Peter Perrett a attendu d'avoir 65 ans pour sortir son premier album solo - et ça valait le coup
Steve Gullick

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Peter Perrett a attendu d'avoir 65 ans pour sortir son premier album solo - et ça valait le coup

Le chanteur des mythiques et maudits Only Ones nous parle de son tortueux parcours et du fabuleux « How The West Was Won », sorti il y a quelques jours et enregistré avec ses deux fils.

Dans le rock, certains sont morts à 27 ans. D'autres auraient dû mourir à 27 ans. Peter Perrett aurait aussi bien pu y passer à 25, 29, 32 ou 36 ans. Né sous une pas si mauvaise étoile en 1952 à Londres, il appartient à une tranche d'âge biberonnée au rock urbain US et à la dope, punks avant l'heure qui resteront à quai quand la loco déglinguée partira, n'en gardant que le no future comme voie sans issue. Après un premier groupe au début des années 70, England's Glory, il forme les flamboyants Only Ones en 1976, quatuor qui décrochera un contrat avec une major pour trois albums de power-pop romantique, entre un Dylan qui aurait avalé un clown et un Lou Reed qui se brulerait avec son grille-pain.

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Wasted Youth, Replacements, Rocket From The Tombs, Swell Maps, Coronados, Rezillos, Soft Boys, Shoes (pas les deux Rémois, les trois de l'Illinois), Nerves, Radio Birdman… On pourrait planter les serveurs de Noisey rien qu'en y déroulant les biographies de tous ces oiseaux du rock qui ont volé au-dessus du coucou punk en y laissant des plumes que d'autres piqueront pour décoller à leur place. Des plumes et sa santé en ce qui concerne Perrett, lui qui avoue avoir toujours eu peur des seringues et avoir fumé l'héroïne ainsi que tout ce que lui refilaient ses potes commerciaux, cultivateurs, pharmaciens et chimistes. Disparu des radars suite à la débandade du groupe en 1981, Perrett ressurgira dans les années 90 sous le nom de The One.

La décennie suivante allait être celle de l'explosion à retardement des pétards pop de The Only Ones (1978), Even Serpents Shine (1979) et Baby's Got a Gun (1980), trois classiques qui allaient participer à l'émergence de la scène rock alternative, jusqu'à devenir le programme commun aux Libertistrokes. Après une reformation des Only Ones concordant avec la réédition de leur discographie en 2008, voilà Peter Perrett de retour neuf ans plus tard avec How The West Was Won, premier album sous son nom, œuvre électrique, juvénile et familiale, où il s'entoure de ses deux fils, Jamie à la guitare, Peter Jr. à la basse. On y croise l'humour sarcastique d'un Hibernatus glam hébété devant l'état du monde, une guitare flamboyante comme accordée dans les toilettes du CBGB's, les fantômes de Johnny Thunders et Nikki Sudden qui carbureraient aux céréales bio, la bonne « Sweet Jane » ressortie flambant neuve des eaux de l'East River, la vieille voix de canard enroué d'« Another Girl, Another Planet », un amoureux reconnaissant de la femme qu'il aime depuis 1969, et dix chansons qui devraient pousser les apprentis rockers à échanger leur copie taiwanaise de Telecaster contre une canne à pêche. Peter Perrett a pris sa retraite avant tout le monde et revient avec la patate. Un survivant doublé d'un bon vivant.

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Noisey : Sur ton nouvel album, je m'attendais à de la nostalgie et voilà que tu interpelles les Etats-Unis en citant Kim Kardashian et J-Lo !
Peter Perrett : Mes principaux héros sont Bob Dylan, Lou Reed, le Velvet Underground… Voilà la culture américaine que j'aime, celle qui a fait naître ma passion pour la musique, mon désir de suivre mes héros. Mais tant que l'Amérique, et je ne parle pas des Américains qui sont des gens super, fera ce qu'elle fait au monde depuis la fin de la seconde guerre mondiale, en Corée, au Guatemala, les génocides comme en Indonésie, bref, dans une centaine de pays où les régimes ont changé… Voir les souffrances du monde influe son ton opinion. Je ne considère pas pour autant « How The West Was Won » comme une chanson politique mais plutôt humoristique. Elle est tongue-in-cheek, avec plein de situations marrantes. Je ne pouvais revenir après autant de temps sans faire de commentaire sur l'état du monde. Quand tu es tout le temps éveillé, les changements quotidiens paraissent insignifiants et la situation presque plus facile à accepter. Quand tu te réveilles après avoir dormi vingt ou quarante ans, les différences te sautent aux yeux. Je l'ai mise en premier sur l'album histoire de dire que c'était fait. Les gens sauront pour qui va ma sympathie et ça me permet d'enchaîner sur des choses plus personnelles.

