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Music

French Nightmare : on a rencontré Kroc Blanc, rappeur nationaliste

Il chante « Je vote FN » et rêve d'un featuring avec Kery James.

Après avoir gatecrashé l’Assemblée Nationale à l'aide d'une post-ado blonde platine, s'être invité dans la presse féminine et avoir fait la une de Closer avec le coming-out de son énarque, Florian Philippot, le FN franchit un nouveau cap dans la néo-médiatisation. Le parti de Marine Le Pen a en effet débarqué il y a quelques mois dans le rap game, avec Kroc Blanc. Fini la trap, place à la tolérance zéro, aux vannes plus que borderline, et aux imitations de Jean-Marie Le Pen, maître à penser de ce rappeur identitaire qui n'est pas sans rappeler les saillies de Goldofaf. Dans un milieu hip-hop dominé par l’esprit des quartiers, ce jeune commercial de province a l’ambition de faire entendre sa voix frontiste. Et malgré son titre, son premier album, L’appel de la forêt, est moins une ballade aux accents bucoliques qu’un pamphlet contre le système, l’Etat, l’immigration et le multiculturalisme. On est allés à la rencontre du personnage pour en savoir plus sur ses motivations et ses objectifs.

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Noisey : La plupart des rappeurs dénoncent les injustices dans leurs morceaux, toi ta musique est née d’une révolte identitaire ?
Kroc Blanc : Non, je faisais du rap bien avant d’être nationaliste. J’ai quand même toujours eu cette fibre, mon premier morceau avait déjà cette couleur là, mais j’étais un peu timide. J’étais tellement formaté que je me disais que le rap et le patriotisme étaient antinomiques. Et puis, petit à petit, en voyant que des gens me suivaient et adhéraient à mon discours, je me suis dit « lâche-toi ». Politiquement, je me suis réveillé assez tard, mais j’ai toujours aimé le rap.

Quelles sont tes influences musicales dans le rap français ?
J’ai beaucoup écouté Ideal J, Kery James, et la Mafia K1fry. Kery n’est pas manichéen. Il est capable de critiquer autant les siens que les autres, et moi je suis un peu comme ça aussi. Les autres rappeurs conscients ne font que déblatérer des choses préconçues. Le rap, ça fait 30 ans que c’est la même chose.

Tu dirais que tu fais du rap conscient ?
J’ai essayé d’en faire mais je vois que les gens ne comprennent pas. J’ai fait un morceau qui s’appelle « Antifa » pour critiquer la manière dont a été traitée l’affaire Clément Méric, et aussi parce que pour moi, les antifa se trompent de combat. Et d’ailleurs, il y a des antifa qui sont venus mettre des commentaires sous ma vidéo YouTube en disant « Bravo », « Merci pour ce morceau », « Vive les antifa », et il y a des natio qui m’ont traité d’ « antifa de merde ». Donc je me suis dit que, finalement, personne ne comprenait et que j’allais faire du son bourrin, de la punchline.

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Tu penses quoi du rap actuel ?
Je pense que le rap est un complot des LGBT, globalement c’est un complot homosexuel, pour homosexualiser les gens. Parce que les mecs sont à poil, ils ont le torse huilé. [Rires]

Toi aussi t’es à poil dans le clip « Antifrance » !
Oui, mais je m’épile pas le torse, et c’était pour dénoncer…

On n’avait pas l’impression…
Là, les mecs, j’ai l’impression qu’ils passent plus de temps chez l’esthéticienne que dans le ghetto à vendre du shit, malgré ce qu’ils peuvent dire. Mais quand tu vois que le rap a été amené par Andy Warhol aux Etats-Unis, Jack Lang en France, tu te dis que tout ça c’est assez homo. Après, je critique pas, j’ai des potes homo. Mais je pense vraiment que c’est très très gay tout ça !

Comment as-tu basculé dans la mouvance identitaire ?
Comme je l’ai dit, j’ai toujours eu ça en moi. Quand j’étais petit et qu’il y avait des bastons à l’école, quand c’était des Blancs, ça se passait normal tu vois, un contre un. Quand c’était des Noirs ou des Arabes, on allait chercher le grand frère, c’était le bordel… On n’est pas pareil. Et puis des « sale Français ! », j’en ai entendu. Il y avait une école publique à côté, avec beaucoup de racailles, ils venaient nous dépouiller. Je vois bien comment ils nous considéraient : comme des moutons qu’il fallait tondre. Cela dit, mon meilleur pote quand j’étais jeune était noir, je ne suis pas raciste, je parle au niveau culturel. Je suis antiraciste.

