Ce qui avait commencé comme un nouveau sous-genre hard house s’est propagé sur les réseaux sociaux et a muté en une vraie protestation virale des années 2010. Les crews de hard bass organisent désormais des flashs mobs qu’ils appellent « mass attacks » dans lesquels des groupes de jeunes masqués jam agressivement tandis que les passants, confus, accélèrent le pas en essayant autant que possible d’éviter leur regard. Enfin, tout ce beau monde est filmé puis uploadé sur YouTube où – plutôt que de disparaître et de mourir sous le déluge d’insultes proféré par des nerds irascibles – il inspire de nouveaux crews hard bass qui émergent à travers le continent européen.
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En 2010, les premières vidéos copycat sont apparues en Biélorussie, Ukraine et Russie. Les pumpers pumpaient en cours, dans les centres commerciaux, dans les transports en commun, sur les terrains de foot et même en haut des marches de l’Opéra national du Bolchoï et du Théâtre du ballet, à Minsk. Les groupes pouvaient aller de 3 à 4 mecs jusqu’à des rassemblements d’une douzaine de personnes. L’objectif principal de ce mouvement est celui de rassembler le plus de danseurs possible dans un lieu précis auquel personne d’autre n’avait pensé, et près duquel vous pourrez déclencher une vague de bruit insupportable.Juste au cas où vous n’arriveriez pas à visualiser ce qu’est un pumper, laissez-moi vous expliquer : imaginez un tas de mecs hyper voutés, les bras pliés au niveau du coude, les mains groupées comme celles d’un mendiant, agitant nonchalamment les bras de haut en bas. Ceci est un pumper. Vite, plusieurs groupes de pumpers ont émergé ; s’appliquant à mettre en avant leur pays ou leur ville d’origine, ils ont cherché à représenter leurs patrimoines culturel et génétique. « Il faut montrer la ville dans laquelle vous vivez, les principaux lieux d’affluences, prouver au monde que vous êtes real. C’est ma ville et je l’aime », explique Dr. Poky.
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Le premier crew à avoir explicitement utilisé le hard bass comme plateforme politique a été le groupe russe Hard Bass School, une sorte de Minor Threat de l’Est. Comme Dr. Poky le précise : « Il y a des vidéos où l’on peut voir un mec en costume en train de fumer une clope, tandis qu’un jeune arrive et lui dit “mec, pourquoi tu perds ton temps et ton argent à fumer et prendre de la drogue ? Tu devrais mettre un tee-shirt Hard Bass School et danser le hard bass avec nous !” »En Belgique, Jeune Nation, l’aile extrémiste du mouvement nationaliste francophone NATION, utilise le hard bass pour promouvoir sa lutte contre l’Islam. À cause de la distribution grandissante de viande halal dans les supermarchés et les cantines scolaires de Charleroi, ils ont investi les rues en avril dernier, le visage couvert d’un masque de cochon et ont organisé plusieurs mass attacks afin de défendre leur droit inaliénable de consommer de la viande de porc.
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