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Comment je me suis fait violer les tympans par Katy Perry

Ni la pluie, ni l'alcool, ni le chef pâtissier Cédric Grolet, ni la présence de Katy Perry elle-même n'ont pu sauver la séance d'écoute de « Witness », le nouvel album de la pop star.

L'enfer est pavé de bonnes intentions et d'attachés de presse souhaitant à tout prix vous faire écouter le dernier album de leur poulain. Sauf que quand le poulain en question s'appelle Katy Perry, la tentation est forte de laisser votre entendement se faire embobiner par les sirènes de votre cerveau reptilien, celui-là même qui est responsable de votre premier baiser avec une personne du même sexe au son de « I Kissed A Girl ». Ajoutez à cela la promesse d'une « écoute exclusive » en compagnie de la star (= PRIVILÈGE) accompagnée d'une « surprise pâtissière » (= MANGER) et vous pouvez dire adieu à toute forme de faculté de jugement journalistique. C'est ainsi que, sombre conne, je me suis retrouvée vendredi dernier dans un grand hôtel rue de Rivoli pour ce qui allait se révéler une séance de torture à faire pâlir le plus endurci des gardiens de Guantanamo.

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L'enfer est une gueule de bois en plein soleil rue de Rivoli. Il fait lourd, le porto de trop que j'ai bu à 5h du matin vient chatouiller mes amygdales et je manque de lâcher une galette sur un présentoir de hand spinners dans l'un des nombreux attrape-chinois qui nécrosent la rue. Les sucs gastriques au bord des lèvres, j'avise Thierry Ardisson à l'entrée du Meurice. Il n'est pas encore trop tard pour rebrousser chemin. Thierry Ardisson est au téléphone. Au lieu de rebrousser chemin, je regarde Thierry Ardisson téléphoner. Un ami m'envoie un message. Je téléphone à cet ami en regardant Thierry Ardisson téléphoner. Thierry Ardisson me regarde téléphoner. J'ai de nouveau envie de gerber, je crois que je vais m'évanouir, je m'imagine traverser le Styx dans un hors-bord conduit par Thierry Ardisson avec mathusalems de champagne rosé et le dernier single de Katy Perry à fond dans une boombox. De l'autre côté, une belle blonde m'invite à la suivre et me case dans un ascenseur vers le 7ème étage. Les portes s'ouvrent, je tombe nez à nez avec un lévrier en or, on me prend mon téléphone en échange du numéro 76, je signe un papier disant que je renonce à mon droit à l'image. Je n'ai pas tout compris, mais soudain je suis sur une terrasse face à la Tour Eiffel, seule, sans aucun moyen de communiquer avec le monde extérieur.

L'enfer est un rooftop sur lequel on ne vous propose à boire que de l'eau. De mauvais haut-parleurs diffusent de mauvais singles de Katy. Toujours pâteuse, je me dirige vers le bar où un hipasteur (hipster-pasteur, soit le fameux total look noir+chapeau à larges bords) commande une eau pétillante. Par esprit de contradiction, je demande la mienne sans bulles, après tout je suis un élément perturbateur dans cette assemblée triée sur le volet, un « média web », le poil à gratter du PAF. Mon verre de flotte à la main, servi avec citron vert et plateau d'argent, je slalome entre le cameraman et le photographe du label qui courent sur la terrasse quasi-déserte pour donner à leurs images corporate une impression d'effervescence et vais m'effondrer sur une chaise longue.

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