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Donc pour toi les races n’existent pas ?
Si, il y a des races supérieures ou inférieures ; pas globalement, mais dans le sens où je pense que les Européens sont supérieurs en Europe, et les Africains sont supérieurs en Afrique. Que l’on soit croyant ou darwiniste, chaque peuple a été donné par Dieu à une terre ou a évolué sur cette terre comme le pense Darwin. L’Islam est une religion qui est faite pour le Moyen-Orient et en Afrique car elle est née là-bas, elle a évolué avec cette culture, ce peuple, et elle est très bien pour ce continent, mais n’a rien à faire en Europe car l’Europe c’est le catholicisme. En France, les Français de souche sont supérieurs. Au Gabon, les Gabonais sont supérieurs, parce qu’ils sont là depuis toujours. Le multiculturalisme c’est de la grosse branlette, ça n’existe pas, dans aucun pays. Quand on voit ce que ça donne au Liban ou dans les pays comme le Brésil… Le multiculturalisme c’est raboter les cultures de tout le monde pour pouvoir vivre ensemble. Et quand on a raboté ta culture, il ne reste plus rien, ton héritage a disparu, il ne reste que le marché. Le multiculturalisme, c’est une invention du capitalisme.

Tu critiques l’hypocrisie des dirigeants de gauche, ce n’est pas la même chose du côté de l’extrême-droite ?
Non, parce que pour être militant et être arrivé à la direction du parti d’extrême droite, il faut avoir beaucoup plus de couilles qu’à l’extrême gauche par exemple. Car l’extrême gauche est financée, aidée, alors que l’extrême droite est diabolisée, battue… Il faut être plus que motivé, et la motivation vient avec la sincérité. Les gens à l’extrême droite ne sont pas là pour se faire de l’argent. Pas comme un Mélenchon qui a été sénateur PS pendant 30 ans et qui aujourd’hui leur crache dessus.

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Mais au FN c’est quand même une dynastie, Marine Le Pen succède à son père, Marion-Maréchal Le Pen arrive derrière…
Ecoute, le FN est pour le droit du sang donc je ne vois pas le mal ! [Rires]

Tu as l’impression d’être boycotté ?
Les rappeurs me détestent car je suis natio, et les nationalistes me détestent car je fais du rap. Ils me disent « tu fais de la musique de nègre », donc pas beaucoup de gens me soutiennent dans les grosses structures. Le site « français de souche » me diffuse mais je me fais constamment allumer. Au final, je m’en fous. Quand j’ai commencé, je me disais « si je fais 1000 vues c’est énorme », là je suis à un million, je vais pas sucer pour faire quelques vues de plus.

Et les concerts ?
J’ai jamais pratiqué le live. Mais tu me vois aller en MJC lâcher me textes ? Je vais me faire embrocher !

Un de tes morceaux s’appelle « Je vote FN », tu bénéficies d’un soutien financier de leur part ?
Absolument pas. Je ne rentre pas dans le cadre de la dédiabolisation, je suis plus radical. C’est plus le Front National Jeunesse qui me diffuse et me soutient. Mais je suis libre, ils le savent. J’ai sorti un morceau soutien à Jean-Marie Le Pen alors qu’ils viennent de le virer. J’ai déjà fait 30 000 vues avec aucun relais.

Je n’ai pas compris le titre de ton album, Islamophobia
C’est pour dire qu’il faut arrêter de focaliser. La bouddhistophobie, ça n’existe pas, donc s’il y a de l’islamophobie, c’est peut-être que beaucoup de musulmans font de la merde, non ? Les prisons contiennent 80 % de musulmans. C’est le déracinement qui fait ça, comme moi quand j’étais petit et que j’allais dans des pays étrangers, je faisais beaucoup plus de conneries qu’en France. Je me disais « c’est la fête, je ne suis pas chez moi ».

Dernière question, avec quel artiste tu rêves de faire un featuring ?
Eminem ! Et chez les Français : MC Solaar, Doc Gyneco, Kery James… J’aimerais aussi faire un featuring clash avec quelqu’un qui est à l’opposé de moi politiquement.

Mazdak et Alice font partie du collectif Pepper. Ils sont à fond sur les sujets chauds, mais pas sur Twitter.