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Musique

Cinq compositeurs ont enregistré un album qui célèbre les saisons à Montréal

La cinquième saison c’est, euh… la « saison imaginaire ».
GSI Musique

C'est dans l'ambiance festive et créative entourant le 375e de Montréal que la compilation 5x15 a vu le jour. Sortie vendredi dernier, elle réunit le travail de cinq compositeurs québécois à qui on a demandé de mettre en musique une saison. Pour ceux qui se questionnent sur la nature de la cinquième saison, on parle bien entendu de la saison imaginaire.

L'idée derrière l'œuvre germait dans la tête du producteur Nicolas Lemieux depuis près de deux ans. Il cherchait à faire un album sur le même thème que celui du spectacle symphonique qu'il donnera au pied du Mont-Royal le 19 août prochain, pour lequel les saisons montréalaises seront à l'honneur .

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Les réalisateurs des cinq pièces avaient carte blanche, bien qu'ils aient dû se soumettre à certaines règles. Chaque pièce devait durer 15 minutes, pas une seconde de plus ou de moins, et ils n'avaient pas le droit de se parler du projet tout au long de sa création. C'est d'ailleurs seulement la semaine passée qu'ils se sont tous réunis au studio XS pour découvrir le travail des autres; une séance à laquelle j'ai assisté. L'écoute s'est faite assis sur des divans, un Apérol Spritz à la main, le tourne-disque dans un coin et les speakers dans le plafond. Pas besoin de préciser que ça s'échangeait des regards là-dedans, mon ami.

Des regards d'admiration, des regards entendus, l'air de dire « I see what you did there », mais aussi juste de la fierté d'être un des cinq dans 5x15.

Ils ont pu entendre le printemps selon Alex McMahon, l'été aux yeux de Maxime Morin alias DJ Champion, l'automne traduit par Marc Pérusse, l'hiver ressenti par Éloi Painchaud et, finalement, cette fameuse saison imaginaire créée par James Di Salvio, avec qui j'ai jasé un brin depuis Montréal jusqu'à L.A.

Chaque pièce de 15 minutes honore une saison en proposant une sorte de projection utopique des choses, mais aussi en abordant des thèmes qui animent la métropole. Le printemps, c'est le réveil et le bourdonnement de la ville; l'été, c'est la beauté de la diversité culturelle et les festivals; l'automne, c'est le vent qui fait tomber les feuilles et la mélancolie du temps qui passe; l'hiver, c'est une marche dans le Quartier chinois par jour de tempête, mais aussi le calme qu'impose la neige lourde quand elle tombe.

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La saison imaginaire est plus difficile à imager. Disons juste qu'elle nous emmène ailleurs. Un peu comme si on planait au-dessus de Montréal. Bien au-dessus de Montréal.

« It sounds like Grand Central Station on crack », me dit Di Salvio.

L'homme derrière Bran Van 3000 additionne les projets depuis quelques années, alors qu'il partage son temps entre Montréal et Los Angeles. Il se souvient du moment précis où Nicolas lui a présenté l'idée; c'était pendant la période étrangement calme qui s'étend entre Noël et le jour de l'An.

« Le soleil brillait à L.A., et je me rappelle avoir parlé deux heures au téléphone avec Nicolas pendant que lui était au beau milieu d'une tempête de neige. C'était la première fois qu'on se parlait », dit-il d'un ton un peu nostalgique.

Di Salvio n'a pas mis longtemps avant d'accepter, expliquant que c'est assez rare que tu te fasses proposer un projet expérimental, avec carte blanche en plus.

« Ça m'a ramené en 2000, année où j'ai réalisé une symphonie de 13 heures avec Schtick Zinger. J'avais loué une île privée à Saint-Donat, où on devait passer deux semaines. On a finalement passé trois mois là, à expérimenter la musique avec différents beats et des drums machines, mais en laissant toujours beaucoup de place à la nature et à son respect, en incorporant le son de la rivière et des oiseaux. »

Il a d'ailleurs intégré à sa composition pour 5x15 deux ou trois éléments de Rainbows and Black, cette symphonie de 13 heures que personne n'a jamais entendue.

Son hymne à la saison imaginaire « est un des projets les plus deep que j'ai fait, dit DiSalvio. Je ne me suis jamais rendu aussi loin dans mon squelette. »

C'est peut-être rare pour les réalisateurs de se faire proposer un projet expérimental du genre, mais c'est aussi rare pour le public d'avoir accès à l'imaginaire des musiciens qui se sont livrés avec tant de sincérité. C'est une forme d'art un peu oublié aussi, l'album qu'on écoute du début à la fin, qu'on laisse couler, dont on voit inconsciemment les couleurs changer, dont on comprend l'importance du pacing. Ça vaut l'écoute parce que Montréal est pas mal belle quand on prend le temps de l'écouter.