Le guide Noisey du Hair Metal

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Le guide Noisey du Hair Metal

À l'occasion de la sortie du livre « Hair Metal » chez Le Mot Et Le Reste, on vous rappelle tout ce qu'il faut savoir sur le genre musical le plus outrancier jamais apparu sur cette planète.

Si vous avez moins de 35 ans, il est probable que vous n'ayez jamais écouté de Hair Metal autrement que de manière ouvertement ironique, ce qui fait de vous 1/ une personne de votre espace et de votre temps et 2/ un être faible et dégueulasse. Car le Hair Metal, forme la plus commerciale, sexuée et outrancière du heavy metal (également appelée « glam metal », « pop metal », « lite metal » ou, de manière plus vague et générale, « hard FM »), ne se limte pas forcément à un ramassis d'obscènes ananas péroxydés emballés dans du spandex et des foulards de gitanes, hurlant leur soif de cul et de vengeance sur fond de guitares imitant le hénissement du mustang. Comme dans tout genre et sous-genre (à part bien sûr l'alternadulte, seule catégorie réellement indéfendable de ces 60 dernières années, et dont le terrain s'étend de Nickleback à Stiltskin, en passant par les Cranberries), on trouve en effet dans le Hair Metal de l'entrée de gamme, du matériel médiocre, de l'excellence pure et du parfaitement navrant. Le tout est de s'avoir s'orienter et se repérer.

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Le hair metal s'écoutant de préférence sous forme de clips, entre 1987 et 1991, dans une petite ville des Vosges ou du Midwest, pendant de longs après-midis d'ennui devant MTV, ce guide didactique sera exclusivement basé sur des vidéos et non sur des disques. Des suggestions d'écoute et de lectures seront toutefois proposées aux moins frileux d'entre vous.

Avant-propos : des questions, des réponses

« Sérieux, ces groupes, c'est juste pose et compagnie, non ? »
Non. Ok, ils sont sapés comme des strip-teaseuses marseillaises prêtes à te laisser glisser un doigt dans la pantoufle contre un Perroquet, mais ils ne cherchent finalement rien d'autre que du bon temps. Les mecs sont là pour s'amuser. Et personne ne pose quand il s'amuse. Si vous voulez voir de vrais poseurs, dirigez-vous plutôt vers Sonic Youth ou The Jesus And Mary Chain, des groupes qui se forcent à faire la gueule depuis plus de 30 ans. Même quand ils reprennent Madonna ou font les débiles sur des voies ferrées, on se croirait à la Biennale de Belleville. « Ok, mais avoue qu'il faut avoir sacrément mauvais goût pour écouter Ratt ou Skid Row »
Oui, bien sûr. Mais c'est important, le mauvais goût. C'est comme les bactéries de ta flore intestinale. Tu peux vivre sans, mais c'est moins bien. Penses-y la prochaine fois que tu te taperas un petit Terry Riley, pépouze, en contemplant ta discothèque avec la bienveillante satisfaction d'un maître de plantation qui a rendu leur liberté aux esclaves du comté, et leur a payé des cours de diction et l'intégrale de Patti Smith, espèce de suprémaciste de merde. « Je rêve où tu parles pas de Kiss et des New York Dolls ? »
Ce guide est consacré aux piliers certifiés du Hair Metal qui ont incarné le genre et ses codes durant les années 80, pas aux pionniers qui ont les ont influencé de manière plus ou moins directe - à savoir : New York Dolls, Hanoï Rocks, Kiss, Van Halen, Queen, Alice Cooper, Twisted Sister, etc. « Ok, mais, mec, t'as oublié Guns 'N Roses ! »
J'ai mis tout un tas de groupes de côté  - Cinderella, Britny Fox, Love/Hate, Voodoo X, Tesla, White Lion, Faster Pussycat, Great White, Tigertailz, ou Toilet Boys pour les plus récents - mais je n'ai pas oublié Guns 'N Roses. Guns 'N Roses va bien au-delà du Hair Metal. C'est un groupe qui mérite son guide Noisey à lui tout seul, que je suis d'ailleurs en train d'écrire à cet instant très précis. Mais faisons les choses dans l'ordre et lis d'abord celui-ci.

