Quoi manger à l’ère des changements climatiques

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Quoi manger à l’ère des changements climatiques

Il y a sept choses que vous pouvez faire dès aujourd’hui pour réduire votre empreinte carbone.

L’article original a été publié sur VICE États-Unis.

Vous savez probablement que le groupe de scientifiques de l’ONU a rendu public plus tôt cette semaine un nouveau rapport alarmant sur les vastes conséquences des changements climatiques. Ce rapport apocalyptique, rédigé et révisé par 91 scientifiques de 40 pays qui se sont basés sur plus de 6000 études, décrit une ère de pénuries de nourriture, de feux de forêt dévastateurs et d’extinction de nombreuses espèces. Ce qui donne froid dans le dos, c’est qu’ils affirment que ces bouleversements surviendront plus tôt que prévu : ce sera au cours des prochaines décennies.

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Alors que les gouvernements renoncent aux engagements pris en faveur de la lutte aux changements climatiques, il y a des gestes significatifs que nous pouvons poser. Presque tous les choix de notre vie quotidienne déterminent notre empreinte carbone — notre petite mais significative contribution aux émissions de gaz à effet de serre (GES), qui causent le réchauffement planétaire —, à commencer par nos choix alimentaires.

Nous avons consulté Rebecca Boehm du Zwick Center for Food and Resource Policy de l’Université du Connecticut, coauteure d’un vaste rapport sur les émissions de GES générées par les choix de tous les jours que font les familles aux États-Unis, publié dans la revue Food Policy en juin dernier. À partir de ses recommandations, nous avons rédigé ce petit guide alimentaire à l’ère des changements climatiques, présentant en sept volets des façons de réduire notre empreinte carbone et les conséquences sur notre planète.

Manger moins de viande

Les familles qui consacrent une partie considérable de leur budget d’épicerie au bœuf, poulet, porc et autres viandes génèrent plus de GES que celles qui consomment peu de viande. La plus grande source de pollution d’entre elles, c’est le bœuf, dont la production exige une utilisation intensive de ressources, notamment les terres et l’eau.

L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture estime que la production de viande génère près d’un cinquième des émissions de GES d’origine humaine qui accélère les changements climatiques à l’échelle planétaire. C’est plus que ce que génèrent les transports.

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« Se tourner de plus en plus vers les sources de nourriture végétales est un excellent moyen de réduire ses émissions », dit Rebecca Boehm.

Manger bio

Il a été démontré que les végétaux biologiques fournissent plus de nutriments que les autres, cultivés conventionnellement. Mais en plus de l’effet positif sur la santé, il y a une autre bonne raison d’utiliser votre pouvoir d’achat pour encourager l’agriculture biologique : elle est nettement moins dommageable pour l’environnement. Les fruits et légumes conventionnels sont généralement cultivés dans un sol enrichi d’engrais azotés, qui non seulement sont produits dans des usines alimentées par les combustibles fossiles, mais produisent aussi eux-mêmes de l’oxyde d’azote, un GES à peu près 300 fois plus puissant que le dioxyde de carbone (CO2).

« L’utilisation d’engrais azotés contribue au cycle de l’azote, en libérant du protoxyde d'azote (N2O), explique Rebecca Boehm. Tout ce qui peut réduire la production d’azote est une bonne façon de réduire l’émission de GES. »

Si les engrais biologiques, comme le purin, contiennent aussi de l’azote, ils ont l’avantage de se décomposer plus lentement et leur décomposition est moins nocive pour l’environnement.

Photo: Getty Images

Mieux encore : manger bio et local

Une autre source de GES à laquelle on pense instantanément, c’est le transport : la circulation ininterrompue d’innombrables camions-remorques, avions, bateaux et voitures partout dans le monde. En 2016, on a évalué qu’il représentait 28 % des GES aux États-Unis. Devinez ce que beaucoup de ces avions, camions-remorques et voitures transportent. Des produits alimentaires, bien sûr.

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Dans ses recherches, Rebecca Boehm a noté que la proportion des émissions causées par le transport de produits alimentaires variait énormément en fonction des produits en question. Mais ce qui apparaît clairement, c’est que le transport des fruits et des végétaux était la plus grande source de pollution.

