productrices belges
Bovenste rij: Esinam, Tsar B, MONOMONO – Onderste rij: Amos, Audri, Layrssa Kim | Illustratie door Eva Lynen
Culture

Ces six productrices sont parmi les plus prometteuses de Belgique

De l’électro acoustique de Laryssa Kim au violon sensuel de Tsar B ou MONOMONO et leur son expérimental.
AB
Brussels, BE

L'histoire de la musique électronique est comparable à celle des sciences. Les nouveaux développements technologiques ont permis de nouvelles possibilités dans le domaine de la musique, mais tout comme dans la science, les préjugés sexistes persistent.

Les compositrices et productrices connues du grand public sont donc encore des exceptions. Malgré l’influence des pionnières du 11e siècle avec Hildegard von Bingen ou du mouvement hip-hop avec Sylvia Robinson, ce n'est que récemment, avec des exemples comme TOKiMONSTA ou Grimes, que les femmes ont commencé à se faire un nom en tant que compositrices. Pourtant, bien avant ça, des femmes et des personnes trans comme Wendy Carlos, Suzanne Ciani ou Laurie Spiegel faisaient déjà partie de l'avant-garde de la musique électronique.

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Si le genre n'est qu'un des aspect de l’identité d'un·e artiste, ça ne veut pas dire que ça ne peut pas affecter sa musique. Dans son ouvrage « Feminine Endings », Susan Mcclary a ouvert le débat : au fil des siècles, la perspective de la composition musicale reste essentiellement masculine car il y a toujours une négation de la femme dans le milieu musical. Entre-temps, des organisations comme Shesaid.so et Female Pressure ont vu le jour, mais le nombre de productrices belges est encore faible ; raison pour laquelle on tenait à en présenter quelques-unes nous-mêmes.

Tsar B

Tsar B

Tsar B

C’est à l’âge de deux ans que Tsar B joue ses premiers accords au violon. Mais elle n’en est pas restée là ; après avoir fondé un club anti-K3, elle s’est mise à la recherche d’un·e producteur·ice pour lancer un projet, mais à 18 ans, elle a pris la décision de s’y atteler seule.

Le lendemain d’une soirée un peu floue, le programme musical Logic s’est retrouvé sur son ordi. Ensuite, tout s’est enchaîné : elle intègre la tournée de School is Cool comme violoniste et se met à la production sur la route. En résulte son premier single « Escalate », un baptême de feu qu’elle joue notamment dans un AB plein à craquer. Au-delà des frontières, la chanson est également bien accueillie, surtout dans le monde de la danse qui lui consacre de nombreuses chorégraphies.

Avec sa tabla machine et son violon, Tsar B a maintenant acquis pas mal d’expérience. Après un premier album « The Games I Played », on attend maintenant trois nouveaux projets : deux EP en solo et un autre en collaboration avec le producteur bruxellois Gan Gah, auteur de Souktronics.

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esinam

Esinam

Enfant, Esinam est attirée par toutes sortes percussions ghanéennes, pays d’origine de son père. Après avoir joué du piano classique pendant dix ans, elle enseigne la musique et se met à la flûte traversière. Peu à peu, elle élargit sa palette en tant musicienne autodidacte, et peut aujourd'hui se présenter comme multi-instrumentiste. Toujours sur cette base, elle travaille avec une loopstation, des pédales d’effets, un synthé et Logic afin d'apporter un mélange de toutes ses influences musicales. De Debussy à Flako ou Makaya McCraven en passant par Ravel, elle crée son propre univers musical.

L’an dernier, alors qu’elle joue en tant que flûtiste et percussionniste pour Témé Tan ou Sysmo, elle sort son premier EP éponyme sur le label SDBAN Ultra. Pour son projet, elle a travaillé avec l'ingé-son Almachrome, connu pour avoir collaboré avec Madlib, Flying Lotus et Ebo Taylor. Avec cet EP, Esinam a pu assurer les premières parties de musiciennes belges de premier plan comme Melanie De Biasio et Selah Sue ainsi d’autres artiste internationaux. À côté de ça, un album du side project,« Mazima » sortira en mars 2020. Elle continue de produire et sortira un prochain album pour la suite de son projet ESINAM.

Amos

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Amos

Influencée par des mentors tels que J Dilla, 9th Wonder, Masta Ace et Apollo Brown, Amos a acheté une MPC XL à l’âge de 19 ans. Puis, grâce à DJ Rashad, elle a découvert de nouvelles façons d'aborder sa machine. Jour après jour, elle travaille ses compos ; une MPC dans le salon et une autre dans sa chambre.