En vivant hors de la musique, tu vivais aussi hors de l'actualité ?
Tu sais, pendant des années, je ne vivais plus dans ce monde, je m'étais fait mon propre petit univers. Je réfléchissais beaucoup mais sans vraiment avoir conscience de ce qui se passait à l'extérieur. En s'isolant, tu ne sens plus la douleur. L'ignorance, c'est le bonheur, tu ne peux être qu'heureux quand tu n'es pas au courant de ce qui se passe. Même si c'est confortable, mieux vaut vivre dans le vrai monde, où chaque humain vit la seule vie qui lui est offerte. Si tu t'en détaches pour te réfugier dans tes rêves, tes fantasmes, tu n'es plus dans le réel. Il faut rester connecté au monde réel afin de redécouvrir tes passions. L'une de mes passions premières était la musique mais je n'avais plus la santé pour l'assouvir totalement. J'ai aujourd'hui la chance d'être raisonnablement en bonne santé pour mes 65 ans.

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« An Epic Story » donne l'impression que tu es presque surpris d'être encore en vie.
C'est vrai, d'autant plus surpris que c'est la première chanson que j'ai écrite et que nous avons enregistrée. J'étais vivant, j'allais plutôt bien, on pouvait se retourner sur tout le mal que j'avais fait mais en en riant enfin. Il faut pouvoir trouver de l'humour dans les pires circonstances. C'est une question de survie car pas mal de gens sombrent dans la dépression après de trop mauvais choix. Le sens de l'humour est très important pour avancer dans la vie. Si tu peux te moquer de combien tu as été stupide et en rire avec ton âme sœur, tu ne peux espérer mieux pour le reste de ta vie. C'est une chanson pour rire de tout ça ensemble.

C'est donc aussi un hommage à ton mariage qui dure depuis si longtemps ?
Oui, 48 ans ensemble et 47 ans de mariage, j'en suis très fier. Ça démontre que j'ai pu faire de mauvais choix mais j'en aurais fait au moins un bon au début de ma vie. Un choix au feeling sur quelqu'un qui serait pour toujours dans mon existence. Une bonne relation ne va qu'en s'améliorant et la pire chose sera de se manquer, car bien sûr, l'un de nous partira en premier. C'est la seule pensée sombre que j'ai eue concernant mon mariage. La chanson « C Voyeurger » évoque la maladie de ma femme Zena, quand on lui a diagnostiqué un truc qui m'a fait apparaitre sa mortalité pour la première fois. C'est pour ça que cette chanson m'est importante, que je l'ai réarrangée pour qu'elle sonne plus calme, que ce ne soit pas une chanson à la Only Ones. « Man of Extremes » parle aussi de ma relation avec Zena, qui m'a offert un amour inconditionnel et m'a appris ce que c'était. J'y demande de me montrer comment il faut faire pour aimer afin que j'apprenne

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Il y a des années, tu as déclaré presque regretter avoir eu des enfants dans ce monde. Aujourd'hui, les voilà qui t'accompagnent.
Je pensais de façon idéaliste. Dans les années 70, dans la chanson « Trouble in the World » (sur Baby's Got A Gun), j'ai écrit : « n'aie pas avoir peur d'avoir des enfants, chacun pense que c'est prédestiné ». Un jour, un fan m'a déclaré avoir décidé d'avoir des enfants après l'avoir écoutée. J'ai modifié les textes quand je la chante et c'est devenu : « tu ne veux pas avoir d'enfants dans ce monde où la souffrance est prédestinée ». Ça renvoie bien sûr au fait que la vie est plus dure. Quand j'étais gosse, l'avenir paraissait merveilleux, les choses changeaient, les Américains quittaient le Vietnam… Les gens avaient l'air de comprendre la direction où aller. Dans les années 80, avec Reagan, Thatcher, le néo-libéralisme et le capitalisme, la rigueur s'est installée. L'avidité est devenue de mise, les gens se sont convertis à l'argent, à l'individualisme, à la possession, et de ce point de vue, je me suis dit que l'avenir ne serait pas aussi génial pour les enfants. Si on m'avait redonné le choix, il aurait peut-être été différent. Bien sûr, je suis heureux de les avoir. Ça doit être difficile pour les jeunes, la situation aujourd'hui est incertaine partout avec la montée des extrêmes, les élections, le manque de choix… Mais bien sûr, le fait que mes deux fils jouent avec moi a été important. Je n'aurais pas pu faire l'album avec d'autres musiciens.