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LE GUIDE NOISEY DU HAIR METAL

David Lee Roth « Yankee Rose » (Warner Bros.) 1986
David Lee Roth est le seul type au monde qui pourrait entrer dans un wagon de métro en hurlant « Mesdames et messieurs, David Lee Roth ! » sans que personne ne trouve ça déplacé ou super flippant. David Lee Roth est ce genre de mec. Un concentré de sexe, de divertissement, de bruit et de spectacle à très haut degré de pureté. Un type qui a mené de front un des groupes de rock les plus exubérants de l'Univers, et qui prenait des breaks de 3 mois pour aller fabriquer des cabanes et chasser l'alligator à mains nues avec des tribus indigènes d'Amazonie. Un genre de mélange ultra-dosé entre la mégalomanie et la puissance monétaire de Kanye West, la coolness absolue de Snoop Dogg, et les poses de diva outrée de Nicki Minaj, multiplié par les possibilités vocales de Frank Sinatra et le train de vie de Dean Martin. Ce type est tellement excessif que sur « Yankee Rose » - extrait de son premier album solo, réalisé un an à peine après son départ de Van Halen - il réussit ce tour de force de mettre en scène une gigantesque caricature du Hair Metal (grand écart facial, spandex, gestes explicites, nudité partielle, dance moves mongoloïdes), alors que le concept de Hair Metal n'existe pas encore dans l'esprit du public. Oui, David Lee Roth est ce genre de mec.

Oeuvres recommandées : Outre les deux premiers albums de Van Halen qui sont des chefs d'oeuvres indiscutables, vous pouvez éventuellement tenter Eat'em And Smile, son premier album solo, sur lequel on trouve quelques titres valables -en plus de « Yankee Rose » (et qui a la particularité d'exister dans une version intégralement chantée en espagnol). À noter que son autobiographie Crazy From The Heat est une lecture de choix (épuisée aux USA mais toujours disponible en Angleterre). Puissance cheveu : 04/10. David Lee Roth soigne son apparence mais ne priorise pas sur le cheveu. Même au sommet de sa gloire, il était tout à fait capable de faire des interviews télévisées avec des cheveux bordéliquement agencés ou non-lavés depuis trois jours.

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Whitesnake « Still Of The Night » (Geffen) 1987
Le clip de « Still Of The Night » est le Citizen Kane du hair metal. La référence absolue. Le ground zero. La vidéo qui a lancé l'ère du cheveu sur MTV. Pourtant, back en 1987, c'est la merde pour Whitesnake. Le groupe a un contrat avec Geffen et vient de terminer un album, mais David Coverdale, le chanteur-leader, n'a plus une thune et continue à mener une vie de playboy milliardaire - il vit au Mondrian Hotel de Los Angeles et conduit une Jaguar XJ qu'il n'a même plus les moyens d'assurer. Il subsiste en enregistrant des pubs radio pour une marque d'aspirine, et en faisant le coup du « désolé, j'ai oublié mon portefeuille » lors des déjeuners avec les cadres de son label. C'est durant un de ces rendez-vous qu'il fait la connaissance de Marty Callner, réalisateur désigné pour le tournage du clip de « Still Of The Night », censé remettre Whitesnake sur les rails. Geffen a, pour cela, doté Callner d'un budget de 125 000$. Seul problème : Coverdale a viré tous ses musiciens après l'enregistrement de l'album et n'a donc plus de groupe. Des requins de studio sont donc recrutés à la hâte pour faire bonne figure dans le clip. Le résultat est évidemment catastrophique : outre le fait que le morceau dure plus de 6 minutes et est donc impossible à playlister en radio, on ne croit pas une seconde à ce groupe monté de toute pièces. Callner sort alors 35 000$ de sa poche pour tourner des plans supplémentaires avec un top-model. Après avoir envisagé un temps Claudia Schiffer, son choix se porte finalement sur Tawny Kitaen, la girlfriend du moment de Coverdale. Strike thermonucléaire : le clip sera programmé plus de 50 fois par semaine sur MTV, et aura les honneurs du très convoité titre de « Hip clip of the week ». Scandalisé, Jeff Ayeroff, de Warner Bros., fera part de son mécontentement à la chaîne : « Mais enfin, les gars, Whitesnake est tout sauf hip ! » Ce à quoi Sam Kaiser, le programmateur de MTV, lui répondra : « Ce n'est peut être pas hip pour toi ou moi, mais, crois-moi, c'est super hip en Iowa ». Oui, Jeff, le hair metal, c'est exactement comme les Enfants du Maïs : une force surpuissante venue transformer les gamins des régions rurales en tarés cosmiques et en démons du sexe. Oeuvres recommandées : Si la vue de David Coverdale poings serrés en train de serpenter autour de son pied de micro ne suffit pas à vous contenter, vous pouvez essayer 1987, l'album dont est extrait « Still Of The Night », qui est assez plaisant, pour peu que les ambiances « Je roule vers nulle part sur l'autoroute au volant de ma Jag pour me calmer et me poser les vraies questions sur l'existence après une énième prise de burnes avec ma meuf nymphomane et complètement ingérable » vous parlent. Si vous voulez aller encore un peu plus loin dans ce monde de soie, de folie, et de luxure, vous pouvez enchaîner avec Slip Of The Tongue, mais, très franchement, je vous conseillerai d'y réfléchir à deux fois, et d'aller peut être faire un tour en Jag sur le périph en attendant de vous calmer. Puissance cheveu : 08/10. On est ici sur de beaux volumes, obtenus après rinçage à l'eau froide (indispensable pour éviter un graissage trop rapide), et après-shampooing spécial cheveux bouclés. Un soin de base, qui permet un nettoyage efficace, tout en donnant du ressort aux mèches. Pour un résultat optimal, appliquez un concentré réparateur. Il nourrira vos longueurs et vos pointes et préviendra les fourches. Terminez sur un spray en halo et une noisette de sérum, et voilà. Let's dance.

