FYI.

This story is over 5 years old.

Music

Dave Gahan va vous apprendre à vieillir avec classe, dignité et sagesse

Le chanteur de Depeche Mode nous parle d'optimisme, d'évolution, de religion et du nouvel album qu'il vient de sortir avec le duo anglais Soulsavers.

Dave Gahan est bavard, un GRAND bavard. Assis dans une chambre d’hôtel de New-York, la ville où il a vécu ces dix-huit dernières années, le chanteur désormais âgé de 53 ans a la digression facile, avec une pensée qui semble s’élaborer au fur et à mesure qu’il la met en mots. Cela dit, quand on est depuis plus de 35 ans l'une des têtes pensantes de Depeche Mode, c'est un peu normal qu'on ait deux ou trois trucs à raconter.

Publicité

Mais aujourd’hui, Dave Gahan n'est pas là pour nous parler des titans new wave de Basildon mais d’Angels & Ghosts, le deuxième album qu’il a enregistré avec Soulsavers, duo anglais formé par les producteurs/remixeurs Ian Glover et Rich Machin. La passion de Gahan est évidente et il est tellement enthousiaste à l’idée de parler de ces nouveaux titres qu’il commence souvent à répondre aux questions avant même que j’aie fini de poser la question. Il se révèle ainsi beaucoup plus affable et ouvert que son approche sombre et lugubre du chant pourrait le faire penser mais c’est sans doute parce qu’il se sent très redevable à l’égard de la musique. Comme il l’explique, elle lui a offert grâce et rédemption. Au cours des années, elle ne l’a pas seulement sauvé de l’emprise de la drogue (rappelez-vous sa fameuse overdose de 1996 à la cocaïne et à l’héroïne, quand son cœur s’est arrêté deux minutes), mais aussi de ses dilemmes émotionnels, philosophiques et spirituels. Constitué de neuf titres seulement, Angels & Ghosts prolonge ce voyage et frémit du même sentiment d’urgence. Et ces titres blues & gospel dessinent cette rédemption justement, ca salut qui ne s’offre que lorsque on a touché le fond et qu’on en tire l’impulsion pour remonter.

Noisey : Vous avez travaillé à distance pour ce disque. Comment ça s'est passé ?

Dave Gahan :

Si on doit se téléphoner, c’est toujours moi qui me lèverai tôt mais honnêtement, ça ne me dérange pas. Je suis de ces gens qui, quelle que soit l’heure à laquelle ils se sont couchés, se réveillent automatiquement à six heures du mat. C’est d’ailleurs parfois assez chiant. J’adorerais être de ces rock-stars qui dorment jusqu’à quatre heures de l’après-midi, mais je ne suis pas comme ça et ne l’ai jamais été, peu importe l’ampleur de ma cuite.

Publicité

Cela dit, Rich et moi communiquons vraiment peu au cours de la conception et l’écriture des morceaux. On ne parle vraiment que de ce qu’il m’a donné et de ce que je choisis d’en faire. Une fois que je suis assez sûr de moi à ce niveau, je lui renvoie ma performance. J’ai un petit studio, ici en ville dans lequel je me rends avec mon ami Kurt Uenala pour essayer plusieurs idées sur les instrus que Rick m’a fournies. Une fois que j’ai formulé mes idées, je lui renvoie ma contribution et Rich s’en sert pour construire un truc, en faisant appel à plusieurs musiciens jusqu’à aboutir au morceau fini. On s’entend très bien donc je ne me pose pas trop de questions. Ça fonctionne à merveille et parfois je me demande combien de temps ça va durer, c’est une question qui m’assaille de temps en temps.