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C'est clairement la clef de ce disque qui sonne jeune et frais grâce à eux.
Merci, c'est aussi mon avis même si je ne peux pas le dire car ce sont mes enfants ! Je me sens revitalisé même si, au niveau santé, je ne peux plus tenir comme avant, je ne peux plus aligner des syllabes avec autant de férocité. Mais être entouré de jeunes qui portent les mêmes jeans que moi, ressentent la musique comme moi, l'interprètent comme je le veux sans que j'ai à dire quoi que ce soit… Il y a une synergie naturelle qui rend tout facile et donne de l'énergie. Parfois, j'ai même l'impression d'être un vampire qui m'appuie sur eux.

Ça ne t'effrayait pas qu'ils tombent dans ce rock que tu as connu si destructeur ?
Je n'étais pas trop en état de penser quand ils étaient gosses. J'étais dans ma chambre, ils me voyaient de temps en temps. Notre famille pouvait paraitre dysfonctionnelle et la musique représentait leur parfait échappatoire, comme pour moi. Ils avaient des instruments à dispo et pouvaient jouer. Je n'avais pas peur même si je vois ce que tu veux dire. Ils ont même joué durant quelques mois au sein des Babyshambles mais je n'ai pas eu peur car ils sont très équilibrés. Ils ont vu le pire aspect de ce style de vie dès leur plus jeune âge, ils en ont vu la réalité et non le glamour imaginaire.

Ça leur a conféré une plus grande maturité ?
Oui, définitivement. Plein de gens entourent le chanteur des Babyshambles, qui a l'image d'un super style de vie, d'un rebelle. Mais mes enfants n'étaient pas impressionnés, ils trouvent ça juste ennuyeux. Cet aspect du style de vie rock'n'roll est ennuyeux car c'est ce qui détruit le rock. Il détruit la créativité, il détruit tout.

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Que serait-il arrivé si tes fils avaient préféré Kanye West et J-Lo au rock ?
Ha ha ha. Plus jeunes, quand ils étaient en opposition avec moi, ils aimaient Rage Against The Machine et de la musique plutôt… lourde. Comme cette chanson, « Fuck you, I won't do what you tell me ». Chaque fois qu'on était en désaccord, ils me la mettaient à fond. Ils n'ont donc pas fait qu'écouter ce que je leur conseillais, ils ont développé leur propre truc. Mais j'ai découvert cette musique grâce à eux, je les emmenais à ces concerts. Ils ont eu de la chance de découvrir ce que je considérais être de bon goût, mais tout ça est subjectif, non ?

Tu disais aussi qu'il fallait qu'ils enregistrent vite car tu donnes le meilleur quand tu es jeune. Tu es la preuve vivante du contraire !
C'est parce que je ne suis pas comme les autres. Je casse toutes les théories ! En fait, je me surprends moi-même, et je n'aurais pas fait d'album si je ne m'étais pas senti capable de surprendre les gens. Peut-être parce que j'ai été très négligent niveau productivité, ça m'aide à retrouver la passion qui m'animait il y a quarante ans. J'admire ceux qui ont sorti trente ou quarante albums en gardant leur enthousiasme. Après, je ne demande pas aux artistes de se réinventer, je trouve ça trop forcé. Tout doit venir de l'intérieur. Peut-être que c'est mon manque de créativité qui m'a mené où je suis.