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Mötley Crüe « Girls, Girls, Girls » (Elektra) 1987
Il y a un truc à propos de ce clip qui résume Mötley Crüe à lui tout seul : dans les commentaires du DVD Mötley Crüe Greatest Video Hits, le groupe explique très sérieusement ceci : « Sur les images de « Girls, Girls, Girls », tu nous vois rouler en Harley et aller dans des clubs de strip-tease, parce qu'à l'époque, eh bien, on passait nos soirées à rouler en Harley et à sortir dans des clubs de strip-tease ». Vous voyez, c'est exactement ce que je vous disais plus haut : le hair metal, c'est la vraie vie, c'est du Ken Loach à 100 %. C'est juste que les mecs portent du spandex et ne bossent pas dans une putain de mine du Yorkshire.

Oeuvres recommandées : Too Fast For Love, leur premier album, est un classique, même s'il renvoie à une période assez particulière, où le groupe était suffisamment rongé par la haine pour jouer avec des groupes punk de L.A. au son vaguement similaire (les Stepmothers, entre autres). Il y a bien sûr quelques bons morceaux sur Shout At The Devil et Dr. Feelgood, et Girls Girls Girls est vraiment trop pété pour qu'on puisse totalement le détester. Mais la vraie pièce incontournable, c'est la biographie The Dirt, co-écrite par le groupe avec le journaliste Neil Strauss. Ce n'est pas seulement la bio musicale la plus hallucinante disponible sur le marché, c'est aussi et surtout le plus beau livre sur le rock que vous aurez jamais l'occasion de lire. Que vous aimiez ou non le groupe et ce qu'il représente n'a aucune importance. Ces types ont juste réussi à faire jaillir de terre une histoire à mi-chemin entre un spin-off porno des Feux de l'Amour, un remake heavy metal de Voyage Au Bout De L'Enfer, et un épisode de South Park en 3D, et c'est tout ce que vous avez besoin de savoir. Puissance cheveu : 02/10. Une catastrophe. En plus de 30 ans de carrière, la seule chose que ces mecs ont utilisé pour nourrir leur cuir chevelu, c'est du lubrifiant et une quantité inhumaine de transpiration. Si l'on excepte le brushing Farrah Fawcett de Vince Neil sur la période 1983-1985, il n'y a absolument rien à sauver de ce holocauste laineux.

