I’m In The Band : Audrey Ginestet d’Aquaserge

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I’m In The Band : Audrey Ginestet d’Aquaserge

Premier volet de cette nouvelle rubrique consacrée à la place des femmes dans l'industrie musicale. Nous sommes allés passer un moment avec la bassiste d'Aquaserge pour parler de liberté, de Black Flag, de préjugés et de blagues de techniciens.

En 1987, Pamela des Barres publiait I'm With The Band, un livre où elle racontait sa vie de groupie. En 2016, c'est la journaliste Sylvia Patterson qui sortait I'm Not With The Band, qui retraçait son parcours dans le paysage musical anglais. Et si les meufs étaient enfin « in the band » ? Qu'est-ce que ça fait d'être une femme musicienne ? Et qu'est-ce que ça fait de jouer avec des personnes qui sentent fort le Brut de Fabergé ? Chaque mois, un portrait d'une musicienne entourée de dudes, qui n'est pas « avec » le groupe, mais « dedans », comme les grands.

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Texte - Marine ND
Photos - Élodie Zaïg J'ai rencontré Audrey Ginestet par le biais d'amis communs, au mois de juin dernier. Nous passions un weekend tous ensemble, et j'avais eu beaucoup de mal à lui adresser la parole. Il se dégage en effet d'Audrey un truc assez puissant, une force aussi rassurante que tranquille qui te prévient quand même qu'il ne faut pas trop lui casser les couilles, chose pour laquelle je suis assez douée. Pourtant, alors que je flottais mollement dans une bouée donut, me préparant à l'un des coups de soleil les plus vénères de mon été 2016, on a commencé à parler féminisme, de ce que ça changeait d'être une fille dans un groupe de garçons, et des obligations que tu pouvais avoir en tant que femme.  Audrey avait plein de choses à dire sur le sujet : en plus de travailler dans le cinéma, où elle fait de la post-production, elle est aussi la brillante bassiste d'Aquaserge, qui a d'ailleurs sorti dernièrement un album superbe, Laisse Ça Être. Quelques mois plus tard, je lui ai donc balancé mes interrogations : ça fait quoi d'être une fille dans un groupe de mecs ? Est-ce qu'elle ressent une pression particulière ? Qu'est-ce qu'elle en retient ? Audrey a accepté d'inaugurer cette série mensuelle, permettant, on croise les doigts, de poser un autre regard sur la place des meufs dans la musique. Préparez vos male tears : on va parler féminisme, misogynie, et évoquer vos blagues de cul minables.

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Noisey : Qu'est-ce qui t'a donné envie de faire de la musique ?
Audrey Ginestet : Cela venait d'un désir de liberté. Quand j'étais petite, on m'offrait des jouets qui faisaient de la musique et j'ai toujours fait des chansons dans mon coin. J'avais un poste cassette audio qui enregistrait : à huit ans je me faisais des compilations avec les morceaux que j'aimais à la radio, et je m'enregistrais aussi par la même occasion, j'avais même fait une cassette pour parler à mes parents : une façon de leur dire « maintenant, vous m'écoutez ».  J'étais aussi la meilleure de la classe en flûte, mais mon côté autodidacte faisait que je n'étudiais pas le solfège. Je retenais tout par cœur. Je me souviens, traumatisée, qu'une fois la prof nous avait donné un morceau qu'elle n'avait pas fait écouter avant. A l'époque, il n'y avait pas internet, je n'avais pas pu l'entendre et puis je ne savais pas lire la musique. Je me suis faite engueuler, en mode « tu te prends pour Mozart ? ». C'est là que j'ai dit stop au solfège. Mais j'ai la chance d'avoir une oreille.  Dans ma famille néanmoins, on n'écoute ni ne fait de la musique : on fait du cheval. Donc j'ai fait du cheval. Personne ne s'est dit « tiens, on va la mettre au piano ». Souvent les gens pensent que c'est un don qui se transmet, et c'est dommage. Mais à 14 ans, j'ai eu un accident, et j'ai switché du cheval vers la basse.

