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Les contraceptifs hormonaux ne sont pas liés à la dépression, dit la science

Une étude approfondie indique que vous ne devriez pas vous en inquiéter.

La pilule contraceptive a la mauvaise réputation de pouvoir mener à la dépression.

La teneur de cette croyance me surprend peu, étant donné mon passé à tenter d’assassiner mon acné d’adolescente avec une bonne dose quotidienne d’hormones. Quand je marchais gaiement vers le métro et que ce simple déplacement déclenchait un irrépressible besoin d’éclater en sanglots, que c’était la quatrième fois que ça m’arrivait en deux semaines, je me disais qu’il y avait peut-être quelque chose qui ne tournait pas rond avec mes hormones.

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Un groupe de chercheurs de l’Université d’État de l’Ohio s’est intéressé à un lien présumé entre dépression et contraception hormonale à base de progestatifs. Les chercheurs ont analysé les résultats de dizaines de recherches réalisées des dernières décennies en quête de preuves.

Résultat : rien ne suggère de lien solide entre ce type de contraception hormonale et un risque de développer une dépression.

« Quand on regarde au corpus entier de recherche réalisée sur la contraception à base de progestatifs et la dépression dans les 30 dernières années, et en se centrant sur la preuve la plus solide, la contraception progestative ne cause pas la dépression », a tranché un des auteurs de l’étude et professeur adjoint de gynécologie-obstétrique, le Dr Brett Worly, en entrevue avec Forbes.

Les chercheurs ont ciblé uniquement les contraceptifs progestatifs. Plusieurs contraceptifs ont cette unique hormone pour base, dont certains implants qui vont sous la peau, l’injection trimestrielle Depo-provera, certains stérilets – ou dispositifs intra-utérins – et certaines pilules contraceptives. Les pilules qui contiennent également des oestrogènes n’ont pas été étudiées dans ce cas précis.

Ils ont basé leur analyse sur 26 recherches relativement récentes. Selon leurs conclusions, la littérature suggère qu’une minorité de femmes utilisant la contraception à base de progestatifs pourraient éprouver des symptômes de dépression, mais que les études les plus robustes ne montrent aucune association entre le diagnostic de dépression et la contraception progestative.

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« Malheureusement, beaucoup de gens développent des dépressions pour plusieurs raisons différentes, et certaines personnes vont pointer du doigt leur contraceptif progestatif, mais quand on observe de plus larges échantillons, cette méthode de contraception ne semble pas être le coupable », a expliqué le Dr Worly, toujours à Forbes.

Dans une étude précédente, publiée en 2016, ces mêmes chercheurs se sont intéressés au cas des contraceptifs « combinés », soient ceux qui mêlent des hormones progestatives et des oestrogènes. Ça englobe, entre autres, Alesse, Yasmin et Diane-35.

En menant un exercice à peu près similaire, ils n’ont pu conclure qu’il y avait un lien entre un risque de dépression et la prise de ces contraceptifs. Ils s’étaient également intéressés à l’effet des contraceptifs sur l’humeur, un exercice qu’ils n’ont pas répété cette fois-ci, étant donné la difficulté à mesurer cette donnée, a expliqué le Dr Brett Worly à CNN.

Des résultats contraires

Une autre étude menée en 2016 en Norvège auprès d’un million de femmes concluait que celles qui prenaient des contraceptifs hormonaux pourraient être plus à risque de développer une dépression que les autres. Parmi toutes les utilisatrices de contraceptifs hormonaux, on observait un risque plus élevé de 40 % de développer une dépression après six mois.

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« Nous savons depuis des décennies que les hormones sexuelles des femmes, l’estrogène et la progestérone, ont une influence sur l’humeur de bien des femmes. Il n’est donc pas très surprenant de voir que des hormones artificielles, agissant de la même manière et sur les mêmes centres que les hormones naturelles, puissent aussi influencer l’humeur des femmes, et même qu’elles pourraient être responsables du développement d’une dépression », avait alors indiqué le superviseur de l’étude, le Dr Øjvind Lidegaard, en entrevue avec CNN.

Les chercheurs ont toutefois souligné que la corrélation ne signifiait pas qu’un contraceptif puisse être la cause unique de la dépression. Ils suggéraient que les causes de ce lien soient approfondies par plus de recherches.

Justine de l'Église est sur Twitter.