Rich, penses-tu que ces albums seraient différents si vous bossiez ensemble en studio ?
Rich Machin : Non, et je pense que le fait de travailler de part et d’autre de l’océan est parfois mal perçu. Les disques avec Mark Lanegan par exemple, on les a tous enregistré ensemble de visu. Quant au premier disque avec Dave, il a aussi été conçu de cette façon. Il a un super home-studio donc ça nous a permis de travailler à distance mais pour ce dernier disque, on a essayé différentes approches. Je n’y ai jamais vraiment réfléchi, c’est une question intéressante. Peut-être que ça pourrait changer la donne en fait. Difficile à dire, il sont comme il sont…

Publicité

C’est le deuxième disque que vous enregistrez ensemble. Était-ce plus facile cette fois ? Étiez-vous plus à l’aise les uns avec les autres ?
Rich : Beaucoup plus facile oui. Avoir accumulé de l’expérience en termes d’écriture collective nous a permis de savoir aussitôt ce qui convenait mieux à chacun. Et le disque s’est mis en place beaucoup plus facilement. L’alchimie est vraiment là désormais, en ce qui concerne l’approche de l’écriture. De plus, j’ai tendance à taper plutôt facilement dans des idées susceptibles de parler à Dave et de l’inspirer. Et lui sait instinctivement ce qui convient le mieux au morceau.

Dave : On a ralenti la cadence, parce que je m’étais mis à bosser sur Depeche Mode et ce qui allait devenir Delta Machine. Ça a duré un moment, puis on a tourné pendant un an et quelques, mais on est resté en contact. Pour être honnête, je lui ai demandé de ne pas m’envoyer de nouvelles pistes parce que quand je commence à me consacrer à Depeche Mode, c’est une démarche à part et aussi une tout autre histoire. Je sais que quand j’écris pour mon groupe, le résultat final sera très loin de mon idée originelle, quelle qu’elle soit [Rires]. En fait je me retrouve en studio avec des producteurs, ceux qui composent les programmations, tout le monde, et Martin [Gore] et moi, on se retrouve pour bosser. Alors rapidement, ce que tu considérais comme ton morceau se mue en quelque-chose d’autre. Parfois c’est horrible d’assister à ces transformations et tu te rebiffes « Hé ho, attendez ! ». J’ai pas mal écrit pour le dernier album avec Kurt [Uenala, bassiste suisse, ingénieur du son et chanteur qui a travaillé sur les disques de Moby, les albums solo de Gahan ou encore Soulsavers]. J’enregistre toujours mes voix avec lui. Je lui fais confiance et il sait ce qui me plaît. Je l’ai donc emmené avec moi au studio pour le dernier Depeche Mode, et il a pu voir Martin déconstruire les morceaux… Je n’oublierai jamais l’expression sur son visage. Je sentais qu’il se disait « Merde, mais qu’est-ce qu’on est en train de faire à mes mélodies ?! ». J’ai dû le rassurer : « Kurt, il faut te montrer patient, le morceau va évoluer. On fait ça pendant six mois ! ». Le processus est tout autre pour Soulsavers. Il me semble qu’on est sur la même longueur d’onde, qu’on sait quelle direction on veut faire prendre aux morceaux sans nécessairement avoir besoin d’en parler. Peut-être parce qu’on a les mêmes influences en matière de gospel et de blues, ou encore des tas de goûts communs, ainsi que la même envie de voir ce qu’on peut en faire dans le cadre d’un disque moderne.

Publicité

C’est vrai que « Shine » est très gospel…
Dave : Oui ! Mais ce morceau serait tout à fait à sa place sur Songs of Faith and Devotion, honnêtement. De par ses paroles et sa mélodie principale, l’idée me travaillait d’ailleurs depuis longtemps. Elle m’est venue après un concert à Berlin, dans un stade énorme. L’un de ces concerts que tu vis différemment, transporté par la musique, et où tu te dépasses comme un basketteur au cœur de l’action. Ça arrive une fois sur vingt… Avec ton groupe, vous vous dévisagez, et chacun d’entre vous sait que vous êtes en train de vivre ça mais tu n’as pas besoin d’échanger un mot et ça fait justement partie du truc. Et tu en as conscience et c’est formidable. Ce soir-là, je suis sorti de scène avec cette idée. Je l’ai donc immédiatement enregistré dans mon Iphone. Plus tard, Rich m’a donné ce passage à la guitare-slide et voilà [il claque des doigts]. C’était fini ! Le morceau venait de naître aussi facilement que ça.