Photo - Steve Gullick

Comment considères-tu ton héros Bob Dylan aujourd'hui ?
Il a tourné toute sa vie, il représente le meilleur exemple de bonne forme qui dure. Si j'avais tourné autant et continué la musique, je n'aurais sûrement pas eu le temps pour toutes les saloperies que je prenais. Je le comprends donc bien. Après, je n'ai pas écouté son triple album de standards, ni ses reprises de Frank Sinatra. Je me suis arrêté à son album de Noël, la vidéo était marrante. Mais j'ai pas eu l'impression d'un truc génial de lui depuis Infidels en 1983. Je reste fan de tout ce qu'il a fait jusqu'en 78, quand il avait 37 ans. En interview, il raconte qu'il ne se souvient même pas comment il écrivait les chansons. Il ne pourrait plus en écrire d'aussi bonnes maintenant. Il garde la musique en lui. Il fait des sculptures, des installations, et ça lui va.

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Ces mauvais choix que tu as pu faire en ne disant pas non, c'est le propos de « Hard To Say No » ?
Evidemment, c'est une allusion à ça mais plus généralement, depuis que j'ai arrêté de fumer un peu tout et que j'ai avancé en âge, j'essaie de faire plaisir aux gens. Avant, ma réaction initiale était « non, pourquoi tu veux me faire faire ça ? » alors que maintenant, je suis bien plus sociable. La chanson dit donc qu'en général, si quelque chose doit être réalisé, je le fais. Plus généralement, il faudrait refuser les choses qui ne sont pas bonnes pour soi. Les premières lignes sont : « certaines personnes sont des écrivains, d'autres des lecteurs avides ».

Ça rejoint les choix bons et moins bons que tu décris dans « Something in My Brain » ?
Ah, c'est l'autre chanson humoristique avec « How The West Was Won » et aussi l'une de mes préférées. Ça part d'expérimentations sur des rats que j'ai vues à la télé. Ils devaient choisir entre crack cocaïne ou la nourriture qu'on leur donnait. Dans la série anglaise Peep Show, le personnage prend du crack tellement bon qu'il perd tout instinct de survie car c'est une drogue vraiment extrême. Les messages de prévention aux enfants doivent donc être faits de façon humoristique car leur premier réflexe sera de se révolter et de faire le contraire.

Comment t'es tu retrouvé avec Chris Kimsey pour la production ?
Mon manager le connaissait et me l'a suggéré. J'ai toujours eu peur des producteurs. Avec les Only Ones, on se produisait nous-mêmes au début. Quand on a eu un producteur pour Baby's Got A Gun, Colin Thurston, ça ne s'est pas très bien passé pour lui car on ne parlait qu'entre nous. Mais c'était bien d'avoir Chris car il n'impose rien, il laisse les choses arriver en faisant des suggestions en douceur. Il m'a par exemple suggéré une structure différente pour une chanson et je lui ai répondu par texto « ce n'est pas la meilleure suggestion que j'ai eue ». Il n'avait pas de style à imposer, il était juste là pour aider, ce que fait un bon producteur. Suggérer gentiment en s'attendant à ce que ce soit ignoré. Mais s'appuyer sur quelqu'un afin que tout roule, c'est important. Chris donnait l'impression de prendre du plaisir là où j'ai connu tellement de gens qui se détestaient et rendaient les choses difficiles. Là, c'était un album familial.

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Ça a joué qu'il soit aux crédits de Sticky Fingers des Stones ?
Pas vraiment. Si ça avait été Blonde on Blonde ou Highway 61, je ne t'aurais pas dit la même chose ! Je ne suis pas le plus grand afficionado des Rolling Stones. Ils ont fait des bons trucs mais n'étaient pas des héros pour moi. Les héros, c'était ceux qui avaient écrit des lignes qui pétaient tout, pas ceux qui tentaient de vivre selon le style rock'n'roll.

