Que sont ces gadgets étranges dans la « salle de crise » de la Maison-Blanche ?

Il y a cinq jours, le président Trump a ordonné un tir de missiles sur la Syrie en réponse à une attaque à l'arme chimique qui aurait tué 70 personnes environ, et qui a été attribuée au régime de Bachar el-Assad.

Trump était dans son domaine de Mar-A-Lago, en Floride, lorsque 59 missiles Tomahawk ont été lancés depuis des navires de guerre américains. On estime que six personnes ont trouvé la mort lors de cette attaque, selon un communiqué du Commandement général des Forces armées syriennes.

Peu après, Trump et son équipe se sont réunis dans « une pièce petite, simple, où tout le monde s'est assis sur des chaises de réception de mariage afin d'assister à une conférence vidéo sur les frappes en Syrie. » Selon des spéculations, il s'agissait d'une SCIF mobile, c'est-à-dire d'un espace clos ultra sécurisé que la Maison-Blanche destine à l'échange d'informations sensibles. On l'utilise parfois pour traiter des informations classifiées. Ici, on est de toute évidence en présence d'une pièce non identifiée de Mar-A-Lago, estampillée d'une étrange pancarte « ZONE DE REPOS. »

Le directeur de la communication de la Maison-Blanche, Sean Spicer, s'est permis de tweeter une photo du bunker en question.

Tout Twitter s'est alors posé la question : ces drôles de gadgets posés négligemment sur la table, quels sont-ils ? Personne n'avait jamais vu de tels appareils auparavant. L'administration Obama utilisait des ordinateurs portables lors du raid de 2011 contre Oussama ben Laden, par exemple. Et Trump est un luddite assumé, s'étant déjà exprimé maintes et maintes fois sur son scepticisme quant à la technologie et à l'entrée dans « l'âge des ordinateurs. » Il éviterait même d'envoyer des emails.

« Je me pose aussi la question. Je n'avais jamais vu de tels appareils auparavant », m'explique Tommy Vietor, ancien porte-parole de la sécurité nationale sous Obama.

« Tout à gauche, on voit un moniteur sur lequel est monté une caméra. Il s'agit probablement d'un système de vidéoconférence sécurisé. Mais les gadgets en noir et blanc, je ne sais pas ce que c'est. Celui situé juste devant Reince semble présenter des entrées câble ou une prise casque, mais je ne peux pas en dire beaucoup plus. Ce sont peut-être de petits écrans, ou de simples récepteurs audio ? S'il s'agit vraiment d'une SVTC [vidéoconférence sécurisée] avec le SecDef [secrétaire à la Défense] et le CJCA [président du Comité des chefs d'état-major interarmées], je soupçonne que nous voyions là le matos de télécommunications de la Maison-Blanche », ajoute-t-il.

Vietor m'a rappelé que le staff de Trump n'entretient pas une très bonne relation avec tout ce qui concerne la sécurité informatique. Lorsque la Corée du Nord a lancé un test de missiles en février dernier, Trump et ses aides ont utilisé la fonction lampe de poche de leurs téléphones afin d'examiner des documents sensibles. La lampe de poche de smartphone est très pratique lorsque vous êtes ivre et que vous tentez désespérément de trouver vos clés dans votre sac couvert de bière, mais lorsque vous êtes un employé fédéral en service, agiter un appareil photo au-dessus de documents ultra confidentiels, c'est chercher les ennuis.

Optimiste, Vietor nous dit : « Même si le staff de Trump est totalement incompétent, l'agence de communication de la Maison Blanche, elle, connaît son métier. Ce sont des pros, des durs à cuire. »

Il est possible que la boîte noire que l'on discerne à gauche de la photo soit un Cisco TelePresence Touch, selon Brian Roemmele. La version 8 pouces de cet appareil de conférence ressemble beaucoup à celui que l'on voit dans la salle de crise de Trump. Difficile d'identifier les autres boitiers encadrés de blanc. Si ces appareils sont vraiment des gadgets ultra sophistiqués, ce n'est certes pas pour rien que vous n'en voyez pas sur le bureau de votre collègue de bureau. Les boîtiers « sont peut-être des microphones », nous confie Justin Iovine, technicien VICE au sein des bureaux de Brooklyn.

« Le panneau tactile ressemble à un écran tactile AMX. Ils utilisent très probablement un codec [dispositif de codage de données] pour le système de téléprésence. C'est plus sûr que d'utiliser Skype, Google Hangouts, BlueJeans, et cela permet de contrôler une ou plusieurs connexions sécurisées en même temps pour les conférences de groupe. »

J'ai tenté de contacter la Maison Blanche pour obtenir une réponse à mes questions, en vain.

Si vous êtes en mesure d'identifier ces appareils mystérieux, merci d'écrire à sarah.emerson@vice.com.