Pourquoi la basse ?
Je commençais à écouter du punk, et mon voisin m'avait prêté une vieille guitare acoustique. Je me suis aperçue que je jouais les lignes de basse. J'ai donc fait chier mes parents jusqu'à ce qu'ils m'en achètent une. Je me suis entrainée à fond dans ma chambre pour réaliser les lignes des morceaux que j'écoutais. Pas mal de titres de The Cure, mais la première que j'ai apprise était celle de « Six Pack » de Black Flag.

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La basse c'est pas un instrument qui fonctionne très bien tout seul, tu as monté un groupe ?
Je me suis rapidement mise à jouer avec les mecs et à fonder des groupes de punk. On se réunissait le mercredi et le samedi, on répétait dans les caves et dans les greniers à Albi. Dans les groupes de punk, j'étais toujours co-lead, jamais lead. Ce qui m'intéresse c'est quand nous sommes à niveau égal, comme dans Aquaserge.

As-tu joué majoritairement avec des garçons parce que c'étaient les seules opportunités que tu avais ?
J'avais une super copine, Elsa, qui était très branchée langue anglaise. Quand je l'ai rencontrée, en seconde, elle buvait des litrons de bière en écoutant du punk rock avant de commencer les cours. Nous avions toutes les deux des parents qui vivaient à la campagne et qui nous déposaient tôt devant le lycée, et on se faisait bien chier. Elle me traduisait toutes les paroles et elle chantait comme une énervée, un peu comme Nina Hagen, lyrique et punk. Je l'embarquais dans tous mes groupes. J'avais une alliée, c'était chouette.

Y a-t-il a une artiste qui t'a servi de modèle ?
Kim Gordon. Elle joue avec ses tripes, de manière primitive. Je me suis mise à la basse avant de connaître Sonic Youth, mais très vite, j'ai eu une sorte de projection. Kim Gordon était sexy, ok, mais il y avait ce côté sauvage, avec un gros son. Je l'aimais bien, et avec le recul, ce n'est pas une bonne bassiste, mais on s'en foutait à l'époque, c'était tout ce qu'elle représentait.

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Kim Gordon avait beaucoup de liens avec le mouvement Riot Grrl. Penses-tu qu'être une femme bassiste, c'est une manière de militer ?
Je n'ai découvert le mouvement Riot Grrl que récemment, avec Carrie Brownstein. Et j'adore, il y a une interview géniale entre Kim Gordon et Carrie qui lui dit qu'elle aurait quand même pu apprendre à mieux jouer.  J'ai toujours fait des trucs de mecs et ça a toujours été difficile, comme le foot. On ne me faisait jamais la passe. Tu fais toujours face à des obstacles quand tu as une fille. Il y a un merveilleux documentaire, Espace, où on demande à une petite fille de dessiner les périmètres de jeu des garçons et des filles dans la cour de récréation. Les garçons ont beaucoup plus d'espace et les filles sont restreintes à un périmètre. Je pense que de façon inconsciente, j'avais besoin d'espace, de pousser les limites.

Les débuts d'Aquaserge ont été difficiles ? 
Au moment où Aquaserge s'est professionnalisé, et il y a trois ans, j'ai eu un passage difficile. Je me suis rendue compte que, même si je jouais de la basse depuis mes 14 ans, je ne me considérais pas comme une musicienne. La question de la légitimité m'a fait traverser un passage à vide, cela m'a même empêché de jouer. J'avais très peur. Trois mois avant je faisais des concerts, et là je me demande ce que je fous, si je sais vraiment jouer, je me posais des questions sur scène, terrible. Aquaserge « passait un cap », on pouvait vivre de notre musique, on avait des personnes qui travaillaient pour nous, et je me suis demandée ce que je foutais. Je n'avais pas appris la musique, je suis punk… J'ai du répondre à des questions de moi à moi et depuis, c'est accepté.

