On parle de satanisme et d’égalité hommes-femmes avec les filles d’Asagraum
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Musique

On parle de satanisme et d’égalité hommes-femmes avec les filles d’Asagraum

Le satanisme est une source d’empowerment pour les membres du groupe de black métal Asagraum. On leur a parlé de la façon dont elles se sont taillé une place dans cette scène extrême.

La première production du duo Asagraum est souvent évoquée comme une des meilleures sorties de black métal de 2017. Potestas Magicum Diaboli, un recueil d’incantations sataniques portées par des riffs inspirés et des mélodies envoûtantes, est l’œuvre de femmes qui ont notamment fait leurs armes en jouant dans Nargaroth, Nattefrost ou Craft. VICE a rencontré Obscura, T. Kolsvart et V-Kaos, trois des prêtresses de l’ombre derrière Asagraum. VICE : Avec une batteuse originaire de Calgary (NDLR : Au moment de publier cet article, nous apprenons que la batteuse, T.Kolsvart, a quitté le groupe), mais vivant entre la Suède et la Norvège, et une guitariste-chanteuse vivant entre les Pays-Bas et la Finlande, quel alignement occulte de planètes a pu donner naissance au projet? Obscura : J’avais quelques chansons qui étaient différentes des groupes dans lesquels je jouais, j’ai donc voulu créer un projet à part.
Je connaissais déjà T. Kolsvart. On s’était rencontrées quelques fois à des festivals et on avait évoqué l’idée de jouer ensemble. Je lui ai envoyé ce que j’avais écrit, elle a commencé à jouer de la batterie dessus, puis on a commencé à répéter ensemble. Avais-tu l’intention d’en faire un groupe exclusivement féminin au départ? Obscura : Pas vraiment au début. Mais quand on a trouvé une bassiste, c’est à ce moment que je me suis dit pourquoi pas en faire un groupe féminin, en recrutant quelques membres de plus. T. Kolsvart connaissait déjà Makhashanah, notre deuxième bassiste de session, et j’avais déjà tourné avec V-Kaos, donc ça s’est fait facilement. T. Kolsvart : Pas si facilement. C’étaient les seules qu’on connaissait dans le nord de l’Europe qui savent jouer correctement leurs instruments! [Rires]

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Il paraît que dans les loges à la Messe des Morts, à Montréal, le batteur de Profanatica vous a dit un truc du genre « Je regarderai juste votre concert si vous jouez topless! »

T. Kolsvart : [Rires] C’est correct, on le connaissait déjà et c’est juste son sens de l’humour qui est spécial. Mais, venant de lui, ce n’est pas sexiste, c’était vraiment une blague. V-Kaos : Si quelqu’un faisait vraiment un commentaire méchant, on l’enverrait chier, c’est tout. Est-ce que vous vous sentez jugées différemment du fait d’être un groupe de filles? V-Kaos : On entend quand même les classiques du genre : « D’habitude, je n’aime pas les filles dans le black métal, mais vous vous êtes vraiment cool! » On peut seulement le prendre positivement, je pense. T. Kolsvart : Parfois, il y en a qui ont des attentes peu élevées du fait qu’on soit des filles, et ils sont surpris quand ils nous voient, juste parce qu’ils n’avaient jamais vu un groupe de filles avant, je suppose. Obscura : Le milieu du black métal n’est en fait pas si violent et extrême que le pense le grand public. La plupart des musiciens de black métal que je connais sont des gens intelligents avec leurs propres philosophies, parfois même moins violents que dans le monde ordinaire. Ça en fait un bon milieu où les femmes peuvent évoluer sans problème. C’est une bonne chose que de plus en plus de femmes jouent du black métal, ça casse certains clichés et montre que les filles ne sont pas là juste pour être jolies. Pourquoi ne pourraient-elles pas créer aussi? Le black métal est basé sur le satanisme, qui considère hommes et femmes comme étant égaux. Alors ce serait une contradiction de penser que ce soit réservé aux hommes.

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Parlons de satanisme et de tes paroles, qui semblent plus mystiques et rituelles qu’une croisade antichrétienne. Quel genre de message veux-tu transmettre?

Obscura :

Je vois le satanisme comme l’adoration de la beauté de ton propre pouvoir, de créer ta réalité, et accomplir de bonnes choses pour ton bonheur. Je suis contre le christianisme et la plupart des religions, car souvent elles endoctrinent les gens pour faire ce que la société attend d’eux. Je pense que, pour les gens qui ont un minimum d’intelligence, c’est mieux de suivre leur propre voie, de forger eux-mêmes leur force pour vivre une vie épanouie. Le satanisme est une idéologie qui reflète ma façon de penser.

Pour le côté mystique, je pratique mes propres rituels de magie noire, pour moi-même, et je pense que les rituels sont quelque chose que la plupart des humains devraient utiliser pour leur psychisme, qu’il y ait un monde surnaturel ou non. Il n’y a pas de preuves scientifiques, mais j’ai le sentiment qu’il existe quelque chose de plus que ce monde matériel. Même quand je chante sur scène, je peux sentir cette entité spirituelle me traverser, et ça me rend plus forte.

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