Les véhicules réfrigérés sont responsables d’une énorme proportion des émissions GES, et ce facteur est amplifié par la distance qu’ils doivent parcourir. Beaucoup des fruits et légumes cultivés en Amérique du Nord proviennent de la Californie et du Mexique, et couvrent par conséquent de très grandes distances dans ces camions avant d’arriver dans nos épiceries, partout aux États-Unis et au Canada.

La solution, selon Rebecca Boehm, c’est de privilégier des produits cultivés localement, souvent vendus dans les marchés publics où se rassemblent les producteurs d’un rayon d’une cinquantaine de kilomètres.

Ne pas gaspiller d’aliments

Aux États-Unis, on met à la poubelle 330 millions de tonnes d’aliments chaque jour. Et quand on jette un aliment, ce sont aussi toutes les ressources nécessaires à sa production qui sont gaspillées. Pour réduire ces pertes, nous devons acheter de plus petites quantités de fruits et de légumes (car des études montrent que ce sont les produits que l’on jette le plus, après qu’ils ont dépéri dans un coin sombre du frigo) et cuisiner en priorité ce qu’on a acheté.

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Quand on n’a pas consommé un produit à temps, nous pouvons le composter. Les aliments jetés à la poubelle se retrouvent au dépotoir, où leur décomposition produit du méthane, un GES de 28 % à 36 % plus puissant que le CO2. Le compostage, lui, est un processus biologique aérobie qui ne produit pas de méthane.

Choisir le bon poisson

La plupart des espèces de poisson que l’on achète sont des prédateurs : le saumon, le thon, la morue. D’après un rapport rendu public en 2016, l’élimination d’une espèce prédatrice dans une région marine entraîne une prolifération des espèces de poisson plus petites et du plancton, causant une augmentation des émissions de dioxyde de carbone.

Les causes de ce phénomène sont complexes. Il suffit de se rappeler que lorsque nous consommons l’un des poissons au sommet de la chaîne alimentaire aquatique, on accroît notre empreinte carbone. À la place, nous pouvons nous gaver de petits poissons comme les sardines et le maquereau, ainsi que de mollusques comme les moules et les palourdes.

Les prises d’un pêcheur triées par une femme sur une plage de Mui Ne, au Vietnam. Photo : Getty Images

Refuser les emballages individuels

On sait que les aliments transformés contribuent à l’épidémie d’obésité et de diabète. L’autre raison de se détourner de ces produits, y compris les barres tendres, les petites bouteilles de jus ou de boisson gazeuse, les petits sacs de chips, c’est qu’ils sont emballés individuellement, puis souvent emballés en paquet et emballés dans un sac à la caisse, et que tout cet emballage à usage unique est fait de plastique, qui requiert pour sa production l’extraction de combustibles fossiles. Pour produire tout ce plastique, l’industrie des combustibles fossiles rejette dans l’atmosphère une énorme quantité de gaz nocifs comme le méthane, l’éthane et le propane.

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De plus, après son unique utilisation (la plupart des emballages de plastiques ne sont pas recyclés), ce plastique suit un long chemin jusqu’aux océans, où il étouffe les poissons et les mammifères marins ou se décompose en microplastiques puis nous revient en entrant dans la chaîne alimentaire, ingérée d’abord par les poissons et ensuite par nous.

Consommer moins

L’une des observations principales de Rebecca Boehm et des autres auteurs du rapport sur nos choix de tous les jours, c’est que plus le budget d’épicerie d’une personne est élevé, plus elle génère de GES. Les revenus d’une personne deviennent ainsi un bon indicateur de ses émissions de GES. Plus une personne dispose de revenus élevés, plus son empreinte carbone est elle aussi élevée. Pourtant, plus on a des revenus élevés, plus on est en position de changer significativement ses habitudes de consommation pour la réduire.

« Plus on a de bons revenus, plus on a de flexibilité, plus on a la possibilité de faire de meilleurs choix », dit Rebecca Boehm.

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