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Def Leppard « Pour Some Sugar On Me » (Mercury) 1987
Un jour, il faudra que quelqu'un écrive un livre sur Hysteria, quatrième album de Def Leppard et de loin le disque le plus inhumain des années 80. Des choeurs au son de caisse claire, chaque élément, chaque détail, sonne comme s'il avait été conditionné pendant de longs mois dans un silo souterrain, avant d'être placé dans un accélérateur de particules et fragmenté par des protons à haute énergie, le tout sous la supervision d'une équipe de chercheurs suisses alémaniques ne parlant pas un mot d'anglais. Écoutez « Rocket ». On dirait que la ligne de basse est sous cellophane, c'est fascinant. Le disque a coûté la somme insensée de 7 millions de dollars et a bien failli être un bide fracassant. Les deux premiers singles (« Women » et « Animal ») se sont en effet complètement ramassés, et lorsque le groupe sort « Pour Some Sugar On Me », il joue clairement sa dernière carte. Par chance, le titre sera un hit phénoménal, principalement grâce à son clip, réalisé par Wayne Isham (LE réalisateur Hair Metal, à qui l'on doit la quasi-intégralité des vidéos de Mötley Crüe et Bon Jovi), et aux clubs de strip-tease du monde occidental, où le titre est joué en boucle depuis 25 ans. A l'arrivée, pas moins de sept (SEPT !) singles seront extraits de Hysteria, qui se vendra à plus de 30 millions d'exemplaires dans le monde. Oeuvres recommandées : Il n'y a qu'une question à se poser quand on écoute un disque de Def Leppard : est-ce que ça sonne bien sur les enceintes d'une Porsche 911 GT3 lancée à 240 km/h sur une autoroute allemande ? Rien d'autre n'a d'importance. Mais si vous y tenez vraiment, je vous dirais que High 'N' Dry, Pyromania et Hysteria sont plus que recommandés : ils sont obligatoires. Si vous ne deviez écouter que trois disques de tout ce guide, je vous conseillerais ces trois là, sincèrement. Mis bout à bout, ils donnent l'impression de raconter l'histoire d'un délinquent juvénile du nord de l'Angleterre en cavale, qui finit par se transformer en robot de lumière après s'être injecté le contenu d'une fiole phosphorescente qui lui a été offerte en rêve par une strip-teaseuse aveugle. Puissance cheveu : 01/10. Def Leppard a traversé les âges avec un guitariste alcoolique au dernier degré et un batteur manchot. Leurs cheveux étaient -et sont toujours- le cadet de leur soucis.

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Poison « Talk Dirty To Me » (Capitol) 1986
C'est dingue, mais Poison est un des groupes qui, aussi loin que je me souvienne, n'a JAMAIS été considéré autrement que comme une gigantesque bande de pipes, et pour être tout à fait honnête, c'est super mérité, vu que ce sont un peu les Wolves In The Throne Room du hair metal : des mecs qui se sentent oblgés d'aller jusqu'au coude dans l'excès et le ridicule pour faire oublier le fait qu'ils sont écolos, végétariens et de gauche. Le seul truc qui les sauve, c'est leur guitariste, C.C. Deville qui, outre le fait qu'il est techniquement débile -je ne saurais que trop vous recommander de jeter un oeil à ses interviews- a également une tronche à arrêter les montres. Disons que si quelqu'un essayait de faire une sculpture du visage de Meg Ryan avec des saucisses de foie de veau, qu'il se foirait, et qu'il tentait de rattrapper le désastre en faisant un cendrier en forme de C. Jérôme, le résultat aurait à peu près la gueule de C.C Deville. Oeuvres recommandées : Le seul disque à peu près écoutable de Poison, c'est Flesh & Blood. En fait, je ne sais pas s'il est réellement plus écoutable que le reste, mais au moment de sa sortie, le single « Unskinny Bop » passait genre 14 fois par jour sur MTV, alors j'ai peut être juste fini par m'y habituer. Puissance cheveu : 09/10. C.C. Deville mis à part, on est ici sur du très haut de gamme. Vous avez vu ces reflets ? Sublime.

