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Music

Kevin Gates est un rappeur hyper sensible

Pas mal de livres, une grosse dépression et un zeste de Taylor Swift : voilà la recette de la meilleure mixtape rap de 2014.

Photos : Bobby Viteri

Cinq minutes après le début de notre conversation, le rappeur de Baton Rouge,

Kevin Gates

, nous dit souffrir d’une grave dépression, un diagnostic qu’il a conclu lui-même après avoir obtenu un master de psychologie en prison. Deux minutes plus tard, il se marrait en chantant des refrains de

Taylor Swift

et en avouant son amour pour

Ed Sheeran

.

Les choses se passent pour Kevin Gates cette année. Sa dernière mixtape

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,

By Any Means

, a été acclamée par la planète rap et il a même récemment eu sa tête en couverture du magazine

XXL

, qui l'a élu comme l'un des mecs les plus frais de 2014. Pour Gates, rien n’est dû au hasard. Il rappe depuis des années, dehors ou en prison, et il s’est créé une grosse fan-base depuis ses débuts en 2007.

By Any Means

oscille entre la frime la plus totale et les sentiments les plus profonds, exactement comme Gates dans la vraie vie. Pour lui, être à la fois un romantique incurable et un dealer impitoyable ne sont pas du tout incompatibles.

Noisey : Tu te souviens du premier morceau de musique que t’as vraiment aimé quand t’étais gamin ?

Kevin Gates :

C’était probablement un titre de Snoop Dogg ou de Dr Dre. Quand j’étais gosse je voulais juste rider assis sur le guidon des vélos. Pour moi c’était le truc le plus cool qui existait, et Snoop Dogg ridait comme ça.

Tu as essayé après l’avoir vu faire ça ?

Je le faisais déjà ! Dans une vidéo, on le voit le faire, posé sur le guidon, tranquille. Moi ça me fascinait, j’avais l’impression qu’il venait de mon quartier.

Qu’est ce qui, selon toi, te différencie des autres rappeurs ?

Je n’écoute pas de rap, tout simplement. Les gens me demandent tout le temps : « c’est qui ton rappeur préféré ? » et je leur réponds que je n’en ai aucun. Il y a évidemment des rappeurs que j’écoute mais je ne suis pas fan d’un artiste en particulier. « Hanging by a Moment » de Lifehouse, j’adore cette chanson. Tu vois ? J’aime quand Taylor Swift dit : « Et mon père m’a dit de me tenir à l’écart de Juliette », je peux tout à fait comprendre la métaphore, comme si c’était la princesse en quelque sorte. J’ai déjà vécu ça. Je suis allé au tribunal, je me suis tapé tout ça, tu vois le truc, le père de la fille est intervenu, il ne voulait pas que je sorte avec sa fille… Mais moi je voulais devenir son chevalier servant alors j’ai dû me battre pour elle.

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J’ai vraiment ressenti ça comme un écho à ce que je vivais, quand elle dit dans la chanson : « Tu te rappelles ? On était assis au bord de l’eau. Tu as mis tes bras autour de moi pour la première fois. » J’adore ce passage. C’est tellement réaliste. Tellement pur. Et quand j’écoute cette chanson, ça me rappelle un de mes auteurs préférés, Nicholas Sparks. Il a écrit

Les pages de notre amour

(

The Notebook

). Un des personnages principaux dit cette phrase : « Il n’y aura aucun monuments en mon honneur après ma mort, et je ne recevrai aucune médaille, mais je suis sûr d’une chose : j’aimerais toujours cette femme de tout mon cœur. » C’est tout simplement l’une des plus belles phrases que j’ai jamais lues. Je trouve ça vraiment beau. Aimer est une chose formidable.

Il y a pas mal de contraste dans ta musique. Certaines paroles peuvent justement ressembler à celles de Taylor Swift. Comment tu fais pour marier ça avec le reste de tes lyrics ?

Je ne cherche pas à les mélanger. Elles coexistent, et coïncident avec les autres, parce que la musique est une thérapie pour moi. Je traverse une grosse période dépressive. Et je le revendique, parce qu’il y a beaucoup de gens qui souffrent de dépression mais qui ont peur d’en parler, peur de la réaction des autres. Style « Il est dépressif, si ça se trouve il va débarquer ici pour buter tout le monde et se buter ensuite ! », « C’est une bombe à retardement ! », des trucs du genre. Mais ce n’est pas du tout ça. Beaucoup de gens souffrent de dépression et ne le savent même pas.

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Comment es-tu arrivé à parler de ces choses-là ouvertement ?

Parce que la musique est ce qui m’aide à guérir, et c’est un truc qui se vérifie dès le début d’une conversation, des gens vont dire : « Kevin Gates utilise la musique pour canaliser sa dépression ». D’autres te diront : « Je lutte contre ma dépression en jouant au basket, en courant, en faisant du yoga, de la méditation », peu importe, tu vois ce que je veux dire ? Moi je ne cache rien, au contraire, ce n’est pas grave de souffrir de ce type de maladie. C’est la façon dont tu fais face à ces troubles et la manière dont tu t’en sors qui sont importantes.

Tu as lu quoi récemment ?

Je suis en train de relire

La clé de la maîtrise

(

The Master Key System)

de Charles F. Haanel. Je l’ai déjà lu mais j’ai zappé des trucs parce que j’étais pressé. Je voulais en avoir un aperçu rapide. Mais je suis un lecteur passionné, alors je lis beaucoup.

Il y a quoi dans ta playlist ?

Abel & Cain. Lifehouse. Taylor Swift. Ed Sheeran. Gucci Mane. Tout dépend de mon humeur. Parfois une envie brutale de Gucci me prend. Si je veux me rappeler l’époque où j’étais amoureux, je mets Taylor Swift. Si je veux être bien, j’écoute Ed Sheeran.

Quand as-tu réalisé que tu étais un bon rappeur ?

En 2011 je crois, quand j’ai été incarcéré. Je me suis dit « j’aime bien comment mon esprit fonctionne. Et tu sais quoi ? Je suis un fan de Kevin Gates. » Je suis un fan de moi-même. Il m’arrive d’écouter mes anciens morceaux et de me dire, « mais oui putain vas-y ». Je suis toujours le même.

Il y a un gros buzz autour de toi cette année avec ta mixtape. Ça va continuer tu crois ?

Je ne le ressens pas vraiment comme ça. J’ai l’impression que le buzz a toujours été là. Ça me frustre quand j’entends le mot « potentiel » parce que la définition de ce mot me gêne : en gros, c'est quelqu'un qui est capable de faire les choses, mais qui ne les fait pas. On m’appelle, je prends l’avion. Y’a pas de problème. Si les gens attendent sept jours pour me voir, comme les Beatles, alors ok, on peut faire quelque chose. Mais pour l’instant on reste tranquille. On est en phase d’exploration. On a encore du boulot à fournir.

Meher Ahmad déteste Drew Millard. Elle est sur Twitter - @_meher