je compte bien continuer. J'imposerai On m'appelle l'ovni à Noël à ma famille, à la place de l'éternel album de Dire Straits qu'on met à l'apéro tous les ans. J'assumerai. Jul est le meilleur truc qui soit arrivé à la France depuis le plan Marshall, et tant pis pour vous si vous préférez aller voir Oxmo Puccino et Passi à Bercy ou mettre des guillemets quand vous daubez sur sa « musique ». Au pire, on se verra au concert de Jul sponsorisé par Nova en 2036.

Sébastien est sur Twitter.