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Ratt « Slip Of The Lip » (Atlantic) 1986
À la base, je voulais mettre le clip de « Body Talk » parce que Warren De Martini fait plein de flex clownesques avec sa guitare et que le morceau était dans la B.O. de Golden Child, L'Enfant Sacré du Tibet, de loin le rôle le plus ingérable d'Eddie Murphy. J'aurais aussi pu choisir « Round And Round », vu que c'est le tube du groupe (celui qu'écoute Mickey Rourke dans la scène de The Wrestler où il explique à Marisa Tomei que Kurt Cobain a ruiné la musique), et que le clip est réalisé par Don Letts -ce qui est assez pathétique quand on y pense. Mais finalement, j'ai opté pour « Slip Of The Lip », pour une seule et unique raison : le type en chapeau de cowboy qu'on voit à la 21è seconde, est en réalité un ex-flic qui était chargé de la sécurité du groupe, et il a été retrouvé un matin, pendant le tournage du clip, menotté, ligoté et complètement nu dans sa chambre d'hôtel. Quand l'équipe lui a demandé ce qu'il s'était passé il a juste répondu : « Je faisais la fête avec deux filles et ces putes m'ont dépouillé ». Welcome to the jungle. Oeuvres recommandées : Guitares gratte-ciel, chanteur qui en fait des caisses, ambiance de teuf pourrie par la présence d'une ex sociopathe : Ratt est en fait une version street et sleazy du U2 période The Unforgettable Fire. Ce qui signifie que même si c'est le genre de merde qui coule toute seule, il y a quand même là-dedans un truc super crispant et totalement inacceptable. Si vous y tenez vraiment, vous pouvez essayer Dancing Undercover, qui mérite bien 20 minutes de votre temps, ne serait-ce que pour son titre. Puissance cheveu

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: 01/10. Fourches, frisottis, cheveux blancs qui traînent, c'est quoi ce bordel ? Vous tenez une mercerie, les gars, ou quoi ?

Desmond Child
Le seul artiste de ce guide dont je ne présenterai pas de clip, et ce pour deux raisons : 1/ Desmond Child est beaucoup trop BIG pour être résumé à un clip, et 2/ la photo ci-dessus résume à peu près tout. Desmond Child est au hair metal ce que James Joyce est à la littérature, Stanley Kubrick au cinéma, Stan Lee à la bande dessinée et Gérard Holtz à la haine de soi : à la fois une synthèse, un superlatif, et une escroquerie.

Compositeur-producteur-cachetonneur pour Kiss (« I Was Made For Loving You », c'est lui), Bon Jovi (« Livin' On A Prayer », c'est lui), Alice Cooper (« Poison », c'est lui) et Aerosmith (« Crazy », c'est lui), Desmond Child est un compositeur multimillionnaire, ultra-demandé, et un rien mégalo - il ne supporte pas que ses titres ne devienne pas des tubes, et a, par exemple, refilé à un titre écrit pour Bonnie Tyler (« If You Were A Woman, And I Was A Man », bide monumental) à Bon Jovi (qui le rebaptisera « You Give Love A Bad Name » et en fera un méga-carton). Et quand Desmond n'a personne pour sublimer son oeuvre, il prend les choses en main lui-même, comme c'est le cas sur son seul et unique album solo, le terrifiant Discipline, où il atomise des hymnes way over the top qu'il a eu la mauvaise idée de cramer sur des groupes allemands (« The Price Of Lovin' You », écrit à l'origine pour Bonfire), et enquille une paire de ballades à faire passer Michael Bolton pour GG Allin (« You're The Story Of My Life », « Love On A Rooftop »). Oeuvres recommandées : Il faut bien le reconnaître, « The Price Of Lovin' You » est vraiment un super morceau de Stallone rock. Mais ça s'arrête là. Vraiment. Puissance cheveu : 09/10. Le mec est multi-millardaire. Son pubis est probablement mieux géré que vos plus belles permanentes.

