Leur nom vient du latin « sede vacante » qui signifie que le siège de Saint-Pierre est vacant et désigne la période entre la mort ou la démission d'un pape et l'élection de son successeur. En réalité, pour eux le siège de Saint-Pierre n'est pas vacant mais occupé par le chef des modernistes depuis le Concile Vatican II. C’est ce que ce courant très minoritaire dénonce et qui le place en marge du clergé ordonné durant ces cinquante dernières années. Considérés comme hors-Eglise par le Vatican, les fidèles de ces chapelles se veulent les gardiens d'une religion et d'une société qui vont courir à leur perte.Ouvert en décembre 1961 par Jean XXIII, puis poursuivi à sa mort en 1963 par Paul VI, ce concile (qui se clôture en 1965) a, comme l’explique Paul Airiau, pour « objectif premier de mettre à jour la manière dont le catholicisme se définit vis-à-vis du monde et ça a abouti à des changements partiels de contenus » comme la rénovation et la simplification des rites, le passage de la messe en latin à celle en langue vernaculaire, l'égalité entre les membres du « peuple de Dieu », la liberté religieuse, la reconnaissance des autres Églises chrétiennes ou encore le rapprochement avec les autres religions non-chrétiennes notamment juive et musulmane. « Le but n’était pas de rompre la foi mais d’en proposer une exposition rénovée et adaptée à la situation contemporaine. Cette transformation était légitime sauf pour des gens comme Mr. Lefèbvre, la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X ou les sédévacantises qui y ont vu une rupture au niveau du contenu de la foi », ajoute-il.« La femme a été voulue par Dieu pour transmettre la vie, pour la donner. Quand elle se détourne de sa mission, elle devient quelque chose de, si je suis gentil, je vais dire d'étrange » – Abbé Gilles Roger
Pour lui, la Manif Pour Tous ne va pas encore assez loin. « C'est souvent le problème. J'aurais aimé entendre que notre société actuelle ne peut pas vivre comme ça, avec ce genre de pratiques et de couples. Est-ce que Dieu a parlé ? Est-ce que Dieu a donné son avis sur cette question ? Oui, Dieu a répondu avec Sodome et Gomorrhe. J'aurais aimé qu'on nous dise que si on va contre la loi de Dieu, sa réponse viendra tôt ou tard. Après, je suis plein de compassion pour les individus, on n’est pas là pour condamner les personnes mais on n’est pas là non plus pour autoriser ce qui va contre la loi de Dieu, contre la loi naturelle, contre le bien-être des sociétés. »« C'est une forme de contestation qui s'alimente de l'opposition systématique de ce que fait l'Église catholique, de ce que fait la Fraternité Saint-Pie X, de ce que pensent les uns les autres. Ça, c'est la dimension négative » – P. Airiau
Chaque dimanche dans ce quartier proche de la gare, il n'est pas compliqué de reconnaître ceux qui vont s'engouffrer par le portail en métal blanc du numéro 88 de la rue d'Allonville. Surtout les femmes, qui pour la plupart portent déjà un foulard ou un couvre-chef, obligatoires à l'intérieur de la chapelle. Selon P. Airiau, cela vient « d’une interprétation d’un texte de Saint-Paul qui dit que la femme doit avoir un voile sur la tête et c'est devenu plus ou moins une norme dans le monde traditionaliste. À la base, c’était beaucoup pratiqué dans les campagnes où toutes les femmes sortaient avec quelque chose sur la tête. Après Vatican II, ça a été réinterprété comme un signe de décence et de la volonté divine. Là, on est vraiment dans la réinterprétation de quelque chose qui était juste une pratique sociale sans aucune autre implication religieuse particulière. » Au niveau des hommes, peu de signes distinctifs montrent leur dévotion à Dieu. Cheveux courts, interdiction des bermudas et des chemises à manches courtes, pour l'historien, « c'est encore une manière de se distancier de la société où les normes vestimentaires on beaucoup changées alors que ce n'est plus le cas dans une bonne partie du catholicisme. Il faut garder le contrôle de soi-même et ça passe par le vêtement ».Extrait d'un sermon du 6 janvier 2019 :
« (…) Il a fallu ces trois manifestations (N.D.L.R. : prosternation des rois mages devant Jésus, baptême de ce dernier dans le Jourdain et les Noces de Cana) pour précisément donner toutes les possibilités à ceux qui n'avaient pas compris que c'était lui le messie attendu. Et en particulier les juifs qui vivaient dans cette espérance de la venue du messie mais nous savons qu'ils vont refuser notre Seigneur Jésus-Christ parce qu'ils ne veulent pas de quelqu'un qui vient les sortir de leurs mauvaises habitudes, de leurs pêchés, de leurs turpitudes. »
Peu importe qu'il s'agisse d'une institution catholique ou pas, à partir du moment où celle-ci est fermée et sans contrôle, de nombreux exemples montrent (comme en Australie) que l'une des manières d'utiliser son pouvoir sur les enfants, c'est de le faire via la sexualité. Sans broncher, D. m'affirme pourtant, « que la seule religion qui condamne la pédophilie c'est le catholicisme. Ce n’est pas condamné dans le judaïsme et c'est très pratiqué, pareil pour l'islam. » Il condamne aussi le viol, l'avortement et l'homosexualité mais le récent documentaire d'Arte sur le viol des religieuses et l'ouvrage Sodoma de Frédéric Martel nous montrent bien qu'en matière de géométrie variable, l'Eglise niquerait tout le monde au concours Kangourou.« La seule religion qui condamne la pédophilie c'est le catholicisme. Ce n’est pas condamné dans le judaïsme et c'est très pratiqué, pareil pour l'islam »