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En écoute : sur son nouvel album, Ventre de Biche n'a plus rien à perdre

Le nouvel album du Français, qu'on écoute ici en avant-première, évoque aussi bien des sentiments très purs que des plans sordides sur des aires d'autoroute.
Marc-Aurèle Baly
Paris, FR
Ventre de Biche, premiere, France
DR 

Il y a quatre ou cinq ans, notre doux pays arrivait à l’apogée d’une vague connue sous le sobriquet peu engageant de « chanson française dégénérée ». Réunie sur la compilation du même nom sortie fin 2014 chez la Souterraine, cette nouvelle génération de séditieux des quatre coins de France (mais surtout de l’est) lorgnait thématiquement plus du côté de la 8.6 et des tournantes dans les caves que des truismes bon marché de Vincent Delerm. Soit le net plus cracra de la désespérance de chez nous, ode à la déchéance aux sentiments très purs cachés sous des voix qui dégoisent en réverb’ et des synthés qui couinent : en bref, tout ce dont la France éternelle avait alors besoin.

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Parmi les têtes de gondoles Noir Boy George ou Colombey, le dénommé Ventre de Biche (aussi connu sous le nom de Luca Niveau) tirait déjà son épingle du jeu. Non en déviant foncièrement de la ligne d’inconduite de ses camarades (même sens de l’aphorisme triste et du désespoir rigolard, vraie-fausse poésie du bitume et de la biture sous les ponts), mais plutôt à l’aide de subtiles incartades qui en disaient autant sur sa versatilité du bonhomme que sur le potentiel surplace qui pouvait guetter la scène.

Comme s’il anticipait lui-même que la formule pouvait vite tourner en rond à force de faire tourner de l’œil, et que l’esthétique de chien d’la casse allait être récupérée par une bande de pipes en bois comme Eddy de Pretto, lui prenait déjà plus ou moins la tangente. À travers notamment une pelletée de projets parallèles, mais également en allant tâter de tous les genres musicaux possibles et imaginables – synth-pouet des égouts, punk vicié, chansonnette de caniveau, proto-rap pour enfants attardés.

Sur son nouvel album, III, on retrouve un peu tous ces affects-là, guidés par une voix parfois claire, parfois légèrement trafiquée, qui « slalome entre les cafards » mais chante des mélodies qui ne visent parfois rien d'autre que la beauté. Rassurez-vous, ça restera toujours autrement plus cru et dérangeant que n'importe quelle connerie de chez Pain Surprises, mais gageons que cette cour des miracles aux vapeurs radioactives, qui évoquent autant un John Maus sous perfusion qu'un Gérard Manset fini à la Suze-Krokodil, relève plus d'un certain romantisme contemporain, pur et dur sous le malaise, que de la crotte de nez nihiliste lancée négligemment à la tête du voisin.

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Ça tombe bien, le disque sort à la fin de la semaine chezTeenage Menopause Records, et vous pouvez l'écouter juste en-dessous :

À noter que Ventre de Biche passera en décembre par les villes suivantes :

3/12. : Marseille
4/12 : Lyon
5/12 : Genève
6/12 : Chaud de Fond
7/12 : Bienne
8/12 : Zürich
10/12 : Fribourg
11/12 : Strasbourg
12/12 : Metz
14/12 : Amiens
15/12 : Lille
14/01 : Paris (Point éphémère - release party)

Marc-Aurèle Baly est vaguement sur Twitter.

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