Pottery
Photo : Dominic Berthiaume

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Culture

Pottery est le meilleur band que vous ne pouvez pas écouter parce que les membres refusent de sortir leur album

On a voulu savoir pourquoi, mais ce n'est toujours pas clair.

Ils sont actifs depuis début 2017, mais ils viennent tout juste de lancer leur premier single, Hank Williams. Avant ça, il fallait aller voir Pottery en concert pour entendre ce qu’ils avaient à offrir, soit dans les petites salles de Montréal avec d’autres bands locaux, soit en première partie de groupes comme Oh Sees et bientôt Parquet Courts.

Plus de la moitié des membres de Pottery jouent également au sein de la formation de Paul Jacobs, figure quasi iconique de la scène garage-punk montréalaise des dernières années, notamment à cause de ses spectacles déchaînés. En show, Pottery se démène avec la même énergie contagieuse que Jacobs, mais offre des compositions plus variées. On ne fera pas l’énumération des genres ou des styles, mais disons que Pottery est un groupe de rock'n'roll qui sait faire lever le party.

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Quelques jours avant leur prestation à M pour Montréal, à la mi-novembre, ils m’ont donné rendez-vous au Nouveau système, le célèbre diner de la rue Beaubien. J’en ai profité pour leur demander pourquoi c’était aussi long avant que l’on puisse entendre un album studio complet.

VICE : Alors, les gars, pourquoi m’avez-vous amené ici pour l’entrevue?
Austin Boylan : On aime ça, ici…

Jacob Shepansky : En vrai, Paul (Jacobs, le batteur) habitait juste à côté jusqu’à très récemment, donc on venait toujours manger ici. Paul ne voulait jamais sortir de son appartement; s’il fallait travailler sur quelque chose ou se rencontrer, Paul nous disait toujours : « Come on over to my house. »

AB : [rires] Tu l’imites bien. « Come over to my house! »

Tom Gould : Son appartement était central pour tous les membres du groupe, ça facilitait les déplacements.

Comme beaucoup de bands montréalais, les membres de Pottery viennent de partout sauf de Montréal. Jacob, tu es de la Colombie-Britannique; Austin, de l’Alberta; et Tom, d’Angleterre. Où est-ce que vous vous êtes rencontrés?
JS : Austin a habité à Londres pendant deux ans après l’école secondaire et il est venu s’installer à Montréal par la suite. On avait un ami en commun et on a commencé à se tenir ensemble.

AB : Jacob est la première personne que j’ai rencontrée en venant ici.

JS : On s’est vite aperçu qu’on tripait sur les mêmes choses, alors l’idée de jouer de la musique ensemble est venue très rapidement. On s’est loué un jamspace de marde au coin de Jean-Talon et Clark et on a commencé à écrire des tounes. Il me semble qu’on a écrit Hank Williams là-bas.

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Hank Williams, c’est votre premier single et c’est aussi la première piste studio que l’on peut enfin entendre depuis la formation du groupe, il y a presque deux ans. De quoi ça parle?
AB : L’idée pour les paroles d’Hank Williams vient de Laura Bardsley de Blue Odeur. La chanson était déjà composée et structurée, mais, à ce stade-là, on ne pensait même pas encore à écrire des paroles pour la musique qu’on faisait. Laura était venue jouer de la batterie avec nous une fois et elle nous a dit que cette chanson-là sonnait comme du Hank Williams sur le speed.

JS : Austin et moi on trouvait ça parfait comme phrase et on l’a gardée pour notre refrain : « Hank Williams does speed for the first time ». Le reste du texte est ambigu, c’est libre d’interprétation.

AB : Cette chanson-là existe pour dire : « Hank Williams does speed for the first time » au refrain. Autrement, la chanson est à propos de rien en particulier [rires].

Est-ce que vous écrivez toujours ensemble?
AB : Je dirais que 80 % du temps oui. Autrement, c’est quelqu’un qui apporte une idée et on finit par la travailler en groupe. Ça n’a jamais été quelqu’un qui arrive avec une chanson et qui dit quoi faire aux autres. On est un groupe, on travaille en équipe.

JS : Tout le monde a une opinion et elle est toujours considérée. Si Austin et moi écrivons une chanson et qu’on la présente aux autres, c’est sûr que les autres vont donner leur input et la chanson deviendra meilleure.