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Tu es la seule à être autodidacte chez Aquaserge ?
Oui. Ils ont tous étudiés la musique très tôt. Julien Gasc a suivi des cours particuliers de piano à partir de 5 ans, Benjamin a eu une guitare à 6 ans dans les mains et a eu des profs jusqu'à 22 ans, Manon est prix du conservatoire. Les musiciens de l'Orchestra sont des musiciens de jazz excellents …Tout le boulot que je fais, qu'on fait tous dans la vie, c'est d'aimer ses faiblesses et ses défauts. Mon côté un peu primal, il faut en faire une force.

Cette question de la légitimité, est-ce que tu penses que ça vient aussi du fait que tu sois une fille ? Parce qu'un mec autodidacte ne renvoie pas forcément la même image…
J'ai la double peine, je suis une meuf qui n'a pas appris. Mon autoformation n'est pas si grave. Ce que j'ai toujours aimé, c'est jouer avec les gens. Je préfère le live, et je pense être bonne. C'est une force de méditation, de transe que mes amis cinéastes m'envient beaucoup. Quand tu fais un film, tu n'es jamais dedans. Avant tu le prépares, pendant t'as plein d'ennuis, et après c'est plus toi… Alors que dans la musique, il y a un moment particulier où on est tous là ensemble en train de créer quelque chose. C'est très beau. Ce qui est génial dans le live, c'est que l'instant part tout de suite : la musique ne t'appartient pas. C'est quelque chose que j'ai appris à apprécier. Quand je sors de scène, je ne juge pas ce qu'on a fait. Je me dis que ça appartient aux gens qui ont écouté. Le studio n'a rien à voir, ça reste, c'est enregistré, il faut réécouter, voir si c'est bon ou moins bon. Et c'est plus angoissant.

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Quand tu parles énergie, tu penses que tu mets la même chose que les autres membres d'Aquaserge, ou il y a un meneur que tout le monde suit ?
On essaie chacun de mener le groupe sur les sentiers que l'on connaît. Des fois, on est un peu cons, parce qu'on a envie de mener à des endroits où on est nuls, mais on l'est tous à tour de rôle. C'est comme dans tous les groupes, il y a un rapport de force, vu qu'il n'y a pas de chef, on veut forcément tous l'être.

Y a t-il une expérience qui t'a marquée plus qu'une autre ?
Il y a quelque chose qui m'a pas mal changé, c'est de jouer avec une fille à la batterie, Lucie Antunes. Cette fille est mon opposée, c'est une brute de concours. Elle est rentrée dans Aquaserge parce qu'elle avait apprécié un concert que je n'avais pas aimé du tout. On jouait dans une espèce de cave à Paris…Elle m'a écrit. On ne se connaissait pas, et elle m'a dit qu'elle adorait mon jeu. Ça m'a fait énormément plaisir, parce que c'est une meuf et que des choses comme ça n'arrive pas souvent. Tout de suite, elle m'a sorti son CV, et je lui ai dit qu'on n'était clairement pas dans la même catégorie. Je me suis un peu écrasée. Et puis en fait, on a cherché un batteur, et elle a rappliqué par d'autre biais. On s'est très bien entendues. On se complétait assez bien, parce que dans l'énergie, il y avait quelque chose de « on est des meufs et on vous emmerde » [Rires]. Le duo basse/batterie c'est quand même majoritairement des mecs qui tiennent le groupe, le tempo, et là c'était nous. Elle est partie d'Aquaserge pour plein de raisons, sa carrière, et j'ai été très triste. Parce qu'à un moment, quand même les filles étaient en majorité dans le groupe, et c'était assez drôle.

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Tu n'as pas l'impression la plupart du temps que c'est le public qui a du mal avec le fait qu'il y ait des filles dans un groupe ?
J'ai des milliers d'anecdotes à ce sujet, et je me rends compte en plus à chaque fois que je ne sais jamais me défendre quand cela arrive. Une fois par exemple, nous sommes allés voir un concert de jazz de copains à nous avec trois potes et moi. A la fin du concert on discute avec les musiciens et les mecs font un tour de la bande qu'on était et demandent si on est aussi musiciens. Mon pote dit qu'il est batteur, mon mec dit qu'il est guitariste, et quand ils arrivent à moi, ils ne me posent pas la question et passent à celui d'après. J'ai trouvé ça hallucinant, c'était tellement énorme. Aussi quand je dis que je fais de la musique, on me demande tout de suite si je suis chanteuse, c'est assez classique.