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« A Taste Of Struggle », son projet commun avec True Noize, a rapidement été remarqué par le gourou britannique de la dubstep, Mala. Entre-temps A/T/O/S a sorti deux albums sur son label Deep Medi. En plus de ce projet, un album solo arrive sur le label Cortizona Records. Amos décrit ce projet comme une collection de rythmes et de clichés bruts qui s'étendent sur une période de quatre ans. On peut notamment l'entendre jouer sur le piano désaccordé de son salon, d'où elle tire des morceaux qui ressemblent à des démos lo-fi brutes imaginaires de Destiny's Child, utilisant son timbre de voix unique, parfois accompagné par son tout nouveau MPC 2000.

MONOMONO

Monomono

Photo: Naser Kianersi

Monomono est le projet commun de l'artiste sonore Anne van de Star et de la violoniste et productrice Hester -1. Chacune avec sa propre perspective, elles se retrouvent dans leur amour pour la musique électronique. Partant d'une symbiose d'inspirations différentes, allant des peintures de Georgia O’Keeffe aux paroles de Mary Beard, elles les transforment en des morceaux qui nous plongent sans mal dans leur univers. À l'aide d'une palette étendue de sons évolutifs, chaque track raconte une histoire différente. Et chacune se donne l'espace nécessaire pour interpréter différents personnages à travers différents instruments.

Dans leur premier album, Anne et Hester ont travaillé avec des boucles, des contrôleurs midi, des synthétiseurs et un violon pour exprimer leurs idées en son et les amener ensuite en concert. Sachant qu’elles ont étudié le design sonore, le violon classique et les techniques mixtes, il est tout à fait logique que les deux artistes soient aussi ouvertes à des projets interdisciplinaires. Pour leur titre « Georgia's Paradise », elles ont collaboré avec Phil Schöl, qui a notamment travaillé avec Moderat.

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De nouveaux singles sortent bientôt et on attend avec impatience de découvrir ce que Monomono nous réserve. Le mois dernier, on a déjà pu avoir un avant-goût avec leur nouveau single avec Yurt, « Another Line ».

Audri

Audri

Photo: Cheyenne Coolen

Le quotidien d'Audri est imprégné de musique ; elle est constamment à la recherche de nouvelles techniques pour affiner sa musique avec une identité sonore aboutie, allant de la chanson acoustique à l'électronique. Avec sa voix comme guide, Audri écrit sur tout ce qu’elle vit. Avec un penchant pour la psychologie, elle essaie de raconter une histoire (fictive ou non) dans chaque texte, soutenue par son piano, sa guitare ou sa batterie électronique.

Avec un son qui présente des échos de Jaï Paul, Photay, Holly Herndon ou Florence + The Machine, Audri réussit à intégrer le label belge Tangram Records, grâce auquel — avec son premier EP « Fools Gold » — elle fait ses premiers pas sur la scène électronique belge. Elle assure ensuite les premières parties de Mount Kimbie, Tamino et Warhaus, entre autres. En 2016, elle remporte le prix Red Bull Elektropedia de l'artiste la plus prometteuse. Un nouvel EP est en préparation, composé de six titres et d’un clip.


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Laryssa Kim

Laryssa-Kim

Photo: Emile Tonnelier

À l'âge de vingt-six ans, Laryssa Kim décide de quitter sa vie à Rome et déménage à Amsterdam pour un nouveau départ. C'est là qu'elle se retrouve sur la scène de la danse et de la musique underground progressive. Elle intègre le groupe de danse et de théâtre M O N O Collective, qui lui permet de rencontrer de nombreux·ses musicien·nes et de se révéler en tant que productrice. Avec une loopstation et des pédales d'effets, Laryssa s'inspire de l’instant et commence à expérimenter le son en essayant d’y sculpter ses émotions.

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Après plusieurs concerts avec son collectif à Amsterdam et Bruxelles, elle décide de se lancer en solo, se met en tête de développer ses compétences dans un cadre pédagogique et obtient sa maîtrise en Composition Acousmatique au Conservatoire de Mons.

Dans sa musique, Laryssa aborde le son — et sa voix par la même occasion — comme un matériau à part entière. La musique électroacoustique se caractérise par ses différentes approches de l'espace, du son et de la texture, ce qui se reflète indéniablement dans ses morceaux. Mais ça ne s'arrête pas là : à travers sa voix, on a l’impression de vivre une expérience surréaliste, quasi familière. L’artiste part à la recherche d'une sonorité spécifique, pour laquelle elle enregistre d'abord ses sons à partir d'une approche acoustique et les mélange ensuite avec des idées spontanées, improvisées, généralement vocales.

Récemment, on a pu la voir en première partie de Nkisi, ainsi dans l’émission de cette dernière sur NTS. Elles ont aussi toutes deux figuré dans Brussels by Night, un petit documentaire de Boiler Room sur la nightlife bruxelloise. Le dernier EP de Laryssa est sorti en novembre.

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