Je savais que ce serait le titre phare du disque et qu’il l’ouvrirait. Et même si c’est l’un de ces titres qu’on a parlé de réenregistrer en partie, il est resté sous sa forme de demo. Avec mon autre groupe, on aurait eu tendance à tout déconstruire et retravailler : à vouloir explorer d’autres voies pour parfois revenir à la première option. Seulement, la différence avec Depeche Mode, c’est qu’on a le privilège de pouvoir faire tout ça en studio avec une tonne de matos à disposition. L’un de mes griefs par rapport à Depeche Mode, c’est la perte de temps. Mais si on le gaspille parfois, c’est qu’on a la chance de pouvoir le faire. Avec Soulsavers, on n’a pas ce luxe. Je sens plus d’assurance dans ce disque. Vous êtes d’accord ?
Rich : L’une des pires erreurs que tu puisses faire c’est de te montrer trop sûr de toi je pense. Pour le premier, l’approche a été naturelle et spontanée « Est-ce que ça va marcher ? Qui sait ? ». Mais cette fois, on savait désormais ce qui fonctionnait ou pas. Il fallait juste qu’on fasse mieux. Et ça vient avec le temps, et le fait de travailler ensemble. Quand tu es assailli d’idées, des esquisses mentales que tu t’es fait, et que tu peux aller en studio avec un vrai groupe et de super chanteurs, c’est génial. Dave et moi on s’est assis en studio pour mettre en boîte tous ces trucs gospel et c’était génial. S’interrompre deux minutes, prendre du recul et voir ces collaborateurs doués transfigurer ces idées, c’est magnifique.

Publicité

Dave : Moi je sens vraiment une progression depuis le dernier album. Ma femme a écouté les deux disques, bien sûr, et elle a trouvé le premier assez déprimant. Elle me disait « Je l’aime beaucoup mais il est vraiment très sombre ». À l’époque, je ne m’en rendais pas compte mais maintenant que je peux comparer avec le nouveau, je vois ce qu’elle voulait dire. Ils sont différents. Je dirais que le premier est beaucoup plus introspectif tandis que le nouveau est plus ouvert sur l’extérieur, plus universel. Inconsciemment ou pas, dans la mesure où tu ne peux pas faire l’économie de ce qui se passe dans le monde en ce moment. Ça finit par influencer les morceaux, à travers ton interprétation personnelle ou alors la façon dont ta vie perso est affectée. Si tu laisses faire, il me semble que la musique reflète ce qui se passe dans le monde. En tout cas, j’entends ça en sourdine.

Qu’est-ce qui vous a le plus inspiré ? Un titre comme Angels & Ghosts semble indiquer que…
Dave : Les anges sont pour moi des relations passées ou présentes, qu’elles soient amicales ou familiales, ou avec des étrangers - et il s’agit de parler de tout ce qui se passe dans ma vie quotidienne à NYC. Voilà mon influence principale, et ce qui nourrit de plus en plus mon travail, encore plus qu’avant. Je me rends compte que j’en apprends beaucoup et que ça filtre dans les chansons. Les fantômes sont pour moi des souvenirs. Ils sont à la fois passés et présents, et j’ai vraiment l’impression de convoquer des moments, endroits ou situations que j’ai connus à l’intérieur des morceaux. Dans « The Last Time » par exemple, je chante que Jésus revient en ville à Los Angeles et pour moi c’est assez comique, parce que ça se rapporte à une expérience drôle que j’ai eue là-bas. Bref, je suis aussi drôle que je me permets de l’être en chanson. Je chante « Avez-vous jamais suivi Jésus ? Il vit dans le centre-ville de LA » et je me marre tout seul avec ça. L’allusion est religieuse mais ça se réfère aussi à l’époque où je vivais à LA, et au caractère étriqué de mon univers, à ce moment-là. Je partageais en effet mon temps entre mon domicile et le centre-ville et mon meilleur ami s’appelait Jesus : c’était ce mec qui travaillait sur St Andrews. Il était le gars en qui j’avais le plus confiance sur place. Bref, pour moi c’est de l’humour même si à l’époque ce n’était pas si drôle. De l’eau a coulé sous les ponts – ça fait 18 ans que j’habite à NY. Je garde de bons souvenirs de LA mais j’en suis parti en me disant qu’il était vraiment temps que je foute le camp.