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Skid Row « Youth Gone Wild » (Atlantic) 1989
Mené par l'ultra-charismatique Sebastian Bach (un genre de mélange entre Albator, le mec qui voulait votre peau au lycée, et Clara Morgane), ce groupe de petites frappes du New Jersey a tout écrasé sur son passage entre 1989 et 1992. Leur deuxième album, Slave To The Grind, a d'ailleurs mis un zbeul impérial à la première place des charts US le 29 juin 1991, en détrônant rien de moins que Paula Abdul, Mariah Carey et Vanilla Ice. Un succès historique, puisqu'il s'agit, avec Out Of Time de R.E.M. et Niggaz4life de N.W.A., d'un des trois premiers disques à avoir gatecrashé le Billboard grâce aux normes SoundScan (système de comptage de ventes d'album mis en place au printemps 1991 aux USA, et basé non plus sur les ventes déclarées par les chaînes de magasins américains, mais sur les ventes effectives par code barre dans l'ensemble des points de vente et de distribution des États-Unis, du Canada, du Royaume-Uni et du Japon), qui joueront un rôle majeur dans le succès, quelques mois plus tard, de Nirvana. Bref, niveau thunes les mecs se sont mis bien, mais le fait est que, 23 ans plus tard, Skid Row reste considéré au mieux comme un plaisir honteux, alors que ces mecs sont juste l'équivalent white trash des Geto Boys, alternant célébrations ultra-ordurières d'une vie faite de sexe et de violence, et power-ballads racontant la chute de gamins fugueurs de 15 ans qui prennent perpète pour un coup de schlass. Un groupe qui écrit un morceau intitulé « Youth Gone Wild » ne peut pas avoir tort. Un groupe dont le chanteur a « Youth Gone Wild » tatoué sur le bras, encore moins. Oeuvres recommandées : Slave To The Grind est un chef d'oeuvre absolu. Sincèrement. Je pèse mes mots. Tout, sur ce disque, défonce de A à Z et continuera à défoncer à travers les âges et les siècles. Puissance cheveu : 09/10 pour Sebastian Bach, 01/10 pour le reste du groupe. Tu peux enlever le bonhomme du New Jersey, mais tu peux pas enlever le New Jersey du bonhomme, tu me suis ?

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Extreme « Get The Funk Out » (A&M) 1990
En voilà d'autres qui mériteraient bien mieux que leur réputation de groupe-à-slows avalé par le trou noir Nirvana. Pour tout dire, pendant un temps, on a même cru que ce serait eux, Nirvana. Il faut dire que quand on les a vus débarquer dans un long couloir de clips avec leur plans fusion, leur looks de pirates-indiens, leurs gros refrains en plastique, leur chanteur qui ressemblait à Julien Clerc déguisé en Anthony Kiedis, et le jeu de guitare complètement baisé de Nuno Bettencourt, on s'est dit qu'on tenait probablement un truc. Et puis après ils ont fait ça, et toutes les filles qui s'appelaient Nathalie en ont fait leur chasse gardée. Oeuvres recommandées : J'aimerais vraiment pouvoir dire Pornograffitti, leur deuxième album, parce qu'on y trouve de purs moments de pure ouferie (« It's A Monster ») et des trucs presque à moitié aussi oufs (« He-Man Woman Hater »), mais il y a vraiment beaucoup, beaucoup, beaucoup trop de merde sur ce disque, à commencer par « Suzi Wants Her All Day What ? », qui est probablement le morceau le moins logique de toute l'histoire de l'électricité. Puissance cheveu : Si le reste du groupe mérite à peine un 06/10, Nuno Bettencourt est, lui, le seul 10/10 de cette liste. Ses cheveux sont comme la charge ordonnée de 20 étalons arabes au large du détroit d'Ormuz par un nuit sans lune.

Vixen « Edge Of A Broken Heart » (EMI) 1988
Lamborghinis blanches et Ferraris jaune banane, walking gloves en daim bleu et stilettos léopard, couplet Pat Benatar et refrain Bonnie Tyler, toi sur le dos d'un dragon volant et mes couilles en flamme sur l'horizon du couchant. Il y'a des jours comme ça où je tuerais pour retourner ne serait-ce qu'une après-midi dans les années 80. Accessoirement, le seul groupe féminin de cette sélection, mais en même temps c'est pas comme si j'avais le choix, c'était elles ou Phantom Blue. Et même si le premier album de Phantom Blue défonce (je vous le recommande), niveau clips, Vixen est vraiment au-dessus. Oeuvres recommandées : Le premier album. Plus exactement, la première face du premier album. Bon, ok, le premier morceau. Puissance cheveu : 04/10. Le hair metal est le seul genre musical où des types passent leur temps à essayer de choper des filles moins bien fagotées qu'eux.

