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Culture

Jackie Chan veut juste chanter, botter des culs et apporter la paix dans le monde

La légende des films d’action nous parle de son dernier rôle dans « The Foreigner ».
Photo publiée avec l'aimable autorisation de STXfilms

Le dernier film de Jackie Chan, The Foreigner, adapté du roman The Chinaman de Stephen Leather, s'articule autour du modeste gérant d'un restaurant londonien (Chan) en quête de justice après que sa fille (Katie Leung) a été tuée dans un attentat à la bombe orchestré par des terroristes affiliés à l'IRA. N'ayant plus de famille et plus rien à perdre, le père endeuillé se lance à la poursuite d'un ancien membre de l'IRA devenu politicien (Pierce Brosnan) afin d'obtenir le nom des terroristes – dévoilant par la même occasion un réseau alambiqué d'hommes politiques, de passés enterrés et d'intentions cachées.

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Vanté comme un thriller dans la lignée de Taken, les scènes de combat de The Foreigner sont explosives – comme on peut s'attendre d'un film mettant en vedette la star de l'action internationale et réalisé par le cinéaste derrière GoldenEye et Casino Royale, Martin Campbell. Mais le point culminant est la performance vengeresse et impassible de Chan dans le rôle de Quan.

Beaucoup trouveront quelque peu inhabituel de voir l'acteur de 63 ans jouer dans un drame hollywoodien – il est surtout connu pour ses comédies d'action – bien que selon Chan, il a fallu des décennies pour aboutir à ce projet.

Cela ne veut toutefois pas dire qu'il renonce définitivement à la comédie d'action. Il m'a expliqué comment il préparait l'Amérique au genre de films qu'il compte faire, pourquoi il pense que The Foreigner porte un message de paix, et pourquoi il est enfin temps de donner naissance à Rush Hour 4 – mais pas à Shanghai Kid 3.

VICE : Vous avez plusieurs fois déclaré que vous vouliez être reconnu comme un acteur capable de se battre, et non comme un combattant capable de jouer. Pourquoi cette différence est-elle aussi importante pour vous ?
Jackie Chan : Tous mes amis, qui sont des stars de l'action, arrêtent de jouer passé un certain âge. Combien y a-t-il d'acteurs dans l'industrie cinématographique ? Il y a toujours une nouvelle star de l'action qui arrive, encore et encore. Quand j'avais 30 ans, je le savais déjà.

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Je me suis préparé pour l'avenir. Au cours des 20 dernières années, si vous avez vu les films que j'ai tournés en Chine et en Amérique, il y a eu différents personnages, différents scénarios, différentes actions, différents types d'acteurs. Je me prépare depuis si longtemps – lentement, je laisse le public m'accepter, « même si Jackie ne fait pas d'action ou de comédie, on ira quand même le voir ».

Cela prend beaucoup de temps et c'est très difficile ; c'est comme les paris. Shinjuku Incident, Heart of Dragon – ce sont des bons films, mais qui ne marchent pas au box-office. Aujourd'hui, je ne me soucie plus du box-office. Les critiques sont très importantes pour moi. Il y a 40 ans, je devais déjà être « bankable ». Maintenant, je veux simplement faire des choses dont les gens se souviendront.

Pensez-vous que The Foreigner est un film que vous auriez pu faire plus tôt dans votre carrière, ou seulement maintenant que vous avez de l'expérience ?
Je pense que l'expérience est essentielle. Plus tôt, ça n'aurait pas marché – j'accepte des scénarios qui conviennent à mon âge. À l'époque, j'avais l'habitude de faire beaucoup de grimaces [il contorsionne son visage et se met à rire] – mais je ne peux plus le faire, parce que je ne suis plus tout jeune.

Aujourd'hui, je préfère jouer dans des films comme Taken ou American Sniper. Il y a tellement de films américains – pourquoi est-ce que je ne reçois jamais ce type de scénarios ? Pourquoi les réalisateurs ne m'engagent-ils pas pour jouer dans ce genre de films ? Pierce [Brosnan] est en train de tourner dans Mamma Mia 2. J'adore Mamma Mia ! Si Pierce peut le faire, je peux le faire aussi – je peux me battre, danser, chanter. J'espère qu'ils m'inviteront pour Mamma Mia 3.

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Beaucoup de gens voient encore les Asiatiques comme des outsiders ou des étrangers. Dans les films comme Rush Hour ou Karaté Kid, les Asiatiques jouent toujours les gentils ou les acolytes. Pensez-vous que votre rôle en tant que Quan pourrait jouer dans cette peur de « l'outsider » ?
Non, je ne pense pas. Cela dépend vraiment du scénario. Tout le monde est étranger, même les Américains sont des étrangers. Personne n'est américain. Dans le film, nous ne traitons pas seulement du terrorisme, nous parlons aussi d'amour et d'unité. Nous disons aux bombardiers : « Regardez, vous avez tué tant de gens innocents, c'est mal ». C'est pour ça que j'ai voulu faire ce film.

En tant que cinéaste, producteur ou réalisateur, vous devez faire quelque chose pour la société. Il y a tellement de catastrophes naturelles, et les humains créent des catastrophes tous les jours. Quoi que je fasse, je promeus la paix et l'amour. Si tout le monde y mettait un peu du sien, alors je pense que la paix régnerait sur le monde entier.

Je pensais ne jamais voir sortir Rush Hour 4, puisque vous aviez dit vouloir vous éloigner des grands films d'action. Qu'est-ce qui vous a donné envie d'accepter ?
Quand je reçois un scénario américain, c'est toujours la même chose : police de Hong Kong, police chinoise, CIA de Hong Kong, CIA chinoise. Faux argent, mafia – je n'aime pas ça. Pareil pour Shanghai Kid, ils voulaient en faire un troisième, mais le scénario est nul ! Le dernier empereur est kidnappé, le père d'Owen Wilson vend des armes en Chine, je pars aider le dernier empereur, puis je découvre que j'ai un autre fils dans la garde impériale.

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Il y a un mois, Brett Ratner m'a soumis l'idée de faire Rush Hour 4. Je lui ai dit : « Ouais, ça pourrait marcher. Montre-moi. » La semaine dernière, il m'a montré la première page. J'ai accepté. Disons que j'ai accepté qu'il y ait quelque chose de nouveau. Il n'y a pas de faux argent, pas de mafia et pas d'opium.

Le public doit-il s'attendre à ce que Lee et Carter soient différents ?
Même équipe, histoire différente, région différente, lieu de tournage différent. Pourquoi ai-je accepté ? Parce que je viens de tourner The Foreigner. Mon prochain film américain, je l'espère, sera une comédie.

Comment voulez-vous que les gens vous voient et se souviennent de vous ?
J'espère que les gens se souviendront de moi comme d'un bon acteur capable de faire beaucoup de choses. J'ai déjà fait mes preuves en tant que réalisateur, écrivain, chanteur, cascadeur, star de l'action et, enfin, acteur. Je suis également un bon professeur. Et, de manière plus générale, une bonne personne.

« The Foreigner » sort en salles aujourd'hui.

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