Publicité

C’est ce que j’ai ressenti en quittant Londres pour m’installer à NY…
Dave : Moi aussi. Quand j’ai quitté le pays pour LA, je me disais que je n’en pouvais plus. Je m’y sentais à l’étroit et ma vie de l’époque… Je m’étais installé, j’avais une famille, une vie et une maison à la campagne. Tout semblait vraiment chouette vu de l’extérieur mais j’étais mort de trouille. J’avais une vingtaine d’années, et je me disais « il est temps de mettre les voiles ». La situation s’est répétée au cours de ma vie, mais je ne suis plus dans la fuite désormais. Aujourd’hui je suis bien là où je suis, et j’essayer de cerner qui je suis à travers la musique. C’est une chance que d’en être arrivé là et j’ai confiance, si bien que cet aplomb doit se ressentir sur le disque. Rich et moi avons l’impression de nous connaître et de travailler ensemble depuis des années. Et la musique qu’on compose me semble vraiment aboutie.

Malgré cette confiance, on sent sur l’album une hésitation entre lumière et ténèbres, vie et mort, comme une errance…
Dave : Oh oui…

Contrairement à Depeche Mode, tu as écrit l’intégralité des textes…
Dave : Je pense que Martin s’intéresse toujours aux mêmes thèmes : la question de la foi et de l’amour mais aussi du péché, et la différence entre ces voies. Depeche Mode passe ainsi de l’une à l’autre, non ? Enfin, je crois que c’est vrai de ce que j’écris mais aussi des textes de Martin. Voilà pourquoi j’ai toujours dit que Martin avait surtout trois sujets de prédilection.

Publicité

Eh bien, tant que ça fonctionne, inutile de vouloir changer, non ?
Dave : Exactement. C’est aussi ce que je me dis. Je reprends donc les questions de ce en quoi je crois, de ce qui m’intéresse, ce qui me touche vraiment et comment y accéder. La musique m’aide à résoudre tout ça. Mais je virevolte de l’une à l’autre. Je ne sais pas si c’est dû à l’âge mais j’ai conscience du phénomène, bien plus qu’avant. Ado et jeune adulte, ça m’angoissait : « Comment y échapper ? Comment faire taire ces voix dans ma tête ? ». Aujourd’hui, mes interrogations ne m’ont pas quitté mais elles sont beaucoup plus apaisées et je peux les apprivoiser par le travail de composition et du live. La scène se révèle ainsi pour moi le lieu le plus sacré d’expiation de mes démons. C’est incroyable et vraiment cathartique.

C’est à l’évidence très présent dans tes paroles, mais comment penses-tu que ta spiritualité ait évolué au fil des années ?
Dave : À dire vrai, ça remonte à l’enfance. J’ai toujours été fasciné et attiré par le fait de m’imposer un code moral. Je ne sais pas si ça m’est venu des messes auxquelles j’ai été forcé d’assister enfant, et des trucs flippants que j’y ai entendus mais j’ai l’impression d’en avoir hérité cette recherche d’appartenance à une communauté, même dans ma vie d’adulte. Par contre ça me pose moins problème aujourd’hui. Mon imagerie est toujours très visuelle et elle reprend souvent l’idée d’une frontière mince entre le démon intérieur et l’homme de bonne volonté désireux de produire quelque-chose de bénéfique au service du monde, notamment sur scène. C’est très cathartique et salvateur. Je ne me débats plus avec le problème de savoir où j’en suis. Désormais, la question c’est : « que faire de ça ? » Et comment en rendre compte au mieux artistiquement ? ».