J'imagine que ça a dû être une expérience différente que quand tu as participé à l'enregistrement de So Alone de Johnny Thunders ?
Ce n'était effectivement pas aussi bien organisé ! J'ai réalisé six chansons avec lui et j'étais celui censé les apprendre pour les expliquer aux musiciens car Johnny n'était pas très… disponible. Ces chansons restent parmi les meilleures qu'il a écrites, avec ma préférée « You Can't Put Your Arms Around a Memory », et aussi « So Alone », qui avait été enlevée de l'album original puis ajoutée aux rééditions. Récemment, Pedro Mercedes, un fan qui a un petit label, a eu accès aux masters originaux. Il m'a donné une copie des enregistrements intermédiaires, des outtakes… Tu as certaines prises comme celle de « So Alone » où à la fin, la guitare de Johnny s'arrête, tu entends un gros bruit et Mike Kellie, mon batteur, demande si ça va car Johnny vient de tomber. Il s'était endormi. Ça m'a rappelé des souvenirs, cet enregistrement chaotique avec des phases durant lesquelles Johnny exprimait sa personnalité. C'était marrant pour moi car je n'avais pas besoin d'essayer d'être professionnel comme il le fallait à cette époque. J'étais plus professionnel que Johnny sans avoir la pression d'être le chanteur.

J'ai toujours en la sensation que les Only Ones avaient créé le lien entre Dylan et le punk anglais.
Quand le punk est arrivé, il a bouleversé le business et a permis à des gens qui n'avaient aucune exposition comme nous de toucher un public. Il y avait des connexions car nous étions amis avec Malcolm McLaren et Vivienne Westwood. On a vu le premier concert des Sex Pistols, quand ils étaient très drôles, avant que le punk devienne sérieux. C'était une blague, un truc de rébellion. Je n'aurais jamais relié ça à une mode, un truc où tout le monde s'habille de la même façon. J'ai senti une sorte de parenté avec l'énergie et la rébellion du punk mais n'ai pas aimé le moule musical dans lequel chacun se coulait, les chansons à la « 1, 2, 3, 4 !! », la musique rapide… La bonne chose, c'est qu'il est devenu plus facile d'exister pour un groupe : juste un peu de lead guitar, de la couleur plutôt que du noir et blanc sur ta pochette, et c'était bon.

Maintenant que tu reviens en solo, tu sens que les vieux fans attendront toujours les hits des Only Ones ?
Le groupe s'est reformé de 2007 à 2009 pour cette raison. Nous jouions en priorité les vieux titres. Juste avant que nos trois albums soient réédités, « Another Girl, Another Planet » a été utilisé dans une pub Vodafone, ce qui veut dire que le titre est passé sur toutes les chaînes de télé anglaises pendant un an. C'est à la suite de ça qu'il y a eu demande de reformation, puis réédition des albums par Sony. Personnellement, je trouve ça super ce retour, ça me fait plaisir que les gens nous aiment et nous écoutent toujours après toutes ces années. Il y a eu tellement de musique en quarante ans. Ça ne pourrait coller qu'à l'époque et pourtant, les Only Ones ont fini par la représenter et à devenir un peu intemporels, ce à quoi chaque artiste devrait aspirer.

Quel regard portes-tu sur des titres cruels comme « The Shame Of Being You » ou « Why Don't You Kill Yourself dont tu as été capable ?
« The Shame Of Being You » date des années 90. C'est un truc un peu méchant, dans un moment de triomphe, où je disais que les autres ne pouvaient faire ce que je faisais. Que ça devait être moche d'être toi. Mais il ne faudrait pas comparer les gens, tu peux être plus ou moins fort selon les âges. La seconde est évidemment humoristique. Elle a été écrite quelque peu à la face de quelqu'un mais sans être une invitation sérieuse. Je me séparais d'une fille et prenais tellement de trucs… et ça arrivait tellement souvent qu'elle m'appelle que ça fini comme ma réponse ultime dans la chanson, « pourquoi ne te tues pas ? ». Je l'ai regrettée car on m'a raconté que par deux fois, des gens se sont suicidés à cause de cette chanson. Mais elle n'était pas supposée être prise au sérieux.

Les fans étaient très attirés par votre côté dark.
On abordait certains aspects dark de la vie et j'essayais de les traiter de façon humoristique. Mais parfois, j'étais maladroit et ça ne passait pas. Rien que ce titre, quand tu le lis seul, il semble dur. Aujourd'hui, en m'étant adouci, je n'écrirais jamais une chanson comme ça.

Pascal Bertin n'a rien contre J-Lo. Il est sur Noisey et Twitter.