Tu penses d'ailleurs qu'on met les meufs tout le temps au chant ou au tambourin ? Ça me saoule les meufs au tambourin. 
[Rires] Figure toi que c'est un instrument très difficile à jouer. Quand tu mets une fille qui sait pas très bien jouer au tambourin, c'est la cata. Comme la voix d'ailleurs qui est l'instrument le plus difficile. Tu mets une fille qui sait pas très bien chanter en pensant qu'elle est jolie et que ça passera et souvent c'est horrible. Après je pense que les mecs n'ont peut-être pas toujours les couilles de s'y mettre.

Musicalement, tu penses qu'on a de plus gros appareils reproducteurs que les garçons ?
En tant que femme, je suis extrêmement admirative des autres femmes musiciennes, et de l'autre côté, celles qui n'en branlent pas une, qui se laissent faire me mettent extrêmement en colère. Je suis très dure avec les femmes, beaucoup plus qu'avec les hommes. Soit je suis là « bravo, t'es un exemple », sois c'est « barre toi, je n'ai même pas envie de te parler tellement t'es conne ». Et c'est terrible d'être comme ça.

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Tu penses qu'on fait toutes partie d'une sororité et qu'on se doit d'être la hauteur ?
Un truc comme ça, assez instinctif, malgré moi. Du coup, dès qu'il y a une nana qui est dans la victimisation de son propre sort, elle m'énerve. Comme n'importe quelle minorité, je suis persuadée que tu n'as pas le droit d'être faible, sinon tu es foutue. Je suis plein de sites comme Women Audio Mission qui parlent des femmes à des postes de techniciennes, et toutes le disent. Par exemple, des filles qui font du mastering, c'est 6 % de la profession. Et celles qui font partie de ces 6 %, ce sont des tueuses, car elles doivent être meilleures que les mecs pour y arriver. Et cela arrive que celles qui ont réussi deviennent des nanas super dures, avec des carapaces qu'elles ne peuvent plus enlever. Ou bien des nanas qui ont fait des compromis sur le reste de leur vie et qui du coup sont super tristes…

As-tu l'impression d'avoir fait des compromis ou d'être trop blindée ?
Oui, complètement. Je me suis dit dernièrement qu'il fallait que je travaille sur la douceur. Je suis dans une période où je n'ai plus besoin de faire mes preuves. La tendance qu'ont les femmes quand elles ne se sentent pas légitimes est de se justifier. Je ne veux plus le faire, ni sur mes choix de vie, ni sur mes carences.

Tu penses que tu es traitée différemment dans Aquaserge ?
Non, pas du tout. Mais vu que je n'étais pas à l'origine du projet Aquaserge, j'ai commencé petit à petit à mettre ma patte. Je suis entourée de tueurs en musique : pour communiquer, ils passent par l'écriture et je ne comprends pas ce langage. Il a fallu faire des compromis pour que je puisse m'immiscer dans la conversation. Il y a que sur ce disque où j'ai un peu tapé du poing sur la table : « On dit qu'on est un groupe, et en fait vous composez à votre façon. J'aimerais bien aussi qu'on s'adapte à moi ». On a donc mis en place une autre façon de travailler, très liée au fait qu'on allait jouer pour composer.  Depuis qu'il y a ce disque, je me sens plus légitime de parler de la musique et de ce qui est fait.

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Et venant des maisons de disques, tu as eu des réflexions ?
On a signé chez Crammed Discs, un label belge pour l'international. Au moment où il y avait des rencontres avec eux, je n'étais jamais disponible. Chez Crammed, ils signent beaucoup de filles : un moment, Hanna et Marc de Crammed discs ont insisté pour que je sois là. J'ai aimé le geste.