Dans « The Last Time » tu parles du fait d’attendre d’être secouru. Il me semble que tu as eu ton lot de frayeurs entre le cancer ou les NDE par overdoses… Exprimes-tu un désir qui t’habitait à l’époque ?
Dave : Oui. C’est toujours un appel. Un peu comme quand tu dis à quelqu’un « D’accord, j’attends de tes nouvelles » et que tu désires désespérément faire partie de quelque-chose de plus large quel qu’il soit. En même temps, je ressens en moi l’envie contradictoire d’y échapper. Je ne crois pas que ce soit très original, et ces mots sur le fait d’attendre d’être sauvé rappellent une phrase de « Take Me Back Home » sur le dernier album de Soulsavers. À l’époque, j’étais déchiré par la nouvelle « J’ai un cancer ? Non mais attendez, ça veut dire quoi ? Un cancer ? Moi ? ». Parce que je pouvais comprendre un truc que je me serais infligé, mais pas ça. Et c’est pourtant la vie. Donc oui, chercher des réponses reste d’actualité. Et je retrouve ça à plein de niveaux pour parler franchement : dans la musique mais aussi dans ma vie. Je peux me promener sur la plage et contempler l’océan, à Montauk pour me dire aussitôt que mes jérémiades n’ont rien à y faire. Je suis juste en admiration. Et le climat, la puissance des éléments, me remettent à ma place comme jamais.

Je ne suis pas vraiment croyante, mais parfois, j’ai du mal à penser qu’il puisse juste ne rien y avoir au-dessus de nous.
Dave : Pareil pour moi. Mais je ne me retrouve pas dans les religions ou les textes sacrés que j’ai lus. Je les trouve toujours ridicules. J’en parle dans le morceau « One Thing » quand je chante « Viens t’allonger à mes côtés / regardons ces émissions nazes à la télé ». Parce qu’on le fait tous pour échapper à quelque-chose et ça nous fait perdre du temps. On regarde en effet des programmes qu’on sait ridicules, tout en vivant nos vies par procuration à travers eux. Je suis donc tenté de croire qu’il existe autre chose, sans quoi tout serait bien vain. Mais cela étant dit, j’aime ma vie telle qu’elle est. Voilà la différence. Pendant des années, j’ai eu du mal à l’apprécier : c’est comme si je me tapais la tête contre les murs, mais désormais, j’essaye vraiment. Je ne suis plus dans la dissociation mais j’essaye de ne faire qu’un avec le présent.

Je sens pour autant plus de résilience sur le premier disque et plus de résignation sur celui-ci… Comme si l’optimisme était plus présent sur le premier et que là tu te disais « Peut-être qu’il n’y a plus d’espoir : je prie, mais rien ne se passe. »
Dave : C’est intéressant. Oui, une bonne interprétation, mais bon je dirais que je suis plutôt optimiste à l’heure actuelle. Je ne crois pas que l’espoir m’ait abandonné au contraire. Je pense qu’il reste fort mais toujours à reconquérir. Et ça dépasse la petite bataille perso que je mène. Il s’agit de s’ouvrir complètement à la vie et de lui faire une place. Si tu veux que les choses changent, tu dois permettre ce changement. Voilà le vrai sujet de mes textes en fait : la nécessité de faire ce constat, de savoir qu’il est bon pour moi et qu’il faut que je l’acte.

Angels & Ghosts est disponible depuis le 23 octobre chez Columbia.