Brandon McClain voit la beauté partout – même au fin fond de la Géorgie

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Brandon McClain voit la beauté partout – même au fin fond de la Géorgie

Le photographe connu pour son travail avec Awful Records nous a parlé de son amour des petites villes américaines.

Le collectif de rap Awful Records est composé des rappeurs les plus arty de toute la scène d'Atlanta. Comparé à des collectifs comme la Sailing Team de Lil Yachty ou la Dungeon Family, Awful s'apparente plus à un enfant roux, rebelle et accro aux acides : le gamin bizarre de l'école en somme. L'esthétique d'Awful est alimentée par son photographe attitré : Brandon McClain, surnommé Eat Humans. Mais McClain s'est surtout fait connaître avec ses portraits bruts de rappeurs, et son art sinistre et cru. On a discuté avec lui de la différence entre la joliesse et la beauté et de son amour des petites villes américaines.

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VICE : Peux-tu me parler des choses que tu aimes photographier – et m'expliquer pourquoi tu aimes les photographier ?
Brandon McClain : Cet amour a connu différents stades. Au début, c'était juste parce que je détestais l'endroit où je vivais – Acworth dans l'État de Géorgie – et j'avais juste besoin de préserver ma santé mentale. Je travaillais chez Kohl's, je prenais la même route tous les jours et je remarquais tous les détails du paysage par lequel je passais. Je n'ai jamais vraiment arrêté, – c'était comme une sorte de rêve éveillé – mais quand j'ai reçu un appareil photo, tout ce que je voyais me paraissait intéressant. Tous les jours, je passais devant un panier de basket qui se transformait doucement en arbre. C'est l'une des choses que j'ai préféré photographier. J'ai commencé à voir la beauté d'Acworth et à y voir de la beauté dans tout ce qui s'y trouvait.

Puis j'ai commencé à intégrer des éléments humains. Au début, je ne photographiais pas les visages. Je voulais juste avoir une présence humaine dans mes clichés, je leur faisais donc porter un masque où je faisais apparaître seulement une partie de leur corps. Puis je suis devenu plus à l'aise avec l'idée de photographier des gens. Tous mes amis sont rappeurs, et je les ai beaucoup photographiés. Les gens ont commencé à s'intéresser à mon travail, particulièrement quand j'ai déménagé à Atlanta, car tout le monde veut savoir ce qu'il se passe dans le milieu des rappeurs de cette ville.

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Du coup, qu'est-ce qui a accroché entre ton travail et Awful ?
J'ai rencontré Awful à travers la copine de Father [le fondateur du groupe, n.d.l.r.]. J'ai commencé à traîner avec eux en tant que pote. Je ne savais même pas qu'ils faisaient de la musique. Le truc avec Awful, c'est que nous sommes tous des parias, vraiment. Je ne me suis jamais senti comme quelqu'un de bizarre en leur présence. On était juste des enfants un peu créatifs. Prendre des photos est vraiment la seule chose qui a un peu de sens pour moi. Ce mecs sont les personnes les plus bizarres que je connaisse, on a beaucoup en commun. Father est simplement le ciment qui nous maintient tous ensemble.

Qu'est-ce qui entraîne cette colère, voire cette violence, que l'on voit dans ces photos ?
Ce n'est pas tant de la colère – les photos traitent plus du sentiment d'être incompris. Je peux quand même comprendre pourquoi on peut penser ça. Je me sens comme un défenseur de la beauté qui n'est pas considérée comme telle, même s'il est indéniable que mon travail a une dimension assez sombre. Quand j'ai commencé à photographier les gens, je voulais vraiment montrer leurs côtés cachés.

Comment sépares-tu ton travail lié à la musique de celui lié à l'art, si tu le fais ?
C'est difficile. J'essaie vraiment de combiner les deux, en fait. Vu que je ne voulais pas photographier de gens, j'ai eu du mal à prendre des clichés d'Awful. Comme je l'ai dit, je n'aime pas avoir des visages sur mes photos. C'est dur de photographier des gens qui ont leur propre marque, de trouver le juste milieu entre mes préférences artistiques et les leurs. Ils veulent voir leur visage sur la photo, car les artistes souhaitent être mis en avant.

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Qu'est-ce que tu veux que les gens voient dans tes photos, en dehors des rappeurs ?
Je ne prends des photos de rappeurs que pour deux raisons. La première est que je veux m'investir dans la communauté noire américaine autant que possible. Je veux fréquenter et travailler avec des créateurs noirs, et il s'avère juste que la plupart de mes amis sont rappeurs. En ce qui concerne mes projets personnels, je veux montrer aux gens que la beauté est partout. Je veux que les gens sachent que quelle que soit la ville où ils se trouvent, ils peuvent y trouver de la beauté. Tout est matière à faire de l'art.

Toutes les photos sont de Brandon McClain. Vous pouvez suivre son travail ici.