Toi qui travaille aussi dans le cinéma, est ce que le traitement des femmes est différent ?
Je pense que c'est pareil. Il n'y a pas très longtemps, je donnais des cours de technique de son dans un lycée, et je me souviens qu'il y avait une moitié de nanas. Je me suis lancée : « Ce n'est pas parce qu'on vous a dit que la prise de son était un métier technique et qu'on vous a dit que la technique est faite pour les hommes qu'il faut ne pas y aller. Ce n'est pas vrai, regardez-moi. ». J'ai eu envie de leur dire : « Allez-y ».

Et les techniciens ?
Prenons ma basse : j'ai un manche plus court. La basse est en général un instrument très lourd, avec un manche très long. J'ai des petites mains, et j'ai décidé d'avoir un instrument qui pèse moins et que je peux jouer plus facilement. Du coup elle est plus petite, on me fait des remarques. J'en ai une que j'ai souvent utilisé dans Aquaserge qui a un son énorme mais qui a l'air de rien du tout. Dans un festival de musique progressive, les techniciens y allaient avec leur « C'est quoi ta basse ? Un jouet ? ». Ce n'est pas le genre de truc qu'on dirait à un mec. Dans ma tête, je leur ai dit : « Vous inquiétez pas, vous allez voir le son qu'elle a quand je vais jouer ».

Ils sont chiants les techniciens…
À chaque fois qu'on arrive dans une salle c'est pareil. Dans un festival, il y avait un type qui nous faisait un son affreux - parce que parfois on n'a pas d'ingénieur son - et je décide d'aller le voir. Je sais très bien qu'en y allant en tant que femme, il n'a surtout pas envie de m'écouter. Je le trouve finalement sympa, et au catering, il était entouré d'autres techniciens. Il me taxe alors du tabac à rouler que je sors de ma poche arrière. Et devant tous les autres, il sort « il était dans ton cul, il doit être meilleur que tous les autres ». J'étais tellement estomaquée que je n'ai pas pu répondre.

Est-ce que tu te surprends parfois toi aussi à avoir des réflexions de merde sur les filles dans la musique ?
Pas vraiment, mais les nanas qui comptent trop sur les mecs pour savoir ce qu'elles vont faire de leur vie, pour avoir une sorte d'approbation, m'énervent. Et je me suis dit que si elles m'énervaient c'est que j'étais finalement comme tout le monde, qu'il y avait une part de misogynie en moi. On a tous besoin du regard des autres. J'ai l'impression néanmoins que les femmes sont trop dépendantes du regard des hommes et qu'elles n'osent pas aller plus loin. Et je me mets dans le sac. Il y a aussi des chanteuses qui me gonflent, celles qui chantent « Je déprime dans ma chambre en attendant le prince charmant ». J'ai une sainte horreur de ça. Les « Je t'attends », ce n'est clairement pas possible.

T'aurais préféré avoir un pénis ?
Pas du tout. J'adore être une femme. Ça fait pas si longtemps que je sais qu'elles sont les seules à n'avoir un organe seulement dédié au plaisir. On a beaucoup de chance.

Un dernier mot ?
Il y a Björk qui s'est énervée dernièrement en interview. Elle expliquait qu'on sous-tendait à chaque fois qu'il y avait un mec derrière ses productions, qu'à chaque fois qu'elle avait une idée dans un de ses groupes, il fallait qu'elle fasse croire aux autres mecs que cela venait d'eux. Elle s'était donc écrasée, alors que c'est Björk. Alors oui, on est encore dans une société qui est machiste, où les hommes ont le pouvoir. Elle encourageait donc les meufs à se prendre en photo avec leurs instruments, leur console de mixage pour contrecarrer l'idée de « l'homme qui est toujours derrière ». La seule façon de renverser cette image, c'est de se prendre en photo avec nos outils/instruments. Et quand je parle de société patriarcale, je n'accuse pas plus les hommes que les femmes. C'est simplement une façon de montrer qu'on a tous été éduqué comme cela, et qu'il faut se battre sur les deux terrains, même si les hommes sont vainqueurs. On est dans la même merde, et ça serait bien mieux différemment.  Marine ND est sur Noisey, parfois sur Twitter mais aussi et surtout sur Retard dont elle est la rédactrice en chef.