Warrant « Cherry Pie » (Columbia) 1990
Ok, on franchit le Rubicon, destination planète gol-mon. Si Skid Row sont les Geto Boys du white trash, Warrant en sont les 2 Live Crew. Du cul, du cul, du cul, et rien d'autre que du cul, le tout avec l'approche et la subtilité d'un gamin de 8 ans qui viendrait de boire son premier verre de Suze. Le clip de « Cherry Pie » est passé tellement de fois sur MTV que j'ai l'impression qu'il fait partie de moi, au même titre que mes doigts, mon acouphène à l'oreille droite et la cicatrice que je me suis fait en cours de gym en tombant du cheval d'arçon au printemps 1986. Oeuvres recommandées : Le clip de « Cherry Pie » est absolument tout ce que vous aurez besoin de connaître au sujet de Warrant. Bobbie Brown, la fille qu'on voit dans la vidéo, a par la suite raté tout un tas d'auditions qui auraient pu faire d'elle la Sharon Stone fuck-off des années 90. Au lieu de ça, elle a sombré dans la drogue et l'alcool et le plus gros highlight de son CV cinématographique s'est résumé à une très courte apparition dans Last Action Hero. La société-internet restant prête à se repaître des plus infimes miettes du passé, elle a pu sortir, il y a quelques années, une biographie intitulée Dirty Rocker Boys, dans laquelle elle raconte, entre autres, qu'elle a emballé Leonardo DiCaprio sur « Waterfalls » de TLC quand il avait 19 ans, et que le gamin avait un machin « qui mettait à l'amende celui de Tommy Lee ». Puissance cheveu : 01/10. D'un point de vue strictly capillaire, ces mecs étaient à Ratt ce que votre prof de français était à votre prof de géo : la même chose, en plus sale.

Winger « Can't Get Enuff » (Atlantic) 1990
Winger est, techniquement, un groupe conçu en maison de disque à destination d'une cible bien précise : les MILFs et les filles-mères du Midwest. Et vu le succès de leurs deux premiers disques, on peut dire que le contrat a été dûment rempli. Si je vous dis, en plus, que pour le clip de « Can't Get Enuff », le groupe a demandé à Michael Bay -alors jeune connard arrogant fraîchement engagé dans la boîte de prod de David Fincher (qui ne pouvait pas le blairer, mais reconnaissait sa puissance de feu)- de tourner un truc qui « ressemble à une pub pour Coca-Cola », je crois qu'il vous suffit de fermer les yeux pour sentir de votre fauteuil le filtre orange, les peaux moites et les ventilateurs. Oeuvres recommandées : On est ici dans les toutes dernières couches de l'enfer, sachez-le bien. Mais In The Heart Of The Young a deux-trois titres assez catchy, si vous cherchez bien. Puissance cheveu : 08/10. On n'atrappe pas les quadras rousses d'Iowa avec un dégradé au rasoir, puto.

Nelson « After The Rain » (Geffen) 1990
Le terminus, le boss de fin, la queue du chinois. Fondé par les deux jumeaux du chanteur de country Ricky Nelson, Matthew et Gunnar, Nelson est un concentré de toutes les forces négatives de la musique occidentale, présentées à un exceptionnel degré de pureté dans le cadre d'un spectacle haut-budget à portée sociale et identitaire. En d'autres termes, Skrillex avec la force de frappe de Céline Dion. Oeuvres recommandées : Restez éloignés de tout ce qui porte le nom de Nelson, toute votre vie. Vous remarquerez que ce n'est pas une tâche particulièrment ardue. Puissance cheveu : 09/10. Cascade de blé platine à son plus haut degré de perpendicularité avec la terre des anciens, il faut bien l'admettre. Lelo Jimmy Batista est le rédacteur en chef de Noisey France. Ses cheveux sont plus épais que la moquette de la salle d'attente d'un chiropracteur indien circa 1987. Hair Metal - Sunset Strip Extravaganza! de Jean-Charles Desgroux sort aujourd'hui aux éditions Le Mot Et Le Reste.