Les quatre choses à retenir de la première rencontre entre Trudeau et Trump

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Les quatre choses à retenir de la première rencontre entre Trudeau et Trump

À part son souffle.

L'appréhension était forte aujourd'hui, tandis que Justin Trudeau rencontrait pour la première fois son homologue américain à la Maison-Blanche.

Si le monde entier a les yeux rivés sur Donald Trump depuis un bon moment, disons que les regards ont cessé de ciller depuis son arrivée dans le Bureau ovale, le 20 janvier. Avec sa manière inhabituelle - et surtout agressive - de traiter de politique étrangère, ses positions campées sur les traités économiques et ses décrets controversés, Trudeau ferait-il le poids contre le milliardaire américain?

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D'entrée de jeu, les deux politiciens se sont faits rassurants, servant des discours dégoulinants d'allusions au respect et aux profonds liens historiques et économiques unissant les deux nations. L'Amérique est, et l'Amérique sera.

Venant de ces deux dirigeants, l'exercice n'était pas superflu. Car oui, on est bien loin du bromance Obama-Trudeau. De profondes divergences idéologiques désunissent Donald et Justin. L'un est ouvert au libre-échange, l'autre profondément protectionniste; l'un a fait campagne sur l'accueil des réfugiés syriens, l'autre sur l'érection d'un mur et sur la fermeture des frontières aux étrangers.

Malgré tout, certains terrains d'entente demeurent. Voici donc ce qu'il faut retenir de la rencontre entre le premier ministre canadien et le président américain.

En accord sur l'économie

Les deux dirigeants s'entendent pour dire que la prospérité économique de leurs pays nécessite des liens économiques forts entre ceux-ci. Justin Trudeau l'a d'ailleurs rappelé dans les deux langues : des millions d'emplois dépendent des « bons liens entre les deux pays », le Canada étant le principal partenaire commercial de 35 des 50 États américains.

Un rappel qui tombe à point, tandis que la renégociation de l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) est sur la table, au bon vouloir de Trump.

Questionné à ce sujet, Justin Trudeau a indiqué que les équipes des deux gouvernements allaient « s'asseoir dans les semaines et mois à venir » pour parler de création d'emplois.

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Trump s'est dit d'accord « à 100 % » avec le chef libéral, qui a rappelé que l'intégration des deux économies était « extrêmement positive » pour les deux nations. Il a précisé que les ajustements à l'ALENA seraient mineurs, du moins du côté des relations canado-américaines. L'accord serait plutôt problématique - voire injuste - au niveau des échanges avec le Mexique, selon le président américain.

Les femmes et les affaires

« Le plein pouvoir des femmes peut accomplir de plus grandes choses que n'importe qui d'autre. Nous savons cela. » Marquez cette date sur le calendrier: Donald Trump qui vante la force des femmes en plein point de presse.

Plus tôt dans la journée, les dirigeants rencontraient des dirigeantes et entrepreneures notoires des deux pays pour discuter des enjeux des femmes dans le monde des affaires. Ils ont profité de leur rencontre avec les médias pour annoncer la mise du pied du Conseil canado-américain pour l'avancement des femmes entrepreneures et des dirigeantes d'entreprises. Le but : s'attaquer aux obstacles auxquels les femmes font face dans le milieu entrepreneurial : l'accès au capital, aux marchés, aux réseaux…

La présence des femmes en affaires est essentielle à la croissance économique, assure-t-on. Comme quoi on peut tâter des pussies d'une main et défoncer des barrières d'une autre.

L'être humain est un chef d'oeuvre de complexité.

La défense

L'enjeu de la sécurité a été largement mis de l'avant par Trump, qui a débuté son discours par un rappel de la collaboration entre les deux forces armées dans le combat contre le groupe armé État Islamique et contre le terrorisme en général.

« Durant cette période dangereuse, il est important que nous continuions de renforcer cette alliance vitale », a insisté Trump. En période de question, Trump a indiqué que les pays avaient « de merveilleuses idées sur l'immigration, des idées très fortes, très dures sur l'énorme problème de terrorisme », sans plus de détails.

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Si Trump a fait des appels directs à la collaboration, Justin Trudeau s'est pour sa part fait un peu plus évasif. Il a mentionné que les pays comptent l'un sur l'autre pour la sécurité, qu'ils devaient travailler ensemble sur des « problèmes urgents », internationaux et locaux, sans préciser de quoi il était question.

Cependant, il a assuré que la sécurité était un enjeu central aux deux nations; qu'il s'agit d'une responsabilité qu'il prend « très au sérieux ».

Pas de critiques malgré des points de vue opposés

Les deux politiciens sont en désaccord sur des points cruciaux, mais il se sont bien gardés de le souligner lors de leur rencontre devant la presse.

Trump n'a pas critiqué Trudeau et sa politique d'immigration, bien que le président ait déjà comparé les réfugiés syriens au cheval de troie. Il s'est contenté de rappeler que son administration s'affairait à jeter les criminels hors du pays, ce qu'il avait promis de faire. Il a assuré qu'il voulait bien ouvrir grand la porte de son pays, mais qu'il faut absolument empêcher les « mauvaises personnes » d'y entrer.

De son côté, Justin Trudeau n'a pas osé critiqué le décret anti-immigration de Trump, qui suscite la controverse au sud de la frontière.

« La dernière chose que les Canadiens attendent de moi, c'est de venir ici et de donner une leçon à un autre pays sur la façon dont ils choisissent de se gouverner. Mon rôle et ma responsabilité sont de continuer à gouverner de manière à respecter l'approche canadienne, et d'être un exemple positif dans le monde », a-t-il assuré.

Trudeau n'a pas non plus osé commenter les positions environnementales de son homologue, qui a affirmé en campagne électorale vouloir se retirer de l'Accord de Paris. Il s'est contenté d'un très discret rappel de la collaboration entre leurs deux pays, qui a mené, en 1991, à la conclusion de l'Accord Canada-États-Unis sur la qualité de l'air.

D'après le premier ministre canadien, les relations entre voisins peuvent être complexes, mais « il est possible de naviguer à travers ces complexités, et de demeurer les plus proches alliés et amis. »