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Ça faisait longtemps qu’on l’attendait, ce premier single. À quel moment a-t-il été enregistré?
AB : Il y a des années… [rires]

JS : On en rit, mais pour vrai, l’album est enregistré depuis juin 2017. Ça commence à faire un bout…

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Photo : Dominic Berthiaume

Comment gérez-vous ça? Vous n’êtes pas tannés d’attendre de le sortir?
AB : Je me sens plus patient maintenant que je ne l’ai été auparavant, dans le sens où ça arrivera quand ça arrivera. Je suis tanné de m’en faire avec ça, donc je regarde la situation d’un œil positif.

TG : Je pense qu’on a été tentés de le sortir nous-mêmes sur Bandcamp au moins quatre ou cinq fois.

JS : C’est un combat éternel depuis qu’il est fini. Y a des soirs où on se dit : « Fuck it, on le sort demain matin » et puis on se ravise à la dernière minute en se disant que l’album mérite une sortie en bonne et due forme avec une maison de disques.

AB : On s’est beaucoup obstiné à ce sujet. Je me souviens d’une soirée où on était chez Paul, on fumait comme des cheminées et on trinquait comme s’il n’y avait pas de lendemain. Tu sais, ce genre de soirée où t’es tellement fini et que tu t’emballes dans des discussions passionnées. J’avais pété un plomb et j’ai crié : « WHY THE FUCK ARE WE WAITING SO LONG? THIS IS BULLSHIT! »

JS : Je ne sais pas comment décrire la scène, on était comme des primates. Austin était comme : « On devrait sortir l’album » et les autres renchérissaient tous en cœur en se tapant presque la poitrine. On se pompait entre nous. Au final, on est toujours à la même case.

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Mais si je comprends bien, tout le monde était d’accord pour le sortir, donc, qu’est-ce qui vous a calmé?
JS : Probablement Brontë Jane de chez Third Side Publishing. Depuis le début, elle nous aide avec tout ce qui entoure le groupe. Elle nous a trouvé un gérant, un agent de tournée en Amérique et en Europe. C’est vraiment notre ange gardien.

AB : À vrai dire, nous sommes ses anges, et elle c’est Charlie.

JS : Mais ouais, je pense que c’est elle qui nous a dit de bien faire les choses et de ne pas perdre patience avec ça. On lui doit tout en fait.

Et à l’heure où on se parle est-ce que vous savez avec qui vous allez sortir cet album?
AB : Non.

JS : Pas encore, non. Il y a eu des intérêts marqués en cours de route, mais le timing n’était pas bon, ou on sentait qu’il y avait un manque de motivation de leur part, qu’ils n’étaient pas 100 % à fond dans le projet.

AB : À vrai dire, je le sors demain matin en tant qu’album solo…

J’ai entendu parler d’une de vos rencontres avec une maison de disque qui était intéressée par votre album. Qu’est-ce qui s’est passé ce soir-là?
JS : Oh oh oh! [rires]

AB : Quoi? Tu étais là?

Non, mais… Il paraît qu’Austin s’est pointé au restaurant où le rendez-vous avait lieu déguisé en cowboy et qu’il s’est mis à chanter des chansons de Creed au milieu de la rencontre…
AB : [rires] Je crois que c’est la plus drôle description de cette histoire que j’ai entendue de ma vie.

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JS : C’est pas mal ça en fait. On a aussi bu toute la téquila du restaurant. Ça n’arrivera plus, je pense.

Ressentez-vous une pression en tant que buzz band?
AB : Un quoi? Un boss band?

JS et TG : Buzz!

Enfin… je veux dire… les médias, les mélomanes et l’industrie parlent beaucoup de vous en ce moment sans que vous ayez fait quoi que ce soit sauf des spectacles, c’est déjà très bien, non?
JS : À vrai dire, ça a l’effet contraire, je pense. Ça enlève de la pression. C’est cool de voir qu’il y a des gens qui sont intéressés par ce qu’on fait. C’est motivant, ça nous donne envie d’en faire plus.

TG : Just keep bashing it.

AB : Si j’ai une seule chose à dire au monde entier sur ce sujet c’est : « Eat me while I’m hot. » Parce que… tu sais… nous sommes prêts à manger.

JS : Il ne faut pas manger le fromage une fois qu’il est devenu froid. Il faut le manger alors qu’il est en train de fondre.